dimanche 30 octobre 2011

Michael Jerome Brown: Montréal delta blues.

J'ai assisté hier au spectacle de Michael Jerome Brown à l'Astral. Le gars est un anglo de Montréal qui côtoie la scène blues depuis plusieurs années (il a joué avec Stephen Barry). Le son est parfait dans cette salle. Les «picking» de Jerome Brown étaient clairs, le son des instruments (banjo rudimentaire, guitares de toutes sortes, harmonica, bottle-neck pour jouer de la slide, planche à laver et drum) impeccables.

Son blues est celui du delta du Mississippi. Simple, racontant les déboires de la vie et la mort.

J'ai déjà fait le long trajet du blues en train, de Chicago à New-Orleans. On y voit la fracture géographique et culturelle entre le nord et le sud des USA, tout en comprenant le lien qui cimente ce pays des extrêmes... Le blues, bien qu'ayant des origines ouest-africaines (Mali et Sénégal), est une musique proprement nord-américaine. Elle est au fondement du folk, du country (le blues des blancs), du jazz et du rock.

En écoutant Michael Jerome Brown hier, je me suis rappelé mes après-midis en Louisiane à errer dans le french quarter, à écouter les bluesman des bancs de parc et des squares... Le gars nous amène à Montréal, en plein automne frisquet, une draft de chaleur un peu humide, mais ô combien réconfortante.

vendredi 28 octobre 2011

John Mellencamp et l'Amérique profonde.

J'ai assisté au concert de John Mellencamp (il n'est plus «Cougar» depuis la fin des années 1980 !) hier à la Place des arts. 2h30 de musique continue, avec un vieux folkman de l'Indiana, membre du Rock n' Roll Hall of Fame.

La soirée a commencé avec un film sur le dernier album de John, intitulé No better than this et enregistré dans trois endroits mythiques de l'Amérique : une église Baptiste où le mouvement des droits civiques a commencé; le studio d'enregistrement d'Elvis à Memphis et la chambre d'Hôtel où les classiques du blues de Robert Johnson ont été enregistrées, à San Antonio, Texas.

John Mellencamp est considéré comme un rocker, mais c'est un «folker» qui sait rocker : l'accordéon, le violon, la mandoline, le banjo et les guitares acoustiques sont au cœur de ses mélodies, même dans les années 1980, qui étaient pourtant très «synthétisées»... JM vient d'une «small town» et il entretient cet idéal d'une Amérique proche de la terre, de sa famille et des plaisirs simples (et immatériels) partagés.

Réentendre ses chansons hier soir me confirme combien c'est un bon parolier, toujours pertinent et actuel: il dénonce l'effritement de l'American dream pour la classe moyenne, le mépris à l'égard des autres, le développement de banlieues dépersonnalisées et destructeur des «communautés» de l'Amérique profonde. Son discours est à gauche sur le plan social tout en ayant un fort penchant traditionaliste : respect pour la famille, la terre, la simplicité, la générosité, l'amour du prochain. Et malgré cette apparente nostalgie d'une Amérique perdue, on comprend aussi que John porte toujours un rêve : celui de travailler à un monde meilleur : Save some time to dream... Cause the dream could save us all !

Ci-dessous, le vidéo original de Cherry Bomb (1987 !), la dernière toune de la soirée hier... Notez le couple mixte, en pleine ère Reagan... The Lonesome Jubilee est sans doute le meilleur album anti-Reagan - on y dénonce l'impérialisme culturel des USA, les inégalités sociales qui s'accroissent, le racisme, la pollution, l'individualisme à outrance de ces années... (années 1980 vous avez dit ?) C'est plus réussi que Born in the USA de Springsteen... et ça vieillit mieux !

dimanche 23 octobre 2011

Le Québec est-il égalitaire?

J'attire votre attention sur un ouvrage dirigé par Miriam Fahmy et publié par L'INM: L'état du Québec 2011.

