vendredi 30 avril 2010

Miles au Musée.

Le Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) présente une expo sur Miles Davis (1926-1991) jusqu'au 29 août.  Photos, pochettes originales, trompettes et objets ayant appartenus à ce génie éclectique de la musique figurent au menu de l'exposition.

Pour ceux qui ne sont pas allés au MBAM depuis longtemps, je vous suggère d'aller y faire un tour. Les installations sont souvent très dynamiques et inventives. Le temps où les musées étaient des endroits froids et guindés est révolu. L'exposition We want Miles gravitant autour de la musique de cet artiste sans cesse en évolution, il sera intéressant de voir comment les «morceaux phares» de l'oeuvre de Miles Davis seront «exposés»...

P.S. Il y a aussi plusieurs expositions gratuites au MBAM ! Ex: du 17 juin au 17 septembre, voir l'exposition de photos de Martin Beauregard, Drive end

Joseph Arthur, l'artiste.

Vu et entendu hier à la Sala Rossa, le chanteur et artiste-peintre américain Joseph Arthur. Chaque show de Joe est une véritable expérience : chaque spectacle est différent, les arrangements de ses chansons et la tonalité de celles-ci varient énormément d'une soirée à l'autre. Hier, il nous a enveloppé de sa musique en intégrant des loops et un jeu de pédales à sa drôle de guitare électrique, ce qui a donné des allures de «doctorat en distortion» au spectacle.

Joseph Arthur est vraiment un artiste accompli. Il a une sorte de courage ou d'impudeur à créer : il engendre plusieurs albums par année en plus de peindre, d'écrire, de faire de nombreuses tournées, de lancer pleins de projets, etc. Et en même temps, il demeure insécure et est très attentif à son public, avec qui il aime entrer en contact direct. Sa performance d'hier, devant une foule trop bavarde, a été enrichie par de la peinture en direct : trois toiles assez réussies, mi-naïves, mi-sombres (un peu inspirées de Picasso ?). Il a terminé le show dans la salle, sans micro ni ampli : guitare, voix et harmonica, comme je le préfère...

2e show ce soir à la Sala Rossa et samedi au Mouton noir, à Val-David. Faut voir au moins une fois dans sa vie !

jeudi 29 avril 2010

Le cabaret insupportable.

Je suis allé voir le Cabaret insupportable au Lion d'or cette semaine. C'est un show à sketches animé par Jacques l'Heureux (excellent). Plusieurs numéros suscitent de drôles de malaises en nous présentant des personnages «un peu poche» ou «semi-pathétiques» : une intervention inappropriée à propos d'un party de Noël de bureau qui s'annonce plate; un mauvais cours d'expression personnelle du type «jeu à la caméra»; une sorte de téléthon où papa chante avec fi-fille, une présentation power-point nulle à chier sur «la femme moderne», etc.

Le Cabaret insupportable suit un filon original mais délicat : il faut que vous vous plaisiez à suivre un spectacle qui engendre des inconforts soit par le propos ou par le jeu des acteurs. Certains numéros sont très réussis - je pense entre autres à ce joueur de tam-tam qui nous enseigne les «vraies valeurs de l'Afrique» - et d'autres ne réussissent qu'à générer le malaise, sans le plaisir qui va avec - un sketche de danseurs un peu gore (sanguignolant et dégueux) m'a à sujet déplu sans m'amuser.

Le show mérite toutefois le détour et la démarche est originale. Consulter les dates.

mercredi 28 avril 2010

Canadien vs Penguins !

Ok, l'inattendu (quoique prédit de ma part...)
s'est produit : le CH vient de sortir les Caps. Et Halak s'est encore surpassé.

Mais les Penguins ne seront pas faciles à passer ! Plus difficiles selon moi que Washington : leur gardien est meilleur et Crosby est le joueur des grandes occasions, on le sait... J'ai peur, mais j'y crois quand même ! On va dire le CH en 7 !

P.S. Voir les favoris du mois...
P.S.2  La faiblesse de Varlamov : les top corners !

Ouf !

Peter Milliken a pris La décision : le Parlement est l'autorité principale de notre système politique ! Du moins, le gouvernement ne peut déroger à une demande d'information de la part de la Chambre des communes. Voir l'article dans Le Devoir qui rend compte de cette sage décision, qui pose un frein aux multiples tentatives de Stephen Harper d'outrepasser les prérogatives du Parlement, menaçant ainsi nos règles de gouvernance, largement définies par la pratique, donc par des acteurs qui comprennent la nécessité de la mesure et du respect des institutions avant d'agir.

Stephen Harper est un des hommes politiques qui a le plus méprisé le Parlement ainsi que les différentes institutions de l'État depuis qu'il est en politique active. Il était temps que quelqu'un lui rappelle certaines règles qui président à l'organisation de notre vie politique. Après tout, nous ne sommes pas en Bordurie !

mardi 27 avril 2010

Une décision historique.

Le Président de la Chambre des Communes, Peter Milliken, doit prendre une décision cette semaine, qui relève des règles de fonctionnement de notre régime parlementaire. Il faut rappeler que notre système repose largement sur des conventions constitutionnelles, c-à-d des règles non-écrites, mais toujours respectées... Ces conventions sont déterminées par des principes et des précédents.

C'est pourquoi je m'inquiète grandement du précédent créé par le cas Harper-Jean, dans lequel notre G-G Mikaëlle Jean, l'arbitre de notre système, a permis au 1er ministre Harper de proroger le Parlement (suspendre ses travaux) pour éviter de tomber par un vote de non-confiance.

Donc, Peter Milliken doit se prononcer sur un cas de litige opposant le Parlement (composé en majorité de députés de l'opposition, le gouvernement Harper est minoritaire) au gouvernement. Dans le cadre d'un comité parlementaire enquêtant sur le cas des prisonniers afghans remis par l'armée canadienne à l'armée afghane et qui les aurait torturé, le gouvernement refuse de divulguer l'entièreté des documents sous prétexte de sécurité nationale. Le comité invoque le principe de la suprématie du Parlement (acquis en Grande-Bretagne lors de la Révolution glorieuse en 1688-89) pour exiger que le gouvernement doit lui fournir toutes les infos, non-censurées.

