jeudi 30 septembre 2010

Quelle figure pour la gauche ?

Il était logique de poser la question pour «répondre» à la rubrique précédente...

Devant le discrédit général qui touche notre actuelle classe politique, devant la popularité famélique de Pauline Marois (elle ne profite même pas de la chute de crédibilité de Jean Charest !) et la stagnation évidente de Québec Solidaire, on peut soulever l'hypothèse de l'émergence d'une «nouvelle figure» qui pourrait rassembler les divers courants de la gauche québécoise...

Thomas Mulcair ? Amir Khadir ? Pierre Curzi ? Françoise David ? Jean-François Lisée ?

Quelle figure pour la droite ?

Les années post-référendaires au Québec ont conduit historiquement à une montée de la droite. Après le référendum de 1980, le gouvernement Lévesque a coupé dans les salaires des employés du secteur public (jusqu'à -20% !). Après celui de 1995, le gouvernement Bouchard a adopté la politique du déficit zéro et coupé par conséquent dans les dépenses publiques...

Rajoutez à cette conjoncture post-1995 une certaine «fatigue politique» renforcée par la défaite et l'affaiblissement du Québec dans l'ordre canadien, et vous avez là les grandes lignes qui peuvent expliquer la montée de l'ADQ de Mario Dumont entre 2002 et 2007...

Mais après l'écroulement en 2008, puis l'éclatement du parti sous le «leadership» de Gilles Taillon (Gilles qui ?), la droite québécoise se cherche... Le Réseau liberté-Québec vient d'être créé... On verra s'il est capable de rassembler les différentes mouvances de la droite ou même de renforcer un parti existant ou favoriser la création d'une autre option de droite...

Reste que plusieurs figures médiatiques, à commencer par les «lucides», qui ont fait beaucoup de bruit avec leur manifeste vers 2005, semblent se maintenir «en réserve de la république» et attendre le moment propice pour proposer leur solution. Joseph Facal, François Legault, L. Jacques Ménard sont les figures les plus «crédibles», mais d'autres sont aussi envisageables : l'ex-ministre conservateur Michael Fortier, le maire de Huntingdon Stéphane Gendron, «l'animateur de télé» Mario Dumont, une certaine «perle d'Haïti» nommée Denis Coderre...

Chose certaine, même si notre mode de scrutin est peu enclin à favoriser l'émergence d'un tiers parti (la règle du «winner takes all» a plutôt tendance à les marginaliser !), dans la conjoncture actuelle, marquée à la fois par des changements démographiques importants, une déprime référendaire combinée à une inquiétude identitaire ET un discrédit général à l'égard de la classe politique (des libéraux en particulier...), un parti de droite affirmationniste pourrait peut-être «fédérer» les nationalistes déçus de part et d'autres de l'échiquier actuel PQ-PLQ...

Alors, y croyez-vous à la création d'un nouveau parti de droite qui récupérerait ce qui reste de l'ADQ ? Et quelle figure pour cette «nouvelle droite» ?

mercredi 29 septembre 2010

L'âme française et Xavier Dolan.

Il semble que Les amours imaginaires de Xavier Dolan soit accueilli extrêmement positivement en France. Depuis ses prix à Cannes avec J'ai tué ma mère, il y a une sorte de frénésie partout dans l'Hexagone autour du cinéaste et acteur. Il m'apparaît que son talent importe ici au moins autant que son look et sa personnalité.
Son image est à la fois originale et dans le temps (le look geek avec grosses lunettes est partout), son phrasé outremontois ne surprend pas une population comme celle de la France, qui a l'habitude des grands discours et de l'éloquence, et qui ne considère pas ce haut niveau de langage avec des mots recherchés comme un snobisme hautain et méprisant, mais plutôt comme un signe de culture et d'intelligence.

J'ai souvent entendu ici des commentaires désobligeants à propos de ce jeune qui «perlait bien» pour «impressionner» et qui «faisait l'arrogant».

Pourquoi ne ferions-nous pas davantage comme les Français (en ce domaine, pas partout !) en nous pâmant devant une telle personnalité aussi articulée et en valorisant davantage la richesse du vocabulaire et du propos ?

Ça nous changerait un peu d'Anne-Marie Lozique... ou d'Éric Salvail !

Maclean's et le Quebec bashing...

Vous avez sûrement entendu parlé du dernier numéro du magazine canadien-anglais Maclean's qui brosse un portrait peu flatteur de notre société, présentée comme la plus corrompue au Canada.

Après Michael Ignatieff, chef des libéraux fédéraux qui a condamné ce qu'il a lui-même qualifié de Quebec bashing, c'est autour de notre 1er minstre Jean Charest de réclamer des excuses à Maclean's...

Ce n'est pas la 1ère fois (et sûrement pas la dernière non plus) que la rigueur prend le bord au Canada anglais lorsque vient le temps d'analyser notre société...
  • Rappelez-vous cette psychiatre de Toronto qui avait «analysé» notre ex-premier ministre Lucien Bouchard à distance, sans même le rencontrer, et qui l'avait «diagnostiqué» comme un manipulateur quasi-hystérique...
  • Ou encore Jan Wong, cette chroniqueure du Globe (supposément un journal sérieux !) qui avait, après la tuerie de Dawson, affirmé que s'il y avait plus de tireurs fous qui sévissaient au Québec, c'est parce que notre société homogène et raciste ostracisait les individus issus des minorités...
  • Cette fois-ci dans Maclean's, c'est notre nationalisme et notre étatisme qui expliqueraient la corruption endémique du Québec par rapport aux autres provinces du Canada... Sans même qu'une approche comparative sérieuse ait été faite.
Il est souvent de bon ton dans les «milieux intellectuels» du ROC (rest of Canada) de chercher à confirmer les préjugés que le Canada anglais entretient à l'égard du Québec :
  • Le Québec serait une société arriérée sur le plan des valeurs, xénophobe ou pire, raciste;
  • Le projet souverainiste cache un projet ethniciste et liberticide;
  • Ce serait donc la Conquête de 1760 et le Canada anglais qui pourraient «civiliser» notre culture «barbare» et faire en sorte que le Québec adhère (un jour...) aux valeurs du libéralisme et de la démocratie...
La série d'articles du Maclean's vient conforter ces caricatures néo-colonialistes du Québec en identifiant le nationalisme et la grande place de l'État chez nous comme des facteurs expliquant la corruption «incomparable» de notre société.

