mardi 30 août 2011

François Legault : saveur du mois ?

Les sondages le font caracoler 1er dans les intentions de vote : jusqu'à 40% des Québécois seraient prêts à voter pour un gouvernement Legault, sans connaître son équipe et en ayant une vague idée de son programme.

La stratégie mise en place par François Legault avec sa CAQ est intelligente. Certains éléments de son discours le sont aussi :

- Les Québécois ne s'entendent pas entre souveraineté et fédéralisme mais il sont majoritairement nationalistes, il faut miser sur ce consensus plutôt que d'accélérer notre folklorisation politique et culturelle... (son constat sur la situation du français semble juste, ses propositions demeurent discrètes... On salue sa volonté de mettre fin aux écoles passerelles.)

- La démarche proposée est digne d'intérêt : le fait de cibler ses interventions (santé, éducation, économie, culture...) et de proposer des textes avant de lancer une consultation mérite aussi des applaudissements;

Le problème est que les solutions proposées apparaissent souvent trop simples ou alors trop floues (ex: les fameuses économies engendrées par différentes restructurations au sein de l'administration publique sont souvent évoquées mais rarement réalisées).

Un extrait de la chronique de Vincent Marissal de mardi témoigne de la fragilité des appuis dont peut bénéficier François Legault.

«Parlant d'économie, le moment serait idéal pour que M. Legault nous fasse part de ses propositions sur le développement des ressources naturelles et sur le régime de redevances. On aimerait aussi entendre ses plans pour relancer Montréal, pour les infrastructures routières, pour le transport en commun et pour un nouveau pacte avec Québec, un plan, quoi, pour la région où vit la moitié de la population du Québec.

Mais peut-on critiquer François Legault de ne pas être plus explicite?

Son succès actuel est la preuve que les Québécois se préoccupent peu de l'itinéraire. Ils veulent juste un nouveau char.
»

Mais remercions tout de même M. Legault de contribuer à dynamiser le jeu politique... Parlez-en à Pauline Marois et Jean Charest...

lundi 29 août 2011

L'union de la «gauche» canadienne.

Presque tous les chroniqueurs politiques s'évertuent à discourir ces jours-ci à propos d'une union des partis d'opposition sur la scène politique canadienne. Chantal Hébert en a même fait le cœur de son analyse dans son livre French Kiss : si le PLC et le NPD ne s'unissent pas, les conservateurs de Harper deviendront progressivement mais sûrement «the natural governing party of Canada».

Il est en effet prévisible que la division de l'opposition devienne la principale force des conservateurs de Harper, comme ce fût le cas pour la domination outrancière des libéraux sous Jean Chrétien... Après tout, 60% de l'électorat canadien a voté pour un autre parti que les conservateurs le 2 mai dernier, mais ceux-ci forment un gouvernement majoritaire face à une opposition éclatée et sans chefs.

L'ascension fulgurante du NPD de Jack Layton (particulièrement au Québec) en 2011 et la déconfiture libérale depuis le scandale des commandites, puis sous S. Dion comme sous Ignatieff, fait dire à plusieurs que le pragmatisme doit dominer et inciter ces deux partis à fusionner pour incarner une réelle alternative aux conservateurs.

Les partisans de cette union de la «gauche» semblent dire que le NPD et les libéraux partagent beaucoup plus de valeurs qu'ils ne le croient et que de toute façon, ce sont les conservateurs qui véhiculent un projet politique à l'opposé de la majorité des Canadiens...

Je tiens à souligner deux problèmes posés par ce type d'analyse :

1- La culture politique des deux partis est foncièrement différente. Alors que le NPD demeure un parti axé sur un programme de centre-gauche et un idéal social-démocrate, le PLC est un parti de pouvoir. Son positionnement sur l'échiquier idéologique dépend de ses perspectives électorales. Si le PLC pense gagner ses élections avec un type de discours, il adoptera ce discours. Même chose pour le choix du chef (avec l'exception notable de l'élection de Stéphane Dion en 2008). De son côté, le NPD demeure un «parti idéologique» et dans plusieurs régions du pays, les libéraux y sont perçus comme des adversaires de droite et non des cousins de gauche...

