jeudi 31 mars 2011

De quelques espoirs possibles...

J'ai discuté hier du danger que constitue la morcellisation de l'espace public pour la démocratie et comment les «médias sociaux» comme Facebook peuvent paradoxalement renforcer l'isolement des individus en les maintenant dans le confort du privé ainsi qu'en les limitant à leurs seuls «amis»...

Or, une des caractéristiques centrales des régimes totalitaires (nous n'en sommes pas encore là bien sûr, mais il faut connaître les risques d'une destination pour savoir l'éviter...) est de chercher à briser la cohésion sociale et la solidarité entre les individus. Seuls face à l'État, nous sommes effectivement impuissants ! En URSS et dans les régimes de type soviétique, on pratiquait la punition collective pour briser le lien social jusque dans la famille : si on trouve un dissident, on punit toute sa famille, de façon à ce que personne ne soit solidaire de cet «ennemi de l'État». Il arrivait alors souvent que des enfants dénoncent leurs parents pour sauver leur peau...

Notre isolement aujourd'hui est plus discret. Nous sommes en contact avec l'humanité entière par Facebook, Twitter et les autres, mais ce contact peut être considéré comme ténu et superficiel. Il ne porte pas encore à conséquence.

Reste que les révolutions arabes en court ont grandement bénéficié de ces réseaux : ils ont même constitué une rampe de lancement incontournable à la mobilisation collective ! Chez nous, la pétition qui a recueilli 250 000 signatures pour réclamer la démission de Jean Charest a envoyé un message clair de mécontentement de la population à l'égard de la corruption endémique et de la gestion du dossier des gaz de schiste... Mais cette «mobilisation» Facebook qui a eu des conséquences politiques immenses dans le monde arabe ne semble pas déboucher chez nous vers quelque chose de tangible... Comme si notre colère exprimée par un clic suffisait. Comme si la mobilisation par internet ne réussissait pas à franchir le cap de la rue !

Mais peut-être jugeons-nous que notre colère n'est pas encore assez grande... (Pourtant moi je sens venir en moi dans le tréfonds de moi, pour la première fois, malgré moi, malgré moi, entre la chair et l'os, s'installer la Colère !)*

Et donc peut-être que les réseaux comme Facebook pourront véritablement - dans un avenir proche ? - contribuer à forger le grand changement politique et social auquel nous aspirons dans le contexte de vide politique qui est le nôtre. Voici un espoir possible.

*L'Alouette en colère de Félix Leclerc

mercredi 30 mars 2011

De quelques glissements inquiétants...

Plusieurs travers de la société contemporaine deviennent littéralement inquiétants dans le contexte de démobilisation et de désintérêt actuels à l'égard de la politique.

J'ai souvent discouru ici du «repli sur soi» qui caractérise l'ère moderne. Bien sûr, c'est devenu une sorte de lieu commun de critiquer cette dérive de l'individualisme qui fait que chacun est de plus en plus intéressé par son seul sort et que s'il s'intéresse à autrui, c'est parce que celui-ci peut apporter quelque chose à son bien-être personnel... La quintescence de cet individualisme intéressé est illustrée dans Facebook où les «relations» que l'on entretient avec nos «amis» ne servent qu'à magnifier le fait que nous existons en quelque part : ah tiens, j'ai un commentaire, telle personne «aime» ma photo, telle autre veut devenir mon ami...

Je ne veux pas critiquer Facebook en bloc (j'en suis) mais seulement illustrer que plus ça va, plus nos relations passent par ce médium, sans doute au détriment de relations tangibles, directes... Chose certaine, le temps passé là ne l'est pas ailleurs...

Revenons donc à ces dérives inquiétantes que j'évoquais. Le morcellement de l'espace public m'apparaît de plus en plus comme un problème pour le bon fonctionnment de la démocratie. Les gens ne lisent plus les grands journaux, ils délaissent progressivement le téléjournal et les médias traditionnels au profit de «médias de niches», plus spécialisés ou pire, essentiellement axés sur l'opinion. Le 1er impact de ce changement est que nous avons de moins en moins de références communes en ce qui concerne les informations en circulation et même le traitement de celles-ci. Or, en démocratie, il faut au moins que l'espace public ait des références communes pour que la délibération soit porteuse d'une décision rassembleuse...