Mais il me semble qu'il aurait été simple de prendre en compte deux petites choses, ne serait-ce que pour nuancer le portrait proposé :
  1. C'est un gouvernement séparatiSSe, celui de René Lévesque, qui a le plus contribué (au Canada !) à assainir les moeurs politiques et à établir des règles claires cherchant à diminuer le traffic d'influence et le pouvoir de l'argent...
  2. C'est le gouvernement le moins étatiste et le moins nationaliste du Québec moderne, celui de Jean Charest, qui s'obstine le plus À NE PAS déclencher d'enquête publique permettant de faire la lumière sur les nombreuses allégations de corruption dans tout le processus décisionnel de l'appareil gouvernemental...
Il devient alors évident que les conclusions de «l'enquête» étaient écrites à l'avance... Imaginez maintenant deux secondes ce qu'il adviendrait à une publication du Québec qui se lancerait dans une «étude» aussi farfelue à propos du Canada anglais...

lundi 27 septembre 2010

Alone in New York.

Petit vidéo qui nous offre une visite rapide de New York.

Alone in New York from Giuseppe Vetrano on Vimeo.

Cause toujours...

La colonisation par Israël des territoires palestiniens reprend aujourd'hui, malgré les avertissements cumulés de Mahmoud Abbas (leader des Palestiniens), de l'Union européenne, de l'ONU et des USA. Tous ont affirmé que la reprise de la colonisation risquait de mettre fin aux pourpalers directs entre Israéliens et Palestiniens amorcés il y a à peine 3 semaines...  Il faut dire que les élections de mi-mandat aux USA approchant (2 novembre), Israël profite de la vulnérabilité politique du Président Obama, qui a peur de perdre sa majorité dans les deux chambres du Congrès, pour prolonger l'affront fait à son allié principal. Mais si Obama et son équipe maintiennent cette position de faiblesse dans le dossier du Proche Orient - faiblesse qui s'illustre par un discours prônant des «gestes de paix» mais une absence d'actions cherchant à nuire ou empêcher les «actes de guerre» - c'est toute la politique étrangère des USA dans la région qui s'en trouvera (à nouveau) discréditée. 

J'ai parlé d'«actes de guerre», l'expression est forte, mais elle révèle le vrai visage de la colonisation des territoires palestiniens par Israël, puisque cette colonisation est non seulement illégale au yeux du Droit international (4e Convention de Genève), mais elle se fait dans le but direct d'un projet de conquête et d'expansion territoriale...

Abbas a déclaré que les discussions étaient «une perte de temps» advenant la levée du moratoire sur l'expansion des colonies juives de Cisjordanie. Il a ajouté qu'Israël devait «choisir entre la paix et la colonisation». Cette position m'apparaît normale : Comment considérer qu'un État palestinien puisse émerger avec des frontières claires et mutuellement négociées si PENDANT les négos, l'État d'Israël gruge littéralement le territoire du «futur État» palestinien ?

C'est comme si Israël disait aux Palestiniens : «Allez ! Soyez de bonne foi, négociez... Et pendant ce temps, on est en train de transformer votre futur pays en fromage emmenthal»... Cause toujours (choisissez l'insulte) et tu signeras ici la «paix» que nous t'aurons imposé !

Pour paraphraser Shakespeare, il y a quelque chose de pourri en «Judée-Samarie»...

vendredi 24 septembre 2010

En attendant le prochain Neil Young...

Le prochain album de Neil Young, intitulé Le Noise, sort le 28 septembre. Réalisé par Daniel Lanois, il s'agit pour moi d'une rencontre quasi-mythique, la réunion de deux artistes «qui me rentrent dans la peau», sorte d'apotéose créatrice où l'ego est mis à l'écart au service d'une oeuvre...

Disons que mes attentes sont élevées...

jeudi 23 septembre 2010

Charest le petit homme.

Il faut lire ce papier de Denis Saint-Martin publié dans Le Devoir aujourd'hui.

On y explique comment Jean Charest ne comprend pas le sens ni toute la charge symbolique et politique de la fonction qu'il occupe. Dans le combat qui l'oppose à Marc Bellemare, il se sert plutôt de sa position privilégiée de 1er ministre pour mettre le système et les institutions à son service...

Mais faut-il s'attendre à plus d'un homme qui a toujours baigné dans la petite politique, sans jamais vraiment avoir d'idées fortes sinon qu'un préjugé favorable pour le privé et l'affaiblissement de l'État, en manoeuvrant et en louvoyant de façon souvent malhonnête ?

J'ai déjà parlé de M. Charest comme le «fossoyeur d'une passion». On pourra maintenant en rajouter et dire qu'il aura largement contribué à diminuer le prestige et la noblesse de la fonction de 1er ministre. Et dire que son travail de sape n'est pas terminé... Et qu'il s'évertue avec ses collègues-amis (Jacques Dupuis récemment puis maintenant J-M Fournier) à répandre ce discrédit partout au sein de la classe politique, seulement pour ne pas être le seul à subir les foudres de l'électorat ou de l'histoire... Jean Charest se dit sans doute, tant qu'à être discrédité, autant discréditer toute la classe politique: «The shit hits the fan» et M. le 1er (s)inistre en est le principal responsable...