2- Bien que le PLC soit un parti de pouvoir, il demeure dans un domaine, celui de l'unité nationale, un parti défendant une orthodoxie, voire une doctrine : le trudeauisme. Or, voilà que le discours d'ouverture à l'égard du Québec qui a émergé au sein du NPD de Layton serait menacé par une fusion des partis à gauche des conservateurs de Harper.

Il serait dommage que le travail patient mais cohérent de Jack Layton à propos de ce qu'il appelait «les conditions gagnantes du Canada pour le Québec» soit mis à mal par la force centrifuge de l'orthodoxie trudeauiste qui suggère l'attitude du «being hard on Quebec» et promet un Canada one nation dans lequel toutes les provinces sont traitées de la même manière.

Le NPD de Layton offrait un espace politique prometteur pour les partisans d'un autre beau risque (j'en suis). Toutes perspectives de fusion avec le PLC brisera cette ouverture...

vendredi 26 août 2011

«Rapport Drainville» : le + et le -

Le député péquiste de Marie-Victorin, Bernard Drainville, vient de rendre public son «rapport», qui cherche à répondre à la crise qui secoue le PQ depuis le printemps dernier.

Plusieurs propositions déjà défendues dans ce blogue y figurent : élection du 1er ministre au suffrage universel, plus grande séparation des pouvoirs (le 1er ministre pourrait choisir ses ministres hors du Parlement), élections à dates fixes, réforme du mode de scrutin, assemblées de circonscriptions régulières et obligatoires...

Je ne peux donc que me réjouir que ces dossiers cheminent... Mais il y a quelques problèmes qui me chicottent : pourquoi avoir attendu si longtemps - et l'amplitude d'une crise qui menace le parti - pour proposer des réformes portées et revendiquées depuis plus de 10 ans au Québec ? N'est-il pas normal que ces propositions soient aujourd'hui accueillies avec scepticisme ou indifférence ?

Autres problèmes : dans les réformes proposées, Drainville insiste beaucoup sur la loi sur l'initiative populaire. Une telle loi imposerait la tenue d'un référendum si 15% de l'électorat signait une pétition portant sur tout sujet autorisé par la Direction générale des élections. Ce type d'initiative existe en Suisse et en Californie. C'est entre autres par une telle initiative que la loi sur les mariages gay a été rejetée en Californie l'année dernière. En Suisse, on en est venu à interdire la construction de minarets ! On en est donc venu à confondre par un populisme de mauvais goût la nécessaire lutte aux extrémismes religieux par rapport à la liberté de conscience - pierre d'assise de nos démocraties libérales...

On voit que sans balises claires, des consensus fragiles et des dossiers polarisants pourraient refaire surface et radicaliser ou déplacer la teneur des débats. Il faudrait donc éviter de croire que ce «renforcement du pouvoir citoyen» est toujours souhaitable dans une société pluraliste qui peine à trouver l'équilibre entre le respect des droits individuels et la nécessité du maintien d'une culture publique commune et d'un système d'arbitrage complexe entre les différents pouvoirs de l'État.

(Par exemple, si nous nous en remettons uniquement au pouvoir des urnes, il y a des risques que les minorités deviennent otages de cette «tyrannie de la majorité»; mais si nous affaiblissons sans cesse nos parlements par des empiètements de l'exécutif ou du judiciaire - et c'est la grande tendance qu'a prise notre système parlementaire depuis 1982 - ou cette fois par un contrepouvoir populaire, il faut aussi envisager que le «populisme» puisse s'infiltrer dans le système... La proposition de Drainville pour un droit de rappel des élus conduirait selon moi au pire défaut de la démocratie : seul l'électoralisme triomphera !)

Il aurait donc fallu doser dans les réformes à proposer. Il aurait aussi été apprécié que M. Drainville développe un discours sur des politiques publiques concrètes à proposer - au-delà des réformes institutionnelles : quoi faire avec le Plan Nord du gouvernement Charest ? Quelle politique agricole favoriser ? Quelles sont ses priorités en matière de transport (?!), d'énergie (pourquoi pas stopper le projet Romaine ?), de santé - n'y aurait-il pas trop d'agences gouvernementales ?; en éducation - un plan pour la lutte au décrochage ?; en culture ?

