Je prends une pause du web pour un p’tit bout, histoire de m’extirper du bruit ambiant. Je persisterai à chroniquer plus régulièrement dès l’automne.
D’ici là, voici un best of regroupé selon les thèmes suivants. Pour les habitués, il y a aussi les catégories figurant à la droite de l’écran.
Sur les Relations internationales actuelles :
1- Obama, la guerre et la paix.
2- Kadhafi et le Droit international...
3- Le Gaullisme en péril...
4- La Chine peut-elle déteindre sur nous ?
Sur les conflits au Proche-Orient :
1- La guerre des pierres, la meilleure arme pour affronter l'intransigeance israélienne.
2- La société civile pour la paix.
3- L'Irak est libre !
4- Israël-Palestine : le point de bascule.
Sur le Maroc :
1- La notion du temps au Maroc (la voisine)
2- La vie spirituelle au quotidien.
3- Le Roi et les révoltes arabes.
4- L'islamisme au Maroc ?
5- L'orientalisme et le mystère des femmes musulmanes.
Sur l’histoire des idées :
1- David Cameron et le conservatisme.
2- À propos du conservatisme de Burke.
3- USA : le port d'arme est un droit infrangible !
4- Maxime Bernier, Lord Durham et le français.
5- Ayn Rand et la nouvelle droite.
6- Le trudeauisme en péril.
7- Post mortem électoral (post-partum du 2 mai ?)
8- Remembering Tommy Douglas.
9- Pour qui George Grant aurait-il voté ?
Sur nos débats culturels et politiques de toutes sortes :
1- Meech, 20 ans plus tard... ET en complément le papier de Akos Verboczy ICI.
2- Le Canada a-t-il du respect pour sa culture ?
3- Le déclin du Québec au sein du Canada.
4- S'inscrire dans la durée.
5- Une pensée du quotidien ?
6- La démocratie Facebook ?
7- Démocratie Facebook ? Des espoirs possibles
8- Arcade Fire et l'étalement urbain.
9- Dans l'atelier avec l'artiste.
10- Enfin, après avoir vu Elephant de Gus Van Sant (fiction portant sur la tragédie de Columbine), je me suis rappelé ce papier sur le tueur de Poly...
Le film de Van Sant est bon, mais il s'en dégage un questionnement sur le danger glissant de valoriser de tels gestes en les magnifiant par le cinéma. Comme si un dérangé léger pouvait inscrire son geste avec légitimité et «beauté»... Il y a comme un dédouanement de l'horreur commise par ces jeunes dans le film... (J'en dis pas plus.)
Pour cela, j'ai préféré Polytechnique, de Denis Villeneuve (je suis aussi plus émotionnellement impliqué par le sujet, mais cela aurait pu couler le film...) : le choix du noir et blanc, l'attachement que l'on développe envers les victimes du tueur...
Bon été !
Affichage des articles dont le libellé est politique 101. Afficher tous les articles
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mardi 14 juin 2011
lundi 13 juin 2011
Ce samedi dans Le Devoir.
À lire ce samedi dans Le Devoir :
1- Peut-on faire de la politique autrement ?
2- La vague orange expliquée par Tocqueville.
3- D'où vient notre désaffection à l'égard de la politique ?
Après avoir lu ça, je me suis dit que sans Le Devoir (et sans les contributions fort appréciées d'Antoine Robitaille), nos débats manqueraient de hauteur et de perspective...
1- Peut-on faire de la politique autrement ?
2- La vague orange expliquée par Tocqueville.
3- D'où vient notre désaffection à l'égard de la politique ?
Après avoir lu ça, je me suis dit que sans Le Devoir (et sans les contributions fort appréciées d'Antoine Robitaille), nos débats manqueraient de hauteur et de perspective...
mercredi 8 juin 2011
Comptabiliser le vote blanc.
Devant la crise qui secoue nos institutions de toutes parts :
- Déclin de la participation politique;
- Chute du membership et du financement populaire des partis politiques;
- Mépris et désintérêt envers la classe politique;
- Éclatement du paysage politique et reconfigurations «intempestives» de celui-ci par un électorat volatile et exaspéré...
Et devant des politiciens - Charest, Harper, Tremblay, etc. - qui profitent de notre apathie et de la faiblesse de nos institutions pour se maintenir au pouvoir (ex: Harper vient pour la 1ère fois dans l'histoire du pays d'annuler le débat et le vote sur le Discours du Trône... une autre infraction au principe du gouvernement responsable pourtant au cœur du système parlementaire qui est le nôtre !);
Devant cet état de fait pour le moins déprimant, il nous faut réformer nos institutions. Mais il nous faut plus. Un sens de la responsabilité citoyenne doit émerger chez chacun de nous. Cela va de la propreté de notre devant de maison jusqu'à l'exercice du droit de vote.
Mais pour ce faire, il faut éclaircir l'espace pour le citoyen. Si la ville (parcs, rues, espaces publics) était bien entretenue, il serait possible d'exiger plus du citoyen en matière de propreté...
Même chose pour l'exercice du droit de vote. Si on veut hausser le taux de participation aux élections (il est en chute libre depuis 15 ans, particulièrement chez les jeunes), il faut envisager réformer le système électoral mais AUSSI comptabiliser les votes blancs !
En ce moment, ce qu'on appelle les «votes blancs», c-à-d les bulletins sur lesquels aucune préférence n'est manifestée, ne sont pas comptabilisés dans les résultats électoraux. On ne mentionne que les bulletins rejetés et le taux de participation... On interprète alors la signification de ces deux statistiques de différentes façons.
En comptabilisant les votes blancs, on officialise une option qui détient sans doute actuellement, d'élection en élection, une majorité relative de votes ! En effet, nos taux de participation aux élections se situent d'un palier décisionnel à l'autre à environ 60%; c'est donc que 40% se sont abstenus de voter !
Aucun parti ne récolte autant d'appuis. Le 2 mai 2011, les conservateurs de Harper ont obtenu une majorité de sièges à la Chambre des communes avec 39.65% des votes exprimés ! Et ce score ne tient pas compte des abstentionnistes. En comptabilisant les «votes blancs», on remarquerait la faiblesse du mandat de nos politiciens et on comprendrait plus clairement le message que l'électorat envoie.
On peut même penser que de permettre le vote blanc réduirait l'ampleur des «coups de balais» électoraux qui ont eu lieu entre autres au Québec en 2007 avec l'ADQ, en 2011 avec le NPD sur la scène fédérale et en France en 2002 avec le Front national... Car ici comme ailleurs, le vote blanc n'est pas pris en compte et on peut penser qu'il favorise occasionnellement des votes de protestations inconséquents ou dangereux...
On le voit, il y a plusieurs problèmes à prendre en compte. Il faudrait par exemple préciser ce qu'est un vote blanc. Je suggère que ce soit un bulletin sur lequel un grand X traverse toutes les candidatures, car un véritable «vote blanc» - sur lequel rien n'est inscrit - peut plus facilement être trafiqué par des travailleurs d'élection mal intentionnés).
Il faut aussi prévoir l'éventualité où le «vote blanc» recueille la majorité des suffrages exprimés. Que faire alors ? Certains suggèrent que l'élection soit reprise dès que ce seuil atteint 30% ou encore la majorité. Imaginez alors que le processus démocratique puisse être kidnappé par le vote blanc ! Un gouvernement non-élu ou en crise de légitimité serait alors appelé à gouverner ou à se maintenir au pouvoir ?! Nous n'y gagnerions rien sinon que davantage de cynisme...
Mais revenons au principe de la reconnaissance du vote blanc. Celui-ci est porteur. Si on permet le vote blanc (on pourrait aussi dire le droit d'«annuler son vote») on permet à tous ceux qui se sentent mal représentés d'affirmer leur point de vue plutôt que de rester passivement chez eux. Le vote annulé ou blanc envoie un message plus clair que le simple abstentionnisme !
Dans la même foulée, si on comptabilise ce type de vote, il devient légitime de mettre en place une loi sur le vote obligatoire, sous peine de pénalité financière ou de service citoyen. En effet, ceux qui disent: «tous pourris !» pourront dorénavant l'exprimer et leur option aura un impact sur le système... Ils n'auront plus d'excuses pour ne pas prendre part au jeu démocratique.
Voilà une autre mesure à sérieusement envisager pour moderniser nos institutions vétustes et discréditées.
- Déclin de la participation politique;
- Chute du membership et du financement populaire des partis politiques;
- Mépris et désintérêt envers la classe politique;
- Éclatement du paysage politique et reconfigurations «intempestives» de celui-ci par un électorat volatile et exaspéré...
Et devant des politiciens - Charest, Harper, Tremblay, etc. - qui profitent de notre apathie et de la faiblesse de nos institutions pour se maintenir au pouvoir (ex: Harper vient pour la 1ère fois dans l'histoire du pays d'annuler le débat et le vote sur le Discours du Trône... une autre infraction au principe du gouvernement responsable pourtant au cœur du système parlementaire qui est le nôtre !);
Devant cet état de fait pour le moins déprimant, il nous faut réformer nos institutions. Mais il nous faut plus. Un sens de la responsabilité citoyenne doit émerger chez chacun de nous. Cela va de la propreté de notre devant de maison jusqu'à l'exercice du droit de vote.
