vendredi 27 mai 2011

... Le Québec a besoin d'un nouveau René Lévesque.


Pour répondre au FEC qui pose la question : Pour se donner un nouvel élan, le Québec a besoin…

je réponds: un autre René Lévesque.

1- Lévesque a bâti sa carrière sur l'idée de nous décoloniser de l'intérieur en prenant le contrôle de nos richesses collectives pour les faire profiter à tous. La nationalisation de l'électricité a fait du Québec un État qui développe sa plus grande richesse, qui se l'approprie au profit de tous. On est loin des projets Rabaska, de l'exploitation des gaz de schiste, de la vente des gisements d'Anticosti au privé, du développement de la Romaine ou du Plan Nord !

2- Lévesque est le premier homme politique au Canada à avoir opéré un réel ménage dans la corruption et le financement illicite des partis politiques. On parlait à l'époque des «caisses électorales occultes». Il est aussi celui qui a mis en place une Direction générale des élections indépendante du gouvernement.

Ces deux dispositions démocratiques sont littéralement bafouées par le gouvernement Charest qui a le visage et tous les symptômes de la corruption endémique et qui ne respecte même pas les critères de sa propre loi électorale en se plaçant au-dessus de l'organisme indépendant chargé de délimiter la carte électorale (la CRE).

3- C'est aussi Lévesque qui a mis en place le BAPE, qui impose une consultation publique aux projets industriels d'importance. Mais on sait qu'aujourd'hui, cet organisme ne fait que des consultations de façade et même lorsque ses rapports ont des dents, on s'arrange pour les contourner...

4- Dans le dossier de la langue comme dans celui du traitement des minorités, Lévesque était aussi irréprochable. Pas comme notre 1er sinistre Charest qui a fait du français la langue des pauvres au Québec !

Décidément, la nostalgie de René Lévesque est de mise, devant ces 1ers ministres à Ottawa et à Québec qui sont soit rigides, soit responsable d'une désaffection et d'une infantilisation de la politique.

Car Lévesque avait cette capacité de rassembler autour de lui des personnes de diverses orientations compétentes et désintéressées. Allergique qu'il était à la corruption, il imposait une forme de discipline et d'honnêteté obligée dans son équipe...

A-t-on besoin d'en rajouter pour comprendre le contraste avec aujourd'hui ?

jeudi 26 mai 2011

Appel à la machine du Bloc : investissez le NPD !

Les nombreuses hésitations de Jack Layton devant la presse cette semaine, à propos de la règle du 50% + 1 lors d'un éventuel référendum sur la souveraineté du Québec, illustrent le défi d'un parti qui a une culture et une hiérarchie canadienne-anglaise mais une députation majoritairement québécoise... Le NPD doit-il être fidèle à sa déclaration de Sherbrooke, pierre d'assise de son flirt avec le Québec, ou respecter la loi sur la clarté, approuvée par le parti en 2000 ?

Lire JF Lisée qui semble déjà cynique à propos des circonvolutions de Layton...

Chose certaine, cela illustre l'urgence pour le Québec, que la «machine du Bloc», c-à-d les conseillers, recherchistes et attachés politiques qui ont perdu leur emploi le 2 mai dernier, que cette machine donc, investisse massivement le NPD. Le vide politique qu'il semble actuellement y avoir ne peut être assuré par Tom Mulcair ou par une équipe ontarienne ! Faites oeuvre patriotique et trouvez-vous une nouvelle job au NPD, ça presse !

mercredi 25 mai 2011

Pour se donner un nouvel élan, le Québec a besoin...

Le FEC vous invite à compléter la phrase suivante :

Pour se donner un nouvel élan, le Québec a besoin…

Dans le cadre de la 3e édition du Festival de l’expression citoyenne (FEC) qui aura lieu à Montréal du 14 août au 12 septembre 2011, l’Institut du Nouveau Monde (INM) organise l’activité Crieur public et sollicite votre participation en complétant la phrase suivante : Pour se donner un nouvel élan, le Québec a besoin…

Les réponses obtenues seront colligées et serviront à élaborer le contenu d’une lecture théâtrale qui sera jouée sur la rue à plusieurs occasions durant le FEC. Les crieurs publics serviront ainsi de courroie de transmission entre la parole récoltée et les passants. Pour participez, veuillez soumettre dès que possible votre réflexion en la faisant parvenir à

olga.claing@inm.qc.ca

Vous êtes libres de vous identifier en aposant ou pas votre nom à la fin de votre réflexion. Allez, un petit élan !!!