À l'origine d'un cri.

Je vous ai souvent entretenu de Robin Aubert, un comédien et cinéaste que j'aime beaucoup. Il est interviewé par Patrick Lagacé aux Francs Tireurs. Écoutez ça, il est toujours intéressant.


Le talent de Robin ne devrait plus être questionné : il a gagné plusieurs prix ici et à l'international avec ses films et ses performances d'acteur sont toujours reconnues comme exceptionnelles. Mais ses films sont trop souvent passés discrètement ici, ce fût entre autres le cas pour Saint Martyr des Damnés, qui n'est pas un film d'horreur ni de peur (selon ce qu'avait faussement dit Guy A. Lepage à son TLMEP) mais un excellent film de genre, à mi-chemin entre David Lynch et André Forcier...

À l'origine d'un cri est présentement sur nos écrans de cinéma.

mercredi 22 septembre 2010

Octobre 70 vu par...

C'est le 40e anniversaire d'octobre 70. Les «événements d'octobre» pendant lesquels les cellules «libération» et «Chénier» du Front de libération du Québec ont enlevé puis séquestré l'attaché commercial britannique James Richard Cross et le ministre québécois du travail Pierre Laporte, ont conduit à l'escalade des moyens de la part du gouvernement fédéral qui a invoqué la Loi des mesures de guerre et emprisonné près de 500 citoyens sans mandats pour mettre fin à la crise...

Ce grand défenseur des libertés civiles qu'était Pierre Elliott Trudeau a donc suspendu les libertés fondamentales et décidé l'occupation militaire d'un territoire pour juguler une crise qui fût en fait une «crisette» en regard de ce que d'autres pays occidentaux (ex: la France et les USA entre 1962 et 1970) ont vécu à la même époque. Certains en viennent alors à se demander si l'homme n'a pas cherché à profiter de ces événements pour affaiblir, discréditer, voire briser l'élan nationaliste québécois de la décennie 1960... L'objectif aurait alors été d'amalgamer toute revendication nationaliste québécoise avec les thèmes repoussoirs de «terrorisme» et de «violence politique».

L'écrivain Louis Hamelin propose son regard sur cette période trouble et demeurée taboue de notre histoire récente. Son dernier roman La constellation du Lynx est fondé sur une recherche sérieuse et remet en question le récit officiel de la Crise d'octobre. Hamelin reste toutefois prudent, d'abord en ne cherchant pas à faire de son roman un ouvrage journalistique, ensuite en changeant le nom des protagonistes, enfin en parlant d'hypothèses ou de versions plausibles des événements lorsqu'on l'interroge sur la mort de Pierre Laporte ou sur la possibilité d'une «grande machination» fédérale ayant contribué à faire basculer la crise dans la violence...

Reste que je me promets de me lancer dans la lecture de ce «roman à caractère politique» dès que possible. D'abord parce que Louis Hamelin demeure pour moi un Grand écrivain, même si sa production littéraire demeure mince et que son oeuvre marquante a plusieurs années. En effet, c'est son 1er roman, intitulé La rage qui a propulsé Hamelin comme vedette montante de notre littérature. La rage, sorte de récit intérieur gravitant autour de l'expropriation des terres de Mirabel par le gouvernement fédéral, demeure pour moi une des lectures marquantes de ma vie. Ses autres romans ne m'ont pas plu, trop encombrés de recherches styllistiques, au détriment d'une bonne vraie histoire, captivante et universelle.



Or, il me semble que là, en puisant dans les événements d'octobre 1970, avec des personnages aux ambitions révolutionnaires, des politiciens véreux et malintentionnés, une petite nation en processus de décolonisation intérieure, un homme «sacrifié» au nom d'objectifs plus grands que lui - Pierre Laporte semble en effet avoir été victime des événements et d'un «Grand jeu» qui se jouait au-dessus de lui, au-dessus même de ses propres ravisseurs selon la perspective de Louis Hamelin... Il me semble donc que nous avons là une vraie histoire !

P.S. L'émission Tout le monde en parlait consacre cette semaine 2 segments à la Crise d'octobre... Voir ici et bientôt sur Tou.tv.

mardi 21 septembre 2010

Jon Stewart, l'humoriste utile.

L'animateur-humoriste Jon Stewart, du Daily Show devient de plus en plus nécessaire pour mettre en relief les nombreuses dérives médiatiques de la société américaine. Il a été à plusieurs reprises le seul à démontrer la mauvaise foi de Fox News dans le traitement de l'information, en dénichant même comment ce réseau a souvent trafiqué l'information, entre autres pour démontrer l'ampleur des manifestations hostiles à la réforme de la santé orchestrée par Barack Obama.

Il s'est même lancé le défi d'organiser à Washington, le 30 octobre prochain, une manifestation géante pour faire contrepoids au Tea Party ! Ça s'appelle The Rally To Restore Sanity ! Quel humoriste ou animateur d'ici pourrait contribuer ainsi à relever le débat public et même mobiliser sa société autour d'enjeux jugés fondamentaux ?

Voyez comment Jon Stewart présentait la couverture des médias face au «choc des civilisations» dont je parlais récemment.

Cliquez ici.

samedi 18 septembre 2010

Qui peut battre Obama en 2012 ?

Quelques lecteurs d'une récente rubrique sur le mouvement Tea party aux USA ont écrit d'excellents commentaires à propos de la montée de ce courant de droite qui investit fortement le Parti républicain actuellement. Quelle sera l'influence de ce mouvement en ce qui concerne la sélection lors des primaires républicaines de 2012 du «candidat officiel à la présidence» ?