Mais pour ce faire, il faut éclaircir l'espace pour le citoyen. Si la ville (parcs, rues, espaces publics) était bien entretenue, il serait possible d'exiger plus du citoyen en matière de propreté...
Même chose pour l'exercice du droit de vote. Si on veut hausser le taux de participation aux élections (il est en chute libre depuis 15 ans, particulièrement chez les jeunes), il faut envisager réformer le système électoral mais AUSSI comptabiliser les votes blancs !
En ce moment, ce qu'on appelle les «votes blancs», c-à-d les bulletins sur lesquels aucune préférence n'est manifestée, ne sont pas comptabilisés dans les résultats électoraux. On ne mentionne que les bulletins rejetés et le taux de participation... On interprète alors la signification de ces deux statistiques de différentes façons.
En comptabilisant les votes blancs, on officialise une option qui détient sans doute actuellement, d'élection en élection, une majorité relative de votes ! En effet, nos taux de participation aux élections se situent d'un palier décisionnel à l'autre à environ 60%; c'est donc que 40% se sont abstenus de voter !
Aucun parti ne récolte autant d'appuis. Le 2 mai 2011, les conservateurs de Harper ont obtenu une majorité de sièges à la Chambre des communes avec 39.65% des votes exprimés ! Et ce score ne tient pas compte des abstentionnistes. En comptabilisant les «votes blancs», on remarquerait la faiblesse du mandat de nos politiciens et on comprendrait plus clairement le message que l'électorat envoie.
On peut même penser que de permettre le vote blanc réduirait l'ampleur des «coups de balais» électoraux qui ont eu lieu entre autres au Québec en 2007 avec l'ADQ, en 2011 avec le NPD sur la scène fédérale et en France en 2002 avec le Front national... Car ici comme ailleurs, le vote blanc n'est pas pris en compte et on peut penser qu'il favorise occasionnellement des votes de protestations inconséquents ou dangereux...
On le voit, il y a plusieurs problèmes à prendre en compte. Il faudrait par exemple préciser ce qu'est un vote blanc. Je suggère que ce soit un bulletin sur lequel un grand X traverse toutes les candidatures, car un véritable «vote blanc» - sur lequel rien n'est inscrit - peut plus facilement être trafiqué par des travailleurs d'élection mal intentionnés).
Il faut aussi prévoir l'éventualité où le «vote blanc» recueille la majorité des suffrages exprimés. Que faire alors ? Certains suggèrent que l'élection soit reprise dès que ce seuil atteint 30% ou encore la majorité. Imaginez alors que le processus démocratique puisse être kidnappé par le vote blanc ! Un gouvernement non-élu ou en crise de légitimité serait alors appelé à gouverner ou à se maintenir au pouvoir ?! Nous n'y gagnerions rien sinon que davantage de cynisme...
Mais revenons au principe de la reconnaissance du vote blanc. Celui-ci est porteur. Si on permet le vote blanc (on pourrait aussi dire le droit d'«annuler son vote») on permet à tous ceux qui se sentent mal représentés d'affirmer leur point de vue plutôt que de rester passivement chez eux. Le vote annulé ou blanc envoie un message plus clair que le simple abstentionnisme !
Dans la même foulée, si on comptabilise ce type de vote, il devient légitime de mettre en place une loi sur le vote obligatoire, sous peine de pénalité financière ou de service citoyen. En effet, ceux qui disent: «tous pourris !» pourront dorénavant l'exprimer et leur option aura un impact sur le système... Ils n'auront plus d'excuses pour ne pas prendre part au jeu démocratique.
Voilà une autre mesure à sérieusement envisager pour moderniser nos institutions vétustes et discréditées.
lundi 23 mai 2011
Bonne fête des Patriotes.

C'est aujourd'hui la Fête des Patriotes, qui commémore (pour remplacer la fête de la Reine au ROC) la Rébellion des patriotes en 1837-38. Nos cours d'Histoire ne rendent pas assez compte intelligemment de cet épisode extraordinaire de notre parcours comme nation.
Ces gens se sont battus pour des idées - la démocratie, le contrôle du budget par les élus du peuple, le respect de la langue par les institutions, les droits des minorités, etc.;
Les Patriotes ont agis selon une gradation des moyens tout-à-fait admirable sur le plan moral et politique : ils ont cherché le dialogue avec le pouvoir britannique et c'est lorsque celui-ci a décidé de mépriser puis d'écraser ce mouvement légitime et démocratique que les patriotes ont pris les armes.
Bonne fête des Patriotes !
samedi 21 mai 2011
MBC, notre intellectuel acronyme.
Au Québec, notre relation avec les «intellectuels» est souvent méprisante, comme si on se méprisait nous-mêmes en se croyant incapables de débattre ou de comprendre un propos intelligent qui offre des perspectives historiques et philosophiques aux phénomènes.
Mathieu Bock-Côté est devenu depuis quelques années un «intellectuel médiatique» qui apporte un peu ce que plusieurs philosophes et «commentateurs intelligents» apportent en France au débat public. Cette contribution fait bien sûr trop souvent le jeu d'une polémique de surface et de mauvaise foi, mais elle est aussi accompagnée de principes philosophiques qui sous-tendent le discours, et qui contribuent donc à nous sortir des opinions pour nous rapprocher des idées, ce qui est fort bienvenu.
Si en France il y a BHL (Bernard-Henri Lévy dont la contribution «philosophique» est selon moi surestimée), peut-on envisager voir émerger chez nous des intellectuels dont l'identité est un acronyme ?
Pourrait-on le cas échéant, parler maintenant de MBC pour identifier Mathieu Bock-Côté?
Les deux extraits qui suivent sont issus d'une entrevue que MBC a donné à Radio-Ville-Marie. MBC entrevoit que les théories de la conspiration sont un reflet d'un âge démocratique extrême où l'autorité politique est presque toujours perçue par la lorgnette du despotisme. La discussion avec l'animateur est intelligente et soulève plusieurs notions et principes au coeur de la science politique.
Mathieu Bock-Côté est devenu depuis quelques années un «intellectuel médiatique» qui apporte un peu ce que plusieurs philosophes et «commentateurs intelligents» apportent en France au débat public. Cette contribution fait bien sûr trop souvent le jeu d'une polémique de surface et de mauvaise foi, mais elle est aussi accompagnée de principes philosophiques qui sous-tendent le discours, et qui contribuent donc à nous sortir des opinions pour nous rapprocher des idées, ce qui est fort bienvenu.
Si en France il y a BHL (Bernard-Henri Lévy dont la contribution «philosophique» est selon moi surestimée), peut-on envisager voir émerger chez nous des intellectuels dont l'identité est un acronyme ?
Pourrait-on le cas échéant, parler maintenant de MBC pour identifier Mathieu Bock-Côté?
Les deux extraits qui suivent sont issus d'une entrevue que MBC a donné à Radio-Ville-Marie. MBC entrevoit que les théories de la conspiration sont un reflet d'un âge démocratique extrême où l'autorité politique est presque toujours perçue par la lorgnette du despotisme. La discussion avec l'animateur est intelligente et soulève plusieurs notions et principes au coeur de la science politique.
mardi 10 mai 2011
Contre Harper.
Cliquez sur le titre de ce message...
... pour lire le philosophe Christian Nadeau à propos de l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire. Je suis d'accord avec sa conclusion, il nous faudra réapprendre le pouvoir de la rue pour freiner les ardeurs de ce gouvernement qui aura maintenant les moyens de réaliser ses ambitions : changer le visage du Canada.
Les réflexions précédentes portant sur Harper et les grandes figures du «projet canadien» ont insisté sur l'engloutissement des dernières digues préservant la différence canadienne en Amérique.
Ici, il convient d'insister sur le fait que dans le cadre d'un gouvernement majoritaire, les pouvoirs du 1er ministre en régime parlementaire de type britannique sont tout simplement impériaux !
Le 1er ministre utilisera son pouvoir de nomination pour :
- façonner la politique étrangère du Canada comme il a déjà entrepris de le faire;
- placer ses pions dans les organismes étatiques (on peut envisager des coupures à Radio-Canada, perçue comme trop «gauchiste»);
- commencer à faire basculer idéologiquement la composition de la Cour Suprême et des divers tribunaux au pays;
Par sa majorité parlementaire, il pourra facilement :
- faire adopter ses projets de loi (dont celui qui mettra fin au financement public des partis, dans le but évident d'affaiblir ses adversaires...)
- continuer son travail de sape des institutions parlementaires, sans que la menace d'un vote de non-confiance ne vienne le troubler...
Ses seuls scrupules répondrons à des critères stratégiques : préparer sa victoire de 2015 ! Imaginez alors les dégâts si nous n'avons pas appris d'ici là à nous indigner collectivement et à nous mobiliser pour éviter le pire et enfin remplacer ce tyran intelligent !
... pour lire le philosophe Christian Nadeau à propos de l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire. Je suis d'accord avec sa conclusion, il nous faudra réapprendre le pouvoir de la rue pour freiner les ardeurs de ce gouvernement qui aura maintenant les moyens de réaliser ses ambitions : changer le visage du Canada.
Les réflexions précédentes portant sur Harper et les grandes figures du «projet canadien» ont insisté sur l'engloutissement des dernières digues préservant la différence canadienne en Amérique.