(Message de l'INM retransmis par le voisin)

mardi 24 mai 2011

Obama vs Tim Pawlenty ?

Mes prédictions récentes sur la vie politique américaine sont contestées par nul autre que Richard Hétu, le correspondant de La Presse aux USA (Meilleur blogue sur cyberpresse !) qui mise sur Tim Pawlenty pour gagner l'investiture républicaine dans le but d'affronter Barack Obama en 2012.



Je ne connais pas vraiment ce Hockey boy converti au protestantisme militant, mais je continue de miser sur Romney... et sur la victoire d'Obama !

lundi 23 mai 2011

Bonne fête des Patriotes.


C'est aujourd'hui la Fête des Patriotes, qui commémore (pour remplacer la fête de la Reine au ROC) la Rébellion des patriotes en 1837-38. Nos cours d'Histoire ne rendent pas assez compte intelligemment de cet épisode extraordinaire de notre parcours comme nation.

Ces gens se sont battus pour des idées - la démocratie, le contrôle du budget par les élus du peuple, le respect de la langue par les institutions, les droits des minorités, etc.;

Les Patriotes ont agis selon une gradation des moyens tout-à-fait admirable sur le plan moral et politique : ils ont cherché le dialogue avec le pouvoir britannique et c'est lorsque celui-ci a décidé de mépriser puis d'écraser ce mouvement légitime et démocratique que les patriotes ont pris les armes.

Bonne fête des Patriotes !

samedi 21 mai 2011

MBC, notre intellectuel acronyme.

Au Québec, notre relation avec les «intellectuels» est souvent méprisante, comme si on se méprisait nous-mêmes en se croyant incapables de débattre ou de comprendre un propos intelligent qui offre des perspectives historiques et philosophiques aux phénomènes.

Mathieu Bock-Côté est devenu depuis quelques années un «intellectuel médiatique» qui apporte un peu ce que plusieurs philosophes et «commentateurs intelligents» apportent en France au débat public. Cette contribution fait bien sûr trop souvent le jeu d'une polémique de surface et de mauvaise foi, mais elle est aussi accompagnée de principes philosophiques qui sous-tendent le discours, et qui contribuent donc à nous sortir des opinions pour nous rapprocher des idées, ce qui est fort bienvenu.

Si en France il y a BHL (Bernard-Henri Lévy dont la contribution «philosophique» est selon moi surestimée), peut-on envisager voir émerger chez nous des intellectuels dont l'identité est un acronyme ?

Pourrait-on le cas échéant, parler maintenant de MBC pour identifier Mathieu Bock-Côté?

Les deux extraits qui suivent sont issus d'une entrevue que MBC a donné à Radio-Ville-Marie. MBC entrevoit que les théories de la conspiration sont un reflet d'un âge démocratique extrême où l'autorité politique est presque toujours perçue par la lorgnette du despotisme. La discussion avec l'animateur est intelligente et soulève plusieurs notions et principes au coeur de la science politique.

vendredi 20 mai 2011

La porte du non-retour.

Le radeau de la méduse; Photo : Philippe Ducros

Je reviens de cette expo-photo montée par Philippe Ducros, directeur de l'Espace libre et intitulée la porte du non-retour. L'artiste a séjourné dans les camps de réfugiés du Congo-Kinshasa, là où la pire crise humanitaire sévit actuellement sur la planète.

Le texte de l'expo, écrit et récité par Ducros, résonne dans nos oreilles pendant que l'on observe ses photos... Ce texte est sombre et nécessaire, il condamne les crimes historiques - la traite des noirs, le colonialisme - et notre complicité silencieuse actuelle - le pillage des compagnies minières canadiennes en Afrique, notre indifférence coupable alimentée par la spéculation boursière de nos fonds de pension et ces «nobles institutions internationales» que sont le FMI et la Banque Mondiale...