À sa lecture, on y comprend que malgré le projet inégalitaire que j'ai condamné à plusieurs reprises dans ce blogue, le Québec constitue une sorte de «village gaulois» de l'égalité en Amérique et même en Occident parce que plusieurs de ses politiques (progressivité relative des impôts et politiques sociales redistributives) diminuent de façon assez efficace (lorsque l'on se compare...) la grande pauvreté.

Ceci n'empêche pas de condamner le fait que la classe moyenne s'érode et que les plus riches d'entre les riches s'enrichissent... Ceci ne nous empêche pas de relever le fait que depuis les années 1980, le nombre de paliers d'imposition a chuté de 13 (!) au Québec, passant de 16 à 3. Pendant ce temps, les taxes et tarifs, qui affectent davantage les ménages à faibles revenus, ont augmenté. Et cette tendance s'accélère sous les libéraux de Jean Charest (frais de scolarité, taxe-santé uniforme, taxes de vente, etc.).

Le dossier monté par l'état du Québec 2011 ne fait que démontrer que nous réussissons mieux qu'ailleurs à freiner la croissance des inégalités...

Mais un type d'inégalité est peu abordé dans ce dossier par ailleurs fort intéressant. Il s'agit des inégalités intergénérationnelles. Pour plusieurs raisons, les prochaines générations vont clairement subir une dégradation de leurs conditions de vie par rapport aux générations précédentes. On dit même que le XXIe siècle serait le premier siècle de l'ère moderne où les conditions de vie des générations montantes seront moins bonnes que celles des générations qui les ont précédé. Comme si on assistait à une panne de l'ascenseur social...

La 1ère de ces raisons s'explique par la crise écologique. Les autres touchent aux changements démographiques et à certaines pratiques qui tardent à répondre aux défis posés par le vieillissement.

1- La crise écologique :
Lorsque l'on parle d'égalité intergénérationnelle, il me semble que la question environnementale surgit normalement. En effet, la notion (galvaudée par le «greenwashing» des conseillers en communication du gouvernement Charest) de développement durable implique «un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs...»

Or, notre actuel mode de développement économique engendre des crises à répétition, augmente les écarts de richesse et détruit notre planète. La gauche doit réarticuler sa vision du monde et tenir compte du fait que la croissance ne peut être sans fin. Il nous faut briser ce mythe de la croissance économique continue. Le monde dans lequel nous vivons est un monde fini. Notre planète n'a pas de capacités infinies. Longtemps, les sociaux-démocrates (et les keynésiens) ont privilégié un mode de développement qui suscitait (en stimulant la demande) la croissance économique pour ensuite mieux répartir la richesse ainsi créée... Nous ne pouvons plus agir dans ce paradigme qui est une fuite en avant.

Que faire ? Il nous faut repenser la croissance : détaxer le travail (diminuer les charges fiscales associées aux heures travaillées) et taxer les ressources naturelles épuisables. Bien sûr, pour limiter l'impact régressif de telles mesures sur les moins nantis, il faudra penser à des exemptions de base : en deçà d'une certaine consommation d'eau et d'électricité, le coût est abordable... Au-dessus de ce niveau de consommation, le tarif double !

Repenser la croissance implique aussi une «définanciarisation» de notre économie. Celle-ci doit se mettre au service de la création d'emploi et non au service d'une spéculation financière qui ne profite qu'à quelques-uns... Par exemple, Pourquoi ne pas proposer une exemption de taxe pour tous les produits «faits au Québec»? Ceci favoriserait directement la création d'emplois chez nous, ce qui diminuerait sans doute la nécessité de programmes de soutien et de subventions complexes aux divers secteurs de notre économie.

Le défi pour la gauche d'aujourd'hui est de penser à des solutions qui luttent pour une plus grande égalité intragénérationnelle (c'est le programme classique de la gauche, qui est toujours pertinent) tout en développant un programme pour l'égalité intergénérationnelle (que lèguerons-nous à nos enfants? Une dette publique astronomique, des fonds de pension insolvables et une planète où l'espace habitable est sans cesse comprimé par une raréfaction de l'eau, de l'air et de la nourriture???) Trop souvent, le discours de la gauche accuse ceux qui sont préoccupés par l'intergénérationnel d'être de droite...