Ici, il convient d'insister sur le fait que dans le cadre d'un gouvernement majoritaire, les pouvoirs du 1er ministre en régime parlementaire de type britannique sont tout simplement impériaux !
Le 1er ministre utilisera son pouvoir de nomination pour :
- façonner la politique étrangère du Canada comme il a déjà entrepris de le faire;
- placer ses pions dans les organismes étatiques (on peut envisager des coupures à Radio-Canada, perçue comme trop «gauchiste»);
- commencer à faire basculer idéologiquement la composition de la Cour Suprême et des divers tribunaux au pays;
Par sa majorité parlementaire, il pourra facilement :
- faire adopter ses projets de loi (dont celui qui mettra fin au financement public des partis, dans le but évident d'affaiblir ses adversaires...)
- continuer son travail de sape des institutions parlementaires, sans que la menace d'un vote de non-confiance ne vienne le troubler...
Ses seuls scrupules répondrons à des critères stratégiques : préparer sa victoire de 2015 ! Imaginez alors les dégâts si nous n'avons pas appris d'ici là à nous indigner collectivement et à nous mobiliser pour éviter le pire et enfin remplacer ce tyran intelligent !
jeudi 24 février 2011
Kadhafi : un test pour la Communauté internationale.

Le Colonel Kadhafi, qui s'accorche dangereusement au pouvoir en Libye depuis que sa population a enclenché les protestations dans la foulée des révolutions tunisienne et égyptienne est un test pour la Communauté internationale.
Dans les années 1990, une série d'interventions dites «humanitaires» ont été autorisées par l'ONU dans le but de protéger des populations civiles identifiées comme victimes ou cibles de conflits armés. L'opération la plus connue fût lancée en ex-Yougoslavie pour «protéger» les populations de Bosnie contre les milices serbes... Ces missions ont été et avec raisons, fortement critiquées, parce qu'elles ont souvent favorisé l'objectif d'expansion territoriale d'une Grande Serbie en contribuant à déplacer des populations civiles pour éviter des massacres... Leur inefficacité et le ridicule de leur mandat (mission de «maintien de la paix» en terrain de guerre !) y est aussi pour beaucoup dans toute la réévaluation de ce type de missions. C'est pourquoi nous ne parlons plus du «Droit d'ingérence humanitaire» mais de la «Responsabilité de protéger» les populations civiles devant des régimes qui faillissent à le faire ou menacent leurs populations.
Reste que l'ambition de la Communauté internationale et le rôle de l'ONU demeurent associés à cette responsabilité : préserver la paix et la sécurité, valoriser la vie humaine et protéger les civils en zones de conflit. Les zones d'exclusions aériennes autorisées par l'ONU en Irak durant toute la décennie 1990 avaient pour but d'empêcher le régime de Saddam Hussein de bombarder sa population d'origine kurde, reconnue comme hostile à son autorité.
Le sanguinaire et orgueilleux colonel Kadhafi a un parcours politique semblable à celui de Saddam Hussein. Il est arrivé au pouvoir en 1969 sous une étiquette plutôt nationaliste arabe. Dans la décennie 1980, la Libye est devenue un État subventionnaire du terrorisme international et promoteur d'un anti-occidentalisme notoire. Peu à peu, le régime Kadhafi a glissé en réislamisant son espace politique. Puis sa rhétorique est devenue pan-africaine et anti-terroriste après septembre 2001, pour redevenir fréquentable... Aujourd'hui, devant cette extraordinaire démonstration de force de caractère et de courage des populations arabes, il s'apprête à mourir en Martyr...
Il y a un autre parallèle à faire entre Saddam et Mouhamar Kadhafi: les deux ont, au fil du temps, mis en place un pouvoir autoritaire et centré sur leurs clans. (Voir cet excellent article sur la question des tribus en Libye)
Que fera la Communauté internationale ? Et les régimes arabes en transition comme l'Égypte et la Tunisie, les deux voisins immédiats ? C'est un véritable test pour la crédibilité de l'ONU, des USA et de la ligue arabe...
vendredi 18 février 2011
Harper et le Parlement.

Stephen Harper est un homme dangereux, particulièrement parce que sa manière de gouverner se situe largement dans la rigidité. L'axe de la rigidité en politique est indépendant de l'axe gauche-droite, il serait donc un «axe vertical»:
Cet axe se rapporte aux façons d'exercer le pouvoir et aux rapports que la formation partisane favorisera entre l'État et la société civile. La position de la Rigidité sur cet axe se détermine ainsi :
- Le parti sera prêt à utiliser la violence, à réprimer la dissidence, à chercher à discréditer ses adversaires plutôt que (dans la souplesse) débattre sereinement d'enjeux où de visions opposées qui s'affrontent...
- Le pouvoir y sera concentré au sein d'un groupe restreint et il sera centralisé, sans contrepoids indépendants.
- La société civile sera de plus en plus dépendante de l'État, ou pire encore, dans l'extrême-rigidité, elle n'existera plus. Seul l'État occupera toute la scène, les individus agiront seuls face à l'État, sans associations libres pouvant les défendre et les informer pour qu'ils puissent exercer leurs libertés.
Or, si vous lisez un peu sur la question ces temps-ci, tous les feux sont au rouge en ce qui concerne les rapports que Stephen Harper entretient avec le Parlement: le pouvoir central de notre système politique, le lieu par excellence de surveillance et de contrôle du gouvernement; le détenteur de la «souveraineté» et le lieu d'émanation de la volonté populaire. Stephen Harper méprise cette institution, il met fin à ses travaux lorsqu'un vote de confiance risque de le faire tomber (!); il ment effrontément aux députés et aux comités parlementaires qui le questionnent; il cache des informations, il falsifie des documents; réprime les personnalités et organismes qui ne pensent pas comme lui, etc. Que voulez-vous de plus ?
Qu'on parle en plus de son idéologie réactionnaire, de sa vision créationniste de la vie humaine, de sa volonté de transformer la culture au Canada ?
Chantal Hébert publie aujourd'hui un papier dans le Toronto Star qui affirme que la crise actuelle (le gouvernement Harper est accusé d'outrage au Parlement parce que la ministre Bev Oda a falsifié un document et a menti devant les comités parlementaires) est un meilleur argument pour déposer une motion de non-confiance et déclencher des élections : le gouvernement Harper constitue une menace à notre système démocratique parce qu'il opère un travail de sape et d'affaiblissement des différents contre-pouvoir existants dans un régime parlementaire.
samedi 20 novembre 2010
Floride, novembre 2000.
Pour répondre à un anonyme un peu énervé qui a commenté ma dernière entrée, voici une image du bulletin de vote en Floride en 2000. Il ressemblait à ça dans plusieurs districts :

Et en plus, dans plusieurs districts, les «machines à voter» étaient déficientes, donc plusieurs bulletins ont été rejetés... C'est sans compter le nombre important d'électeurs américains qui n'ont tout simplement pas pu voter parce qu'ils ne figuraient plus sur les listes électorales alors qu'il s'étaient bel et bien inscrits... Et comme par hasard, ces nombreuses irrégularités se sont produites dans des États et des districts où les afro-américains étaient majoritaires... Quand on sait que les noirs votaient à l'époque environ à 70% pour un candidat démocrate, on peut dire que l'objectif avoué de plusieurs Gouverneurs républicains (en 2000, celui de la Floride s'appelle Jeb Bush...) était d'empêcher des votes pour Gore...
Alors, pour évacuer toute forme de tricherie ou de mauvaise foi dans l'élection de W. Bush à la présidence en 2000, il faut disons être aveuglé par la rigidité idéologique...

Et en plus, dans plusieurs districts, les «machines à voter» étaient déficientes, donc plusieurs bulletins ont été rejetés... C'est sans compter le nombre important d'électeurs américains qui n'ont tout simplement pas pu voter parce qu'ils ne figuraient plus sur les listes électorales alors qu'il s'étaient bel et bien inscrits... Et comme par hasard, ces nombreuses irrégularités se sont produites dans des États et des districts où les afro-américains étaient majoritaires... Quand on sait que les noirs votaient à l'époque environ à 70% pour un candidat démocrate, on peut dire que l'objectif avoué de plusieurs Gouverneurs républicains (en 2000, celui de la Floride s'appelle Jeb Bush...) était d'empêcher des votes pour Gore...
Alors, pour évacuer toute forme de tricherie ou de mauvaise foi dans l'élection de W. Bush à la présidence en 2000, il faut disons être aveuglé par la rigidité idéologique...
vendredi 19 novembre 2010
politique 101 - l'élection du Président aux USA (2)
Les élections de mi-mandat ont eu lieu aux USA.
Nous pouvons maintenant nous concentrer sur la prochaine échéance électorale au pays: 6 Novembre 2012, l'élection présidentielle. (À nouveau le même jour, les 435 Représentants de la Chambre et un autre tiers du Sénat tombera aussi en élection...)
Nous avons vu grosso-modo comment fonctionne le processus des «primaires», qui mènent à la désignation par les deux grands partis - Républicains et Démocrates - du candidat officiel à la présidence.
Abordons maintenant l'élection du Président par le peuple. L'élection présidentielle a lieu tous les mardis suivants le 1er lundi de novembre aux 4 ans, années bisextiles.
L'élection présidentielle américaine est indirecte. Pour devenir Président, il faut se faire élire par un Collège électoral composé de 538 Grands-électeurs (G-E).