Le texte est sombre donc, mais les photos sont lumineuses et colorées, comme pour faire contraste au propos. Les deux sont nécessaires. La noirceur du propos, la luminosité des images qui l'accompagnent.

De retour de cette expo à la Maison de la culture Frontenac, j'ai traversé ce quartier pauvre et triste et bruyant et poussiéreux pour retourner chez nous. En chemin, j'ai croisé des logements insalubres et miteux, des putes-mères de familles jeunes et paumées, un ourson en peluche à qui il manque un bras, accoté sur un mur de peinture écaillée.

La vie est Trash !

Obama & Israël : the tipping point.

Le discours d'hier du Président Obama face au printemps arabe comporte une affirmation importante qui a choqué le 1er ministre israélien Netanyahou. (Les 2 se rencontrent aujourd'hui).

Les USA viennent de réaffirmer un principe du droit international présent dans la majeure partie des résolutions onusiennes sur le conflit israélo-arabe : les territoires conquis par la force en 1967 sont illégitimes, donc la base des négociations pour la solution à 2 États demeure les frontières de l'armistice de 1949 (on dit dans le jargon les frontières d'avant juin '67). Ceci implique que le tracé du mur et les colonies font partie des négociations... Obama l'a compris en rajoutant que les modifications en ce qui a trait au tracé des frontières doivent être mutuellement consenties.

Netanyahou comprend que la pression est de son bord, c'est pourquoi il cherchera à rallier le lobby juif américain pour condamner ce retour en arrière irresponsable (selon lui), mais on peut dire que l'exaspération à l'égard de cette fuite en avant que constitue la colonisation israélienne des territoires palestiniens commence à faire son chemin partout, même au sein de la communauté juive américaine. JStreet et les commentateurs politiques de toutes sortes en font foi.

Chose certaine, Obama joue la crédibilité de sa présidence (et de son Prix Nobel) ici. On ne joue pas «électoralement» avec un conflit aussi important. Encore plus dans le contexte actuel du monde arabe, véritable point de bascule entre un moment démocratique et moderniste ou le glissement vers l'obscurantisme revanchard...

Santé : Legault a raison (Ajout).

Les propositions en santé de la CAQ ciblent la bonne chose : priorité aux médecins de famille qui deviennent alors le centre du système. Et changer le mode de rémunération des médecins pour mettre fin à la rémunération «à l'acte» pour le faire passer en fonction de l'exigence du «nombre de patients».

Ce qu'il propose favorisera une meilleure organisation du travail dans le réseau. Les médecins seront forcés à se regrouper et les infirmières et pharmaciens seront plus libres de pratiquer et de poser des «gestes médicaux». Des équipes de travail se créeront ainsi plus naturellement. Tout le monde en bénéficierait.

Écoutez-le se défendre à Christiane Charette.

Mais je trouve drôle et confrontante la phrase-acerbe lancée par JF Lisée : «Si vous souhaitez que les riches travaillent davantage: donnez leur plus d’argent!; Si vous souhaitez que les pauvres travaillent davantage : coupez leurs salaires

J'ai condamné cette logique de la performance lors des propositions de la CAQ en éducation, qualifiant cette logique décisionnelle de clientéliste. C'est LE problème de Legault: la logique du marché (et surtout de la performance récompensée) imprègne trop sa lecture de la société. Il y a qq chose de Nicolas Sarkozy là-dedans : «travailler plus pour gagner plus»...

mardi 17 mai 2011

L'américanisation de la France.

L'affaire DSK devient un autre symbole de l'accélération de la nouvelle américanisation de la France.

Vie politique et vie privée sont maintenant fusionnés. Nicolas Sarkozy en est le premier responsable, lui qui a fait un spectacle de sa vie et qui continue de le faire : première à Cannes de La Conquête, un film racontant l'ascension au pouvoir de Sarko, comme Primary Colors racontait celle de Bill Clinton en 1992.