Le problème du PQ et la crise de confiance envers la classe politique ne se solutionnera pas seulement par des réformes institutionnelles... Il faut aussi démontrer qu'un projet de société est porté par nos élus. L'impression est que péquistes et libéraux se ressemblent par leur électoralisme et leur vision du développement... Cette perception est sans doute exagérée, mais elle domine.

À force de parler de souveraineté et de dates de référendums, les élus du PQ ont oublié que la réelle souveraineté, c'est le contrôle effectif de notre territoire et de nos ressources, pas un développement laissé aux plus grandes corporations spoliant nos richesses en marge de nos recettes fiscales !

Mais ne boudons pas notre plaisir, le programme des réformes démocratiques refait surface ! Saisissons-le !

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jeudi 25 août 2011

Combattre le projet inégalitaire.

En écoutant Susan George à la radio ce matin, je me suis dit que les promesses sans lendemain et occasions manquées sont nombreuses depuis le début de la grande crise de 2008...

Nicolas Sarkozy, dans l'une de ses envolées verbales grandiloquentes mais sans suites avait déclaré : «il faut refonder le capitalisme»; Barack Obama a identifié les deux ingrédients de la crise : «Greed and irresponsability» !

Chose certaine, les firmes de cotation de crédit - pourtant responsables de l'introduction dans les marchés de ces produits sans valeurs que l'on appelait les papiers commerciaux adossés à des actifs... Ces firmes donc, ne se sont pas gênées pour attaquer les économies de l'Europe méditerranéenne (Grèce, Portugal, Espagne).

Depuis la décennie 1970, un glissement s'est opéré dans l'économie capitaliste, toujours plus mondialisée et financiarisée. Ceci implique que la création de la richesse s'opère de plus en plus dans des gains boursiers et dématérialisés... Ceci implique que l'économie croît, mais qu'elle crée de moins en moins d'emplois. Ceci implique que les écarts dans la répartition de la richesse ont explosé. Comme s'il y avait eu «un projet inégalitaire» pour parler comme Jean-Claude Guillebaud.

Quelques exemples pour illustrer ce projet inégalitaire :

- Aujourd'hui, la création de la richesse par la spéculation sur le marché des devises plutôt que par le travail et la production de biens et de services, engendre 5 fois plus de profits que la création de richesse par la production réelle de biens et de services ! Les petits épargnants ont été incités à «placer» leur épargne à la bourse, leurs placements se sont effondrés pendant que les grands bonzes de la finance voyaient leurs entreprises sauvées par l'État en se sauvant avec des primes de départ !

- Aux USA, entre 1936 et 1939, la rémunération moyenne des 150 dirigeants les mieux payés des 50 plus grandes entreprises américaines représentait 82 fois le salaire moyen. Entre 1960 et 1969, le ratio n’est plus 82 – mais 30. Après l’élection de Ronald Reagan, ce ratio est remonté en flèche pour atteindre 187 ! En l’an 2000 : le ratio grimpe à 367 ! (source)

Et le grand débat aux USA en 2011, après l'ère de W. Bush qui a accru cet écart, c'est «doit-on mettre fin aux congés fiscaux pour les grandes fortunes instaurés par W !»

L'hostilité à l'égard des impôts dans le discours public américain est devenue une hystérie ! Même Warren Buffett le dit ! Et parmi les figures publiques, c'est Jon Stewart qui semble le mieux démontrer l'absurdité du discours des élus républicains du Congrès ! En tout cas, Obama ne fait plus le poids !

Il faut rediriger notre économie vers la création d'emplois plutôt que poursuivre cette financiarisation absurde de l'économie qui ne profite qu'à quelques-uns.

- Un dernier exemple de cette déshumanisation du capitalisme dans les 40 dernières années, exemple relevé par Paul Krugman dans son livre L'Amérique que nous voulons. Dans les années 1960, le plus grand employeur aux USA est GM. Il offre des salaires importants, un régime de retraite à ses travailleurs ainsi qu'une assurance-maladie. Aujourd'hui, le plus grand employeur aux USA est Wal-Mart : on y offre des emplois précaires, mal payés, sans bénéfices sociaux (régime de retraite ou assurance).