- Le nombre de G-E est proportionnel à la population de chaque État (la Californie a 55 G-E et l'Alaska 3);
- Les G-E n'assument aucun rôle après l'élection présidentielle, ils ne constituent en quelque sorte qu'un «tableau de pointage» pour accéder à la présidence;
- Il y a 3 G-E minimum par État (et 3 pour le District de Columbia : la capitale);
- Le candidat à la présidence qui recueille le plus de vote de la part de la population de son État «ramasse» TOUS les G-E de son État;
Ex: Si Obama gagne le Nouveau-Mexique avec 50.01% des votes, il amasse les 6 G-E de cet État.
- Pour devenir Président des USA, il faut ramasser 270 G-E.

La logique de ce système est que pour devenir président, il faut être un habile rassembleur puisqu'il faut au moins gagner dans un nombre significatif de grands États (la Californie, le Texas, New-York et la Floride sont dans l'ordre les États les plus populeux, il importe donc de gagner au moins dans deux de ces Big four...)
Mais gagner seulement les «gros États» ne suffit pas, il faut aussi, pour atteindre le magic number de 270 G-E, gagner dans un grand nombre de petits et moyens États... Ce fût la force de G.W. Bush en 2000 et 2004 : tout en perdant la Californie et New-York, il a pu devenir Président en «emportant» la Floride (537 votes de plus qu'Al Gore et nombreuses fraudes et irrégularités) et presque tous les autres États (surtout le heartland, c-à-d le centre).
Alors, une fois la mécanique comprise, croyez-vous qu'Obama peut reproduire son exploit de 2008 ?
Nous pouvons maintenant nous concentrer sur la prochaine échéance électorale au pays: 6 Novembre 2012, l'élection présidentielle. (À nouveau le même jour, les 435 Représentants de la Chambre et un autre tiers du Sénat tombera aussi en élection...)
Nous avons vu grosso-modo comment fonctionne le processus des «primaires», qui mènent à la désignation par les deux grands partis - Républicains et Démocrates - du candidat officiel à la présidence.
Abordons maintenant l'élection du Président par le peuple. L'élection présidentielle a lieu tous les mardis suivants le 1er lundi de novembre aux 4 ans, années bisextiles.
L'élection présidentielle américaine est indirecte. Pour devenir Président, il faut se faire élire par un Collège électoral composé de 538 Grands-électeurs (G-E).
- Le nombre de G-E est proportionnel à la population de chaque État (la Californie a 55 G-E et l'Alaska 3);
- Les G-E n'assument aucun rôle après l'élection présidentielle, ils ne constituent en quelque sorte qu'un «tableau de pointage» pour accéder à la présidence;
- Il y a 3 G-E minimum par État (et 3 pour le District de Columbia : la capitale);
- Le candidat à la présidence qui recueille le plus de vote de la part de la population de son État «ramasse» TOUS les G-E de son État;
Ex: Si Obama gagne le Nouveau-Mexique avec 50.01% des votes, il amasse les 6 G-E de cet État.
- Pour devenir Président des USA, il faut ramasser 270 G-E.

La logique de ce système est que pour devenir président, il faut être un habile rassembleur puisqu'il faut au moins gagner dans un nombre significatif de grands États (la Californie, le Texas, New-York et la Floride sont dans l'ordre les États les plus populeux, il importe donc de gagner au moins dans deux de ces Big four...)
Mais gagner seulement les «gros États» ne suffit pas, il faut aussi, pour atteindre le magic number de 270 G-E, gagner dans un grand nombre de petits et moyens États... Ce fût la force de G.W. Bush en 2000 et 2004 : tout en perdant la Californie et New-York, il a pu devenir Président en «emportant» la Floride (537 votes de plus qu'Al Gore et nombreuses fraudes et irrégularités) et presque tous les autres États (surtout le heartland, c-à-d le centre).
Alors, une fois la mécanique comprise, croyez-vous qu'Obama peut reproduire son exploit de 2008 ?
vendredi 1 octobre 2010
Un référendum tous les 15 ans ?
L'ex-ministre conservateur Michael Fortier en a surpris plusieurs cette semaine en publiant une «proposition» d'encadrer le débat sur la question nationale au Québec en inscrivant dans la loi l'idée de tenir un référendum à tous les 15 ans...
Bizarre et saugrenue, en effet, la solution de M. Fortier. Qu'advient-il si les Québécois disent OUI ? Un autre match revanche dans 15 ans ? De plus, cette proposition évacue complètement une dimension fondamentale en politique : la nécessité de tenir compte de la conjoncture. C'est comme si l'homme confondait la nécessité d'élections régulières en démocratie (celles-ci pouvant d'ailleurs se tenir à date fixe) avec l'outil référendaire, qui est là pour poser une question précise à la population, en fonction de ses aspirations et conditions...
L'élection porte sur la sélection d'un gouvernement et c'est pourquoi elle doit être régulière, sans quoi nous basculons dans un régime autoritaire... Le référendum répond à d'autres exigences. Il «met en exergue» un enjeu précis et fondamental par rapport à la multitude de problèmes débattus dans l'espace public et permet à la population de se prononcer directement sur cet enjeu...
Or, non seulement M. Fortier ne comprend pas la nécessité d'analyser les phénomènes politiques en tenant compte de la conjoncture, mais il semble oublier que les référendums de 1980 et de 1995 ont justement été rendus possibles grâce à la conjoncture qui les légitimaient !
D'ailleurs, quelle serait la pertinence de tenir un 3e référendum sur la souveraineté aujourd'hui ? Non seulement le camp souverainiste serait irresponsable puisque chaque défaite a eu des conséquences négatives pour le Québec, mais il faudrait aussi que la question soit pressentie comme nécessaire par la population...
Alors, quelle était la motivation de M. Fortier ? Affaiblir les nationalistes au Québec puisque la conjoncture actuelle ne leur est pas nécessairement favorable à la tenue d'un 3e référendum ? Pas nécessairement.
Je pense plutôt que son intention part d'un constat intéressant : péquistes et libéraux ne sont pas si éloignés sur l'échiquier gauche-droite selon lui. Les meilleurs des 2 partis sont condamnés à s'affronter essentiellement à cause de la question nationale. Sa proposition favoriserait selon lui la formation d'équipes gouvernementales plus cohérentes - de gauche d'un côté, de droite de l'autre - rassemblant chacune des souverainistes et des fédéralistes...
Mais comme nous l'avons vu, cette solution est en pratique farfelue. Il serait plutôt préférable de nous pencher sur une réforme institutionnelle qui pourrait favoriser l'émergence d'une culture de coalition entre les partis... Ceci implique sans doute une réforme de notre mode de scrutin de façon à favoriser une représentation en sièges qui correspond réellement à l'appui populaire obtenu par les différents partis (on appelle ça une représentation de type proportionnel). Et tant qu'à nous lancer dans les réformes, pourquoi pas l'élection du 1er ministre au suffrage universel ?
En ce qui concerne le débat sur la question nationale - souveraineté ou fédéralisme renouvelé - il est pour le moment illusoire de chercher à refondre le paysage partisan en inscrivant les dates du prochain référendum à l'avance...
Repenser nos institutions dans le sens évoqué précédemment ne nie pas notre réalité politique, à savoir que la question nationale demeure la principale ligne de fracture des partis... Mais il me semble qu'un gouvernement de coalition réunissant plusieurs partis se rassemblant autour d'un programme commun aura plus de chances de réussir qu'un seul parti, d'ailleurs souvent élu avec moins de 50% des votes, pour gagner un référendum qui nécessite plus de 50%...
Bizarre et saugrenue, en effet, la solution de M. Fortier. Qu'advient-il si les Québécois disent OUI ? Un autre match revanche dans 15 ans ? De plus, cette proposition évacue complètement une dimension fondamentale en politique : la nécessité de tenir compte de la conjoncture. C'est comme si l'homme confondait la nécessité d'élections régulières en démocratie (celles-ci pouvant d'ailleurs se tenir à date fixe) avec l'outil référendaire, qui est là pour poser une question précise à la population, en fonction de ses aspirations et conditions...
L'élection porte sur la sélection d'un gouvernement et c'est pourquoi elle doit être régulière, sans quoi nous basculons dans un régime autoritaire... Le référendum répond à d'autres exigences. Il «met en exergue» un enjeu précis et fondamental par rapport à la multitude de problèmes débattus dans l'espace public et permet à la population de se prononcer directement sur cet enjeu...
Or, non seulement M. Fortier ne comprend pas la nécessité d'analyser les phénomènes politiques en tenant compte de la conjoncture, mais il semble oublier que les référendums de 1980 et de 1995 ont justement été rendus possibles grâce à la conjoncture qui les légitimaient !
- Le référendum de 1980 correspond à ce crescendo qui nous a permis de nous décoloniser de l'intérieur en reprenant le contrôle de notre État national et de notre économie au courant de la décennie 1960. Il a été proposé à la population dans une campagne électorale et lorsque le 1er gouvernement du Parti québécois a pris le pouvoir, il a tenu sa promesse...