Pendant que la saga DSK se joue (et que celui-ci joue le rôle du salaud), une histoire parallèle émerge, celle de la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy. Et Carla, en vedette dans le dernier Woody Allen, est enceinte !

LA CONQUÊTE : BANDE-ANNONCE HD - de Xavier... par baryla

2012 : Mitt Romney vs Obama.

Puisque j'ai gagné mon pool électoral sur les élections fédérales canadiennes, je me risque à une autre prédiction : On s'oriente dangereusement vers une lutte entre Mitt Romney vs Barack Obama pour le match de l'élection présidentielle états-unienne de 2012.

La candidature farfelue de Donald Trump a pris fin lors du souper de la tribune de la presse où il a été ridiculisé Live par le Président et un humoriste méchant mais excessivement drôle... Aujourd'hui, c'est Newt Gingrich, le candidat d'une droite dure populiste, qui tombe. Mike Huckabee la semaine dernière faisait de même...

Je ne crois pas aux candidatures de Sarah Palin et de Ron Paul, l'une étant trop mainstream (disons trop de surface), l'autre incarnant un courant idéologique qui ne peut récolter un vote majoritaire. Je ne vois pas Marco Rubio avant 2016. Chris Chrisitie (mon préféré chez les Républicains ! Un mélange entre Denis Coderre et Régis Labeaume) a averti que sa femme le tuerait s'il briguait l'investiture républicaine...

Reste Mitt Romney, ex-Gouverneur du Massachussetts, Mormon, et issu de l'entreprise privée. En plus, fossette au menton ! Sorte de Marlboro man de la politique. Romney est capable de ratisser large en allant chercher le vote de la droite religieuse (quoique le mormonisme est considéré comme une «secte» déviante par plusieurs pasteurs au veston bleu pétrole), celui de la droite économique et sociale, puis l'appui des centristes. Certains ont dit que la réforme de la santé qu'il a mise en place au Massachussets lui nuira parce qu'elle est en plusieurs points semblable à celle d'Obama (le Obamacare si diabolisé par le Tea Party).

Je crois plutôt que la position de Romney est solide : il dit que la réforme doit être pilotée par les États et qu'il convient à ceux-ci et non à l'État fédéral de décider du pourvoyeur de services d'assurance-maladie... C'est un principe fédéraliste défendable qui peut rallier autant l'électeur «progressiste» qui veut une protection «disciplinée ou dispensée par l'État» que l'électeur conservateur qui désire une protection privée dont le prix et les conditions sont déterminés par le free market...

C'est Mitt Romney qui peut battre Obama en 2012.

P.S. pouvons-nous émettre le souhait que les membres du Tea Party pensent autrement et fassent basculer la candidature républicaine vers un (ou une) clown ? ou que le vrai clown, Trump, se présente finalement indépendant ?

lundi 16 mai 2011

Marois doit bouger.

En entrevue au journal Le Devoir cette fin de semaine, Gilles Duceppe avertissait ses partenaires du PQ de ne pas nier que le coup de barre donné par les Québécois au Bloc pouvait avoir des répercussions sur la scène électorale québécoise.

Ajoutez à cela les rumeurs d'alliance ou de fusion entre l'ADQ de Gérard Deltell et la CAQ de François Legault, et vous comprendrez qu'avec un maigre 34% d'appuis dans les sondages - seulement 4% de plus que les libéraux de Jean Charest ! - le PQ de Pauline Marois est fragile, très fragile.

Si Mme Marois ne bouge pas, si elle croit que le pouvoir viendra à elle comme un fruit mûr, elle s'illusionne ! Ce qui risque de lui arriver, c'est soit un retour au scénario de 2007 (retour au pouvoir des libéraux mais minoritaires) soit un doublage sur sa droite par l'alliance Legault-Deltell...

Pourtant, Mme Marois a des qualités de rassembleuse qu'elle ne sait pas exploiter. Est-elle capable de saisir que pour toutes sortes de bonnes et mauvaises raisons, sa personnalité ne passe pas (parlez-en à Michael Ignatieff) et qu'elle doit donc s'adjoindre le leadership d'autres figures...