Certains ne peuvent s'empêcher d'évoquer la candidature de Sarah Palin ou de Marco Rubio... Pour ma part, la personnalité-synthèse pourrait être Chris Christie, le sympathique Gouverneur du New-Jersey. Populiste et chaleureux, ce Régis Labeaume exposant 10 pourrait déclasser les autres aspirants Mitt Romney, Tim Pawlenty, Rubio ou Palin... Plus expérimenté que ces deux derniers, il est «plus proche de la base» et du message du less government véhiculé par les Tea parties que les deux autres...

Notre Tea Party à nous...

Le Réseau liberté Québec vient de naître. Ce mouvement est initié par Johanne Marcotte, réalisatrice du documentaire L'Illusion tranquille qui dénonçait le modèle «étatiste» québécois, particulièrement ses politiques universelles et son haut taux de syndicalisme, tout en défendant une vision libérale (choix individuels, préférence pour le secteur privé) de la société.

Disons simplement que ce Think Tank : Réseau liberté Québec - qui propose un grand rassemblement le 23 octobre prochain à Québec, choisit de drôles de porte-parole... Entre autres Jacques Brassard, l'ex-ministre péquiste, qui semble devenu une sorte d'épouvantail négationniste à propos des changements climatiques... Sa position climato-sceptique cherchera à critiquer «la religion des environnementalistes», hostiles à tout développement selon cette perspective...

Pourtant, avec Nathalie «Palin» Normandeau et Jean «W. Bush» Charest, il me semblait que la droite libérale qui cherche à affaiblir le modèle québécois en ayant une préférence pour le privé n'avait pas besoin d'un porte-voix supplémentaire...

La charrue devant les boeufs.

 
Nathalie «Palin» Normandeau et Jean «W. Bush» Charest : la charrue devant les boeufs ?
Le gouvernement Charest a déjà pris la décision de lancer le Québec dans l'exploitation des gaz de schiste. Aux États-Unis, Plusieurs États ont pourtant décidé d'en suspendre l'exploitation le temps d'apporter des réponses à une série d'inquiétudes concernant la sécurité et le bilan environnemental d'une telle filière énergétique... Louis-Gilles Francoeur, du journal Le Devoir publiait récemment un article qui démontrait que si on calcule l'énergie nécessaire à l'exploitation de cette ressource, le gaz de schiste est plus polluant que le pétrole, voir équivalent au charbon, pourtant reconnu comme l'énergie la plus émettrice de gaz à effets de serre.

La (s)inistre des ressources naturellles Baby drill Normandeau affirme que la population doit «écouter les informations» avant de réclamer un moratoire sur l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste. Mais les informations dont elle parle sont essentiellement fournies par l'industrie et la grande proximité entre les entreprises privées et le gouvernement que l'on constate de plus en plus dans ce secteur (dans tous les secteurs en fait) nous mènent à croire que les «infos en question» ne sont construites que pour faire passer en «fast track» la décision gouvernementale.

Tout est scandaleux dans cet empressement du gouvernement Charest à nous lancer dans la «schiste» :
  • Le mandat du Bape (Brueau d'audiences publiques en environnement) est détourné. Il n'est plus question de réfléchir à la nécessité et à l'acceptabilité sociale et environnementale du projet, mais de baliser son exploitation;
  • Les redevances envisagées sont à des lieux de ce que d'autres gouvernements (la Colombie-britannique au 1er chef) exigent de par le monde... Encore une fois, on peut douter que nous soyons vraiment sortis de l'ère duplessiste puisque l'aplat-ventrisme du gouvernement Charest face aux entreprises «créatrices de jobs» évoque très bien cette Grande noirceur dont nous serions supposément sortis...
  • Aucune réflexion globale sur notre production d'énergie en fonction de nos objectifs de réduction d'émissions de gaz à effets de serre n'est proposée. Ni aucune réflexion sur notre surconsommation d'énergie qui pourrait à la fois servir - si on développait la filière des Négawatts (l'énergie économisée) - à améliorer notre bilan énergétique et à augmenter nos exportations, donc nos revenus, sans dépenser un sous de plus sur le plan infrastructurel.
  • Et cette consultation de façade, qui méprise les populations locales, souvent dépourvues politiquement : quel est le poids d'une petite municipalité devant une multinationale de l'énergie ? et économiquement : le chômage et la pauvreté en région font que ces projets trouvent des défenseurs à la recherche de jobs...
La situation politique au Québec et au Canada ressemble de plus en plus à ce qui prévalait durant l'ère de George W. Bush : affaibilissement de l'État et de ses principales institutions, privatisation de plusieurs secteurs de l'économie et des services au profit des petits et grands «amis du parti», fuite en avant dans les domaines des transports, du développement urbain, de l'exploitation des ressources et de l'énergie,  corruption, népotisme et propagande gouvernementale dissimulées sous le vocable de «campagne d'information»...  Ouf !

jeudi 16 septembre 2010

Montée du Tea Party = réélection d'Obama ? (ajout)

C'est ma première réaction en constatant combien les partisans du Tea Party (voir l'excellente description de ce mouvement que propose Richard Hétu ici) constituent ironiquement la meilleure chance pour Barack Obama de gagner un 2e mandat... et peut-être même d'éviter la catastrophe en novembre prochain aux élections législatives...

Et Karl Rove, le principal responsable des victoires électorales de George W. Bush, le craint aussi, même s'il constate l'extraordinaire mobilisation que suscitent les candidatures du Tea party un peu partout dans les primaires républicaines... (P.S. Rove vient de se dédire...)

Comme le dit souvent Gilles Duceppe, je ne suis pas partisan de la «politique du pire», mais là, on peut espérer que le radicalisme vers lequel le Parti républicain risque de glisser sous la pression des Tea Parties peut ressembler aux circonstances qui ont favorisé l'élection de Bill Clinton en 1992 : Ross Perot, un milliardaire ultra-conservateur avait alors divisé le vote de la droite et favorisé l'ascension du comeback kid...

