Les derniers contingents de soldats américains se retirent d'Irak ces jours-ci, conformément à la promesse de Barack Obama. Malheureusement, on ne peut pas dire que le pays se porte vraiment mieux que sous Saddam Hussein puisque la violence intercommunautaire a repris et que le désordre et les insuffisances en matière d'électricité et d'apprivisionnement en eau demeurent problématiques. Cette quasi-nostalgie de l'époque de Saddam est normale, quand on pense que l'Irakien moyen a maintenant peur d'aller s'acheter un pain...
Il faut sans doute revenir en arrière quelque peu pour comprendre tout le fiasco légué par George W. Bush dans cette région du monde déjà fortement éprouvée.
Aux lendemains du 11 septembre 2001, les USA ont obtenu l'aval des Nations Unies et de la communauté internationale pour renverser le régime des Talibans en Afghanistan qui hébergeait Al-Qaïda, mais le Président et ses conseillers néo-conservateurs ont préféré profité du traumatisme du 11 septembre pour envahir l'Irak, qui n'avait rien à voir avec l'attaque contre les World Trade Center et le Pentagone... Cette dispersion des ressources humaines, financières et militaires au profit de l'Irak a mené à la catastrophe que l'on connaît aujourd'hui:
- Les troupes de l'Otan s'enlisent en Afghanistan, faute d'avoir mis les ressources nécessaires pour la stabilisation et la reconstruction du pays;
- L'occupation irakienne s'est transformée en guerre larvée puis en chaos où la violence inter-communautaire a pris le dessus, à la suite de décisions toutes aussi néfastes les unes que les autres:
- L'administration Bush a d'abord décidé de purger l'État irakien de tout l'appareil administratif du parti Baas, le parti au pouvoir sous Saddam. Quand on sait que pour exercer la plupart des métiers et participer à la fonction publique sous Saddam, il fallait être membre du Baas, on comprend l'illogisme d'une telle décision... L'occupant américain s'est alors privé de toute une expertise, tant au sein de l'armée que de l'administration publique, sous le seul prétexte que ces gens étaient des partisans de Saddam Hussein... On peut toutefois penser que la grande majorité étaient membres du Baas pour survivre dans ce régime de fer.
- Mais cette mise à l'écart de toute une couche de la société irakienne s'explique peut-être par un autre motif que la simple ignorance du terrain irakien ou encore d'une lecture trop idéologique de la conjoncture... En effet, l'occupation américaine s'est aussi opérée avec l'aide de plusieurs compagnies privées (plusieurs faisant partie de consortiums dirigés par des «amis» du régime) qui avaient des ambitions économiques précises : s'emparer des puits de pétrole, relancer au plus vite la production de l'or noir pour financer cette guerre... Et en plus, plusieurs compagnies de sécurité privées ont commis de graves erreurs tant dans l'élaboration des priorités sur le terrain que dans le domaine du droit de la guerre...
Pendant ce temps, l'Iran, l'éternel rival, semble tirer profit de la faiblesse irakienne en tirant les ficelles de courants islamistes chiites qui gagnent en crédibilité parce qu'ils se présentent comme «indépendants» de l'occupant américain...
Sommes-nous en mesure de comprendre tout l'héritage de George W. Bush ?
On comprend de mieux en mieux l'héritage de George W. Bush, mais nous n'avons pas fini d'en voir les conséquences... Les tuiles vont continuer de tomber... Quel manque de professionnalisme! Je me demande qu'elle serait notre opinion sur la guerre en Afghanistan si celle-ci avait eu toute l'attention et les ressources qu'une guerre sérieuse mérite...
RépondreSupprimerNéanmoins, très bon résumé cher voisin... je n'aurais pu mieux faire!
Olivier
D'abord, très bon article, cher Voisin.
RépondreSupprimerQuand on pense que tout ça se passe sur fond de crise politique majeure qui dure depuis mars et que le pays n'a pas de gouvernement légitime! J'espère qu'Allawi et Maliki en viendront bientôt à une entente de partage du pouvoir, sans quoi les intérêts saoudiens et iraniens de la région risquent de s'affronter de plus en plus directement. La dernière chose dont l'Irak ait besoin est d'un gouvernement faible.
Quant à W, je crois qu'il n'a jamais compris dans quel bourbier il se lançait. Il a vraiment valsé d'erreur en erreur, détruisant peu à peu les chances de créer une véritable nation démocratique de ce pays créé de toute pièce pour servir les intérêts de Sa Majesté.
Philippe
Excellentes discussions. Merci de le partager.
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