jeudi 25 août 2011

Combattre le projet inégalitaire.

En écoutant Susan George à la radio ce matin, je me suis dit que les promesses sans lendemain et occasions manquées sont nombreuses depuis le début de la grande crise de 2008...

Nicolas Sarkozy, dans l'une de ses envolées verbales grandiloquentes mais sans suites avait déclaré : «il faut refonder le capitalisme»; Barack Obama a identifié les deux ingrédients de la crise : «Greed and irresponsability» !

Chose certaine, les firmes de cotation de crédit - pourtant responsables de l'introduction dans les marchés de ces produits sans valeurs que l'on appelait les papiers commerciaux adossés à des actifs... Ces firmes donc, ne se sont pas gênées pour attaquer les économies de l'Europe méditerranéenne (Grèce, Portugal, Espagne).

Depuis la décennie 1970, un glissement s'est opéré dans l'économie capitaliste, toujours plus mondialisée et financiarisée. Ceci implique que la création de la richesse s'opère de plus en plus dans des gains boursiers et dématérialisés... Ceci implique que l'économie croît, mais qu'elle crée de moins en moins d'emplois. Ceci implique que les écarts dans la répartition de la richesse ont explosé. Comme s'il y avait eu «un projet inégalitaire» pour parler comme Jean-Claude Guillebaud.

Quelques exemples pour illustrer ce projet inégalitaire :

- Aujourd'hui, la création de la richesse par la spéculation sur le marché des devises plutôt que par le travail et la production de biens et de services, engendre 5 fois plus de profits que la création de richesse par la production réelle de biens et de services ! Les petits épargnants ont été incités à «placer» leur épargne à la bourse, leurs placements se sont effondrés pendant que les grands bonzes de la finance voyaient leurs entreprises sauvées par l'État en se sauvant avec des primes de départ !

- Aux USA, entre 1936 et 1939, la rémunération moyenne des 150 dirigeants les mieux payés des 50 plus grandes entreprises américaines représentait 82 fois le salaire moyen. Entre 1960 et 1969, le ratio n’est plus 82 – mais 30. Après l’élection de Ronald Reagan, ce ratio est remonté en flèche pour atteindre 187 ! En l’an 2000 : le ratio grimpe à 367 ! (source)

Et le grand débat aux USA en 2011, après l'ère de W. Bush qui a accru cet écart, c'est «doit-on mettre fin aux congés fiscaux pour les grandes fortunes instaurés par W !»

L'hostilité à l'égard des impôts dans le discours public américain est devenue une hystérie ! Même Warren Buffett le dit ! Et parmi les figures publiques, c'est Jon Stewart qui semble le mieux démontrer l'absurdité du discours des élus républicains du Congrès ! En tout cas, Obama ne fait plus le poids !

Il faut rediriger notre économie vers la création d'emplois plutôt que poursuivre cette financiarisation absurde de l'économie qui ne profite qu'à quelques-uns.

- Un dernier exemple de cette déshumanisation du capitalisme dans les 40 dernières années, exemple relevé par Paul Krugman dans son livre L'Amérique que nous voulons. Dans les années 1960, le plus grand employeur aux USA est GM. Il offre des salaires importants, un régime de retraite à ses travailleurs ainsi qu'une assurance-maladie. Aujourd'hui, le plus grand employeur aux USA est Wal-Mart : on y offre des emplois précaires, mal payés, sans bénéfices sociaux (régime de retraite ou assurance).

(Notez au passage que ces mouvements constatés dans la répartition de la richesse et les conditions de travail vont de pair avec l'ascension et le déclin du syndicalisme. Pour ceux qui doutaient de la nécessité des syndicats dans notre société...)

C'est pourquoi l'affadissement de la figure d'Obama est si triste. Il tenait ce discours de la nécessaire répartition de la richesse lors de sa campagne de 2008. Et c'est aussi pourquoi la mort prématurée de Jack Layton est un drame pour ceux qui comptaient sur des politiques sociales redistributives...

Pendant ce temps, Stephen Harper sourit et poursuit son projet inégalitaire !

3 commentaires:

  1. Je suis convaincu de la nécessité des syndicats dans notre société mais je ne suis pas sûr que l'ascension et le déclin du syndicalisme vont de pair avec la répartition de la richesse et les conditions de travail.
    Comme exemple, les pilotes d'Air Transat sont bien protégés par leur syndicat mais le programme " abusif " des "stock options " fait -des membres de la haute direction de l'entreprise- des archi-millionnaires... et c'est vrai chez Metro, dans les institutions bancaires, etc.
    Durant mes 25 ans ( 1956-1981 )- dont 10 ans comme pdg - à l'emploi d'une entreprise québécoise établie sur une base nationale - j'ai accumulé un revenu brut de moins de 1 million $ . Mon successeur- bénéficiant d'un programme de "stock options" est devenu millionnaire très rapidement.
    Mon fils me dit-avec humour : Tu es le Rocket Richard du milieu des affaires.

    Il existe quelque chose de malsain dans le royaume des hauts dirigeants de certaines entreprises.
    pepedamour

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  2. lire ceci pour aller plus loin dans la même direction :
    http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/conclusion-pour-un-programme-commun-de-changement/9561/

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  3. le texte suggéré par le Voisin se termine par une citation de J.M. Keynes qui est à retenir.
    yg

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