Ou encore, la situation peut évoquer la sélection par les membres du Parti républicain de Barry Goldwater en 1964 contre Lyndon B. Johnson qui l'avait «lavé» politiquement en réussissant à présenter Goldwater comme un radical...

Il me semble que Sarah Palin et ses «protégés» du Tea party n'auront pas de difficultés à apparaître comme des radicaux et pourront donc servir de repoussoir à un électorat plus modéré. (?)

Le choc des civilisations ?

Je m'amuse en reprenant le titre d'un essai-choc paru en 1993 dans Foreign Affairs : A clash of civilisations ? de Samuel Huntington.

Reste que les médias entretiennent cette lecture d'un choc entre l'Islam et l'Occident :

  • Ce pasteur fou de Floride qui représente à peine 50 disciples est porté par les médias comme le représentant d'une islamophobie latente chez nous... Et cela engendre plusieurs manifestations partout dans le monde musulman, jusqu'en Indonésie...
  • Les imams radicaux qui lancent des fatwas contre les caricaturistes de Mahomet deviennent eux aussi des «vedettes médiatiques» : on les présente par défaut comme des porte-parole de l'Islam, cette religion polymorphe et éclatée que l'on cherche alors à caricaturer ou à diaboliser comme étant uniquement rétrograde et violente...
Il est toujours plus facile de simplifier et de généraliser la réelle complexité des cultures et des phénomènes politiques. Mais il peut devenir dangereux que ce martèlement de l'image de l'Autre en finisse par devenir le prisme à partir duquel on pense... Où est la possible réconciliation si on se met à croire réellement que l'Islam est monochrome, incapable d'exister dans un cadre démocratique et libéral ?

Autre commentaire à propos de cette dérive médiatique :  elle me fait penser à cette fascination qu'ont les médias à l'endroit de ces tireurs fous qui entrent dans nos écoles pour assassiner des victimes aléatoires et innocentes, dans le seul but de devenir une sorte de figure médiatisée...

mardi 14 septembre 2010

Whose your transformational Canadians ?

Le Globe and Mail lance un concours intitulé : Who's your transformational Canadians ?


Il y a quelques années, la CBC s'était posée la question : Who's your greatest Canadian ? Tommy Douglas, leader historique du NPD et principal idéateur de l'assurance maladie publique au Canada avait remporté ce jeu- sondage-télé. (Sans doute parce qu'il incarne la «conscience sociale» du English Canada face à la société américaine qui autrement avale une large portion de l'identité canadian... D'ailleurs, un autre fondateur de l'identité canadienne moderne, Pierre Elliott Trudeau, était arrivé 2e... Un coach minable aux tenues extravagantes figurait parmi les 10 Greatest Canadians... (on ne dira pas plus ici sur une culture qui fait de ce type de personnage sans grandeur aucune un phare de son pays...).

L'esprit du concours du Globe est expliqué par le panelist Pierre Duhamel ici.
Et vous ? Qui est votre leader transformateur au Canada ?
Tommy Douglas, a true Canadian hero

L'«affaire» qui fait couler Sarkozy.

Eric Woerth, ministre du budget, qui pilote l'impopulaire réforme des retraites en plein tumulte portant sur sa propre personne...

La scène politique française est actuellement occupée par l'affaire «Bettencourt-Woerth», qui affecte aussi directement la crédibilité et la popularité du Président Nicolas Sarkozy.

L'affaire tire dans toutes les directions : écoute électronique, abus de confiance d'un «profiteur» sur une vieille fortunée, chicane familiale, espionnage illégal de l'État français contre le journal Le Monde pour connaître les sources à l'origine d'infos compromettantesetc. Elle a des ramifications jusqu' à notre Paul Desmarais national, qui n'est jamais bien loin de nombreux décideurs, au Québec, au Canada et même en France (et ailleurs ?).

En bref, il s'agit du ministre du Budget, Eric Woerth, marié à la gestionnaire de l'héritière L'Oréal, Liliane Bettencourt, qui aurait permis à cette plus grande fortune de France de pratiquer l'évasion fiscale... En échange de quoi Mme Bettencourt aurait financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Pour connaître les principaux protagonistes de cette affaire, cliquez ici.

Diplomatie chrétienne.

Les chefs de l'Église chrétienne d'occident se rencontrent cette semaine à Londres. En effet, Le catholique Benoit XVI visite l'anglicane Elizabeth II. Tous deux sont chefs d'État - le Vatican et le Royaume-Uni - et tous sont deux chefs d'Église et la rupture de Londres avec Rome date du XVIe siècle, sous Henry VIII...

Et comme pour rappeler l'histoire, ce sont des «histoires de sexe» qui domineront... Henry VIII a rompu avec le catholicisme pour marier Anne de Boleyn... Aujourd'hui, l'Église anglicane est secouée par la question de l'homosexualité : pour ou contre le mariage gay ? alors que l'Église catholique est discréditée par les scandales de pédophilie qui secouent la garde rapprochée du Pape...

Cette rencontre diplomatique se tient donc dans une atmosphère particulière. Il fait partie de la priorité du Vatican de réunir la famille chrétienne, mais Alain Crevier, l'excellent journaliste de Second regard, parlait plutôt de «maraudage» pour décrire ce qui se cache peut-être derrière cette belle unité...

La crise déclenchée (au sein de l'Église anglicane canadienne) par le débat sur le mariage homosexuel a amené les conservateurs ou traditionnalistes de cette Église à se rapprocher de l'Église catholique, jusqu'ici très claire sur les principaux dogmes touchant à la sexualité : célibat des prêtres, non-ordination des femmes, avortement, homosexualité, etc. Le Pape Benoit XVI irait donc envoyer un message de «bienvenue» aux Chrétiens plus conservateurs : son Église est la vraie gardienne des «valeurs morales chrétiennes»...