Voici deux options que Pauline Marois doit envisager sérieusement:
- Recruter Gilles Duceppe et en faire une figure centrale de son prochain gouvernement;
- Faire un pacte avec Québec Solidaire de façon à ce que le prochain scrutin québécois soit clairement entre un programme d'une coalition de centre-gauche et une autre de centre-droit (en souhaitant l'effondrement du PLQ, il le mérite bien !).

J'ai souvent discouru (voir ICI) sur la nécessité de bâtir une coalition inclusive pour nous sortir de notre torpeur politique et pour sortir du pouvoir des libéraux corrompus et dépassés. Il est sans doute trop tard aujourd'hui pour penser inclure le clan Legault dans cette coalition, et ce n'est pas dramatique puisque son programme annonce des temps difficiles... et que Charles Sirois et Gérard Deltell se trouveront sans doute dans leur insignifiance respective...

Chose certaine, si Marois ne bouge pas, si elle ne cherche pas à élargir sa palette politique, le «train du pouvoir» lui passera devant le nez.

samedi 14 mai 2011

Images de réfugiés.

Une série de portraits tournés dans les camps de réfugiés palestiniens du Liban est mise en ligne de façon très originale par Radio-Canada. Les vidéos ne durent que 2 minutes max chacun, mais il y a du «matos» pour plus d'une heure 30... C'est à voir et à entendre.

Bravo aux journalistes qui ont choisi de s'effacer devant leurs sujets.

vendredi 13 mai 2011

Les délires d'un vieux financier.


Stephen Jarislowsky, celui que plusieurs ont présenté comme un «sage» dans le domaine de la finance lors de la crise financière de 2008, vient de démontrer que ses qualités de planificateur financier ne font pas de lui un analyste nuancé et intelligent.

Dans une entrevue accordée à La Presse, il affirme que «le courant indépendantiste est toujours animé d'une ferveur religieuse au Québec. Les gens qui veulent le pouvoir à tout prix vont raconter toutes sortes d'histoires pour l'obtenir. C'est peut être pas nazi... mais c'est fasciste!» lance-t-il.

Bon, il est de bon ton dans les milieux Canadiens-anglais de traiter les nationalistes québécois de «nazis et de fascistes». C'est disons un réflexe facile pour diaboliser l'ennemi. Mais ce dérapage langagier est dangereux, d'abord parce qu'il est faux, mais aussi parce que lorsque de véritables «nazis ou fascistes» se pointeront à l'horizon, comment M. Jarislowsky est ses acolytes les désigneront-ils ? Quels mots emploieront-ils pour s'insurger contre un vrai raciste, un vrai danger pour la démocratie et les droits des minorités ???

Et puis, ce citoyen de Westmount se rend-il compte que sa communauté - les anglophones du Québec - est sans aucun doute la minorité la mieux traitée dans le monde démocratique ? Si nous étions vraiment «fachos», il me semble que nous aurions remédié à cette situation pour le moins problématique d'une minorité ultra-riche et privilégiée parmi la majorité qu'il qualifie d'irrationnelle... Je me méfie de ces détenteurs de vérité qui croient que seule leur option est rationnelle et que l'autre n'est qu'un adversaire ignare ou pire : fasciste ! Il y a du fascisme dans une telle attitude...

La minorité anglo-québécoise n'est pas ostracisée, elle demeure plus riche, plus éduquée que la majorité des citoyens du Québec; elle bénéficie d'institutions de renoms, financées par l'État et depuis René Lévesque jusqu'à Pauline Marois, jamais les leaders indépendantistes n'ont remis en question cet état de fait. Que M. Jarislowsky se sente menacé par le projet indépendantiste, j'en conviens, puisque le statut de sa communauté deviendrait alors officiellement minoritaire... Mais est-ce une raison suffisante pour déraper autant ?

À ce que je sache, je n'ai jamais traité Stephen Harper de nazi ou de fasciste, même si je suis persuadé qu'il contribue plus que tout autre leader dans l'histoire canadienne, à éroder les fondements de notre démocratie parlementaire.