2- Le vieillissement comme opportunité pour corriger les inégalités intergénérationnelles :
Pourtant, si un boomer prend sa retraite à 60 ans aujourd'hui, un problème d'iniquité intergénérationnelle se pose. Cette génération n'a pas suffisamment cotisé à son fonds de retraite par rapport à ce qu'elle en retirera... L'espérance de vie augmente, les coûts du système de santé aussi. Si quelqu'un se retire du marché du travail avant son temps, il me semble que l'on devrait exiger qu'il paye une taxe-santé annuelle pour pallier à l'augmentation des coûts du système et corriger cette inégalité intergénérationnelle... C'est dans cette optique qu'il nous faut repousser l'âge de la retraite. Il nous faut ajuster nos politiques du monde du travail à la réalité du vieillissement. L'espérance de vie s'est allongée, l'âge de la retraite doit bouger en conséquence. Tout cela peut se faire harmonieusement dans une logique de partage et de réduction du temps de travail avec les plus jeunes générations (ça tombe bien, celles-ci veulent davantage s'occuper de leurs jeunes enfants et bénéficier du transfert de connaissance des plus vieux...).

On voit donc que la situation précaire de notre planète, combinée aux impacts du vieillissement, exigent de repenser le combat pour l'égalité en mettant en exergue la question de l'égalité intergénérationnelle. Ceci m'amène à rectifier certaines positions tenues dans ce blogue précédemment.

En replongeant dans mes classiques de la philo politique (J.S. Mill, J. Rawls, R. Dworkin), je me suis dit que mes positions antérieures en ce qui a trait au financement de l'éducation méritaient d'être révisées. Puisque je m'inquiétais de la disparition de la rigueur, de l'assiduité et de l'effort à l'école, j'ai basculé quelques temps en faveur d'une augmentation significative des frais de scolarité, dans la mesure où l'accès à l'éducation supérieure demeurait universel (donc accompagné d'une aide financière aux études dirigée vers les moins nantis)...

Je change aujourd'hui d'idée et fait la promotion d'un panier de service universel et gratuit pour le citoyen, en santé et en éducation. Ceci n'empêcherait pas d'introduire une taxe à l'échec pour ceux qui passent 6 ans au Cégep par exemple ou d'imposer une taxe-santé pour ceux qui prennent leur retraite avant le terme, mais ceci assurerait un accès plus simple et plus direct aux biens de première nécessité ou à ce que l'on appelle quelques fois l'accès aux droits économiques et sociaux.

On voit donc qu'il nous faut dorénavant penser la recherche de l'égalité autant dans l'intra que dans l'intergénérationnel. Le défi consiste aussi à ne pas opposer ces deux nécessités et à trouver la complémentarité de ces objectifs.

Il m'apparaît que pour ce faire, il nous faut davantage soutenir le développement économique de notre province (notre nation!), donc «démondialiser» en quelque sorte, surtout dans le domaine de l'agriculture: une crise alimentaire mondiale est à nos portes, il nous faudra moins dépendre des autres pour nous nourrir !

Un autre exemple de cette convergence entre égalité intragénérationelle et intergénérationnelle touche à nos politiques d'urbanisme. L'étalement urbain coûte cher à notre société sur tous les plans :
- il gruge nos dernières terres agricoles,
- favorise l'augmentation des gaz à effets de serre,
- affaiblit le lien social et éloigne l'individu des différents réseaux et services (pas fort dans un contexte de vieillissement!)
- multiplie la nécessité de construire des infrastructures lourdes et dispendieuses que nous «léguons» aux autres générations et que nous faisons financer par ceux qui n'en profitent pas directement.

Qui en effet défraie les coûts des aqueducs, de l'électricité et des routes que l'on construit pour les nouvelles banlieues? Certainement pas les acheteurs de ces nouvelles maisons ! Il y a là un enjeu qui touche autant l'intra que l'intergénérationnel...

À ce titre, le Québec est loin d'être une société égalitaire et l'équilibre entre l'intra et l'intergénérationnel n'est pas atteint.

vendredi 21 octobre 2011

La citation du mois.