Vous me voyez venir ? De moins en moins de discours commun, de plus en plus de réseaux parcellisés qui s'entretiennent entre eux... Tout ça a un impact délétère sur la qualité des débats publics et même sur la possibilité de construire une société, un «vivre-ensemble» comme on dit dans les salons de sociologues...

Et les conservateurs de Harper semblent jouer cette carte au maximum : ils développent un discours et des politiques que l'on pourrait qualifier de clientélistes, dans le seul but de récolter une majorité de sièges... Et ça marche ! Par exemple, ils ont opéré un virage (militant) pro-israélien en politique étrangère pour aller voler cette part de l'électorat aux libéraux; ils sont en train de conquérir le vote des communautés immigrantes de souches récentes avec leur hostilité envers le mariage gay et l'avortement; ils alimentent les tensions entre les régions et les villes-centres (ainsi qu'entre les banlieues et les villes) pour bénéficier de quelques victoires notoires leur permettant de devenir majoritaires... Tout ça au détriment de la cohésion sociale et de l'unité du pays (je me trouve drôle de parler de l'unité canadienne, mais bon, je considère de plus en plus que «nous» Québécois, sommes en fait les meilleurs Canadiens). Tout cela en tout cas, au détriment de la démocratie !

Car pour éviter la tyrannie, il faut qu'une société garde la possibilité de se mobiliser collectivement et de faire contrepoids aux gredins et despotes qui risquent de se présenter devant nous... Cette capacité de nous mobiliser et de nous rassembler existera-t-elle encore demain ?

lundi 28 mars 2011

Vive Emmanuel Bilodeau !

Emmanuel Bilodeau présentait son «discours» pour le prix du meilleur acteur lors du Gala des Jutra (les prix du cinéma québécois) à l'émission Tout le monde en parle hier. Rappelons que ce prix fût remporté par Claude Legault. C'est pourquoi Bilodeau n'a pu le dire «live» lors du gala...

Reste que ce discours, mi-cynique, mi-comique, rend bien compte de notre déprime politique. Bilodeau y dénonce l'inculture des conservateurs fédéraux et la gravité du «vol collectif» opéré par les libéraux de Jean Charest en ce qui concerne l'exploitation de nos richesses naturelles et la corruption qui entache tout le processus décisionnel... Ça fait du bien à entendre.

mercredi 23 mars 2011

Remember Tommy Douglas.


Le physicien et auteur Canadien-anglais Vincent Lam vient de publier une biographie de Tommy Douglas... Je me permets d'insister sur ce livre d'abord parce que son auteur fût précédemment primé dans le ROC (rest of Canada), mais surtout parce que Tommy Douglas (ex-1er ministre de la Saskatchewan et 1er chef du NPD fédéral), qui fût proclamé par un méga-sondage de la CBC il y a quelques années «The Greatest Canadian» off all time est aujourd'hui une figure menacée de tomber dans la désuétude ou le folklore...

En effet, les conservateurs de Stephen Harper sont en position de force pour obtenir une majorité parlementaire le 2 mai prochain. Or, le conservatisme de M. Harper est-il vraiment canadien ? On peut se poser la question. Depuis que M. Harper a pris le contrôle de la droite au Canada, il a abandonné l'étiquette «progressiste» (les red Torys comme Joe Clark n'ont plus de véhicule politique) et c'est son courant réformiste, fortement imprégné d'une religiosité, d'une droite morale, sociale et économique qui n'est pas vraiment distincte de celle qui domine le parti républicain américain depuis l'ère Reagan qui a pris sa place...

Que dirait le grand philosophe conservateur canadien George Grant (le Grand oncle de Michael Ignatieff...) de la montée de Harper au Canada ? Je ne peux faire parler les morts, mais Grant s'inquiétait grandement dans son ouvrage-phare, Lament for a nation, publié dans la décennie 1960, de l'érosion de la différence canadienne et de l'américanisation galopante qui l'accompagnait. Il suggérait à cet effet une forme de partenariat avec les Canadiens-français puisque ces deux sociétés avaient selon lui le soucis de préserver leur différence en Amérique. Est-ce encore le cas pour le Canada-anglais ? Je commence à en douter, considérant la montée des conservateurs en Ontario, dans le centre et même au B.C.