La décision à venir touche donc un principe directeur de notre système politique : qui, du parlement (législatif) ou du gouvernement (exécutif) est détenteur de la souveraineté dans notre régime ? Il me semble que si Peter Milliken est :
  • bien conseillé;
  • s'il connaît son histoire;
  • s'il croit encore à la démocratie et à la nécessaire séparation des pouvoirs;
  • s'il croit que l'existence de contrepoids est une garantie contre les abus de pouvoirs et la tyrannie;
  • s'il connaît les principes directeurs de notre système politique...
Il devrait statuer sur le fait que le gouvernement doit répondre aux ordres du parlement ! Dans notre système, le gouvernement est en quelque sorte une émanation du Parlement qui doit lui accorder sa confiance pour qu'il puisse gouverner. Mais malheureusement, l'expérience récente où Mikaëlle Jean a permis à M. Harper de proroger et même de continuer à gouverner sans bénéficier de la confiance de la Chambre illustre que nos conventions constitutionnelles sont bien fragiles au Canada !

Halak, héros national !

Toute une performance de Halak hier soir. On a assisté à l'ascension d'un nouveau héros. Dans une société comme la nôtre, fortement déprimée politiquement, ça fait du bien de voir un lieu de rassemblement aussi fort et consensuel que le hockey panser nos plaies et (ré)unir notre société.

Halak était dominant dans les deux derniers matchs qu'il a littéralement volé aux Caps. Il faisait penser au Roy de la belle époque !

Toute cette aventure rapprochera peut-être le Québec de la Slovaquie (contrée originaire de Halak) : deux petites nations enchevêtrées dans une histoire identitaire complexe et à la recherche d'une plus grande liberté politique... Et la Slovaquie a réalisé le rêve québécois d'une indépendance en douceur : elle a acquis son indépendance en 1992 dans ce qu'on a appelé le «divorce de velours»...

P.S. Je vous avais bien dit : Canadien en 7 !

lundi 26 avril 2010

L'implosion de la Belgique.

Le chef du gouvernement belge Yves Leterme vient à nouveau de démissionner. La Belgique est dans une impasse politique qui s'étire et s'étire (jusqu'à l'éclatement du pays ?) depuis au moins 3 ans... Monarchie parlementaire et fédérale (un peu à l'image du Canada), la Belgique s'est progressivement rapprochée dans les dernières années d'une véritable confédération : c-à-d une sorte d'association d'États indépendants qui partagent ensemble des institutions ainsi qu'une part de la richesse communes... Mais les tensions linguisitiques entre Flamands (parlant une langue «germanique») et Wallons (francophones de Belgique) sont aujourd'hui aggravées par des tensions économiques : la Flandre est plus riche que la Wallonie, ce qui engendre une poussée indépendantiste fragilisant le «pacte belge» en vigueur depuis la 1ère tranche du XIXe siècle (1830).
Albert II, le Roi de la Belgique
Le problème avec l'idée de séparer la Flandre de la Wallonie est que Bruxelles, la capitale belge, est située en Flandre, mais est majoritairement habitée par des francophones... Comment régler ce casse-tête linguistique et politique ? Le Roi Albert II qui est l'arbitre du système parlementaire belge, doit bien se poser la même question !

Mais la question de l'indépendance des petites nations, largement minoritaires sur le plan linguisitique, ne pose pas vraiment problème en Europe, là où il y a une pluralité politico-linguisitique - une sorte d'équilibre des langues dû à la grande diversité du Continent. En plus, les petits États peuvent très bien tirer leur épingle du jeu dans l'espace européen.

Reste à savoir ce qu'il adviendra de la portion francophone de la Belgique si le pays implose : faible économiquement, il est possible qu'elle se fasse alors littéralement avaler par la France...

Fait cocasse : la RTBF (la télé publique franco-belge) a diffusé ce faux-reportage sur l'éclatement de la Belgique il y a quelques années...

Retour en 1977.

À l'émission Tout le monde en parlait, mardi soir : Radio-Canada présente un documentaire sur l'adoption en 1977 par le 1er gouvernement Lévesque de la Charte de la langue française, notre loi 101. Un retour vers le nécessaire et l'essentiel...

vendredi 23 avril 2010

À propos de la nomination des juges.

Lancée par le gouvernement Charest dans la panique pour répondre aux révélations de l'ex-ministre Marc Bellemare, la Commission Bastarache devra poser la question du processus de nomination des juges au Québec.
Le Juge Bastarache
Il faudra vérifier s'il est possible d'être nommé juge sans appui politique direct de la part d'un député ou ministre du parti au pouvoir. Si tous ceux nommés depuis 2003 ont contribué au Parti libéral de M. Charest, on aura une belle indication de l'état de pourriture de ce gouvernement...

En passant, d'autres procédures de nomination existent ! Sur la scène fédérale états-unienne, le Président nomme les postes de juges à pourvoir, mais le Sénat des États-Unis doit approuver toute nomination présidentielle à 50% +1. Cette règle a au moins le mérite d'augmenter le pouvoir et la capacité de contrôle du parlement (législatif) sur le gouvernement (exécutif). Elle est également plus transparente. Aux États-Unis, cela a par contre conduit à une certaine politisation de la nomination des juges... Mais à tout prendre, je préfère la formule américaine !

jeudi 22 avril 2010

Charest et le français.

(Source)
Le gouvernement Charest vient d'annoncer des coupures importantes dans le domaine de la francisation des immigrants : 30 classes de francisation ont été abolies en plus de coupures budgétaires significatives à Emploi-Québec. Et ce gouvernement veut encore nous faire croire que le français lui tient à coeur ? Rappelons que c'est ce même Jean Charest qui a intégré l'enseignement de l'anglais en 1ère année...

En réduisant les budgets nécessaires à la francisation des immigrants, M. Charest démontre le peu d'intérêt qu'il porte à la situation toujours précaire de notre langue commune en Amérique.

Imaginez quelle sera sa réaction au jugement de la Cour Suprême du Canada qui a invalidé la loi 104 ?

Pour signer une pétition demandant au gouvernement de surseoir à sa mauvaise décision, cliquez ici.

Carey Price : dehors !

J'attire votre attention sur cette chronique de mon ami Fred qui blogue sur les séries. Carey Price mérite-t-il encore la confiance du coach ? Si vous lisez Fred, vous conviendrez facilement qu'il faut revenir à Halak pour espérer survivre un autre match dans cette série où le CH joue bien, mais face à une équipe de calibre supérieur... Il n'y a donc pas de place pour les fautes et emportements personnels dans de telles circonstances...