- Le référendum de 1995 est aussi l'aboutissement de toute une démarche politique :
- 1- la «trahison» de M. Trudeau qui, en promettant de «renouveler le fédéralisme canadien» en 1980 a pourtant modifié ce système en 1982 dans un sens complètement opposé aux demandes de toute la classe politique québécoise de l'époque. La preuve en est que la grande réforme constitutionnelle de 1982 a été rejetée unanimement par l'Assemblée nationale et qu'aucun gouvernement du Québec depuis, ni aucun parti présent à notre Assemblée nationale, n'accepte encore officiellement cette réforme. (*je considère cependant qu'en se refusant à mettre fin aux écoles passerelles ou à invoquer la clause dérogatoire, le gouvernement Charest et sa ministre St-Pierre sont en train d'accepter ce «coup» fait à notre Assemblée et ses pouvoirs...).
- 2- Lélection de Brian Mulroney comme 1er ministre du Canada qui promet alors le retour du Québec dans la famille constitutionnelle canadienne «dans l'honneur et l'enthousiasme». Ceci mènera aux 5 demandes formulées par le Québec pour accepter la réforme de 1982. Ces 5 demandes, incluant la reconnaissance du caractère distinct du Québec dans l'ordre canadien, font partie de l'Accord du lac Meech. Accord rejeté par le Manitoba et Terre-Neuve (et par l'opinion publique canadienne anglaise...)
- 3- Un 2e échec constitutionnel avec Charlottetown en 1992;
- 4- La création puis le «raz de marée» du Bloc québécois en 1993 (il devient l'opposition officielle à Ottawa !),
- 5- Le retour au pouvoir du PQ en 1994 et 6- la tenue, tel que promis, d'un autre référendum sur la souveraineté en 1995.
D'ailleurs, quelle serait la pertinence de tenir un 3e référendum sur la souveraineté aujourd'hui ? Non seulement le camp souverainiste serait irresponsable puisque chaque défaite a eu des conséquences négatives pour le Québec, mais il faudrait aussi que la question soit pressentie comme nécessaire par la population...
Alors, quelle était la motivation de M. Fortier ? Affaiblir les nationalistes au Québec puisque la conjoncture actuelle ne leur est pas nécessairement favorable à la tenue d'un 3e référendum ? Pas nécessairement.
Je pense plutôt que son intention part d'un constat intéressant : péquistes et libéraux ne sont pas si éloignés sur l'échiquier gauche-droite selon lui. Les meilleurs des 2 partis sont condamnés à s'affronter essentiellement à cause de la question nationale. Sa proposition favoriserait selon lui la formation d'équipes gouvernementales plus cohérentes - de gauche d'un côté, de droite de l'autre - rassemblant chacune des souverainistes et des fédéralistes...
Mais comme nous l'avons vu, cette solution est en pratique farfelue. Il serait plutôt préférable de nous pencher sur une réforme institutionnelle qui pourrait favoriser l'émergence d'une culture de coalition entre les partis... Ceci implique sans doute une réforme de notre mode de scrutin de façon à favoriser une représentation en sièges qui correspond réellement à l'appui populaire obtenu par les différents partis (on appelle ça une représentation de type proportionnel). Et tant qu'à nous lancer dans les réformes, pourquoi pas l'élection du 1er ministre au suffrage universel ?
En ce qui concerne le débat sur la question nationale - souveraineté ou fédéralisme renouvelé - il est pour le moment illusoire de chercher à refondre le paysage partisan en inscrivant les dates du prochain référendum à l'avance...
Repenser nos institutions dans le sens évoqué précédemment ne nie pas notre réalité politique, à savoir que la question nationale demeure la principale ligne de fracture des partis... Mais il me semble qu'un gouvernement de coalition réunissant plusieurs partis se rassemblant autour d'un programme commun aura plus de chances de réussir qu'un seul parti, d'ailleurs souvent élu avec moins de 50% des votes, pour gagner un référendum qui nécessite plus de 50%...
mardi 3 août 2010
politique 101 - L'élection du Président aux USA (1)
La pré-campagne menant aux élections primaires commence aux USA. Nous l'avons dit dans les Politiques 101 précédents, le régime présidentiel est fondé sur un idéal républicain dans lequel le peuple est la source de l'autorité. Le Président des USA est donc à la fois le chef d'État et le chef de gouvernement et il est élu par le peuple. Pour pouvoir rêver atteindre ce poste, il faut être né citoyen des USA; avoir 35 ans ou plus; résider au pays depuis au moins 14 ans. Mais au-delà de ces conditions prescriptives, il y a toute une procédure. La «mécanique électorale» des USA est souvent mal comprise. Allons-y étape par étape:
1- Les élections primaires sont celles qui se tiennent à l'intérieur de chacun des partis, pour chacun des États pris individuellement. Elles servent à élire des délégués généralement associés à des candidatures... Par exemple, dans la primaire démocrate de 2008, les 2 personnalités les plus en vues et qui se sont donnés une chaude lutte, étaient Barack Obama et Hillary Clinton. Les primaires républicaines ont alors opposées John McCain, Mike Huckabee, Mitt Romney, etc. Donc ce sont les délégués élus lors des primaires qui choisiront le candidat officiel de leur parti concourrant à la présidence des États-Unis.
Le processus des primaires est complexe, on doit donc simplifier grandement puisque le régime politique états-unien garantie aussi l'autonomie des États fédérés, ce qui engendre une grande diversité d'élections primaires.... Mais disons en gros qu'il y a
2- la convention nationale de chacun des partis (juillet et août de l'année de l'élection). C'est le véritable lancement de la campagne présidentielle puisque c'est à ce moment, dans de grands stades envahis par les chapeaux en styrofoam et les confettis, que l'on confirme la candidature officielle de chacun des partis : le peuple américain connaît alors les candidats qui s'opposeront. C'est surtout à ce moment que le candidat présidentiel officialise son co-listier : celui ou celle qui fera figure de Vice-président (le peuple américain vote en quelque sorte pour un couple Président-Vice-président). En 2008, la folle décision de John McCain de choisir alors Sarah Palin demeure encore inexplicable (ou plutôt injustifiable) pour moi...
3- La campagne électorale s'échelonne officiellement de la fin des Conventions nationales jusqu'au Mardi suivant le premier lundi de novembre, jour de l'élection présidentielle. On oublie souvent de spécifier que l'élection présidentielle aux USA est indirecte, c-à-d que c'est un Collège électoral (composé de 538 Grands-électeurs) qui élit le Président. Nous expliquerons cette «mécanique» dans un prochain Politique 101.
1- Les élections primaires sont celles qui se tiennent à l'intérieur de chacun des partis, pour chacun des États pris individuellement. Elles servent à élire des délégués généralement associés à des candidatures... Par exemple, dans la primaire démocrate de 2008, les 2 personnalités les plus en vues et qui se sont donnés une chaude lutte, étaient Barack Obama et Hillary Clinton. Les primaires républicaines ont alors opposées John McCain, Mike Huckabee, Mitt Romney, etc. Donc ce sont les délégués élus lors des primaires qui choisiront le candidat officiel de leur parti concourrant à la présidence des États-Unis.
Le processus des primaires est complexe, on doit donc simplifier grandement puisque le régime politique états-unien garantie aussi l'autonomie des États fédérés, ce qui engendre une grande diversité d'élections primaires.... Mais disons en gros qu'il y a
- les Caucus, qui se tiennent comme des assemblées traditonnelles (vote à main levée), dans les sous-sols d'églises ou les gymnases d'école ou selon la méthode des Town Hall meetings. Les gens prennent la parole publiquement, cherchent à convaincre d'appuyer tel ou tel candidat, certains se présentent même pour défendre une idée - le maintien des subventions agricoles par exemple - plutôt qu'un candidat à élire...Cette méthode «à l'ancienne» est entre autres pratiquée en Iowa.
- Les «primaires fermées» : Ces élections se tiennent au scrutin secret, mais elles sont réservées aux électeurs qui sont membres du parti en question (inscrits sur la liste électorale comme électeur républicain ou démocrate);
- Les «primaires ouvertes» : Dans la majorité des États, les primaires sont ouvertes aux électeurs indépendants. Donc, les membres du parti ET les électeurs indépendants peuvent voter à ce type de primaire. Il semble qu'il soit dorénavant interdit par exemple de participer à la primaire républicaine si on a participé à la primaire démocrate dans la même année.
2- la convention nationale de chacun des partis (juillet et août de l'année de l'élection). C'est le véritable lancement de la campagne présidentielle puisque c'est à ce moment, dans de grands stades envahis par les chapeaux en styrofoam et les confettis, que l'on confirme la candidature officielle de chacun des partis : le peuple américain connaît alors les candidats qui s'opposeront. C'est surtout à ce moment que le candidat présidentiel officialise son co-listier : celui ou celle qui fera figure de Vice-président (le peuple américain vote en quelque sorte pour un couple Président-Vice-président). En 2008, la folle décision de John McCain de choisir alors Sarah Palin demeure encore inexplicable (ou plutôt injustifiable) pour moi...