À partir de cette analyse, il semble qu'il pourrait se dessiner quelque chose de tout-à-fait historique dans les rapports entre l'Église anglicane et l'Église catholique. La 1ère deviendrait tranquillement plus «progressiste» ou ouverte aux «nouvelles valeurs morales» héritières de la modernité alors que la seconde demeurerait la «gardienne des traditions».

Si l'analyse tient le coup, nous assisterions à un autre coup de jarnac de l'histoire : les Québécois quitteront progressivement leur Église catholique, pourtant grande responsable de notre survie culturelle (et sans doute plus présente que l'on croit dans notre arrière-plan culturel) pour adhérer à une Église jugée plus moderne et ouverte, mais aussi associée historiquement à un projet assimilationniste...

Et après on dira que «la modernité» a fait disparaître la religion des enjeux politiques!

lundi 13 septembre 2010

50 jours...

Il ne reste plus que 50 jours avant les élections de mi-mandat aux USA. Les 435 Représentants et le tiers des Sénateurs tombent alors en élection en ce mardi suivant le 1er lundi de novembre. L'enjeu est crucial pour la présidence Obama puisque si, comme le disent les sondages (...) les deux chambres du Congrès passent sous contrôle du Parti républicain, le Président Obama aura encore plus de difficultés à faire approuver ses projets. (Rappel : les deux chambres du Congrès sont actuellement majoritairement démocrates, et rappelez-vous toutes les difficultés rencontrées pour faire adopter ses réformes de la santé et de la finance...).

Les analystes politiques aux USA parlent d'un Président «canard boiteux» (laming duck) lorsque le Congrès est majoritairement contrôlé par le parti adverse au Président.

Et si vous suivez l'évolution récente du Parti républicain - de plus en plus populiste et hargneux face à la personnalité d'Obama, présenté comme anti-américain, socialiste, pro-musulman, etc. - il est évident que l'éventualité d'une victoire républicaine aux élections législatives de novembre compromettra dangereusement les «réformes Obama» en plus d'empoisonner l'atmosphère politique...

Le principal enjeu autour duquel tourne la campagne actuellement en cours (depuis déjà plusieurs semaines...) consiste à annuler ou prolonger les exemptions d'impôts pour les plus fortunés qui ont été octroyées par W. Bush... Barack Obama fait actuellement campagne en disant que les exemptions d'impôts pour les plus riches ne seront pas reportées et serviront plutôt à renflouer les coffres de l'État dans le contexte budgétaire actuel. Obama propose que les salariés de plus de 250 000$ contribuent davantage au trésor public. En campagne présidentielle en 2008, Obama avait déclenché l'ire des Républicains en disant à un certain Joe the Plummer : «Well Joe, you've got to spread the wealth !». Aujourd'hui, 2 ans plus tard, Obama accuse les Républicains de prendre en otage la classe moyenne en s'opposant à un impôt plus élevé pour les plus riches...

Mais ces arguments semblent insuffisants pour le moment, devant le maintien du chômage et l'aggravation des finances publiques. Il faut dire aussi que nous sommes aux USA, où plus de taxes équivaut souvent à «tuer le rêve américain !» Pour sortir de cette impasse, Richard Hétu nous informait ce matin que les stratèges démocrates ont donc décidé de mobiliser leurs troupes en évoquant la figure polarisante de Sarah Palin !

Disons qu'avec une telle stratégie, la campagne risque de sombrer bas, très bas...

samedi 11 septembre 2010

L'héritage de Claude Béchard ?

Je reviens deux secondes sur l'héritage de Claude Béchard après avoir questionné la pertinence de lui faire des funérailles nationales...

Dans une entrevue à France Beaudoin (Bons baisers de France, 2 août dernier), M. Béchard discourait sur l'importance de l'agriculture et de la valorisation des terroirs comme mode de développement favorisant la santé et la spécificité du Québec. Et de là, il insistait ensuite sur le dynamisme et l'originalité de notre culture, et de l'effort supplémentaire que l'État et toute la société devaient faire pour la soutenir et la développer.

C'est un très beau message. Si ceux qui veulent l'honorer aujourd'hui écoutent vraiment ce message de Claude Béchard, qui peut maintenant être vu comme un legs, et bien là, des funérailles nationales auront été  amplement justifiées !

La «dénationalisation» du Canadien.

Dans cette interview aux Francs-Tireurs, Pierre Curzi, «le politicien le plus populaire du Québec», en vient à voir une mainmise du Fédéral sur notre club de hockey pour expliquer le nombre famélique de Québécois au sein de l'équipe depuis bientôt une décennie...

Yves Boisvert, de La Presse, réplique intelligemment à ce complot apparent.

Tous deux condamnent les dirigeants du Club dans leur incapacité à dénicher les meilleurs talents d'ici.

Hope is the thing with feathers...

Ainsi commence un éditorial récent du journal israélien Haaretz, qui affirme l'urgence pour l'État d'Israël de modifier son image de colonisateur et de puissance occupante. Le journal rappelle que le rapport Goldstone portant sur l'opération Plomb durci contre Gaza l'année dernière et le rapport onusien sur l'attaque contre la «flottille humanitaire» de cet été nuisent grandement au pays.


Extrait 1 :
«These two reports, problematic as they are, symbolize the shocking erosion of Israel's international image over the past year: an erosion that is gradually expanding from a performers' boycott to a popular consumer boycott and even to loathing on the part of leaders, and which sometimes no longer distinguishes between the settlements and the Green Line, between the "occupation" and Israel's very right to exist».