(Le Québec, qui est la seule province où les conservateurs ne sont pas en avance ou en position de force, serait-il alors considéré par Grant ou Douglas, comme le dernier défenseur de la différence canadienne ? Méchant paradoxe !)

Revenons à Tommy Douglas, figure mythique du Canada. Son prestige est grand puisqu'il est associé au socialisme démocratique, à l'assurance-maladie publique et aux droits civils, mais toutes ces «valeurs canadiennes» sont de plus en plus flouées ou menacées par le conservatisme dur de M. Harper. Tommy Douglas devient donc d'autant plus une sorte de vernis qui permet aux Canadiens de maintenir leur différence par rapport aux États-Unis à un moment où cette différence est de plus en plus ténue, sinon insignifiante... Le vernis craque !

Nous touchons là à un autre paradoxe, celui évoqué par Alexis de Tocqueville au XIXe siècle : les nations insisteront de plus en plus sur leurs différences dans la modernité car l'ère moderne en est une d'homogénéïsation des cultures et des sociétés...

Revenir à Tommy Douglas par la lecture inciterait peut-être nos voisins canadians à reprendre contact avec un idéal démocratique porteur qui les différenciait vraiment de leurs voisins du sud...

mardi 22 mars 2011

Une pensée du quotidien ?

Il est peut-être temps de réfléchir à la pertinence de ce blogue et de proposer un bilan. Lorsque je l'ai lancé, je me suis dis que j'allais chercher à m'extirper du strict événementiel, de l'anecdotique et du superficiel pour offrir à mes (peu nombreux) lecteurs un peu de recul, de perspective, bref, des idées plutôt que des opinions...

Je sais que je n'ai pas toujours réussi et que j'ai moi aussi trop souvent succombé «au bruit» ambiant. Mais il reste que mon ambition demeure, surtout devant les événements qui nous assaillent... Comment offrir une pensée tout en puisant dans le fil de l'actualité ?

(Par exemple, cette semaine, le NPD hésitera à faire tomber le gouvernement Harper parce que celui-ci demeure en avance dans les sondages, que sa caisse électorale est pleine et immensément plus importante que celle de ses adversaires et que le principal champ de bataille canadien - l'Ontario - est en train de passer sous leur emprise... On peut donc dire que nos politiciens fédéraux sont eux aussi aux prises avec cette pensée du court terme qui fait que la nécessaire réflexion, «l'éthique de conviction» selon Max Weber, peut facilement prendre le bord parce qu'elle est trop exigente...

Il est en effet plus téméraire de déclencher des élections, avec moins d'argent en plus, et de chercher à convaincre les électeurs (eux aussi emprisonnés dans la logique des événements «impensés») de la nécessité de freiner ce gouvernement dangereux plutôt que de chercher à lui soutirer quelques concessions pour prolonger sa durée de vie...)

Voyez comment il est difficile de proposer une réflexion originale face aux événements qui défilent... Et comme peu de médias réussissent ce mandat (ne parlons pas de nos politiciens), je me suis dit qu'un simple voisin pouvait contribuer à élever le discours... Je m'aperçois que l'ambition est grande et le mandat lourd.

Mais je ne lâche pas prise et à terme, je continue de croire qu'une pensée puisse émerger de ce discours du quotidien. Peut-être que cela nécessitera quelquefois des pauses plus soutenues quant à la fréquence des interventions ?

Va savoir, comme disait Réjean Ducharme...

lundi 21 mars 2011

Appalaches.

J'aime Richard Séguin. Pas toujours, je ne suis pas un inconditionnel, mais j'aime l'homme, son regard, sa voix, son style. Et son dernier disque. Comme pour le précédent (lettres ouvertes), il faut souligner la qualité de l'enregistrement : on y sent la proximité de la voix, on y entend les pincements de cordes... et la richesse des arrangements !