3- La campagne électorale s'échelonne officiellement de la fin des Conventions nationales jusqu'au Mardi suivant le premier lundi de novembre, jour de l'élection présidentielle. On oublie souvent de spécifier que l'élection présidentielle aux USA est indirecte, c-à-d que c'est un Collège électoral (composé de 538 Grands-électeurs) qui élit le Président. Nous expliquerons cette «mécanique» dans un prochain Politique 101.
mercredi 14 juillet 2010
La rigidité de Stephen Harper (4)
Hélène Buzzetti du journal Le Devoir est une des journalistes qui fait ressortir le plus clairement la rigidité du gouvernement Harper. J'ai discuté ici, ici et là de ce radicalisme des objectifs (loi et ordre, droit à l'avortement, «évangélisme politique» et vision doctrinaire des problèmes politiques) et des moyens (façon de gouverner, rapports avec les autres sphères du pouvoir et avec la société civile, etc.) au sein du Parti conservateur de M. Harper.
Si vous lisez l'article de Buzzetti de ce matin, vous constaterez que le projet du gouvernement Harper de mettre fin au caractère obligatoire du recensement engendre une protestation multiforme : les organismes de charité, les groupes communautaires, les centres de recherche universitaires, le milieu de la finance, le Vérificateur-Général, le Commissaire aux langues officielles, etc. Tous s'inquiètent de la valeur future des statistiques du recensement si celui-ci n'est rempli que par des volontaires... L'échantillon à l'étude ne serait alors plus représentatif... Et d'entendre le ministre Baird dire que son gouvernement mettra en circulation davantage de questionnaires longs pour pallier à la disparition du caractère obligatoire... Un p'tit cours de Méthodologie peut-être ?
En fait, il semble que ce projet participe de la volonté et de l'inclination naturelle du gouvernement Harper à camouffler ou rendre opaque l'information au public. Comment justifier davantage d'intervention de l'État dans le champ social et économique si nous n'avons pas accès aux principaux indicateurs de développement de notre société ?
Le gouvernement Harper est inquiétant ! Et le paysage politique canadien le devient tout autant, puisque l'opposition étant fortement éclatée, elle laisse de la place à ce courant idéologique radical du Canada pour s'installer au pouvoir, avec tout ce que ça comporte comme métastase sur notre démocratie, nos droits et libertés (avez-vous entendu parlé du G-20 ?) et notre droit à l'information...

En fait, il semble que ce projet participe de la volonté et de l'inclination naturelle du gouvernement Harper à camouffler ou rendre opaque l'information au public. Comment justifier davantage d'intervention de l'État dans le champ social et économique si nous n'avons pas accès aux principaux indicateurs de développement de notre société ?
Le gouvernement Harper est inquiétant ! Et le paysage politique canadien le devient tout autant, puisque l'opposition étant fortement éclatée, elle laisse de la place à ce courant idéologique radical du Canada pour s'installer au pouvoir, avec tout ce que ça comporte comme métastase sur notre démocratie, nos droits et libertés (avez-vous entendu parlé du G-20 ?) et notre droit à l'information...
mardi 29 juin 2010
Le port d'arme ? Infrangible !
La Cour Suprême des USA vient de confirmer que le 2e amendement à la constitution est infrangible. Cinq juges sur neuf ont confirmé l'interdiction d'interdire le port d'arme sur la base de cette formulation datant de 1791 et faisant partie du Bill of rights américain : «Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de posséder une arme ne sera pas transgressé».
On comprend assez vite combien le processus de nomination des juges aux USA est politisé et marquant pour la suite des choses puisque les juges qui ont fait basculer la décision ont tous été nommés par des Présidents républicains (Bush père et fils). Certaines interdictions au port d'arme pourront être maintenues en fonction des «problèmes sociaux» ou des «besoins et des valeurs locales», mais il reste qu'il sera dorénavant difficile (voire impossible pour le palier fédéral), d'établir des lois cherchant à limiter ou encadrer le port d'arme aux USA.
Si vous suivez quelque peu ce débat depuis l'ère Clinton (et les massacres dans les écoles qui sont survenus durant cette période), vous remarquerez que la tendance du législateur allait dans le sens d'un encadrement de ce «droit». Le pouvoir judiciaire vient de mettre un frein durable à cette tendance... Il semble que la culture politique américaine conçoive encore que le port d'arme est une garantie à l'indépendance individuelle ainsi qu'une façon de se prémunir contre la tyrannie du pouvoir politique...
Vu d'ici, on peut trouver complètement débile une telle conception, mais il y a une interprétation historique qui peut nuancer en quelque sorte cette folie du culte des armes aux USA... Le 2e amendement remonte aux origines mêmes du pays, avant la conquête vers l'Ouest. Or, à l'époque, on dit aux colons : «Go West», mais on est conscient que - comme dans Lucky Luke - la cavalerie arrive toujours en retard et n'est donc pas en mesure de garantir la sécurité et la propriété aux colons qui viennent acquérir des «terres nouvelles». On ne peut les protéger efficacement contre Jesse James, Billy the Kid ou contre les Sioux et les Mandanes... On leur permet donc de s'organiser en milices et de protéger leurs proches et leurs biens par le port d'arme, moyen par lequel la liberté individuelle et les rêves du Nouveau Monde deviennent possibles...
Bien sûr, maintenant en 2010, cette réalité m'apparaît farfelue et inquiétante, mais elle trouve une part de son explication dans les mythes qui ont construit ce pays...
On comprend assez vite combien le processus de nomination des juges aux USA est politisé et marquant pour la suite des choses puisque les juges qui ont fait basculer la décision ont tous été nommés par des Présidents républicains (Bush père et fils). Certaines interdictions au port d'arme pourront être maintenues en fonction des «problèmes sociaux» ou des «besoins et des valeurs locales», mais il reste qu'il sera dorénavant difficile (voire impossible pour le palier fédéral), d'établir des lois cherchant à limiter ou encadrer le port d'arme aux USA.
Si vous suivez quelque peu ce débat depuis l'ère Clinton (et les massacres dans les écoles qui sont survenus durant cette période), vous remarquerez que la tendance du législateur allait dans le sens d'un encadrement de ce «droit». Le pouvoir judiciaire vient de mettre un frein durable à cette tendance... Il semble que la culture politique américaine conçoive encore que le port d'arme est une garantie à l'indépendance individuelle ainsi qu'une façon de se prémunir contre la tyrannie du pouvoir politique...
Vu d'ici, on peut trouver complètement débile une telle conception, mais il y a une interprétation historique qui peut nuancer en quelque sorte cette folie du culte des armes aux USA... Le 2e amendement remonte aux origines mêmes du pays, avant la conquête vers l'Ouest. Or, à l'époque, on dit aux colons : «Go West», mais on est conscient que - comme dans Lucky Luke - la cavalerie arrive toujours en retard et n'est donc pas en mesure de garantir la sécurité et la propriété aux colons qui viennent acquérir des «terres nouvelles». On ne peut les protéger efficacement contre Jesse James, Billy the Kid ou contre les Sioux et les Mandanes... On leur permet donc de s'organiser en milices et de protéger leurs proches et leurs biens par le port d'arme, moyen par lequel la liberté individuelle et les rêves du Nouveau Monde deviennent possibles...
Bien sûr, maintenant en 2010, cette réalité m'apparaît farfelue et inquiétante, mais elle trouve une part de son explication dans les mythes qui ont construit ce pays...
mardi 1 juin 2010
politique 101 - le régime présidentiel des USA
Nous poursuivons notre série politique 101 en abordant le régime présidentiel des USA. Ce régime est né de la révolution de 1776, mais la constitution actuelle des États-Unis date en fait de 1787 (de 1776 à 1787 les USA sont une Confédération, donc une union d'États indépendants). La constitution a été modifiée 27 fois, incluant les 10 premiers amendements, adoptés ensemble de 1789 à 1791.
Le régime américain repose donc sur une constitution écrite, contrairement aux régimes de type britannique qui eux, fonctionnent sur la base de règles non-écrites que l'on a identifiées comme des conventions constitutionnelles... La constitution des USA précise les rôles et pouvoirs du Président (pouvoir exécutif); du Congrès (pouvoir législatif composé de 2 chambres); et des tribunaux (pouvoir judiciaire).
On peut synthétiser la constitution des USA sous 4 axes directeurs:
Chez nous, on le sait, l'exigence de responsabilité ministérielle a engendré une pratique courante que l'on appelle la solidarité ministérielle et qui a fait émerger son corrolaire, la discipline de parti... Une telle discipline n'existe pas aux USA, bien que les affiliations partisanes indiquent fréquemment la couleur du vote qui sera pris. De plus, les élections primaires servent à «punir» les élus qui ne plaisent pas à leur base...
Le régime présidentiel des USA (source)
Résumé : le régime présidentiel des USA a le peuple comme principale source d'autorité :
C'est en comparant la dynamique du régime états-unien que l'on comprend peut-être toute l'ampleur du pouvoir que détient le 1er ministre dans le régime parlementaire de type britannique, particulièrement lorsque son gouvernement détient une majorité de député en chambre ! Il est en effet beaucoup plus difficile pour le Président des USA de réaliser ses projets que pour un 1er ministre majoritaire dans le régime parlementaire !
Ce sera l'objet d'un prochain politique 101...
Le régime américain repose donc sur une constitution écrite, contrairement aux régimes de type britannique qui eux, fonctionnent sur la base de règles non-écrites que l'on a identifiées comme des conventions constitutionnelles... La constitution des USA précise les rôles et pouvoirs du Président (pouvoir exécutif); du Congrès (pouvoir législatif composé de 2 chambres); et des tribunaux (pouvoir judiciaire).