Les éditorialistes d'Haaretz interpellent alors «la droite réaliste» pour qu'elle se sorte de la logique de la force, de l'occupation et de la colonisation.


Extrait 2 : 
[We have to] «try to break down the walls that are closing in on Israel by shaking off the foreign-policy status quo that is strangling our existence and our future.
On the eve of 5771, the need to disengage from the stigma of the "occupation state" is already seen by many, even within the ranks of the realistic right, not as a luxury but as an emergency lifesaving operation. We can only hope that it's not too late to wish that Israel, dynamic and vibrant, will once again extend its wings fully within the family of nations».


Je le sens, le camp de la paix reprend forme en Israël, et cette fois, on peut espérer tirer des leçons de l'échec du processus de paix précédent... 
«Hope is the thing with feathers»...

mercredi 8 septembre 2010

Otto Dix : «effroyable et beau».

Le Musée des Beaux Arts de Montréal (MBAM) présente l'exposition Otto Dix : un monde effroyable et beau. L'oeuvre de ce peintre allemand semble être le reflet d'une époque fascinante et fascisante puisqu'il a assisté à la montée du nazisme et subi les foudres de ce système qui l'a ostracisé en qualifiant sa peinture de «dégénérée».

Le catalogue de l'exposition nous donne un aperçu de l'oeuvre, à la fois réaliste (il ne cherche en aucun cas à embellir ses sujets), cynique, fantaisiste et posant un regard quelque peu désillusionné sur son époque à la fois moderne et barbare.

Critiquer un mort ?

Est-il acceptable de critiquer un mort ? Devant le drame épouvantable de la mort prématurée de Claude Béchard, ce père de 41 ans, ayant 4 enfants, il est toujours malaisé de questionner le concert d'éloges qui surviennent naturellement pour honorer l'homme qu'il était.

Mais quand j'ai appris que l'on préparait des funérailles nationales pour l'ex-ministre Béchard, je me suis tout-de-même questionné... Quel est son bilan ?

  • Les retards et les frais judiciaires astronomiques dans le dossier du renouvellement de la flotte de wagons du métro de Montréal lui sont attribuables parce qu'il a voulu forcer la note en offrant le contrat aux «gens de son comté»;
  • La tentative honteuse de privatiser le Mont Orford lui est attribuable;
  • Le dossier plus que douteux du terminal méthanier de Rabaska fait aussi partie de son bilan...
J'essaie de me rappeler les bons coups de ce ministre, et j'en viens à la conclusion que l'homme avait certes du talent, du bagou, le sens de la répartie, du courage pour affronter l'adversité, mais cela fait-il de lui un homme qui mérite des funérailles nationales ? Et Pierre Vadeboncoeur ? Et Michel Chartrand ? Leurs contributions respectives sont immensément plus riches et évidentes, mais ces deux géants n'étaient pas au service du pouvoir...

Peut-être alors que tout ministre qui meurt en fonction mérite des funérailles nationales ? Sinon, il faudrait peut-être regretter cet homme passionné de politique, mais du même coup mesurer sa contribution plus que modeste (voire extrêmement mince) à la société québécoise.

Cela n'enlève pas les qualités qu'il pouvait bien avoir, humainement et professionnellement. Mes sympathies à la famille et aux proches.

mardi 7 septembre 2010

Le dogme de la Charte.

La ministre de la culture Christine St-Pierre affirme qu'il serait dommageable pour «l'image du Québec à l'étranger» de recourir à la clause dérogatoire dans le dossier des écoles passerelles qui permettent à certains parents fortunés de contourner la loi 101...

J'ai déjà discuté de cette absurdité et de ses conséquences politiques qui envoient le message aux immigrants que le français, c'est la langue des pauvres au Québec!

Mais il convient peut-être de rappeler que la fameuse clause dérogatoire jugée si liberticide, a été intégrée à la Charte canadienne des droits et libertés de 1982 justement pour préserver une des caractéristiques de la démocratie parlementaire de type britannique qui est la nôtre : le principe de la suprématie du Parlement. Le système politique canadien depuis 1982 est donc bâti sur cette recherche de l'équilibre et du dialogue entre tribunaux, garants des droits individuels et parlements, porte-voix de majorités cohérentes...

Et en passant, Mme St-Pierre oublie de rappeler que la Charte ici érigée en dogme, est au coeur des modifications constitutionnelles qui ont été adoptées sans le consentement de notre Assemblée nationale et que même son parti, le PLQ, demeure officiellement opposé à ces changements qui ont diminué les pouvoirs de notre législature...

Le gouvernement Charest est le plus canadian de l'histoire du Québec ! Il oblitère complètement le débat politique du dernier siècle au profit d'une normalisation qui rime dangereusement avec capitulation ou folklorisation... Son bilan est catastrophique en ce qui concerne son mandat premier pour une petite nation comme la nôtre : préserver et contribuer au renforcement de notre culture en Amérique.
Photo : Comment le gouvernement Charest considère-t-il la culture québécoise ? Si on se fie à ses politiques, on peut répondre qu'il aime son petit côté folklorique, cette joie de vivre (prononcée sans doute à l'anglaise) vouée naturellement à disparaître au profit d'une culture plus savante, plus haute, plus chère mais Ô combien civilisatrice : l'anglophonie !

jeudi 2 septembre 2010

Proche-Orient : la fin du conflit ?

Les pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens sont amorcés à Washington. Tant l'émissaire américain, le Sénateur George Mitchell, que le 1er ministre Netanyahou ou le Président Abbas ont évoqué la possibilité de «la fin du conflit»...

Est-ce une erreur de laisser miroiter de telles attentes ? N'ont-ils pas pensé qu'un nouvel échec favoriserait à nouveau l'explosion de la violence ?