Le déclin.

L'impasse politique québécoise dans l'ordre canadien perdure et s'accentue. Le parlement canadien a rejeté hier une motion conjointe du Bloc et du NPD demandant au gouvernement Harper de renoncer à modifier la composition de la Chambre des Communes. Les conservateurs et les Libéraux ont rejeté la motion.

Rappel : un projet en cours d'adoption prévoit l'ajout d'une trentaine de sièges aux Communes pour les provinces de l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-britannique, réflétant la croissance démographique de ces trois provinces. Le Québec s'oppose à ces changements (une motion unanime demandant l'annulation de ce projet a été adoptée à l'Assemble nationale du Québec) puisque son poids politique s'en trouvera diminué. En fait, avec l'ajout des 30 sièges, le proportion de députés issus du Québec à Ottawa passerait de 24,35% à 22,19%.

Le Canada a depuis fort longtemps (1840) adopté le principe du rep by pop (représentation proportionnelle à la population de chaque province) et depuis 1982, l'égalité symétrique des individus et des provinces est un dogme. Il devient donc pratiquement impossible pour le Québec de faire reconnaître sa situation particulière en Amérique : seule société à majorité francophone. Le Québec est plus que jamais une province comme les autres dans la grande mosaïque multiculturelle canadienne.

C'est tout le rêve canadien des Québécois qui se trouve menacé par notre déclin croissant sur le plan démographique et notre marginalisation constante sur le plan politique. À terme, on peut même penser que le bilinguisme officiel pourrait être remis en question, puisque les Canadiens de langue maternelle chinoise pourraient éventuellement être plus nombreux que les Canadiens-français...

Que restera-t-il alors de la nation québécoise, pourtant reconnue par le Parlement canadien ? Ah those Quebeckers, such a joie de vivre with a lovely accent !

mercredi 21 avril 2010

Retour sur le drame polonais.

La Pologne a démontré toute sa maturité et son unité devant le drame humain et politique qui l'a frappé durement la semaine dernière. Rappel : le Président polonais Lech Kacynsky, sa femme, ainsi que 90 dignitaires polonais (dont le chef d'État-major de l'armée et quelques ministres) sont morts dans un écrasement d'avion, au retour de la commémoration du massacre de Katyn perpétré par l'armée soviétique lors de la 2e Guerre mondiale.

Si ce drame s'était passé en Roumanie ou en Serbie, je me serais fortement inquiété de la capacité de ces pays à surmonter pacifiquement et démocratiquement la crise engendrée par une telle décimation de la classe politique. Mais la Pologne est peut-être le pays de l'Est qui a le mieux réussi sa transition démocratique après la chute du communisme. Il faut dire aussi que la volonté de la Pologne de ne pas se faire «avaler» par ses voisins (surtout la Russie) fait consensus dans toute la classe politique et que cette volonté a des ramifications historiques profondes qui poussent le pays à s'unir dans l'adversité...

Mais ce drame me permet de souligner que lorsque les institutions sont plus fortes que les hommes qui la représentent, il y a un gage de stabilité pour la société et l'État. Alors que lorsque les dirigeants du pays se confondent avec l'appareil étatique, la démocratie et la pérennité de l'État sont menacés.

Que se passerait-il si un tel drame affectait la Russie de Poutine ? Et toutes ces républiques d'Asie centrale (l'Ouzbekistan de Islam Karimov par exemple...) où le pouvoir politique est fortement personnalisé ?

Donc, grande maturité politique et belle unité devant cette tragédie. C'est une bonne nouvelle pour la démocratie polonaise et pour l'Union européenne.

mardi 20 avril 2010

Who is Nick Clegg ?

Pendant que la droite en Amérique du nord penche encore plus à droite pour répondre à la crise (voir ici), en Grande-Bretagne, la campagne électorale en cours (élections le 6 mai) fait émerger un nouveau joueur : Nick Clegg du Parti libéral-démocrate. Comme plusieurs, je n'avais pas prévu l'ascension fulgurante de ce tiers parti, pensant que le bon vieux bipartisme britannique allait perdurer... Mais les sondages récents montrent que l'élection britannique pourrait déboucher sur une sorte de ménage à trois comme les Québécois l'ont expérimenté de 2007 à 2008 : un gouvernement minoritaire occasionné par une percée importante d'un tiers parti.

Il est très difficile de prédire les résultats à venir. Quel parti profitera de la division du vote ? Chose certaine, il semble que la personnalité de David Cameron, le chef des conservateurs, ne réussisse pas à inspirer suffisamment pour constituer la voie alternative à plus de 13 ans de gouverne travailliste. Les électeurs britanniques hésitent donc encore à confier le pouvoir à la droite conservatrice et c'est une droite libérale (plus proche en apparence du centre, donc des travaillistes) qui en tire profit pour le moment.

La croyance que la simple règle de l'alternance suffirait à prendre le pouvoir est un immense piège dans lequel les Tory (appellation commune du Parti conservateur) semble s'être enfargés...

Une leçon pour Pauline Marois ?

Ayn Rand et la nouvelle droite.

Ayn Rand (1905-1982) est une écrivaine américaine d'origine russe qui a fortement contribué à magnifier le discours libertarien aux USA. Ce discours insiste sur la nécessité de préserver les libertés individuelles et le capitalisme (la libre entreprise) face aux assauts de l'État. Si je parle d'Ayn Rand aujourd'hui, c'est que ses écrits redeviennent populaires dans les cercles intellectuels de la droite. On y voit une sorte de prophétie contre le «collectivisme» de Barack Obama, avec ses plans de sauvetages bancaires (que l'on présente à tord comme une étatisation des banques !) et sa réforme de la santé qui menaceraient le projet états-unien dans son essence même...

Le mouvement Tea Party dont j'ai parlé à quelques reprises trouve en Ayn Rand une source intellectuelle de choix pour s'opposer aux différents projets du Président. La stratégie actuelle du mouvement consiste d'ailleurs à «infiltrer» le parti Républicain de façon à faire gagner les candidats qui correspondent à leurs discours et revendications. Marco Rubio et Rand Paul (le fils du représentant du Texas Ron Paul qui a d'ailleurs peut-être prénommé son fils en l'honneur de Ayn Rand ?) sont des cas de figure qui illustrent la forte capacité de mobilisation des Tea Parties, puisque ces candidatures sont en train de gagner l'investiture de leur parti contre des candidats influents et bien placés...