(Notez au passage que ces mouvements constatés dans la répartition de la richesse et les conditions de travail vont de pair avec l'ascension et le déclin du syndicalisme. Pour ceux qui doutaient de la nécessité des syndicats dans notre société...)

C'est pourquoi l'affadissement de la figure d'Obama est si triste. Il tenait ce discours de la nécessaire répartition de la richesse lors de sa campagne de 2008. Et c'est aussi pourquoi la mort prématurée de Jack Layton est un drame pour ceux qui comptaient sur des politiques sociales redistributives...

Pendant ce temps, Stephen Harper sourit et poursuit son projet inégalitaire !

lundi 22 août 2011

Jack, le bon Jack.

Jack Layton est mort. Une mort fulgurante après une ascension politique et une campagne 2011 toute aussi fulgurante !

Il faut remercier chaleureusement cet homme d'avoir réintroduit une part de rêve pour une société plus juste et pour sa grande valorisation du dialogue en politique. Jack Layton entretenait en effet un dialogue permanent avec ses adversaires politiques. Il est aussi le 1er responsable de la percée historique du NPD au Québec. C'est en effet sous sa gouverne que le NPD a développé son programme favorable au fédéralisme asymétrique, au respect de la loi 101 dans les secteurs régis par le fédéral, au maintien du poids politique du Québec à la Chambre des Communes, à l'application de la convention qui dit que 3 des 9 juges de la Cour Suprême du Canada proviennent du Québec et à l'exigence du bilinguisme des juges, etc.

Bref, c'est sous Jack Layton que l'espace politique pour une sensibilité québécoise au sein de ce parti historiquement centralisateur s'est concrétisé.

Espérons que ses successeurs en seront dignes ! Et que les officiers et militants de ce parti resterons fidèles à ce bel héritage.

Maintenant, Thomas Mulcair apparaît tout désigné pour succéder à Layton. Il est bilingue «boîte de céréales», il ne peut être accusé de sympathies souverainistes et il est le chef de file de cette nouvelle députation québécoise néophyte mais majoritaire au sein du NPD...

C'est Jean Charest, celui qui rêvait de devenir 1er ministre du Canada, qui doit se réveiller la nuit en se disant ce qu'il fout dans cette province dont il est partiellement étranger, alors qu'en écartant Mulcair de son gouvernement, il a créé les conditions de son ascension... Ironie quand tu nous tiens !

jeudi 18 août 2011

Voyage au Maghreb en l'an 1400 de l'Hégire.

J'ai lu lentement et avec un plaisir inouï ce livre de Louis Gauthier. On peut le considérer comme une suite de Voyage en Irlande avec un parapluie, Le pont de Londres et Voyage au Portugal avec un Allemand.

L'auteur fait d'ailleurs allusion à ces voyages passés, sans que cela dérange le lecteur qui n'est pas familier avec l’œuvre de Louis Gauthier. Car il s'agit d'une oeuvre ! Je me rappelle sa littérature déjantée dans Les aventures de Sivis Pacem et Para Bellum (1970). Ce fût pour moi une prise de conscience de la liberté de l'écriture et de l'infini de l'imagination !

Ici, le ton est sobre. Le style est simple. Mais les images sont là, fortes et concrètes. Il faut lire ce livre avec lenteur, comme un Dany Laferrière. Et ce qu'il y a d'original ici, c'est que Gauthier ne dresse pas un portrait idyllique du voyage, ni du voyageur, le personnage principal, qui est morose, un peu «colonialiste» dans l'attitude, et «qui se cherche lui» plus qu'il semble intéressé à autrui.

Son parcours passe du Maroc à l'Algérie à la Tunisie. Le propos de l'auteur passe légèrement d'une description simple à une réflexion philosophique et politique très bien articulée, soulevant plus de questions que de réponses. Mais au terme du livre, on comprend que les «petits bonheurs» du voyage comme ceux du quotidien doivent être accueillis comme ils sont, c-à-d passagers (des moments de passage ?).

Il faut donc savoir en profiter ! Merci à Louis Gauthier de nous le faire comprendre et vivre en le lisant.

mercredi 17 août 2011

Se cramponner dans le déni.

