Le député péquiste de Marie-Victorin, Bernard Drainville, vient de rendre public son «rapport», qui cherche à répondre à la crise qui secoue le PQ depuis le printemps dernier.
Plusieurs propositions déjà défendues dans ce blogue y figurent : élection du 1er ministre au suffrage universel, plus grande séparation des pouvoirs (le 1er ministre pourrait choisir ses ministres hors du Parlement), élections à dates fixes, réforme du mode de scrutin, assemblées de circonscriptions régulières et obligatoires...
Je ne peux donc que me réjouir que ces dossiers cheminent... Mais il y a quelques problèmes qui me chicottent : pourquoi avoir attendu si longtemps - et l'amplitude d'une crise qui menace le parti - pour proposer des réformes portées et revendiquées depuis plus de 10 ans au Québec ? N'est-il pas normal que ces propositions soient aujourd'hui accueillies avec scepticisme ou indifférence ?
Autres problèmes : dans les réformes proposées, Drainville insiste beaucoup sur la loi sur l'initiative populaire. Une telle loi imposerait la tenue d'un référendum si 15% de l'électorat signait une pétition portant sur tout sujet autorisé par la Direction générale des élections. Ce type d'initiative existe en Suisse et en Californie. C'est entre autres par une telle initiative que la loi sur les mariages gay a été rejetée en Californie l'année dernière. En Suisse, on en est venu à interdire la construction de minarets ! On en est donc venu à confondre par un populisme de mauvais goût la nécessaire lutte aux extrémismes religieux par rapport à la liberté de conscience - pierre d'assise de nos démocraties libérales...
On voit que sans balises claires, des consensus fragiles et des dossiers polarisants pourraient refaire surface et radicaliser ou déplacer la teneur des débats. Il faudrait donc éviter de croire que ce «renforcement du pouvoir citoyen» est toujours souhaitable dans une société pluraliste qui peine à trouver l'équilibre entre le respect des droits individuels et la nécessité du maintien d'une culture publique commune et d'un système d'arbitrage complexe entre les différents pouvoirs de l'État.
(Par exemple, si nous nous en remettons uniquement au pouvoir des urnes, il y a des risques que les minorités deviennent otages de cette «tyrannie de la majorité»; mais si nous affaiblissons sans cesse nos parlements par des empiètements de l'exécutif ou du judiciaire - et c'est la grande tendance qu'a prise notre système parlementaire depuis 1982 - ou cette fois par un contrepouvoir populaire, il faut aussi envisager que le «populisme» puisse s'infiltrer dans le système... La proposition de Drainville pour un droit de rappel des élus conduirait selon moi au pire défaut de la démocratie : seul l'électoralisme triomphera !)
Il aurait donc fallu doser dans les réformes à proposer. Il aurait aussi été apprécié que M. Drainville développe un discours sur des politiques publiques concrètes à proposer - au-delà des réformes institutionnelles : quoi faire avec le Plan Nord du gouvernement Charest ? Quelle politique agricole favoriser ? Quelles sont ses priorités en matière de transport (?!), d'énergie (pourquoi pas stopper le projet Romaine ?), de santé - n'y aurait-il pas trop d'agences gouvernementales ?; en éducation - un plan pour la lutte au décrochage ?; en culture ?
Le problème du PQ et la crise de confiance envers la classe politique ne se solutionnera pas seulement par des réformes institutionnelles... Il faut aussi démontrer qu'un projet de société est porté par nos élus. L'impression est que péquistes et libéraux se ressemblent par leur électoralisme et leur vision du développement... Cette perception est sans doute exagérée, mais elle domine.
À force de parler de souveraineté et de dates de référendums, les élus du PQ ont oublié que la réelle souveraineté, c'est le contrôle effectif de notre territoire et de nos ressources, pas un développement laissé aux plus grandes corporations spoliant nos richesses en marge de nos recettes fiscales !
Mais ne boudons pas notre plaisir, le programme des réformes démocratiques refait surface ! Saisissons-le !
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1. dans sa présentation à la TV, Drainville a utilisé un ton ( n'ai pas enrégistré les mots exacts )qui faisait populiste.
RépondreSupprimer2. les 5 propositions- déjà défendues dans le blogue du Voisin et par Claude Béland -sont - per se - intéressantes mais dans le contexte actuel où le PQ est dans un merdier médiatique, ça ressemble drôlement à une distraction...pour éviter de confronter les vrais problèmes ponctuels.
yg
Dans Le Devoir de ce matin, Robert Dutrisac- commentant la sortie de Bernard Drainville :
RépondreSupprimer"ses propositions semblent tirées des ruminations de férus de science po..."
Comme chanterait Gerry :
"ayoil,,,tu m'fais mal..."
pepedamour