Chez nous, il y a un fort courant libertarien (hostilité envers l'État, glorification de la liberté individuelle comme seule valeur morale acceptable) au sein du Parti conservateur fédéral et Maxime Bernier semble vouloir devenir l'une de ses figures de proue !

Comme quoi même des candidatures qui apparaissent farfelues - Bernier au Canada, Palin aux États-Unis - peuvent incarner des sources intellectuelles ayant des fondements plus profonds que la futilité de leurs discours...

lundi 19 avril 2010

Le fossoyeur d'une passion.

J'ai développé une passion pour la politique dans les années 1980-90, à l'époque où plusieurs considéraient que la politique était notre 2e sport national ! Chose certaine, il y avait une passion à propos de la politique à cette époque et si celle-ci s'est étouffée, c'est en partie parce que nos grands débats ont débouché sur un double-échec (on garde le langage du sport...) :
  1. Échec à faire du Québec un pays;
  2. Échec à réformer le fédéralisme canadien dans les intérêts du Québec;
Après le référendum de 1995, on a ressenti cette fatigue politique que plusieurs analystes associent à une sorte de syndrôme post-référendaire. Lucien Bouchard a même évoqué celle-ci comme une des raisons l'ayant poussé à la démission en 2001. Mais cette fatigue s'est mutée en déprime, voir en cynisme et là-dessus, Jean Charest doit porter une lourde part de responsabilité.

Jean Charest a tué le langage politique : aucun politicien moderne n'a autant contribué à vider le sens des mots que Jean Charest. Rappelez-vous en 2003, il affirmait que sa seule élection allait contribuer à régler le problème des urgences au Québec ! Il critiquait le gouvernement Landry pour sa responsabilité dans le «plus grand scandale» de l'histoire en parlant des pertes à la Caisse de dépôt et placement du Québec ! 7 ans plus tard, M. Charest accuse encore le PQ d'être responsable des déboires de notre système de santé et il refuse toute responsabilité dans le scandale (véritable celui-là !) des pertes historiques à la Caisse en 2008.

De 2003 à aujourd'hui, M. Charest a proposé une plateforme qui «réinventerait le Québec»; il a organisé un congrès du PLQ qui l'a qualifié de «Grand bâtisseur»; il a lancé un Plan nord qui n'est qu'une ébauche de slogans...

Bref, Jean Charest est l'homme formé par les conseillers en communication (il est en politique depuis le début de sa vingtaine, il n'a rien fait d'autre !) qui lui disent de marteler son message, peu importe la question : «notre première priorité, c'est la santé»; «tempête économique, deux mains sur le volant»; etc.

Charest aurait donc enlevé toute signification aux mots en politique, mais son travail de sape n'est pas terminé : il s'emploit aujourd'hui à briser tout lien de confiance subsistant entre le citoyen et ses institutions.
  • Les circonscriptions électorales seront tracées par le gouvernement (retour à l'ère duplessiste);
  • Le 1er ministre est rémunéré par de l'argent sale;
  • L'indépendance du système judiciaire est fragilisée par le trafic d'influence, etc, etc.
  • La corruption et le népotisme envahissent la gouverne de l'État et son refus obstiné à faire la lumière de façon claire et indépendante sur ces allégations viennent enfoncer le dernier clou dans le cercueil de cette passion nationale qui était la nôtre.
Denise Bombardier concluait sa chronique dans Le Devoir de samedi ainsi : «La politique a été historiquement une passion pour les Québécois, attirant les meilleurs de ses fils et filles. La politique fut l'instrument des changements sociaux. Hélas, elle semble être devenue l'objet de toutes nos déceptions, donc la mort de nos espoirs».

Que restera-t-il après le passage de l'ouragan Charest ? Déprime, cynisme, impuissance ?

Halak vs Varlamov.

3e match d'une très bonne série ce soir. Je vous avais bien dit que José Théodore flancherait ! 3 buts du Canadien à ses trois derniers tirs contre Théodore (un en prolongation et les deux 1ers tirs du dernier match) !

Gardons Halak, c'est notre homme et battons Varlamov, ça nous donnera peut-être la chance de revoir Théodore... Le chemin de la victoire passe par lui !

vendredi 16 avril 2010

Retour sur Chartrand.

Les funérailles de Michel Chartrand ont lieu ce samedi. Au-delà des hommages nécessaires, si vous voulez l'entendre directement discourir sur sa foi, son engagement social et familial, sur l'éducation, la culture, le travail manuel, sur la vie quoi, cliquez ici.

Notre affaire Clearstream.

L'«affaire Charest-Bellemare» est en train de devenir notre affaire Clearstream, du nom de ce scandale opposant Dominique de Villepin à Nicolas Sarkozy. Ces deux hommes politiques de droite français, l'un ex-1er ministre, l'autre actuel Président, s'attaquent férocement sur plusieurs champs de bataille : tribunaux, médias, sphère politique - Villepin annoncera d'ailleurs sous peu la création d'un nouveau parti politique de droite.

Ici, c'est un duel western qui se joue : Charest la canaille corrompue contre Bellemare le lone cowboy pas propre-propre...
Et comme en France avec Clearstream, le duel sera long et le jeu sera à somme nulle: le vainqueur aura exterminé l'autre.

Michel Chartrand - témoignage.

Beau témoignage de Katerine Deslauriers (une ex-collègue) à propos de son grand-père : Michel Chartrand.

Le mépris.

La CBC a décidé de présenter hier le match Buffalo/Boston plutôt que le match Canadien/Caps. Fouillez-moi pourquoi ! Quel est l'intérêt de présenter une joute entièrement américaine alors que l'une des trois équipes canadiennes présente en série (la plus glorieuse) joue ce soir-là ?

Aucune autre télévision publique «nationale» ne ferait ce choix. Le Canada est-il un pays ? Plus j'y pense, plus j'en doute !

