C'est le 40e anniversaire d'octobre 70. Les «événements d'octobre» pendant lesquels les cellules «libération» et «Chénier» du Front de libération du Québec ont enlevé puis séquestré l'attaché commercial britannique James Richard Cross et le ministre québécois du travail Pierre Laporte, ont conduit à l'escalade des moyens de la part du gouvernement fédéral qui a invoqué la Loi des mesures de guerre et emprisonné près de 500 citoyens sans mandats pour mettre fin à la crise...
Ce grand défenseur des libertés civiles qu'était Pierre Elliott Trudeau a donc suspendu les libertés fondamentales et décidé l'occupation militaire d'un territoire pour juguler une crise qui fût en fait une «crisette» en regard de ce que d'autres pays occidentaux (ex: la France et les USA entre 1962 et 1970) ont vécu à la même époque. Certains en viennent alors à se demander si l'homme n'a pas cherché à profiter de ces événements pour affaiblir, discréditer, voire briser l'élan nationaliste québécois de la décennie 1960... L'objectif aurait alors été d'amalgamer toute revendication nationaliste québécoise avec les thèmes repoussoirs de «terrorisme» et de «violence politique».
L'écrivain Louis Hamelin propose son regard sur cette période trouble et demeurée taboue de notre histoire récente. Son dernier roman La constellation du Lynx est fondé sur une recherche sérieuse et remet en question le récit officiel de la Crise d'octobre. Hamelin reste toutefois prudent, d'abord en ne cherchant pas à faire de son roman un ouvrage journalistique, ensuite en changeant le nom des protagonistes, enfin en parlant d'hypothèses ou de versions plausibles des événements lorsqu'on l'interroge sur la mort de Pierre Laporte ou sur la possibilité d'une «grande machination» fédérale ayant contribué à faire basculer la crise dans la violence...
Reste que je me promets de me lancer dans la lecture de ce «roman à caractère politique» dès que possible. D'abord parce que Louis Hamelin demeure pour moi un Grand écrivain, même si sa production littéraire demeure mince et que son oeuvre marquante a plusieurs années. En effet, c'est son 1er roman, intitulé La rage qui a propulsé Hamelin comme vedette montante de notre littérature. La rage, sorte de récit intérieur gravitant autour de l'expropriation des terres de Mirabel par le gouvernement fédéral, demeure pour moi une des lectures marquantes de ma vie. Ses autres romans ne m'ont pas plu, trop encombrés de recherches styllistiques, au détriment d'une bonne vraie histoire, captivante et universelle.
Or, il me semble que là, en puisant dans les événements d'octobre 1970, avec des personnages aux ambitions révolutionnaires, des politiciens véreux et malintentionnés, une petite nation en processus de décolonisation intérieure, un homme «sacrifié» au nom d'objectifs plus grands que lui - Pierre Laporte semble en effet avoir été victime des événements et d'un «Grand jeu» qui se jouait au-dessus de lui, au-dessus même de ses propres ravisseurs selon la perspective de Louis Hamelin... Il me semble donc que nous avons là une vraie histoire !
P.S. L'émission Tout le monde en parlait consacre cette semaine 2 segments à la Crise d'octobre... Voir ici et bientôt sur Tou.tv.
Louis Cornellier, critique littéraire au Devoir, m'avait déja passé un commentaire semblable à celui du Voisin concernant Louis Hamelin:
RépondreSupprimerun des grands écrivains québecois.
Je lis régulièrement sa chronique du samedi dans Le Devoir: elle est parfois "encombrée" comme dit le Voisin...
J'ai écrit et demandé à Hamelin quel livre je devrais attaquer pour mieux l'apprivoiser.
sa réponse fut claire:
" la rage".
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