Citation de Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, auteur de «La grande désillusion», pavé fort documenté qui blâme sévèrement le FMI et la Banque mondiale pour leurs actions néfastes à l'égard des pays pauvres... Stiglitz s'adressait alors aux manifestants d'Occupy Wall street:

«The financial markets, which are supposed to allocate capital and manage risks, have instead misallocated capital and created risk. We are bearing the cost of their misdeeds. »

mercredi 19 octobre 2011

L'anarchie, modèle d'organisation !

Le printemps arabe et les divers mouvements de protestation issus de Occupy Wall street sont en train de démontrer que l'anarchie, cette idéologie hostile à toute structure de domination unifiée et à toute hiérarchie dans le commandement, est en train de devenir un modèle d'organisation des nouveaux mouvements sociaux et politiques...

En effet, lorsque le pouvoir a commencé à s'effondrer en Tunisie, en Égypte et en Libye, plusieurs «comités de citoyens» ont pris en charge les lieux délaissés par le pouvoir politique et militaire. En Tunisie et en Égypte, au coeur de la révolte, cela a donné naissance à un début d'organisation très peu hiérarchisé qui avait pour mandat d'assurer la sécurité et de faciliter l'accès aux services rompus par l'effondrement du régime...

En Espagne, le mouvement des «indignés» qui a émergé pour protester contre les coupures dans les programmes sociaux qui répondaient aux pressions des marchés financiers, a adopté une stratégie de délibération qui reprend certains principes d'une anarchie démocratique. Les priorités du mouvement et les stratégies à adopter étaient débattues directement dans la rue et adoptées.

En ce qui concerne Occupy Wall street, il semble que l'origine intellectuelle de ce mouvement revienne à David Graeber, un ethnologue et chargé de cours en anthropologie au Campus Goldsmith de l'University of London... M. Graeber aurait pris connaissance des méthodes de délibération et de décision collective de la communauté de Betafo à Madagascar (!) pour définir le mode de fonctionnement du mouvement de protestation dont il est un des premiers initiateurs.

Chose intéressante, M. Graeber a décidé d'exercer un pas de recul lorsque le mouvement a pris de l'ampleur, car il a eu peur de devenir une sorte de gourou ou de leader naturel du mouvement, ce qui est contraire à ses convictions anarchistes. L'idée est de favoriser un processus décisionnel qui recherche le consensus par une délibération collective menée directement sur les lieux de protestation. Son approche de «l'action directe» semble faire école au sein des nouveaux mouvements de protestation.

Voici ce que David Graeber dit à propos des fondements idéologiques d'Occupy Wall street : «One of the things that revolutionaries have learned over the course of the 20th century is that the idea of the ends justifying the means is deeply problematic. You can't create a just society through violence, or freedom through a tight revolutionary cadre. You can't establish a big state and hope it will go away. The means and ends have to be the same

La fin ne justifie pas les moyens... Les moyens et les objectifs doivent se rejoindre... Machiavel ne serait pas d'accord. Mais lorsque 2000 personnes se réunissent dans un parc pour protester et qu'il faut décider de la stratégie commune à adopter, il s'agit de le faire par la démocratie directe, selon Graeber. «This occupation is first about participation»...

Nous assisterions donc à l'émergence de nouveaux mouvements sociaux fondés intellectuellement (mais surtout spontanément) sur les principes de l'anarchisme...

Selon moi, ceci durera dans la mesure où le nombre de protestataires demeure modeste. Car tout groupe qui veut fonder son organisation et son fonctionnment sur des préceptes anarchistes risque tôt ou tard d'être récupéré par des groupes plus organisés détenant plus de ressources... Bref, l'anarchie peut fonctionner à petite échelle et dans une communauté tissée serrée, capable de s'affranchir de l'influence ou de l'ingérence extérieure...

Qu'arrivera-t-il des mouvements comme Occupy Wall street ? Réussiront-ils à maintenir leur structure de démocratie directe ? Chose certaine, on peut dire que les mouvements sociaux du XXIe siècle viennent de prendre forme, et qu'ils adoptent les formes de l'anarchie !