Dans la même lignée, la soirée des prix Génie - les Oscars canadians du cinéma - a été reléguée en marge de la marge de la télédiffusion au Canada-anglais (on ne la diffuserait certainement pas à la CBC !) Sans doute pour deux raisons :
  1. La part de marché du cinéma canadien à l'extérieur du Québec est tellement minime qu'on pourrait ne pas tenir ce gala et que pratiquement personne dans le ROC (rest of Canada) ne s'en apercevrait...
  2. Le cinéma québécois est sorti grand gagnant de la soirée sur tous les plans, et hormis quelques exceptions, on peut penser que le cinéma canadien se confond de plus en plus avec le cinéma québécois...
Le Canada anglais a-t-il une culture ? Ce matin, je ne ressens que du mépris à l'égard du Canada, ce pays qui n'est pas vraiment le miens.

mercredi 14 avril 2010

Le bras dans le tordeur ?

Jean Charest met-il son bras dans le tordeur en annonçant la tenue d'une enquête publique seulement sur le processus de nomination des juges ? La Commission Bastarache, du nom de l'ancien juge de la Cour Suprême du Canada, vient d'être créée. Il est clair que le 1er ministre Charest se devait de répondre aux accusations lancées par Marc Bellemare cette semaine. Mais sa réponse évite l'enjeu essentiel : ce n'est pas le processus de nomination des juges qui pose problème, mais le poids qu'ont acquis certains «gros bonnets» puissants au sein du PLQ et qui compromet l'indépendance du système judiciaire et l'apparence de justice qu'il doit représenter en démocratie libérale.

En déclenchant cette enquête, Charest entrouvre une porte qu'il aura peut-être de la difficulté à refermer... Même si les pouvoirs et la marge de manoeuvre d'un 1er ministre majoritaire sont immenses, voire démesurés, des questions légitimes vont se poser : pourquoi en faire si peu ? Pourquoi limiter ainsi le mandat de l'enquête ? Après tout, toutes les odeurs de corruption et de népotisme qui remplissent nos narines ces temps-ci nous amènent vers les méthodes de financement du Parti libéral du Québec. Et Jean Charest est doublement fragilisé dans ce dossier, puisqu'il reçoit annuellement, en plus de son salaire de 1er ministre, 75 000$ du parti libéral.

Le 1er ministre serait-il rémunéré par de l'argent sale ?

Théodore va s'effondrer !

J'ai appris que c'est José Théodore qui doit garder les buts de Washington pour le 1er match de la série Canadien/Capitals. Ça me donne confiance : Théodore est un chokeux de qualité et son style chancelant est un atout (le seul ?) pour le CH. Si Théodore est fidèle à lui-même : Canadien en 7 !

Et pourquoi Jacques Martin n'en profiterait pas pour annoncer le nouveau capitaine de l'équipe jeudi soir, avant le match ?

mardi 13 avril 2010

Charest dans une «Bellemare».

L'ex-ministre de la justice (2003-04) Marc Bellemare vient de lancer une bombe politique en accusant le gouvernement Charest de l'avoir fortement incité à nommer trois juges «choisis» par les grands contributeurs à la caisse électorale du Parti libéral du Québec.

On savait que les contrats d'infrastructures octroyés par le gouvernement Charest étaient fortement teintés de corruption et de renvois d'ascenseur du type : «tu me finances, je te donne le contrat»; on se doute que les places en garderie sont octroyées selon une procédure du même type; on se questionne sur le choix de construire le CHUM ou des autoroutes et des ponts en formule PPP (partenariat public-privé) puisqu'il s'agit là d'une autre occasion de récompenser les amis du régime...

Avec les accusations de M. Bellemare, on peut envisager clairement que c'est maintenant le système judiciaire qui est corrompu par le traffic d'influence. La gravité de l'accusation rend presque crédible l'accusateur : je n'ai jamais vraiment considéré M. Bellemare comme un homme fiable, mais plutôt comme un loose cannon fort douteux. Reste que son interview avec Alain Gravel de l'émission Enquête dévoilait des accusations claires dont il est le témoin principal. Il me semble qu'un avocat de formation sait que l'on n'accuse pas un premier ministre à la légère...

Enfin, c'est toute la crédibilité de notre système judiciaire qui est fragilisée par ces allégations. Et la nécessité d'une enquête publique indépendante refait surface !

Michel Chartrand (1916-2010)

Michel Chartrand est décédé. C'est tout un pan de notre histoire qui semble partir avec lui. L'homme était admirable sur plusieurs points : toujours à la défense des travailleurs et des moins nantis, constant dans ses discours et conséquent dans ses actions, généreux de sa personne. Michel Chartrand est un des hommes publics qui a le plus soutenu le discours féministe et reconnu l'apport des femmes à notre vie nationale dans tous les domaines.

Cet homme de parole comme le présentait son fils Alain dans un très beau documentaire sur son père, manquera à notre société imprégnée de rectitude politique et dominée par le discours de la rentabilité économique immédiate. Michel Chartrand agissait en quelque sorte comme notre conscience sociale à tous. Son langage coloré et châtié le disqualifiait quelquefois, mais la vérité et la générosité de son propos faisaient en sorte qu'on lui pardonnait tout et qu'on aimait toujours entendre son timbre de voix et son rire expressif (Han !)

C'est un grand chrétien humaniste de gauche qui nous quitte. Son grand amour Simonne qu'il ira rejoindre en paix, disait de lui : «Pourquoi j'admire et j'aime encore Michel Chartrand? C'est parce que c'est un gars qui est allergique à l'injustice. Il ne peut pas tolérer. Il devient violent, agressif, quand il voit des injustices. Ou tu optes pour l'opposition dans le système, ou tu joues dans le système avec des avantages. Nous, on est des opposants »

lundi 12 avril 2010

Médecine existentielle.

Un article du New York times annonce le «retour contrôlé» des drogues hallucinogènes dans le traitement de patients atteints du cancer, d'anxiété, de troubles comportementaux, de dépressions graves et de stress post-traumatiques. Il ne s'agirait pas de réhabiliter Timothy Leary, le «père du LSD», mais plutôt de traiter certains malades de façon à améliorer leur état d'esprit, leur bien-être ainsi que leur capacité à faire face aux autres traitements médicaux.

Plusieurs études ont démontré l'efficacité relative de cette nouvelle médecine où les patients affirment avoir vécu une des expériences les plus significatives de leur existence. Plusieurs semblent avoir ressenti une amélioration durable de leur état d'esprit et les scientifiques comparent le traitement à la psilocybin (substance tirée du champignon magique) à une expérience spirituelle d'envergure ou encore aux bienfaits de la méditation : comme si la science donnait la main à la spiritualité.