Comme le «papier commercial adossé à des actifs» qui a contribué à déclencher la crise financière de 2008, l'usage du mot «fasciste» perd de sa valeur et de sa signification s'il est adossé à n'importe qui et n'importe quoi...

mardi 10 mai 2011

Contre Harper.

Cliquez sur le titre de ce message...

... pour lire le philosophe Christian Nadeau à propos de l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire. Je suis d'accord avec sa conclusion, il nous faudra réapprendre le pouvoir de la rue pour freiner les ardeurs de ce gouvernement qui aura maintenant les moyens de réaliser ses ambitions : changer le visage du Canada.

Les réflexions précédentes portant sur Harper et les grandes figures du «projet canadien» ont insisté sur l'engloutissement des dernières digues préservant la différence canadienne en Amérique.

Ici, il convient d'insister sur le fait que dans le cadre d'un gouvernement majoritaire, les pouvoirs du 1er ministre en régime parlementaire de type britannique sont tout simplement impériaux !

Le 1er ministre utilisera son pouvoir de nomination pour :
- façonner la politique étrangère du Canada comme il a déjà entrepris de le faire;
- placer ses pions dans les organismes étatiques (on peut envisager des coupures à Radio-Canada, perçue comme trop «gauchiste»);
- commencer à faire basculer idéologiquement la composition de la Cour Suprême et des divers tribunaux au pays;

Par sa majorité parlementaire, il pourra facilement :
- faire adopter ses projets de loi (dont celui qui mettra fin au financement public des partis, dans le but évident d'affaiblir ses adversaires...)
- continuer son travail de sape des institutions parlementaires, sans que la menace d'un vote de non-confiance ne vienne le troubler...

Ses seuls scrupules répondrons à des critères stratégiques : préparer sa victoire de 2015 ! Imaginez alors les dégâts si nous n'avons pas appris d'ici là à nous indigner collectivement et à nous mobiliser pour éviter le pire et enfin remplacer ce tyran intelligent !

vendredi 6 mai 2011

Harper, Tommy Douglas et George Grant...

J'ai parlé ici de la figure de Tommy Douglas, co-fondateur du NPD fédéral ainsi que de la figure centrale du conservatisme canadien George Grant...

Antoine Robitaille (voir Le Devoir de ce samedi) m'a poussé à porter plus loin ma réflexion sur ce que penserait George Grant du résultat des élections du 2 mai dernier...

Disons que Grant condamnerait sans doute le «Harperism», puisque Stephen Harper incarne effectivement une droite fortement américaine, donc il fait basculer le Canada dans l'américanisation encore plus que Mulroney avec le libre-échange ou que Diefenbaker avec son acceptation de missiles nucléaires américains sur le sol canadien...

Dans le fond, le NPD de 2011 incarne beaucoup plus clairement «la différence canadienne» que Grant cherchait à préserver et ce «nouveau» NPD n'est pas si à gauche que cela (Jack is hard on crime...)... Peut-être que George Grant aurait voté orange !?

En tout cas, l'idée du fédéralisme asymétrique promue par le NPD se rapproche peut-être du provincialisme que plusieurs courants conservateurs ont entretenu au Canada, dans l'ouest comme dans les maritimes... L'alliance modeste (c'est mon expression) entre le Québec et le ROC que l'on ressent à la lecture de Grant pourrait peut-être freiner l'américanisation du Canada... et c'est le NPD qui serait le plus proche de réaliser cet objectif !

Grant aurait-il voté pour son neveu Michael Ignatieff ? Ce dernier aurait peut-être bénéficié de la sympathie de son grand-oncle, mais son programme «centriste» l'aurait laissé pantois... Je ne crois pas que Grant aurait été favorable à la guerre d'Irak de 2003, comme l'ont été Ignatieff et Harper. Même chose à propos de leurs discours sur le Partenariat sur la sécurité et la prospérité - le PSP : Grant se serait inquiété de cet arrimage inconsidéré sur les USA pratiqué par l'élite canadienne.

Encore une fois, le NPD de 2011 est plus proche d'une politique étrangère proprement canadienne et non continentaliste... ce continentalisme que condamnait Grant. Bon, je ne veux pas faire de Grant un gauchiste, ni traiter le NPD de parti conservateur, mais...