La crise qui secoue le Parti québécois et qui débouche sur l'émergence de multiples mouvements et partis politiques cherchant à le remplacer - de Québec solidaire, nous avons vu émerger la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault, puis voici le Nouveau mouvement pour le Québec et même Option Québec - cette crise illustre il me semble clairement que le PQ a perdu son aspect rassembleur et qu'il ne peut plus incarner la mouvance souverainiste ni même nationaliste à lui seul...

Mais la réaction de Pauline Marois et de ses alliés est de critiquer ces mouvements en affirmant qu'ils divisent et affaiblissent la cause du Québec... Ils en appellent donc à l'unité, unité à faire au sein du PQ selon eux...

Ce discours se cramponne dans le déni. La constellation de partis et de mouvements qui émerge est le symptôme d'un réalignement profond du paysage partisan et les officiers du PQ doivent le comprendre avant de faire le jeu d'une réélection des libéraux (corrompus) de Jean Charest.

L'«unité» recherchée par la chef du PQ ne peut se faire à l'intérieur de son parti. Elle doit ouvrir le jeu et conclure un pacte électoral avec les formations prêtes à conclure une entente de non-agression avec le PQ. Cela implique que le PQ renonce à présenter des candidats contre les porte-parole de Québec solidaire et permette aux députés démissionnaires - Curzi, Lapointe, Beaudoin, Aussant, Charette - de se présenter comme indépendants ou affiliés au mouvement de leur choix dans le but de fédérer les différentes tendances qui émergent derrière un plan d'action qui implique une négociation des impératifs de chacun. Chose certaine, un tel programme devrait faire une large place aux réformes démocratiques - au 1er chef la réforme du mode de scrutin que le PQ a cyniquement repoussé à plusieurs reprises...

Si Pauline Marois croit pouvoir devenir 1ère ministre en misant sur la seule usure du pouvoir des libéraux, elle se trompe ! Et si elle croit pouvoir incarner à elle seule la mouvance nationaliste, elle est déconnectée de la réalité en marche depuis 10 ans au Québec.

Il reste peu de temps à Pauline Marois pour saisir l'opportunité d'une grande coalition formée par un pacte électoral. Et plus le temps avance, plus son pouvoir de négociation diminue ! Aura-t-elle l'audace d'ouvrir son jeu ?

Malheureusement (heureusement pour Jean Charest) elle semble de plus en plus cramponnée dans le rôle du capitaine du Titanic !

lundi 15 août 2011

Le skateboard, le stade, Guy Lafleur et l'urbanisme.

Je tiens à revenir sur une bonne nouvelle, passée inaperçue parce qu'encore inaboutie : Lise Bissonnette a été mandatée pour repenser le Stade olympique, son usage et ses lieux. Et sur le comité figurent des personnes qui suscitent naturellement la confiance du public : entre autres le Maire d'arrondissement Réal Ménard et l'athlète Chantal Petitclerc. On consultera la population et les groupes intéressés cet automne.

J'aimerais formuler les réflexions suivantes, tirées à partir de mon usage personnel du terrain entourant le stade.

Je fais du skateboard depuis plus de 25 ans. Je dis d'ailleurs à mon fils que mon statut au sein de ce sport me donne le droit que s'arrogeait Guy Lafleur au Hockey : pratiquer ce sport «avec PAS d'casque» !

Il faut préserver un espace skatable continu tout autour du Stade et de sa jonction avec le parc Maisonneuve. Chantal Petitclerc étant elle-même une athlète roulante, il y a de l'espoir pour que cette précoccupation soit là. Le Stade a toujours été un lieu important du skateboard. Il y a même des modèles de planches illustrant Big O et les environs du Stade. Le lieu même du Stade et du parc Maisonneuve est régulièrement utilisé par les partisans des sports de roue - vélos inclus !

Il faut donc penser le réaménagement en fonction de la valorisation et de la cohabitation de ces multiples usages. Les skateurs se promènent différemment des cyclistes et des patineurs... Comme skateur, je peux vous dire que notre vision de l'urbanisme et de la fonctionnalité des voies de circulation se pensent dans une recherche de fluidité. Nous avons une expérience et une vision de l'espace entourant le Stade qui mérite d'être préservée.