P.S. Le skateboarder en moi rigole... Le symbole de l'anarchie - un A entouré d'un O - est au coeur de la culture du skate !

lundi 17 octobre 2011

Bernie Sanders, the guy from Vermont.

Si vous lisez mon papier précédent, et que vous écoutez ensuite ce Sénateur du Vermont - Bernie Sanders, un des derniers libre-penseurs du pouvoir législatif américain, qui se définit comme socialiste mais qui est enregistré comme «indépendant» aux USA (le socialisme est un crime d'État...) - vous comprendrez ce que je cherchais à dire lorsque je parlais du projet inégalitaire que nous devons combattre. Bernie Sanders, avec sa condamnation de la «guerre contre la classe moyenne», fait penser au Sénateur Robert Byrd, qui était en 2003-04 un des seuls au sein de l'enceinte du Sénat, à condamner la guerre en Irak...

Les vrais héros ne sont pas toujours les plus visibles... Mais ceux qui passent à l'histoire triomphent dans l'adversité ! Sur la guerre d'Irak, l'histoire a donné raison à Robert Byrd... Espérons que Sanders aussi puisse faire triompher son point de vue minoritaire!

Bien sûr, la réalité des USA n'est pas la nôtre, mais lorsque les USA éternuent, nous attrapons le rhume...

Nous sommes les 99%.


La caricature de Garnotte dans Le Devoir d'aujourd'hui rend bien compte du discrédit et de la crise de confiance qui affecte nos élites politiques, économiques et financières depuis quelques temps. Et c'est le mouvement «Occupy Wall street» qui semble avoir canalisé cette saine colère qui devrait tous nous habiter.

En effet, les grands spéculateurs du milieu financier ont pris d'énormes risques sous la bienveillance irresponsable de firmes de cotation de crédits et de banques qui créaient ou donnaient de la valeur à des produits financiers qui n'en avaient pas... Or, ce sont les fonds de pension des travailleurs qui ont fondu pendant que les bonzes de la finance se faisaient littéralement sauver par les États... Et ces mêmes États doivent aujourd'hui couper dans leurs programmes sociaux parce qu'ils sont attaqués par les marchés financiers qui doutent de la solvabilité de leurs finances publiques...

Le cercle vicieux et absurde de ce capitalisme du XXIe siècle qui socialise les pertes et privatise les profits est mis à jour par le slogan «Nous sommes le 99%» des indignés de Wall street... En effet, la grande majorité des ménages a vu sa situation matérielle se détériorer au cours des denières décennies (ceux qui ne l'ont pas vu se sont clairement endettés, souvent au-delà de leur capacité de rembourser...) pendant qu'une infime minorité s'enrichissait grassement, avec la complicité coupable de nos dirigeants politiques.

Bien sûr, la situation est moins dramatique au Québec qu'aux USA puisque nos écarts de richesse sont moins extravagants et nos politiques sociales plus généreuses, mais il reste que le nombre de paliers d'imposition a chuté de façon importante depuis les anéées 1980, passant de 16 à 3 au provincial... pendant que les taxes de vente augmentaient. On a donc vu se développer partout en occident, même chez nous, un projet inégalitaire qu'il nous faut aujourd'hui combattre!

Mais quand même le ministre fédéral des finances - Jim Falherty, un conservateur dur - affirme qu'il comprend l'insatisfaction des gens, disons que la légitimité de cette colère devient difficile à contester. Mais où tout cela mènera-t-il? Les revendications des «indignés» qui manifestent un peu partout vont dans toutes les directions! Qui peut saisir la balle au bond et faire émerger des pistes concrètes de solution pour résorber la cupidité et la fuite en avant de notre système économique?

Obama a perdu une occasion en or de réformer le monde de la finance après la crise de 2008. Sa réformette ne risque de déboucher que sur un peu plus de prudence de la part des acteurs du milieu financier puisque l'État ne se pose dorénavant plus en baîlleur de fonds automatique des entreprises... Mais il a renoncé à imposer des plafonds de rémunération ou encore à taxer les transactions financières ou même à accroître la transparence des produits financiers. Est-il trop tard? Sûrement pas, mais son capital politique est entaché et le timing est moins bon pour frapper un grand coup.