Alors pépé, ça va pas ? Un petit peu de champignon magique dans ta tisane ?

samedi 10 avril 2010

La dernière chance (sans classe).

Ce soir, c'est la dernière chance du CH. Pas de victoire, pas de séries éliminatoires ! C'est dans ces moments que le capitaine de l'équipe doit se lever en chambre et dire... Oups, y'a pas de capitaine dans c't'équipe là ! En tous cas, si le Canadien ne fait pas les séries cette année, je propose que l'équipe change ses couleurs et assume son manque de caractère !
AJOUT : C'est sans classe et sans grâce que le CH accède aux séries, par une défaite en prolongation (le 1 point au classement qu'il manquait...) Pas fort.

(suivi de dossier)

Je vous parlais d'Edmund Burke cette semaine. Joseph-Yvon Thériault approfondit aujourd'hui dans Le Devoir.

vendredi 9 avril 2010

Notre sourire de l'environnement.

Le gouvernement Charest comme le Maire Tremblay ne semblent pas comprendre l'urgence de lutter contre l'étalement urbain. Charest lance des projets favorisant l'automobile comme l'échangeur Turcot, l'autoroute Notre-Dame et le Pont de la 25; Tremblay (comme la plupart des élus de la ville) restent mi-figue mi-raisin devant ces projets qui encouragent le développement des banlieues et nuisent à Montréal comme ville du XXIe siècle...

Il est évident que le projet Notre-Dame couplé au pont de la 25 ont pour objectif de favoriser l'accès à Montréal en voiture aux populations de Repentigny, de la rive Sud et de la couronne nord, donc de favoriser l'étalement urbain (et de gagner bêtement des votes dans des circonscriptions baromètres...).
Line Beauchamp : notre sourire de l'environnement au Québec
Il devient pourtant urgent de mettre fin à ce type de développement.
  • L'étalement urbain contribue à aggraver notre crise écologique puisqu'il fait la promotion d'un mode de vie d'une autre époque, dépendant de la voiture et des infrastuctures qui y sont reliées (stationnements, autoroutes, etc.). Faites le calcul de tout l'espace grugé par l'automobile au Québec et vous capoterez littéralement ! Rien n'est plus nuisible que ces projets si nous voulons amorcé un virage écologique dans nos modes de transport - principal secteur contribuant à l'augmentation des gaz à effet de serre... Et pendant que Jean Charest et Line Beauchamp sourient (sic) et parlent d'environnement d'un côté, ils font l'inverse de ce qu'ils prêchent de l'autre ! J'ai rarement vu un gouvernement aussi peu conséquent avec son discours.
  • L'étalement urbain contribue également à fragiliser le fait français à Montréal : les familles francophones vont s'établir en banlieue pendant que notre métropole économique et culturelle perd sa prédominance du français. La place du français au Québec est pourtant directement liée au statut et à la force d'attraction du français à Montréal. Si nous «perdons Montréal», le fait français apparaîtra de plus en plus comme un folklore sympathique au yeux du reste de l'Amérique...
Est-il exagéré d'exiger un minimum de vision à moyen terme de la part de nos élus ? Est-il possible d'imaginer que nous ne sommes pas plus cons que les citoyens de Berlin, de Bordeaux, Reims ou même Paris, de Barcelone ou encore Seattle, Cleveland, Boston ? Toutes ces villes et bien d'autres encore ont amorcé un réel virage pour diminuer la place accordée à l'automobile, valoriser le développement d'un réseau de transport en commun efficace et redonner la ville aux citoyens. Même New-York se réinvente en convertissant des autoroutes et en créant des corridors verts à travers Manhattan !

Je me balance entre déprime et colère !

Gainsbourg, vie héroïque.

Serge Gainsbourg (Eric Elmosnino) et Brigitte Bardot (Laetitia Casta)
J'ai vu Gainsbourg, vie héroïque et je demeure perplexe. Celui qui joue Gainsbourg (Éric Elmosnino) a la gueule parfaite, on se prend même à le confondre avec le vrai ! La construction du récit et la direction artistique sont originales, mêlant dessins animés et présence de marionnettes géantes, mais les ruptures de ton occasionnées par ces audaces stylistiques ne sont pas toujours réussies, ce qui fait que le film en souffre. 

La présence d'une marionnette géante, sorte de double plus assumé de Gainsbourg (est-ce Gainsbarre ou une simple évocation de sa chanson Dr Jekill and M. Hyde?) est appéciée, mais les transitions entre ces scènes et le reste du récit sont décalées. L'idée de confier le rôle de Boris Vian à Philippe Katerine (il m'énerve !) m'a dérangé. Vian n'est ni ressemblant ni inspirant ! Par contre Laetitia Casta en Bardot, ça marche (ouf !).

Bref, le film n'est pas une réussite sur toute la ligne et dans le genre, Dédé à travers les brumes est bien meilleur (avec sûrement moins de moyens !). Le réalisateur de Dédé..., JP Duval, entrecoupait lui aussi son film de dessins animés - et il l'a fait avant Joann Sfar, réal de Gainsbourg... - mais ces passages étaient magnifiquement bien intégrés, mieux assumés. 

Reste que plusieurs scènes de Gainsbourg... me resteront en mémoire, ce qui veut sans doute dire que le film a des qualités réelles.

jeudi 8 avril 2010

Marco Rubio: la vedette montante ?

Un des candidats républicains au poste de Sénateur de la Floride, Marco Rubio, est en train de devenir une véritable vedette médiatique nationale ces jours-ci. Il sembe en effet que le Parti républicain désespère de trouver un candidat capable d'affronter Barack Obama en 2012. J'ai parlé ici et ici de la montée d'une droite hostile, raciste et inquiétante qui se mobilise et se vautre dans un discours anti-Obama fort démagogique et potentiellement meurtrier, mais un fait demeure, sans candidat présidentiable (et je ne crois pas en Sarah Palin !), le Parti républicain ne pourra espérer reconquérir la Maison Blanche. J'apprends à connaître ce Rubio, mais son parcours et son éloquence font de lui un adversaire potentiel au Président Obama (ou un co-lisitier à Mitt Romney ?).