J'espère que cette préoccupation fera son chemin au sein du groupe mené par Lise Bissonnette. Il serait dommage que l'on rate une rare occasion de corriger un lieu effectivement moche visuellement sans faire disparaître la fluidité de son espace roulant. Comme affirmé dans l'article mis en référence précédemment :

«le skateboard propose une autre perception de la sculpture et de la forme. (...)

Les skateurs ajoutent un jugement mécanique, un jugement par l'expérience, une sorte de compréhension intuitive de ce qu'est la structure architecturale moderne, devenue sculpture sociale.

A cet égard, certains skatepark comme celui de Marseille attirent des pratiquants du monde entier ; celui de Bruxelles, par exemple, est devenu un passage incontournable lors de la visite touristique de la ville
».

J'y crois : par son utilisation du mobilier urbain, le skateboarder inflitre le quotidien le plus intime de la ville, il ne faudrait pas se priver de cette vertu qu'offrent les skateurs. Et tout l'entourage du Stade est depuis longtemps un endroit investi par les Skateurs.


Même les formes du Stade invitent à le prendre d'assaut pour le skater...

Laissez le skate vous inculquer quelques notions d'architecture urbaine !

P.S. Pour ceux que ça intéresse, suivre ce lien.

dimanche 14 août 2011

L'immoralité et la rédemption dans la politique américaine.

Rick Perry, successeur de George W. Bush au poste de Gouverneur du Texas, brigue l'investiture républicaine. Il veut battre Obama en 2012 et croit en être capable en ralliant les partisans du Tea Party, la droite religieuse et l'establishment du Parti républicain. Il peut même sérieusement concurrencer Mitt Romney que je croyais jusqu'ici le choix naturel des Républicains pour battre Obama en 2012. Le Texas est en effet le principal moteur de la «reprise» de l'économie américaine... De plus, son style s'apparente quelque fois à celui d'un preacher en complet bleu pétrole... La droite religieuse préferera sans doute Perry à Romney, le chrétien en marge (il est mormon).

Rick Perry fait penser à Ronald Reagan. Il cherche même par ses discours, à rappeler cet idole américaine dont l'Amérique semble nostalgique : Grandeur et puissance des USA, triomphe devant l'URSS déclinante, fierté et arrogance valorisées... Avec Reagan, on se relève de l'humiliation du Vietnam et de l'échec du redressement moral que pouvait incarner Jimmy Carter en succédant à l'ère du crook Nixon... Ne voyez-vous pas une similitude avec la période actuelle ?

Barack Obama peut en effet être perçu comme la rédemption d'une Amérique immorale - celle de W. Bush. Dès le début, Obama a dit non à la guerre en Irak et il a réintroduit dans le discours public lors de la campagne de 2008 le discours sur la nécessité de respecter certaines conditions morales et politiques avant d'entrer en guerre. Carter comme Obama sont perçus à l'extérieur comme plus engagés envers la paix et le dialogue, mais ils ont été présentés par leurs adversaires comme des faibles en Relations internationales... L'élection d'Obama a redressé l'image morale de l'Amérique. Comme Jimmy Carter a incarné à son époque le redressement moral des USA après les dérives nixonniennes... Et Carter comme Obama ont connu une Amérique en crise économique. Obama sera-t-il le Jimmy Carter des années 2000 (un seul mandat...) ?

Qui de Rick Perry ou Mitt Romney rassemble le mieux les ingrédients de la «recette Reagan» ?

Voir cet extrait-vidéo de Ronald Reagan qui propose sa propre définition de ce qui distingue les mots «Récession», «Dépression» et «Reprise économique» (voir à 4:45):


Écoutez cet entretien avec Frédérick Gagnon portant sur le mouvement Tea Party, mouvement qui se réclame une filiation avec Ronald Reagan...

Les Entretiens IEIM avec Frédérick Gagnon - Le Tea Party. Une réelle influence sur la politique américaine ? from IEIM on Vimeo.


Ce qui sembl(ait ?) manquer au challenger d'Obama pour 2012 ? Une candidature qui combinerait l'efficacité et l'humour de Ronald Reagan et qui bénéficierait de l'appui d'un mouvement en apparence «populaire» comme le Tea Party, sans faire fuire les bonzes de la droite religieuse, de la big Business et de la finance...

Alors, Perry ou Romney contre Obama en 2012 ? (je continue à miser sur Romney...)