L'américanité du Québec se ressent fortement chez Séguin, tant dans le choix des instruments que dans les paroles - protests songs à la Springsteen ou à la Mellencamp. Redécouvrez-le, Richard Séguin est sorti des années 1980. Il a une force plus contenue et un son plus americana.

Et puis j'aime bien l'entendre dire : «j'suis pas un chanteur, mais un homme qui chante»...

vendredi 18 mars 2011

Après la Libye, le Bahreïn ?

Le colonel Kadhafi semblait reculer après le vote (historique !) d'hier de la part du Conseil de sécurité de l'ONU autorisant des frappes et des sanctions contre les éléments de l'armée libyenne pro-Kadhafi prêts à écraser leur population civile.

Il semble que le déblocage tardif du Conseil soit attribuable à une résolution de la Ligue arabe demandant une zone d'exclusion aérienne pour protéger les insurgés... Le test que j'évoquais il y a quelques semaines est assez réussi.

Reste qu'en arrêtant son offensive, Kadhafi renforce son pouvoir de négociation... Il aurait (presque) été préférable qu'il continue dans son entêtement, cela aurait favorisé sa chute...

Et après la libye, pourquoi pas Bahreïn, où la répression sanglante est en cours (plusieurs images tournées sont épouvantables, je préfère ne pas vous donner les liens...). Ce petit Émirat dirigé par une dynastie sunnite dans un territoire à majorité chiite a beaucoup moins de chances de se faire sanctionner car c'est un protégé de l'Arabie saoudite. Mais comme l'Iran cherche à devenir une puissance régionale en soutenant les chiites du monde entier, il est possible que la répression bahreïnie enclenche un crescendo inquiétant qui pourrait favoriser l'isolement du régime et de son allié saoudien...

Le printemps arabe n'est pas fini, mais jusqu'ici, il me fait dire que quelque chose de positif en émerge :

- la communauté. internationale existe et l'ONU démontre qu'elle est capable (quelques fois) d'agir...
- la Ligue arabe n'est plus impuissante et complaisante, elle est peut-être en train d'évoluer elle aussi sous la pression de la «rue arabe».
- la politique étrangère des USA bénéficie de la présence d'Hillary Clinton, qui semble avoir été plus pro-active que son Président dans cette crise...

jeudi 17 mars 2011

Les cendres de verre.

Un documentaire musical portant sur un des groupes québécois de l'heure - Karkwa - sera projeté dans le cadre du FIFA .


C'est peut-être une façon originale d'entrer en contact avec leur univers parfois obscur, mais aussi aérien, beau et fondamentalement rock, malgré une certaine douceur dans les mélodies et arrangements...

Pour en savoir plus, cliquer ICI et ICI.

mardi 15 mars 2011

Israël-Palestine : impasse éternelle ?

Un attentat contre une famille de colons israéliens établis en Cisjordanie risque de compromettre la «relance» des négociations et de conforter l'actuel gouvernement israélien dans son refus de négocier et sa volonté (fuite en avant !) de poursuivre la colonisation des territoires palestiniens. Quand les groupes palestiniens comprendront-ils que le terrorisme est leur pire ennemi ?

Reste que cette impasse devient de plus en plus complexe... La poursuite de la colonisation des territoires palestiniens par Israël, au mépris du Droit international et des résolutions onusiennes, rend l'éventualité d'un État pour les Palestiniens de plus en plus improbable... Quel territoire restera-t-il ? Et comme les colons juifs occupent de plus en plus les meilleures terres de Cisjordanie, incluant Jérusalem-est, supposée devenir la capitale du futur État palestinien, on peut se demander si la solution des 2 États demeure possible...

Cet article publié dans Dissent évoque le fait que la solution d'un seul État pour les 2 peuples serait peut-être plus prometteuse et réaliste que la solution dominante envisagée depuis 1990, soit la solution des 2 États... J'avoue avoir toujours été dubitatif à propos d'une grande confédération israélo-palestinienne, considérant que l'identité juive d'Israël était une garantie de sécurité culturelle et politique nécessaire à la paix dans la région. Mais plusieurs facteurs semblent illustrer que la solution des 2 États devient de plus en plus désincarnée par rapport à la réalité du terrain :