Je demandais récemment où est le Reagan contemporain pour le Grand old party ? Issu de la communauté latino, fils d'exilés cubains et anti-communiste notoire, le parcours de Marco Rubio pourrait le servir comme celui d'Obama a pu contribuer à sa propre ascension vers la présidence : le peuple américain adore se faire entretenir de true american stories... Et dans le contexte où le régime communiste risque de s'effondrer un jour ou l'autre à Cuba (la question est : le régime survivra-t-il à Fidel Castro ?), la candidature de Rubio pourrait propulser cette nouvelle figure et transfigurer la relation conflictuelle USA/Cuba, relations qui on le sait, ne laisse personne indifférent aux USA, surtout dans un État baromètre comme la Floride !

À suivre.

Ajami ou le cinéma comme prélude à la paix ?

Ajami, un film israélien, fait jaser en ce moment, tant pour ses qualités cinématographiques que pour le parcours de ses réalisateurs, un juif et un arabe, tous deux citoyens israéliens. Le film est tourné en arabe et il relate sans complaisance le parcours de personnages, juifs comme arabes, subissant les affres du conflit israélo-arabe. Ajami est accueilli positivement aussi parce qu'il évoque la possibilité que la culture puisse contribuer à enrichir le dialogue entre Juifs et Arabes, à un moment où l'élite politique israélienne se cantonne dans un radicalisme pour le moins désespérant...

mercredi 7 avril 2010

Obama et le nucléaire.

Barack Obama rendra public ses nouvelles directives en matière d'armement nucléaire cette semaine, mais il semble déjà rompre avec son prédécesseur de façon significative:
  • D'abord, en renforçant le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et en s'engageant à réduire  l'armement nucléaire des USA simultanément avec la Russie (traités START) Obama travaille à stabiliser et même à réduire la capacité nucléaire des grandes puissances, ce qui ne peut qu'être bénéfique. Après tout, la guerre froide est terminée et l'arme nucléaire n'est plus seulement dissuasive, elle peut être utilisée par des acteurs irrationnels - l'Iran, la Corée du nord, des groupes terroristes - qui cherchent à anéantir leur adversaire. Obama a donc bien identifié les nouvelles menaces et il cherche à éviter que ces armes ne prolifèrent;
  • Ensuite, en s'engageant à ne pas utiliser des armes nucléaires contre des pays qui n'ont pas cette technologie, sauf si ces pays sont jugés irrespectueux des traités de non-prolifération (l'Iran?), Obama s'engage à respecter deux principes forts porteurs pour l'établissement d'un Droit international en matière d'armement : respecter la proportionnalité de la violence en cas de guerre et punir seulement les pays qui ne respectent pas l'ordre international qui s'établit par le biais des traités et conventions...
L'avantage de cette politique est qu'il ne se prive pas d'emblée d'utiliser l'arme nucléaire contre un adversaire irrationnel, mais qu'il établit des balises permettant de juger et de jauger de l'usage de celles-ci. On peut confirmer que l'ère de W. Bush est en net recul puisque ce dernier était favorable «au retour du nucléaire» sous de multiples formes (retrait du TNP, utilisation d'armes nucléaires tactiques, etc.). Plus aucune balise claire ne semblait limiter le champ du possible chez ce Président cowboy. Obama ramène un peu de sagesse et de principes dans sa gouverne et ça fait du bien !

mardi 6 avril 2010

À propos du conservatisme de Burke.

Je vous parlais précédemment du chef conservateur britannique David Cameron qui opérait une rupture tranquille avec le Thatchérisme au profit d'une philosophie puisant dans le conservatisme de Burke. C'est une bonne nouvelle ! Cette forme de conservatisme - Edmund Burke est mort peu après les Révolutions américaine et française - est moins hostile à la société en général (le Thatchérisme semblait dire que la société n'existe pas !) puisqu'il a émergé en critiquant l'individualisme strict de la pensée libérale de l'époque. Selon Burke, le libéralisme et le rationalisme purs conduisent à la perte de la société, c'est pourquoi il entend favoriser ces «associations naturelles» que sont les familles, les communautés, la religion...
Le philosophe politique Edmund Burke (1729-1797)
Il y a dans ce conservatisme une volonté de préserver ce qui peut contribuer à fournir des cadres de références aux individus de façon à ce qu'ils puissent se développer. Dans cette perspective, l'individu ne peut se développer seul, il a besoin de normes et d'«options dotées de sens» qui lui sont fournies par ces corps intermédiaires entre l'État et l'individu...

Si cette tendance idéologique prend réellement forme, le discours de Cameron sera semble-t-il axé contre l'interventionnisme étatique des travaillistes de Gordon Brown et pour que les différentes associations puissent gagner en autonomie dans la société. Cameron serait donc favorable à une véritable décentralisation des pouvoirs de Londres vers les régions ? Si c'est le cas, les Parlements régionaux créés sous Tony Blair (Irlande du Nord, Écosse, Pays de Galles) pourraient bénéficier de ce virage.

Et pendant que le Royaume-Uni se fédéralise en reconnaissant ses différentes composantes nationales, le Canada de son côté se déconstruit de l'intérieur (regardez le pays se constituer en blocs régionaux), tout en centralisant ses pouvoirs et en marginalisant la différence québécoise (notre proportion de sièges à Ottawa s'en va en déclinant !).

Élections en Grande-Bretagne le 6 mai.

Le 1er ministre britannique Gordon Brown a rendu visite à la Reine à Buckingham palace pour lui demander de dissoudre le Parlement et de tenir des élections générales le 6 mai prochain. Après 13 ans au pouvoir, le Parti travailliste cherchera à recueillir une majorité pour la quatrième fois consécutive depuis 1997 (c'est historique !), mais la 1ère fois sous la direction de Gordon Brown, éternel 2e sous Tony Blair...
Le chef conservateur (Tory) David Cameron
Les sondages prédisent une légère avance au Parti conservateur dirigé maintenant par David Cameron, un jeune politicien articulé qui affirme vouloir rompre partiellement avec le Thatchérisme et puiser davantage son conservatisme dans la pensée d'Edmund Burke (philosophe politique anglais,1729-1797) plutôt que dans le conservatisme néo-libéral de Milton Friedman (économiste et penseur américain 1912-2006).