Chose certaine, le risque est grand que ces belles manifestations s'estompent avec la venue des temps froids. Et la frénésie de Noël, qui va avec la consommation excessive de notre mode de vie, vont finir par nous relancer dans cette fausse sécurité de la «reprise économique» assurée par les dépenses des ménages...

Nous reviendrons un autre jour sur la nécessité de repenser la croissance... D'ici là, souhaitons que la sympathie à l'égard des manifestants débouche sur un renforcement des réseaux sociaux et militants et contribue à faire émerger des propositions concrètes pour humaniser notre société en dérive.

dimanche 16 octobre 2011

Guy Delisle à Jérusalem.


Suivez ce lien pour entrer en contact avec le bédéiste Guy Delisle, qui voyage de par le monde et témoigne avec intelligence de son passage parmi les hommes.

vendredi 14 octobre 2011

Let's go Tom !


Ça y est. Thomas Mulcair se lance dans la course à la succession de Jack Layton.

Le parcours de Mulcair est intéressant. On peut clairement dire que l'homme s'est bonifié avec le temps. Ex-avocat pour Alliance Québec, le défunt lobby des bulldogs hostiles à la prédominance du français au Québec - ces gens-là se considèrent comme une minorité assiégée alors qu'ils font partie d'une majorité en Amérique du Nord et qu'ils sont la minorité la mieux traitée dans le monde démocratique - Thomas Mulcair est aujourd'hui favorable à ce que les principes de la loi 101 s'appliquent dans les domaines régis par le gouvernement fédéral. Ancien ministre libéral sous Jean Charest, il a quitté avec fracas son poste à l'environnment parce qu'il s'opposait à la construction d'une centrale thermique (le Suroît) et à la privatisation d'un parc national (Orford).

Son passage sur la scène fédérale apparaissait au départ comme une sorte d'accident de parcours occasionné par la faiblesse de ses adversaires (le parti libéral de Stéphane Dion et son candidat Jocelyn Coulon). Or, M. Mulcair est vite devenu un député apprécié et un lieutenant politique efficace et influent pour le NPD. La grande marée orange du 2 mai dernier lui est en grande partie attribuable, car au-delà de la figure sympathique du «bon Jack», il y a eu un réel effort de développer une plateforme qui répondait à certaines préoccupations québécoises.

M. Mulcair ne part pas en avance dans cette course, car les règles pour l'élection du prochain chef sont celles du «un membre, un vote». Or, le Québec compte à peine 2800 membres sur les quelques 80 000 membres du parti. Et dans les autres provinces, lorsqu'on est membre du NPD provincial, on est automatiquement membre du NPD fédéral. Or, il n'y a pas de NPD sur la scène québécoise...

Que l'on soit souverainiste ou non, il me semble que le Québec n'a rien à perdre à voir un parti politique sur la scène fédérale défendre la spécificité québécoise. L'effondrement du Bloc s'explique en partie parce que le NPD sous Jack Layton, avec son lieutenant Mulcair, a réussit à faire émerger un «espace politique» pour les nationalistes québécois. Il y a un réel risque que cet espace s'estompe si Mulcair ne devient pas chef...

Mais quels sont les éléments de cette «ouverture»?
- D'abord, l'idée d'un fédéralisme asymétrique. Les programmes fédéraux ne seront plus obligés de s'appliquer d'un océan à l'autre. La spécificité québécoise pourra être prise en compte. C'est une revendication traditionnelle du Québec, qui date de plus de 50 ans !
- La composition de la Cour Suprême doit refléter la double culture juridique et linguistique du pays : 3 des 9 juges doivent être des civilistes (notre Droit civil est distinct de la Common law appliquée ailleurs au Canada) et les juges doivent être bilingues !
- Le poids politique du Québec à la Chambre des Communes doit être protégé, sans égards à son déclin démographique dans l'ensemble canadien. Cette position réaffirme une conception bi-nationale du Canada. L'égalité n'implique pas nécessairement un traitement symétrique des individus et des provinces... C'est André Laurendeau qui apprécierait.
- Le français doit être la langue prédominante au Québec, malgré la loi sur le bilinguisme officiel.