Chose certaine, Grant se serait grandement inquiété des conservateurs de Harper puisqu'en plus de nous coller aux valeurs américaines, il menace le parlementarisme, autre différence marquante du Canada versus les USA. Le conservatisme, comme le régime parlementaire, reposent sur des coutumes et des conventions, donc cela exige des acteurs modérés qui ne défonceront pas les multiples règles imprécises de notre système, règles héritières de l'histoire et d'un respect envers les institutions... Harper n'est pas cet acteur modéré et respectueux...

Or, il y a une parenté possible (pas toujours évidente) entre un certain conservatisme, celui de Edmund Burke par exemple - que l'on pourrait rattacher à Grant par sa «dimension britannique», et une certaine gauche, celle de Tommy Douglas : La volonté de soutenir la communauté, de faire en sorte que celle-ci ait une réelle fonction sociale, la croyance qu'il y a qq chose de plus grand et que l'individu en fait partie...

C'est ce qui me fait dire que le conservatisme de Harper est américain, qu'il n'est pas proprement canadien. C'est plus un néo-conservatisme associé à une droite religieuse pas très différente de celle du Montana ou du sud-ouest états-unien...

J'en rajoute : à propos de la réforme du Sénat, le principe de l'élection des Sénateurs que Harper veut mettre en place, pas sûr que Grant serait d'accord avec cela... Il serait mélancolique d'une institution qui reconnaîssait l'importance de l'expérience et de l'indépendance d'une élite capable de s'inscrire dans une filiation... Cette primauté de l'expérience sur la stricte égalité que l'on retrouve au sein du Sénat actuel par son processus de nomination, Grant s'en ferait sans doute le défenseur.

La méfiance de l'idéologie conservatrice envers l'égalité démocratique disqualifie Harper de la pensée de Grant et de ses précurseurs de type britannique... «L'égalité numérique» d'un Sénat élu qualifiée ici d'égalité démocratique est valorisée par les conservateurs de Harper (cela se manifeste aussi par l'ajout de nouveaux sièges au détriment du Québec, en fonction du principe du Rep by pop...) Grant défenderait-il le Québec à propos de sa perte de poids à la Chambre des Communes ? Je n'irais pas jusque là, mais je suis porté à croire que oui, étant donné son soutien à l'existence de communautés et de traditions porteuses de sens pour éviter la dérive individualiste et technocratique venue des USA...

Et sur l'impôts des entreprises !? Je me dis que Grant, qui se méfiait des grandes corporations, serait plus que méfiant du gouvernement Harper... Décidément, George Grant voterait (peut-être) NPD aujourd'hui !

mardi 3 mai 2011

Post mortem électoral (1).

1er bilan (à vif !):
Je ne croyais pas l'électorat québécois aussi désinvolte. La vague NPD apparaît frivole et irresponsable : élire une candidate - Ruth-Ellen Brosseau - qui n'a pas fait campagne, qui ne parle pas français (sur la route de Berthier !) et qui se la coulait douce à Vegas durant la campagne ne m'apparaît pas sérieux.

J'ai gagné mon pool électoral en prédisant des conservateurs majoritaires... et la démission de Gilles Duceppe ! Ceci est catastrophique car le gouvernement Harper est tombé sous le prétexte d'outrages au Parlement (supposément l'organe suprême de notre régime) mais le Canada-Anglais le récompense et lui donne sa majorité ! (Ces gens-là ont-ils encore des principes démocratiques ?). Avec toutes les métastases déjà mises en place par Harper, on peut s'inquiéter grandement de l'évolution de notre «démocratie». Et le taux de participation est resté plutôt bas (+- 60%).

Mais il y a une valeur pédagogique à cette élection. Le Bloc est disparu. Il n'y a plus de fausse impression de réaliser le «Québec indépendant dans un Canada Fort» selon la formule d'Yvon Deschamps (ou quelque chose comme ça). L'illusion qu'entretenait en quelque sorte le Bloc disparaît. La balle est maintenant dans le camp «fédéraliste»...