- le déclin du nationalisme palestinien constaté depuis l'échec du Processus d'Oslo;
- l'enchevêtrement des deux populations de part et d'autre de la «ligne verte» (frontières devant séparer les 2 États aux yeux du Droit international);
- le nombre de plus en plus important de Palestiniens - citoyens d'Israël ou non -entretenant des relations correctes avec des Juifs du côté israélien et la volonté croissante des arabes de Jérusalem-est de devenir citoyens d'Israël;
- la force du mouvement des colons qui fait qu'il sera de plus en plus difficle de déplacer ces implantations illégales et de ramener ces colons du «bon côté de la frontière» sans créer une atmosphère de guerre civile en Israël...
- la faiblesse et le discrédit du leadership palestinien;

Tous ces facteurs semblent militer en faveur de la solution d'un seul État où les deux peuples pourraient cohabiter. Mais ceci ne tient pas compte de l'importance de l'identité juive d'Israël, qui serait tôt ou tard compromise par le haut taux de natalité des Palestiniens... La solution à un seul État ne ferait donc que repousser une dynamique malsaine déjà en cours...

Alors, que faire si la solution des deux États est possible sur papier mais pratiquement irréalisable sur le terrain et que la solution à un seul État apparaît comme plus réaliste sans être un gage de paix ???

Disons qu'une option épouvantable se dessine, celle d'un «échange» de populations et de territoires : les Palestiniens citoyens d'Israël quittent Israël pour les colonies juives des territoires occupés et les colons juifs retournent en Israël... Ce drame évoque la création du Pakistan où des millions de musulmans et d'hindous, refusant d'être des minorités, se sont dirigés vers le pays où ils allaient être majoritaires... Et cet exemple historique n'est pas des plus réjouissants... quoique peut-être préférable à l'évolution actuelle du conflit israélo-palestinien.

vendredi 11 mars 2011

À lire...

- Ce texte de Martin Pâquet, qui nous enseigne que la langue est plus qu'un simple instrument de communication. Sans quoi nous choisirions l'anglais, n'est-ce pas M. Charest ?

- Et ce papier de Akos Verboczy : parlons français !

jeudi 10 mars 2011

Préserver la beauté du Stade...


Le stade de soccer Saputo sera aggrandi. J'espère que quelqu'un dans cette ville sait encore apprécier la beauté et a pensé à préserver le seul angle par lequel le Stade olympique de Montréal est beau : par derrière ! C'est comme ça que j'aime mon stade, c'est comme ça qu'il est le plus beau. Et on viendrait construire en hauteur de façon à bloquer la perspective toute en courbe qu'il nous offre ?

Come on ! Y a-t-il un architecte ou un urbaniste à Montréal qui peut se faire entendre ?

mercredi 9 mars 2011

Marine Le Pen en avance ?


Une série sondages menés par Le Parisien présente Marine Le Pen, leader de l'extrême-droite française (Front national) comme bonne 1ère pour le 1er tour des élections présidentielles de 2012.

Et toute la classe médiatique française de commenter, spécialistes «politologues» comme politiciens... Outre Rue 89, peu se soucient de la méthodologie du sondage, mené par Internet...

Pourtant, les médias peuvent modifier la teneur du débat et l'importance des candidatures en lice par leurs «constructions médiatiques» ainsi créées. Par exemple, Ségolène Royal a été évacuée des candidatures potentielles de la gauche dans ce sondage. Est-ce une volonté de la mettre à l'écart ? Et Marine Le Pen, quel est son véritable appui ? N'a-t-on pas monté en épingle sa popularité parce que son intérêt médiatique est justement plus vendeur ? N'y a-t-il pas un risque que cela contribue à forger l'opinion publique ?

«La fabrication du consentement» et la course à la nouvelle sont en train de pourrir l'espace médiatique. Un peu de recul et de sens critique s.v.p.

mardi 8 mars 2011

Islamophobie aux USA; Québécophobie au Québec !

Voir cet article de Richard Hétu à propos de la montée de l'islamo-phobie aux USA, qui atteint des sommets de délire...

Et ce passage de l'émission Huis-clos à Télé-Québec. Un autre reflet de ce qui parsème notre univers médiatique. Et une fois de plus, ce discours «fédéraliste» qui se construit sur le mépris du Québec. Mais cette fois, il provient d'une p'tite fille bien de chez nous... J'imagine que son fils s'appelle Elvis Bernier !