On peut synthétiser la constitution des USA sous 4 axes directeurs:
- Le pays est fondé sur la protection des droits individuels. Le bill of rights (les 10 premiers amendements) proclame entre autres la liberté de conscience, le droit au port d'arme, la liberté d'expression et d'association, le droit à un procès juste et équitable, etc.
- Le pays se veut démocratique : l'idéal républicain exige que toute autorité politique au pays soit issue du peuple.
- Le pays est de forme fédérale : ceci implique le principe de l'autonomie des États fédérés (c'est ce principe qui fait que la peine de mort existe dans une majorité d'États, mais pas partout, qu'on peut rouler sans casque à moto au New Hampshire - Live free or die - mais pas au Maine, etc.)
- Mais un des principaux objectifs du régime états-unien repose sur l'idéal de Montesquieu (1689-1755) que l'on désigne comme le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire : aucun pouvoir ne doit dominer. Chacun doit pouvoir faire contrepoids à l'autre. Les Américains appellent ça Checks and balance. C'est entre autres pour cette raison que les élections aux États-Unis ont lieu séparément entre l'exécutif et le législatif:
- Le Président est élu pour des mandats de 4 ans, à date fixe; renouvelable une seule fois;
- Les 435 membres de la Chambre des Représentants sont élus aux 2 ans (!): le jour de l'élection présidentielle et à mi-mandat ils se présentent devant l'électorat;
- Les 100 Sénateurs (2 par États) sont élus aux 6 ans; le tiers du Sénat se renouvelle aux 2 ans.
- Le Président choisit ses ministres (Secrétaires) parmi toute la société et non seulement parmi les élus du Congrès. Une fois nommé Secrétaire, on ne peut siéger au Congrès amércain (Ch. des Représentants ou Sénat);
- Toutes les nominations présidentielles (ambassadeurs, secrétaires, juges, haut-dirigeant d'une agence de l'État, etc.) doivent êtres approuvées par une majorité de Sénateurs (une des 2 chambres du Congrès - pouvoir législatif)
- Il n'y a pas de lignes de parti strictes au Congrès des USA. Le vote est libre. Il arrive régulièrement qu'un Représentant ou un Sénateur démocrate s'oppose à un projet de loi supporté par un Président démocrate ou qu'un congressman républicain approuve ce même projet...
Chez nous, on le sait, l'exigence de responsabilité ministérielle a engendré une pratique courante que l'on appelle la solidarité ministérielle et qui a fait émerger son corrolaire, la discipline de parti... Une telle discipline n'existe pas aux USA, bien que les affiliations partisanes indiquent fréquemment la couleur du vote qui sera pris. De plus, les élections primaires servent à «punir» les élus qui ne plaisent pas à leur base...
Le régime présidentiel des USA (source)
Résumé : le régime présidentiel des USA a le peuple comme principale source d'autorité :
- le Président est élu aux 4ans selon une mécanique que l'on expliquera plus tard;
- les Représentants dont le nombre est proportionnel à la population de chaque État, sont élus aux 2 ans;
- les Sénateurs sont élus aux 6 ans, mais le tiers du Sénat se renouvelle aux 2 ans...
- Dans chaque État de la fédération, il y a un Gouverneur élu pour 4 ans, des Représentants (pour 2 ans) et des Sénateurs (6 ans) qui siègent à la capitale de l'État.
C'est en comparant la dynamique du régime états-unien que l'on comprend peut-être toute l'ampleur du pouvoir que détient le 1er ministre dans le régime parlementaire de type britannique, particulièrement lorsque son gouvernement détient une majorité de député en chambre ! Il est en effet beaucoup plus difficile pour le Président des USA de réaliser ses projets que pour un 1er ministre majoritaire dans le régime parlementaire !
Ce sera l'objet d'un prochain politique 101...
samedi 29 mai 2010
Harper vu par Courtemanche.
L'écrivain Gil Courtemanche vient de publier cette critique acerbe mais systématiquement vraie de Stephen Harper et de sa gouverne : une excellente synthèse des agissements de l'homme face aux principes du parlementarisme et à ceux de la démocratie en général.
mardi 25 mai 2010
politique 101 - le discours du Trône.
Le discours du Trône est un autre moment fort du parlementarisme : il est lu par la Reine (ou le G-G au Canada), mais rédigé par le gouvernement et il annonce les principales orientations de la session parlementaire qui s'ouvre. Ce discours engage la responsabilité ministérielle, c-à-d qu'il doit recueillir l'appui d'une majorite de députés, sans quoi le gouvernement tombe.
Voir le diaporama suivant pour comprendre tout le cérémonial qu'il y a en Grande-Bretagne autour du Discours du Trône et de la supposée séparation des pouvoirs entre l'Exécutif (ici le Monarque) et le législatif (le Parlement).
Voir le diaporama suivant pour comprendre tout le cérémonial qu'il y a en Grande-Bretagne autour du Discours du Trône et de la supposée séparation des pouvoirs entre l'Exécutif (ici le Monarque) et le législatif (le Parlement).
jeudi 20 mai 2010
politique 101 - la responsabilité ministérielle.
Suite du cours politique 101
Responsabilité ministérielle ou principe du gouvernement responsable :
Principe au coeur du fonctionnement du système parlementaire, la responsabilité ministérielle (ou le principe du gouvernement responsable qui l'englobe) repose sur le fait que le 1er ministre et ses ministres peuvent gouverner tant qu'ils bénéficient de la confiance (de l'appui) d'une majorité de députés au Parlement.
Ex: à Ottawa, c'est la Chambre des communes qui peut faire tomber le gouvernement; à Québec il n'y a qu'une chambre à l'Assemblée nationale et le gouvernement doit avoir l'appui d'une majorité de députés pour pouvoir gouverner jusqu'à l'échéance électorale.
Les implications de ce principe sont débattues parmi les politologues et les experts en droit constitutionnel, puisque ce principe repose en grande partie sur des conventions constitutionnelles, c-à-d des règles non-écrites mais respectées depuis des temps immémoriaux. Les conventions qui nous régissent reposent aussi sur la pratique et les expériences antérieures. À ce sujet, les principes de Lascelles (Private secretary du Roi George VI), rédigés sous un pseudonyme dans le Times de Londres en 1950, servent encore aujourd'hui à définir les paramètres de la responsabilité ministérielle. Le Monarque doit prendre en compte les conditions suivantes avant d'accepter ou de refuser au 1er ministre la «dissolution (déclenchement des élections) ou la prorogation (suspension des travaux) du Parlement»:
• La composition du Parlement faisait en sorte qu'il était viable et que ses travaux pouvaient continuer;
• Le déclenchement d'une élection générale serait nuisible à l'économie nationale;
• Un autre 1er ministre pourrait réussir à former une majorité parlementaire stable pour une période de temps jugée raisonnable;
2008 : projet de coalition gouvernementale PLC-NPD appuyé par le Bloc.
À la lumière de ces principes, je me suis grandement inquiété de la crise de l'automne 2008 au Canada parce que Michaëlle Jean a selon moi mal compris LE principe qui nous régit.
Peter Milliken, le président de la Chambre des Communes, a beaucoup mieux saisi l'essence du parlementarisme lorsqu'il a réaffirmé la souveraineté du Parlement en mai 2010, dans le dossier des détenus afghans torturés..
Responsabilité ministérielle ou principe du gouvernement responsable :
Principe au coeur du fonctionnement du système parlementaire, la responsabilité ministérielle (ou le principe du gouvernement responsable qui l'englobe) repose sur le fait que le 1er ministre et ses ministres peuvent gouverner tant qu'ils bénéficient de la confiance (de l'appui) d'une majorité de députés au Parlement.
Ex: à Ottawa, c'est la Chambre des communes qui peut faire tomber le gouvernement; à Québec il n'y a qu'une chambre à l'Assemblée nationale et le gouvernement doit avoir l'appui d'une majorité de députés pour pouvoir gouverner jusqu'à l'échéance électorale.
Les implications de ce principe sont débattues parmi les politologues et les experts en droit constitutionnel, puisque ce principe repose en grande partie sur des conventions constitutionnelles, c-à-d des règles non-écrites mais respectées depuis des temps immémoriaux. Les conventions qui nous régissent reposent aussi sur la pratique et les expériences antérieures. À ce sujet, les principes de Lascelles (Private secretary du Roi George VI), rédigés sous un pseudonyme dans le Times de Londres en 1950, servent encore aujourd'hui à définir les paramètres de la responsabilité ministérielle. Le Monarque doit prendre en compte les conditions suivantes avant d'accepter ou de refuser au 1er ministre la «dissolution (déclenchement des élections) ou la prorogation (suspension des travaux) du Parlement»:
• La composition du Parlement faisait en sorte qu'il était viable et que ses travaux pouvaient continuer;
• Le déclenchement d'une élection générale serait nuisible à l'économie nationale;
• Un autre 1er ministre pourrait réussir à former une majorité parlementaire stable pour une période de temps jugée raisonnable;
2008 : projet de coalition gouvernementale PLC-NPD appuyé par le Bloc.
À la lumière de ces principes, je me suis grandement inquiété de la crise de l'automne 2008 au Canada parce que Michaëlle Jean a selon moi mal compris LE principe qui nous régit.
