dimanche 20 novembre 2011

Mononc Serge, le punk.


Mononc Serge est sans doute un punk, sans l'allure du punk. Le mouvement punk est né en Angleterre, dans un pays qui aime les conventions, le respect des coutumes et des traditions. Un pays qui se dit fidèle aux bonnes moeurs et au respect de la hiérarchie... Or, les punks ont toujours brisé ces «règles» et refusé la hiérarchie: par leur tenue vestimentaire, leur coiffure, leur musique, leur propos, leur vulgarité supposée mais nécessairement assumée.

En 1ère partie de Bernard Adamus vendredi dernier, Mononc Serge a fait une prestation solo punk dans l'attitude et chansonnière acoustico-trash musicalement... L'attitude punk s'exprime dans ses textes : Requiem pour la marde, Hitler Robert, Fourrer, sont des titres de chanson qui ont nécessairement pour but de briser des tabous... Et ce qu'il y a de plus fascinant là-dedans est que Mononc a réussi à faire en sorte que la salle scande haut et fort «Fourrer!» le poing levé. Et ce n'était pas gagné d'avance, car il était en 1ère partie...

Malgré le look «normal» du gars, on peut donc dire que c'est un punk. Il harrangue la foule, profère des insanités, brise les tabous, tout ça dans une bonne humeur contagieuse qui ne se prend pas au sérieux. Mais l'attitude punk de Mononc Serge va plus loin. Le gars s'auto-produit, il est son propre gérant et réussit à bâtir sa carrière en diminuant au maximum le nombre d'intermédiaires. Il pratique donc l'autogestion, valeur centrale du mouvement punk tel qu'il s'est surtout développé en Europe.

L'anarchie et l'autogestion seraient donc au coeur du mouvement punk. Et comme je l'expliquais il y a quelques semaines dans ce blogue, c'est aussi au coeur de l'esprit de la mouvance Occupy Wall street.

Mais comme Mononc Serge m'apparaît comme un véritable punk, je me dis que le gars n'hésiterait pas à ridiculiser dans une de ses chansons les militants de la place du peuple campés au Square Victoria... En fait, l'attitude punk de Mononc Serge laisse parfois penser qu'il ne respecte rien. Faux, il y a Mononc et il y a Serge. C'est le Mononc qui est grossier et souvent déplacé. Le Serge est courtois et a même de la classe... (Je le sais, c'est l'oncle de mes enfants, qui ne comprennent pas encore l'ironie lorsqu'ils l'appellent Mononc Serge!)

En fait, une des choses qui semble être respectée autant par le Mononc punk que par le Serge posé et discret, c'est la langue française. Avant de mépriser le personnage quelque peu trash de Mononc Serge, attardez-vous à ses textes. Vous verrez qu'on peut dire plein de grossièretés apparemment épouvantables dans un français recherché et bien envoyé. Et l'ironie du propos : dans plusieurs de ses tounes, il y a une dénonciation forte des dérives de notre société. Par exemple, dans «Bacaisse», Mononc Serge dénonce le culte de la maigreur qui envahit le monde de la pub et de la mode en culpabilisant celles qui ne se conforment pas à ce standard ridicule. Dans une de ses tounes de Noël, il dénonce le sentimentalisme humanitaire de l'occident qui nous montre quelques images catastrophes d'une Afrique qui se meurt pour ensuite s'empiffrer dans la surconsommation de cossins inutiles...

Les punks servent à cela : questionner les normes, briser les tabous, foutre les conventions en l'air. Déranger. Dans cet esprit, Mononc Serge est clairement l'un des punks les plus articulés qui soit.

3 commentaires:

  1. Merci pour ce charmant article. Le punk, le DIY et l'anarchisme c'est l'essence de la (ma) vie (!!). Tu permets que je te plogue sur mon blogue?

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  2. bien sûr, ça faisait longtemps que je t'avais lu...

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  3. Tres bonne description du personnage

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