La haine des autres, la haine de soi... Félix Leclerc chantait : «l'ignorance a le mépris facile ...»

Consultations-bidons

Le rapport du BAPE (Bureau d'audiences publiques en environnement) sur l'exploitation des gaz de schiste est attendu aujourd'hui. Est-il possible que le BAPE puisse conclure à la nécessité d'un moratoire, étant donné les nombreuses inquiétudes légitimes soulevées à propos de l'eau et de la sécurité des populations environnantes ?

J'en doute. Comme pour la Commission Bastarache, la nouvelle façon de lancer des consultations dans notre démocratie étriquée est de baliser de façon extrêmement serrée le mandat de la consultation, quitte à évacuer les questionnements fondamentaux. La Commission Bastarache ne pouvait se pencher sur le financement illicite des partis politiques, pourtant au centre du processus douteux de nomination des juges.

En ce qui concerne les gaz de schiste, le gouvernement Charest a circonscrit le mandat du BAPE : celui-ci ne pouvait évaluer la pertinence de l'exploitation des gaz de schiste face aux autres filières énergétiques. Son mandat était de consulter sur la manière d'exploiter cette ressource...

J'espère être surpris... Mais quand la consultation est bidon et que le résultat est téléguidé, que peut-on faire ? Que doit-on faire ? Peut-être sortir le 12 mars !

lundi 7 mars 2011

Vers la souveraineté alimentaire.

Regardez cet épisode de La semaine verte et vous verrez que ce qui guette l'humanité est une véritable crise alimentaire mondiale...

Dans l'optique de la crise énergétique (et de la fuite en avant des gaz de schiste), il conviendrait peut-être de nous concentrer à développer ici une agriculture à plus petite échelle, capable de favoriser le développement économique et démographique de nos régions tout en nous permettant de nous protéger contre une crise alimentaire annoncée. Le Québec serait alors une société moins fragilisée que les autres. Mais pour opérer ce virage, il faudrait appliquer certaines recommandations du Rapport Pronovost : valoriser l'agriculture du terroir; mettre fin au monopole de l'UPA dans le domaine agricole; développer une politique de l'eau qui priorise le citoyen et l'agriculture devant l'industrie minière ou gazière...

Lourd programme. Mais vital !

jeudi 3 mars 2011

Pour Lucien Bouchard...

Voici un extrait d'Infoman puis un lien menant à une série d'études pour le moins inquiétantes concernant l'exploitation des gaz de schiste.

Pour Lucien Bouchard, qui dit être devenu porte-parole de l'industrie gazière pour le bien du Québec et de ses enfants...

mercredi 2 mars 2011

La diplomatie française en crise (2).

On disait hier qu'Alain Juppé venait au secours du Ministère des affaires étrangères français, en pleine crise pour avoir soutenu démesurément les dictatures du Maghreb et du Machrek. Et que c'est Nicolas Sarkozy qui devrait porter le blâme d'une telle déroute diplomatique.

En fait, la complaisance et les relations privilégiées entretenues entre la France et ces «républiques» autoritaires du monde arabe ne datent pas d'hier. Mais Sarko est quand même le 1er Président français à rompre avec le Gaullisme en relations internationales, et ça, ce doit être souligné.

Charles de Gaulle a développé une politique internationale cohérente et responsable qui a été essentiellement suivie par les gouvernements successifs de la France, de gauche comme de droite, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy en 2007.

De Gaulle s'est retiré du secteur militaire de l'OTAN en 1964 en faisant de la France une puissance nucléaire. Ceci lui donnait les moyens de ses ambitions, c-à-d décider par elle-même de ses objectifs et déployer sa force si nécessaire, n'étant plus sous la protection du «parapluie nucléaire» états-unien. Nicolas Sarkozy vient de réintégrer l'OTAN, avec tout ce que cela implique comme avantages et inconvénients pour la France étant donné le principe d'intérêts et d'assistance mutuels du traité.