Il est vrai que depuis l'échec du processus d'Oslo (1991-2000), on connaît mieux les contours de la paix dans la région, c-à-d quelles sont les concessions que chacune des parties est prête à faire pour en arriver à la solution des 2 États... Donc, théoriquement, la perspective d'un accord final n'est pas complètement délirante...
source
La carte ci-dessus démontre d'ailleurs à quoi pourrait ressembler le futur État palestinien. Elle est inspirée des pourparlers de Taba en 2000-01 entre Ehoud Barak (à l'époque 1er ministre travailliste, aujourd'hui ministre de la Défense d'Israël) et Yasser Arafat, le leader historique de la cause palestinienne décédé en 2004.

L'échec d'Oslo et la reprise des violences depuis 2000 ont paralysé le processus de paix, d'autres initiatives ont alors été lancées : Accords de Genève en 2003, signé par d'ex-négociateurs des deux camps; puis l'Initiative de la Ligue arabe en 2006. Plusieurs initiatives «prometteuses» ont donc avorté, toutefois,  elles ont ensemble permis de délimiter concrètement les portions de territoires que chacun des peuples serait appelé à contrôler dans cette terre trois fois sainte...

Il reste que je persiste à croire que le risque est grand de laisser miroiter un accord final, dans le contexte où des deux côtés, les minorités de blocage - mouvement des colons israélien et mouvements islamistes palestiniens - risquent de se lancer dans une spirale de violence pour faire échouer une telle ambition (c'est déjà commencé avec l'assassinat de 9 colons juifs par le Hamas près d"Hebron cette semaine).

Peut-être qu'une ambition plus modeste aurait été moins spectaculaire mais plus efficace : pourquoi ne pas travailler à faire émerger concrètement en Cisjordanie les véritables attributs d'un État palestinien :
  • Une force de sécurité palestinienne visible et présente sur le territoire (il semble que la collaboration entre l'armée israélienne et les forces de sécurité palestiniennes ne se soit jamais si bien portée);
  • Des institutions palestiniennes reconnues et soutenues internationalement (membre à l'ONU, présence aux Jeux olympiques, etc.);
  • Une continuité territoriale pour les Palestiniens ainsi qu'un accès à Jérusalem et ses lieux saints;
  • Un arrangement sur la compensation et le droit au retour des réfugiés (tous ne pourront pas revenir !)...
  • Un démentèlement des colonies combiné avec un arrangement mutuellement négocié sur le tracé des frontières entre les 2 États.
Bref, il aurait peut-être été plus prudent de travailler sur la portion du futur État palestinien la mieux à même de se rapprocher d'un État indépendant, celle aussi qui est gouvernée par une autorité fréquentable: le Fatah en Cisjordanie...

Mais bon, peut-être aussi que la prudence actuellement, se situe dans l'audace, et que «forcer la note» est la meilleure solution pour affaiblir durablement tous ces radicaux des 2 côtés qui ne veulent pas la paix...

Schiste de marde, man !

Nathalie Normandeau
Pierre Foglia résume excessivement bien dans sa chronique de ce matin la colère et l'impuissance qui m'assaillent dans le dossier de l'exploitation des gazs de schiste au Québec. À lire !


Et l'expression qu'il emploie pour identifier notre nouvelle (s)inistre des ressources naturelles Nathalie Normandeau : «Baby Drill Normandeau»... Il faut être prudent avant de rire des Sarah Palin de ce monde... Nous aussi on est capable de se mettre la tête dans le sable (ou dans la schiste !)

mercredi 1 septembre 2010

Bastarache : une suite plus enlevante !

Le politico-show de la Commission Bastarache se poursuit : Marc Bellemare fait un virage (un autre !) et demande le statut de participant à la Commission. Ceci lui donnera le droit de contre-interroger les témoins (entre autres un certain Jean Charest !) et d'avoir accès au contenu des entrevues préalables à la Commission. Petit détail de plus, ses frais d'avocat seront alors remboursés par l'État...

Les pourparlers commencent...

Le Président Obama, après avoir mis fin à l'occupation américaine en Irak, parraine les premiers pourparlers directs (et sérieux) entre Israéliens et Palestiniens depuis 10 ans.

Il est difficile de prévoir qu'est-ce qui sortira de cette nouvelle tentative d'arbitrage, d'autant plus que le 1er ministre israélien ne semble pas trop disposé à faire de compromis sur l'essentiel, à savoir le gel puis le démentèlement des principales colonies juives de Cisjordanie. Mais il semble que les espoirs soient permis...

D'abord parce que Barack Obama est intelligent et qu'il a compris que l'enlisement du conflit israélo-arabe a des répercussions négatives sur la sécurité nationale des USA;

Ensuite parce Benyamin Netanyahou, tout doctrinaire et radical qu'il soit, a déjà démontré qu'il est réceptif à des pressions américaines et donc capable de compromis;

Enfin parce que les conditions sont peut-être propices au déblocage du côté des Palestiniens aussi : la croissance économique reprend en Cisjordanie et le gouvernement de Salam Fayad, le 1er ministre de l'Autorité palestinienne, est reconnu comme compétent. Le succès d'un accord - aussi minime soit-il - pourrait donc renforcer le Fatah (le parti historique de Yasser Arafat, aujourd'hui présidé par Mahmoud Abbas, le Président de l'Autorité palestinienne) et contribuer ainsi à affaiblir le Hamas (parti islamiste qui contrôle la bande de Gaza et qui refuse toujours de reconnaître Israël).

Cette semaine de début septembre 2010 sera-t-elle historique ? Barack Obama saura-t-il arbitrer intelligemment ce conflit qui a des ramifications partout, mais particulièrement chez lui, dans le contexte des élections de mi-mandat ?

À suivre...