Souhaitons que l'appareil et le personnel politique mis en place par le Bloc soit maintenant mis au service des nouveaux élus néo-démocrates... Ils connaissent les dossiers, ont l'expertise, il ne faut pas la perdre. Quant aux élus bloquistes, ils devraient faire le saut à Québec au PQ et démontrer que dans les champs de compétence fédérales qu'un nouveau pays du Québec récupérera, il y a une équipe capable d'assurer la transition et la gouverne... Gilles Duceppe en vice-1er ministre d'un gouvernement Marois ?

Il faut rendre hommage à Ducepppe. Sa tâche d'occuper à la fois le discours souverainiste et favorable à un renouvellement du fédéralisme devenait problématique dès-après la défaite de 1995... Et c'est une chance qu'il fût battu hier; Gilles Duceppe est mieux ailleurs qu'à la tête d'un sous-groupe parlementaire perdu dans le coin de la Chambre des Communes... Le Bloc renaîtra de lui-même si le Canada est incapable de répondre au besoin de reconnaissance et d'autonomie du Québec.

Espérons que ce Flirt du NPD avec le Québec puisse mener à des réalisations concrètes un jour (Duceppe a dit que «Toute avancée du Québec sera bienvenue »):

- L'implantation d'un véritable fédéralisme asymétrique au Canada (avec opting out : c-à-d la possibilité pour le Québec de se retirer avec pleine compensation financière de tout programme fédéral);
- Au Québec, l'application de la loi 101 dans les domaines de juridictions fédérales;
- Des juges bilingues à la Cour Suprême;
- L'éventuelle correction de l'affront de la réforme constitutionnelle de 1982, opérée par Trudeau sans le consentement du Québec (! ce qui constituait «un coup» d'État selon Claude Ryan !);

Ces éléments ont été au coeur du discours du NPD de Jack Layton en 2011. Nous nous en souviendrons !

lundi 2 mai 2011

Le trudeauisme en péril.


C'est ce soir que nous verrons l'ampleur de la déconfiture (ou de la résilience ?) du Parti libéral du Canada (PLC). Disons simplement que la montée du NPD fait en sorte que :

1- le PLC risque de glisser vers ce qu'il n'a jamais été, c-à-d un parti que l'on qualifie de «deuxième groupe d'opposition». Rappelons que le PLC a été le parti dominant du XXe siècle au Canada - plus de 70 ans au pouvoir pendant ce siècle...

2- le trudeauisme est en péril. En effet, l'ascension du NPD au Québec s'explique aussi parce qu'il offre un espace politique aux fédéralistes québécois qui sont orphelins depuis le rapatriement de la constitution de 1982 et plus encore depuis l'échec de Meech en 1990... Le NPD, en promettant un fédéralisme asymétrique, remet en question un des dogmes importants de l'ère Trudeau, devenu depuis un élément central du nationalisme canadien : l'égalité des provinces en statut et en droit. Ce traitement symétrique des entités fédérées bloquait toute dévolution de pouvoirs vers le Québec tant que les autres provinces ne réclamaient pas de tels pouvoirs... L'ouverture vers l'asymétrie remet en question ce dogme trudeauiste et ouvre cet espace politique que plusieurs Québécois recherchaient depuis le NON de 1995 pour relancer l'idée d'un fédéralisme renouvelé accueillant à l'égard du Québec...

Il ne faudrait pas s'attendre à une révolution ou même à des changements significatifs à court terme en ce domaine, mais on peut déjà dire que la vision dominante du Canada, largement définie et incarnée par Pierre Elliott Trudeau et le Parti libéral, sont en péril ! (Et c'est une bonne nouvelle !).

Et pour les souverainistes paniqués devant le déclin appréhendé du Bloc, dites-vous que le balancier reviendra - et plus fort ! - lorsque les Québécois et les Canadians auront pris à nouveau conscience de l'ampleur du fossé qui les séparent. En attendant un «nouvel échec du fédéralisme», il nous faut tirer sur la ficelle du fédéralisme asymétrique... Nous n'avons rien à y perdre...