De Gaulle a développé une politique extérieure qu'il qualifiait de «3e voie» : entre celle des USA et de l'URSS, tout en demeurant un fidèle allié de l'Occident et des USA en particulier. Ce principe s'est entre autres illustré lors de la Guerre des Six Jours entre Israël et ses voisins en 1967. De Gaulle condamne alors cette guerre déclenchée selon lui par Israël, sans pourtant empêcher une livraison d'arme à l'État hébreux. Il semble alors vouloir envoyer un message ambigü. Mais nous pouvons analyser cette politique de la façon suivante : de Gaulle considérait le droit à l'existence d'Israël comme non-négociable, mais les conquêtes territoriales de 1967 faisaient d'Israël le pays dominant selon lui, brisant l'équilibre nécessaire à la paix dans la région. De Gaulle a affirmé lors du déclenchement des hostilités en 1967 : Israël est notre ami, mais plus notre allié...

Ce positionnement stratégique a fait de la France un pays incontournable pour la stabilité régionale. Mitterrand a «sauvé» l'OLP et le Liban de la puissance du feu israélienne en 1982. La France est la principale responsable de la mission onusienne au sud-Liban et sans doute la seule puissance capable de servir de force d'interposition crédible entre Israël et le Liban. Ceci est un héritage gaulliste, entretenu par tous ses successeurs, jusqu'à Sarkozy...

En effet, ce dernier a orchestré un virage pro-israélien plus prononcé, en plus de permettre le développement et le renforcement des relations françaises avec les dictatures arabes. Sarkozy, avec son Union méditerranéenne, a fait d'Hosni Moubarak une figure centrale de son projet... Et ses ambassadeurs qui n'entretenaient pratiquement aucun lien avec les mouvements d'opposition démocratiques... Et ses ministres qui copins-copinent avec la clique au pouvoir dans tous ces régimes...

Décidément, Nicolas Sarkozy est une homme qui transforme la politique étrangère française, au mépris d'une tradition gaulliste futée et fort utile au maintient d'«une certaine idée de la France», comme disait de Gaulle...

mardi 1 mars 2011

La diplomatie française en crise.

Le Président français Nicolas Sarkozy vient de procéder à un remaniement ministériel pour pallier à la crise qui secoue particulièrement son Ministère des affaires étrangères depuis que le monde arabe bascule de révoltes en révolutions... Nous qui croyions que la France avait une meilleure connaissance du monde arabe (que de ce côté-ci de l'Atlantique) et une politique étrangère plus équilibrée, nous venons de prendre conscience que cette «connaissance du monde arabe» reposait en fait sur des relations privilégiées entretenues avec les dictatures de la région...

L'ex-ministre des affaires étrangères Michelle Alliot-Marie est à l'origine de la crise diplomatique avec ses déclarations choquantes... Dans le contexte des revendications démocratiques en Tunisie, elle a offert que «le savoir-faire français, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, permette de régler des situations sécuritaires»... Elle a même suggéré «de permettre dans le cadre de nos coopérations d'agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la sécurité».

Pour se sortir de cette bourde, elle a choisi les omissions et les mensonges avant d'être démise cette semaine et remplacée par Alain Juppé ! Juppé est un personnage fort controversé (condamné pour une histoire d'emplois fictifs, il a «purgé sa peine» au Québec en enseignant à l'ENAP il y a quelques années), mais il a le mérite de l'expérience et de la nuance... En plus d'être une figure passablement critique de Sarkozy depuis 2 ans au sein de la droite... Il fût entre autres un des 1ers à s'insurger contre la réévaluation par Sarkozy (sous pressions de Paul Desmarais...) de la politique du NI-NI : non-ingérence et non-indifférence à l'égard du projet de souveraineté du Québec. Juppé est donc un ami du Québec puisqu'il favorise la politique de l'accompagnement, quelque soit l'option constitutionnelle favorisée par les Québécois. Alors que Sarkozy plaidait pour l'unité canadienne, qualifiant même l'option souverainiste de sectaire (!)

Donc, le principal responsable de cette faillite de la diplomatie française est le Président Sarkozy. Reste à voir si Alain Juppé pourra redresser la crédibilité perdue de cette puissance diplomatique qu'a déjà été la France...