Ces positions méritent d'être saluées et soutenues. Je pense sérieusement à devenir membre du NPD fédéral pour contribuer à élire Thomas Mulcair à la tête de ce parti. Et vous?

jeudi 6 octobre 2011

François Legault, la drogue, le Cégep.

François Legault se serait prononcé pour l'abolition des Cégeps, avant de dire que cela ne fait pas partie de ses priorités...

Le sujet est apparu à l'ordre du jour lorsqu'un simple citoyen lui a posé la question de la pertinence des Cégeps. M. Legault a répondu que le Cégep était un excellent endroit pour prendre de la drogue et décrocher...

Ouf... Méconnaissance du Québec? Ou pire encore, ignorance de cette période de la vie où nous ne sommes pas prêts à choisir notre «carrière», mais ouverts pour explorer les divers champs de la connaissance?

Premiers commentaires :
- Un jeune en 2011 «découvre les drogues» avant le collégial.
- Et malheureusement aussi, il décroche beaucoup trop (50% des gars à Montréal) avant la fin du secondaire. Ce n'est pas en ajoutant un an au secondaire que l'on corrigera ce problème.
- Au contraire ! Le Cégep est en partie responsable du fait que le Québec se situe presque 10% au-dessus de la moyenne nord-américaine en ce qui concerne le taux de diplôme selon l'âge...
- Les Cégeps permettent à ceux qui veulent prioriser une formation technique de s'ouvrir l'esprit et de développer leur sens critique avant d'accéder au marché du travail. On a comme objectif d'y former des citoyens et non simplement des travailleurs!
- Et pour ceux qui choisissent le Cégep général, on leur ouvre les divers horizons de la connaissance - on leur fournit des options dotées de sens, des horizons de significations - avant qu'ils choisissent leur vocation. La liberté est la capacité de choisir.

N'est-ce pas l'essence même du parcours d'une vie que l'on favorise ainsi ? S'arrimer au modèle dominant, qui impose la nécessité de choisir son domaine d'étude à 17 ans, m'apparaît être une erreur qui se confond avec l'américanisation ou l'homogénéisation de la culture. Il me semble qu'il faut offrir autre chose qu'un savoir instrumental...

Nos Cégeps sont bons pour le développement régional, ils favorisent un plus haut taux de diplômation, ils sont plus respectueux du rythme de vie de nos jeunes, ils renforcent la formation des travailleurs en leur inculquant une culture générale minimale et diversifiée... Et nous voudrions les abolir ?

M. Legault, chassez quelques seconde votre vision comptable et froide de la société. Les «structures» ne sont pas toutes à abolir...

Retournez faire vos devoirs!

Crieurs publics.

Visionnez ce vidéo qui rend compte de l'activité «Crieurs publics» qui a eu lieu lors du Festival de l'expression citoyenne. Ma proposition a été retenue !

Crieurs publics @ La Falla 2011 / TOHU from INM - Institut du Nouveau Monde on Vimeo.

Tout ça m'assassine!

Un propos à écouter. Un show à voir !

TOUT ÇA M'ASSASSINE from Théâtre il va sans dire on Vimeo.


«Si c'est ça l'Québec moderne...»

mercredi 5 octobre 2011

Notre histoire prend le bord!

La coalition pour l'histoire rendait public la semaine dernière une étude qui confirme que l'histoire du Québec est de plus en plus délaissée dans les milieux académiques.

Cela se confirme au collégial, où les cours dédiés à la réalité québécoise et canadienne sont de moins en moins nombreux. Et cela se concrétise à l'université, où les recherches dans ce domaine obtiennent de moins en moins de fonds, où les spécialistes aptes à encadrer de telles recherches se font rares et où les étudiants ne semblent intéressés qu'à un ailleurs perçu comme plus intéressant que notre expérience historique qui serait «plate» ou pire encore méprisable...