Peter Milliken, le président de la Chambre des Communes, a beaucoup mieux saisi l'essence du parlementarisme lorsqu'il a réaffirmé la souveraineté du Parlement en mai 2010, dans le dossier des détenus afghans torturés..
politique 101 - les régimes parlementaires.
Nous avons vu ce qu'est un régime politique. Définissons maintenant les régimes parlementaires : ces régimes sont plus ou moins inspirés du modèle britannique et ils fonctionnent tous avec une certaine «collaboration des pouvoirs» exécutifs et législatifs.
Ceci veut dire que la population élit ses réprésentants - députés - au parlement (pouvoir législatif) et que la composition du gouvernement (exécutif) sera déterminée en fonction du résultat des élections législatives. Le principe-guide de tout régime parlementaire repose sur le fait que le gouvernement doit bénéficier de la confiance (de l'appui) d'une majorité de députés pour pouvoir gouverner.
Le débat sur les langues - Charles Huot (peintre - 1913).
Nous venons de décrire le principe du gouvernement responsable. En Grande-Bretagne, au Canada, au Québec, en Nouvelle-Zélande, en Australie, le régime parlementaire est «arbitré» par un Monarque ou par son représentant. Le rôle du Monarque (ou du Gouverneur-général pour le Canada ou encore du Lieutenant-gouverneur pour une province comme le Québec) est généralement symbolique, mais il peut, en cas de crise ou d'impasse politique, devenir le véritable arbitre du système et contribuer à déterminer qui formera le gouvernement.
Parenthèse : (Nous l'avons vu en 2008 lorsque le gouvernement Harper était sur le point de tomber et qu'une coalition composée des Libéraux et du NPD appuyée par le Bloc cherchait à le remplacer... Pour la petite histoire, cliquez ici).
Dans un régime parlementaire, le gouvernement est donc issu du parlement et il détient soit la majorité, soit il est capable de recueillir l'appui d'une majorité de députés sur les «questions de confiance». Ex: le budget doit absolument recevoir l'appui d'une majorité de députés puisqu'il comprend l'ensemble des ressources financières allouées aux différents ministères sur l'année : si une majorité d'élus du peuple refuse le budget, ce sont les principales orientations du gouvernement qui sont rejetées. Cela entraîne la démission du gouvernement puisque ses grandes orientations sont rejetées par une majorité d'élus du peuple...
Les différents régimes parlementaires de par le monde ont établis par la pratique et leurs règles constitutionnelles respectives quelles sont les questions qui doivent absolument bénéficier de la confiance du parlement. Et dans presque tous les régimes parlementaires, il suffit qu'une motion de non-confiance soit adoptée à majorité pour que le gouvernement doive démissionner et déclencher les élections ou encore céder le pouvoir à une nouvelle opposition, capable de recueillir l'appui d'une majorité de députés du parlement.
On comprend donc ici que tous les régimes parlementaires ont besoin d'un arbitre des institutions. Ce sera le Chef d'État : en Monarchie comme en Grande-Bretagne, au Canada ou en Belgique, ce sont les Rois ou Reines qui doivent arbitrer et déterminer quel parti ou quelle coalition est la mieux à même de gouverner. Dans les Républiques à régimes parlementaires, ce sont généralement des Présidents élus par les députés du Parlement. C'est le cas en Allemagne et en Israël par exemple.
Résumons : les régimes parlementaires sont basés sur la «suprématie du parlement», c-à-d que le gouvernement émane du parlement et est généralement composé d'un parti (ou d'une coalition de partis) capable de recueillir l'appui d'une majorité en chambre sur les orientations fondamentales du gouvernement (c'est ce qui vient de se passer en Grande-Bretagne). Les gouvernements en régime parlementaire tombent lorsqu'ils perdent l'appui de cette majorité. S'ils parviennent à se maintenir, ils devront «dissoudre le parlement» et déclencher des élections au terme de l'échéance normale, soit 4 ou 5 ans.
Enfin, il est peut-être important de rappeler que la majorité des démocraties dans le monde fonctionne à partir des principes du parlementarisme. Et il y a une multitude d'aménagements possibles à l'intérieur des principes directeurs ci-haut définis... La Suède, la Norvège, la Finlande, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce, l'Inde et Israël sont d'autres exemples de pays fonctionnant sur les bases du parlementarisme.
Ceci veut dire que la population élit ses réprésentants - députés - au parlement (pouvoir législatif) et que la composition du gouvernement (exécutif) sera déterminée en fonction du résultat des élections législatives. Le principe-guide de tout régime parlementaire repose sur le fait que le gouvernement doit bénéficier de la confiance (de l'appui) d'une majorité de députés pour pouvoir gouverner.
Le débat sur les langues - Charles Huot (peintre - 1913).

Parenthèse : (Nous l'avons vu en 2008 lorsque le gouvernement Harper était sur le point de tomber et qu'une coalition composée des Libéraux et du NPD appuyée par le Bloc cherchait à le remplacer... Pour la petite histoire, cliquez ici).
Dans un régime parlementaire, le gouvernement est donc issu du parlement et il détient soit la majorité, soit il est capable de recueillir l'appui d'une majorité de députés sur les «questions de confiance». Ex: le budget doit absolument recevoir l'appui d'une majorité de députés puisqu'il comprend l'ensemble des ressources financières allouées aux différents ministères sur l'année : si une majorité d'élus du peuple refuse le budget, ce sont les principales orientations du gouvernement qui sont rejetées. Cela entraîne la démission du gouvernement puisque ses grandes orientations sont rejetées par une majorité d'élus du peuple...
Les différents régimes parlementaires de par le monde ont établis par la pratique et leurs règles constitutionnelles respectives quelles sont les questions qui doivent absolument bénéficier de la confiance du parlement. Et dans presque tous les régimes parlementaires, il suffit qu'une motion de non-confiance soit adoptée à majorité pour que le gouvernement doive démissionner et déclencher les élections ou encore céder le pouvoir à une nouvelle opposition, capable de recueillir l'appui d'une majorité de députés du parlement.
On comprend donc ici que tous les régimes parlementaires ont besoin d'un arbitre des institutions. Ce sera le Chef d'État : en Monarchie comme en Grande-Bretagne, au Canada ou en Belgique, ce sont les Rois ou Reines qui doivent arbitrer et déterminer quel parti ou quelle coalition est la mieux à même de gouverner. Dans les Républiques à régimes parlementaires, ce sont généralement des Présidents élus par les députés du Parlement. C'est le cas en Allemagne et en Israël par exemple.
Résumons : les régimes parlementaires sont basés sur la «suprématie du parlement», c-à-d que le gouvernement émane du parlement et est généralement composé d'un parti (ou d'une coalition de partis) capable de recueillir l'appui d'une majorité en chambre sur les orientations fondamentales du gouvernement (c'est ce qui vient de se passer en Grande-Bretagne). Les gouvernements en régime parlementaire tombent lorsqu'ils perdent l'appui de cette majorité. S'ils parviennent à se maintenir, ils devront «dissoudre le parlement» et déclencher des élections au terme de l'échéance normale, soit 4 ou 5 ans.
Enfin, il est peut-être important de rappeler que la majorité des démocraties dans le monde fonctionne à partir des principes du parlementarisme. Et il y a une multitude d'aménagements possibles à l'intérieur des principes directeurs ci-haut définis... La Suède, la Norvège, la Finlande, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce, l'Inde et Israël sont d'autres exemples de pays fonctionnant sur les bases du parlementarisme.
lundi 17 mai 2010
politique 101 - les régimes politiques (1)
Comme me l'a demandé mon ami Alain, j'inaugure ici une série de chroniques (politique 101) qui introduisent aux notions fondamentales de la science politique.
Alors que ce sont les rapports entretenus entre l'Autorité politique et la société civile qui distinguent les régimes autoritaires (ou pire, totalitaires) des régimes démocratiques.
La déclaration d'indépendance des USA
Cette notion comprend les règles fondamentales du système, ce qu'on appelle aussi les règles constitutionnelles. Comprendre notre régime politique nous permet de répondre à ces questions : Comment se prennent les décisions avant qu'elles n'aient force de loi ? Comment se font élire nos représentants ? Quelles sont les règles qui président à l'organisation des différents pouvoirs de l'État :
- Le pouvoir exécutif (les gouvernements) qui a pour tâche de déterminer les grandes orientations de l'État (on fait la paix ou la guerre ? on baisse ou on augmente les taxes et les impôts ? on reconstruit l'échangeur Turcot ou on privilégie une solution axée sur les transports en commun ? etc.)
- Le pouvoir législatif qui a pour principale fonction de légiférer, c-à-d d'adopter, de refuser ou de modifier les orientations proposées par l'exécutif. Le législatif (les parlements) a aussi pour tâche d'exercer le contrôle et la surveillance de l'activité gouvernementale (si vous avez déjà regardé la période de question à Québec ou Ottawa, c'est à ça que ça sert : exercer un contrôle sur l'activité gouvernementale...)
- Le pouvoir judiciaire qui a généralement pour tâche de veiller au respect des lois et de sanctionner ceux qui l'enfreignent. Les tribunaux ont aussi pour tâche d'interpréter nos règles constitutionnelles, qui sont en fait le fondement même de notre régime politique.
Alors que ce sont les rapports entretenus entre l'Autorité politique et la société civile qui distinguent les régimes autoritaires (ou pire, totalitaires) des régimes démocratiques.
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