dimanche 1 janvier 2012

Israël : démocratie ou théocratie?

Tout le monde parle du danger - peu envisageable, mais possible et épouvantable - que l'Iran acquiert l'arme atomique pour «rayer Israël de la carte» comme le suggérait Mahmoud Ajmadinejad, son président aux yeux fous... Surtout si vous suivez l'actualité puisque l'Iran menace de bloquer le détroit d'Ormuz pour protester contre de nouvelles sanctions justement imposées parce que le pays ne collabore pas assez avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de veiller à la non-prolifération des armes nucléaires.

Mais outre cette pression externe, ce qui tiraille vraiment Israël et qui menace sa cohésion et son existence à moyen terme vient de l'interne. Il y a plusieurs manifestations de cette crise identitaire interne ces jours-ci : une jeune femme est comparée à Rosa Parks par les Juifs laïcs du pays parce qu'elle aurait refusé la ségrégation homme-femme imposée par les ultra-orthodoxes dans les autobus.

Ça fait plusieurs fois que je vous entretiens dans ce blogue de la complexité de l'identité juive. Est-elle uniquement religieuse? Bien sûr que non, puisque des millions de Juifs ne pratiquent pas ou même ne croient pas en Dieu. Ce sont les Juifs de culture. Puis, il y a tous ceux pour qui l'identité juive est d'abord religieuse, avec tout ce que cela implique en ce qui concerne le sens que l'on donne alors aux frontières comme aux lois du pays. Si vous êtes un «craignant Dieu», la Cisjordanie s'appelle la Judée-Samarie et il n'y a pas de compromis à faire avec «les arabes qui la réclament»... Et les lois du pays imposent la fermeture des commerces le jour du Sabat, ainsi que la ségrégation homme-femme...

Cette tension entre identité culturelle et religieuse est inhérente au projet sioniste, le nationalisme juif à l'origine de la création de l'État d'Israël. Certains ont traduit le livre-phare du sionisme de T. Herzl par «l'État juif»; d'autres ont plutôt intitulé le livre «l'État des Juifs». La différence d'interprétation en ce qui concerne la nature même de l'État israélien est révélée par cette ambiguïté dans les traductions du livre de Herzl.

Le problème aujourd'hui est que cette minorité de la population israélienne, que l'on peut rassembler autour du qualificatif de «fondamentalistes juifs» (ultra-religieux et colons radicaux combinés) et qui compose peut-être 15% de la population totale du pays, c'est une minorité de blocage. Contrairement à la majorité, ils ne veulent rien concéder aux Palestiniens, ils colonisent «sauvagement», c-à-d illégalement les terres palestiniennes pour ensuite bénéficier de la défense de l'armée... D'autres fois, ils attaquent des camps militaires israéliens chargés d'empêcher la construction de ces colonies sauvages.

Il ne faut pas oublier que Yitzhak Rabin, l'artisan de la «paix d'Oslo», a été tué par un activiste de cette branche radicale du sionisme. Et l'assassin de Rabin, qu'on ne devrait pas nommer, est aujourd'hui glorifié par cette minorité de blocage... On n'est pas sorti du bois... ou du désert!

Israël devra tôt ou tard trancher. Et c'est un débat existentiel !

Si Israël est une démocratie, elle devra mettre fin à son régime d'occupation militaire et concéder une partie de la Palestine historique aux Palestiniens. Si Israël est une théocratie, le pays continuera à plier devant les exigences excessives et tordues d'une minorité de fondamentalistes irrationnels et dangereux.

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P.S. cliquez sur le titre pour en savoir plus...

3 commentaires:

  1. c'est ce qu'on appelle commencer l'année sur le bon pied !!
    yg

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  2. J'essaie de situer les juifs montréalais comme supporteurs de l'Israël démocrate ou de l'Israêl théocrate.
    Nous avons - de façon caricaturale- les juifs traditionnels ( Les Brofman, les Drs du Jewish Hospital, les bien nantis, membres aux Clubs de golf de Elm Ridge et d'Hilsdale,) qui demeurent à DDO et à Côte-St-Luc, les juifs renfrognés aux longues coites d'Outremont et les récents juifs arrivés du Maroc avec une culture très différente.
    Qui parmi eux, seraient des supporteurs des fondamentalistes- 15 % de la population - cette minorité qui ne veut rien concéder aux Palestiniens ?
    yg

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  3. Les apparences sont parfois trompeuses: les hassidims ou ultra-orthodoxes du Mile-end et d'Outremont sont en grand nombre hostiles à la création d'Israël, qu'ils voient comme une offense faite à Yahvé. Lire Yacob Rabkin, «l'opposition juive au sionisme».
    Souvent, on soutient sans le savoir l'expansion israélienne, par des organismes caritatifs par exemple...

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