L'autre parti en lice (libéral-démocrate) peut seulement venir troubler les résultats en favorisant ou défavorisant les travaillistes ou les conservateurs... Un pronostic ? Une courte victoire conservatrice.

lundi 5 avril 2010

L'affaire dont tout le monde parle... en France.

Un co-animateur à l'émission d'Ardisson, Éric Zemmour (voir photo), a dit récemment: "Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est un fait." Aussitôt, il est sanctionné par le Conseil supérieur de l'Audiovisuel (notre CRTC?) et le «tribunal de l'opinion» s'abât sur lui. L'homme a de nombreux défenseurs, il n'est pas seul, mais tout ce débat soulève plusieurs questions:
  • Tout vérité est-elle toujours bonne à dire ? Ne faut-il pas parfois tenir compte du contexte et de la manière que seront reçues ces idées ? 
  • Pensez à cette fameuse phrase, lâchée un soir du 30 octobre 1995: «On a perdu, mais dans le fond à cause de quoi : de l'argent pis des votes ethniques !» Cette vérité était-elle bonne à dire ce soir-là ? N'y aurait-il pas mieux valu dire : «On ne reconnaît pas le résultat, le Québec fait appel à la communauté internationale pour qu'elle vienne enquêter sur le bon déroulement du vote et sur le respect des moyens financiers permis par la loi référendaire québécoise aux deux camps de façon à assurer l'équité et la qualité du jeu démocratique !» 
Imaginez comment le rapport de force aurait alors été inversé : le camp du OUI n'aurait pas été le camp défait et amer qu'il paraissait être, il aurait été celui de la victoire morale qui met tout le poids de sa défaite sur le non-respect des règles démocratiques par son adversaire !

Revenons à Éric Zemmour. Que voulait-il faire ? Énoncer un simple fait ? Provoquer ? Contribuer à changer les choses ? Et Parizeau ce soir de 1995, que cherchait-il à faire lorsqu'il a lancé sa phrase-choc ? A-t-il pensé aux conséquences de celle-ci sur son camp et sur sa cause ? Au-delà de la simple liberté d'expression, il faut aussi penser aux impacts de nos propos lorsqu'ils sont tenus dans l'espace public, particulièrement si nous occupons un rôle (animateur à la télé, premier ministre) ou un poste où on représente en quelque sorte plus que soi-même...

vendredi 2 avril 2010

Des excuses de l'Église catholique ?

Pour ceux qui veulent relier un événement de l'actualité à cette fin de semaine pascale, lire ce texte du curé Gravel : «L'Église et la pédophilie - À Pâques, il faut mourir pour ressusciter»

jeudi 1 avril 2010

Jésus de Nazareth.

Pâques approche, avec toute sa nostalgie de l'enfance. Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli : un véritable «marathon télévisuel annuel» pour lequel j'ai sûrement gâché plusieurs vendredis saints ensoleillés ! Reste que ce film m'a inculqué une culture religieuse minimale, me racontant magnifiquement bien les grands épisodes de cet immense révolutionnaire de l'époque romaine que fût Jésus.

Grâce à ce film, je me suis mis à comprendre davantage ce qu'on me racontait lorsqu'on allait à la messe (pas trop souvent : au dimanche des rameaux, à Noël, puis à un autre moment «variable» dans l'année). C'est un peu grâce à ce film que j'apprécie toujours regarder l'art religieux des églises que je visite. Ce film me rappelle mes 1ers cours d'enseignement à la religion. Je suis content que l'on m'ait fourni cette culture religieuse essentielle à la compréhension de l'histoire et de l'art.

Je me souviens d'avoir marché dans Jérusalem en 1994 en me rappelant ces images de Robert Powell (le Jésus du film) titubant sous le poids de sa croix... J'ai été marqué quand je suis allé voir le tombeau de Lazar (en plein Jérusalem «annexé» !) et lorsque j'ai fait le tour du lac de Tibériade où Jésus a marché sur les eaux. Si j'ai ressenti quelque chose lorsque je suis allé sur le mont des Oliviers où Jésus exprime ses angoisses devant la mort et demande à son Père s'il peut lui éviter ce châtiment atroce... c'est encore grâce à Jésus de Nazareth le film, qui a construit l'image mentale que je me fais encore aujourd'hui de Jésus.

Jésus de Nazareth est-il encore projeté à la télévision ? Sans annonces ? Ma télé avec antennes de lapin (de Pâques) vous souhaite un beau congé pascal.

La rigidité du gouvernement Harper (3).

Le gouvernement Harper est minoritaire. Vous en étiez-vous aperçu ? Ceci veut dire qu'il détient moins de sièges au Parlement que les autres partis d'opposition (PLC, Bloc, NPD) pris ensemble. Ou encore qu'il est le parti qui détient le plus de sièges par rapport à ses adversaires pris individuellement.

Anyway, son parti est loin d'avoir recueilli un appui populaire majoritaire. Plusieurs régions du Canada votent très peu pour le PC.

Pourtant, depuis 2006, Stephen Harper gouverne comme s'il est majoritaire:
  • il «force» l'adoption de plusieurs projets de loi (sachant que l'opposition fera dans son froque en refusant un projet de loi dont l'adoption est liée à une question de confiance selon le principe de la responsabilité ministérielle); 
  • il proroge le parlement (suspend ses travaux) lorsque son gouvernement est menacé de tomber, ce qui constitue une des dérives autoritaires les plus graves de notre histoire à mes yeux (Michaëlle Jean en est en partie responsable); 
  • il déloge les dirigeants d'organismes indépendants qui dérogent de sa vision idéologisée de la politique (Droits et démocratie); 
  • il contrôle l'information de façon maladive, 
  • il réoriente la politique étrangère du pays; 
  • il cherche à diminuer les évaluations environnementales pour «accélérer la relance» économique, etc.
  • il est même sur le point de réformer le Sénat («la chambre des régions») sans même consulter les provinces;
Si au moins M. Harper était majoritaire (même avec une majorité de sièges...), je me dirais que ses actions correspondent à peu près à ce que veulent mes concitoyens du Canada, mais ce n'est pas le cas !

Le pire, c'est que l'entêtement et l'autoritarisme de M. Harper se répandent parce que l'opposition, particulièrement l'opposition libérale dirigée par Ignatieff, est extrêmement faible, voire flaiblarde ! On se demande vraiment où on s'en va.