Ces données sur le désintérêt marqué à l'égard de notre histoire sont tristes et inquiétantes à la fois. Elles s'expliquent toutefois par le fait que notre réforme scolaire ait décidé de refonder nos cours d'histoire en évacuant «la dimension conflictuelle» et en cherchant à arrimer notre Grand récit historique à des préoccupations contemporaines. Mais même avant la réforme scolaire qui a fait que nos profs d'histoire au secondaire passent le plus clair de leur temps à «apprendre à enseigner» sans maîtriser suffisamment le contenu de la matière qu'ils enseigneront, on peut dire que nos cours d'histoire ne réussissaient pas à faire ressortir ce qu'il y a d'universel et d'extraordinaire dans notre propre expérience historique.

Deux exemples à cet effet :
- Notre nation a largement contribué à découvrir le continent nord-américain. Ce sont nos coureurs des bois et nos marchands de fourrures qui ont développé le plus de liens avec les nations amérindiennes, devenant traducteurs et intermédiaires pour les grandes expéditions vers l'ouest de la fin du 18e siècle et du début du 19e siècle. À ce titre, des personnages plus grands que nature comme Toussaint Charbonneau mériteraient d'être abordés dans nos cours d'histoire. Nous sommes en Amérique du Nord et le mythe d'un continent «vierge» où tout reste à faire a largement été construit par les nôtres - des Canadiens-français «ouverts sur le monde» bien avant que l'expression devienne une sorte d'idéologie... De plus, ces mêmes coureurs des bois et explorateurs avaient une vie bien éloignée du portrait d'une société conservatrice et refermée sur elle-même que l'on aime bien brosser sans doute pour magnifier la grande période de la révolution tranquille.

- Autre exemple: le mouvement des Patriotes. Ces intellectuels qui n'ont pas eu peur de se lancer dans l'action politique ont porté des idéaux républicains et démocratiques à une époque où les nouvelles républiques d'Amérique latine naissaient. Ils ont adopté un discours rassembleur et respectueux des minorités alors que leur peuple était mis en minorité et méprisé par les dirigeants britanniques. Et malgré ce mépris affiché (les résolutions Russell, le rapport Durham), nos patriotes ont d'abord épuisé toutes les options non-violentes avant de recourir dans le désespoir désorganisé à la rébellion armée.

Ces moments forts de notre histoire sont souvent évacués ou abordés en périphérie de notre histoire nationale. Et après, on se demande pourquoi l'intérêt pour l'histoire du Québec s'est estompé au fil du temps. C'est peut-être qu'à force de présenter notre histoire comme une longue période de noirceur d'où la lumière jaillit en 1960, on a alimenté ce mépris pour nous-mêmes qui contribue sans doute à fragiliser notre volonté de perpétuer dans l'avenir notre identité distincte dans ce continent dont nous sommes pourtant les grands découvreurs...

mardi 4 octobre 2011

Appel aux «indignés»: cliquez ici.

De plus en plus de citoyens dans plein de pays choisissent la démonstration collective de colère dans les lieux publics... On les appelle maintenant les «indignés», du nom de ceux qui, en Espagne, ont protesté contre des coupes importantes dans les programmes sociaux pour répondre aux impératifs de marchés financiers pourtant sauvés par les gouvernements lors de la crise financière de 2008...

Les indignés de Wall street font maintenant des p'tits : il y a des manifs de colère à Chicago, Boston, etc.

Et chez nous ? Notre gouvernement national (le Québec est notre nation, non?) est corrompu à l'os et ne veut pas faire le ménage, de peur de compromettre tout le monde, même les innocents! Et nous ne sortons pas encore (assez nombreux) pour que cela secoue quelque peu le confort et l'indifférence des «puissants»...

Nous en sommes encore à nous indigner de notre salon. Vous êtes en colère ? Cliquez ici.

La colère de salon suffira-t-elle pour que Jean Charest se décide à faire le ménage??? (...)