vendredi 14 octobre 2011

Let's go Tom !


Ça y est. Thomas Mulcair se lance dans la course à la succession de Jack Layton.

Le parcours de Mulcair est intéressant. On peut clairement dire que l'homme s'est bonifié avec le temps. Ex-avocat pour Alliance Québec, le défunt lobby des bulldogs hostiles à la prédominance du français au Québec - ces gens-là se considèrent comme une minorité assiégée alors qu'ils font partie d'une majorité en Amérique du Nord et qu'ils sont la minorité la mieux traitée dans le monde démocratique - Thomas Mulcair est aujourd'hui favorable à ce que les principes de la loi 101 s'appliquent dans les domaines régis par le gouvernement fédéral. Ancien ministre libéral sous Jean Charest, il a quitté avec fracas son poste à l'environnment parce qu'il s'opposait à la construction d'une centrale thermique (le Suroît) et à la privatisation d'un parc national (Orford).

Son passage sur la scène fédérale apparaissait au départ comme une sorte d'accident de parcours occasionné par la faiblesse de ses adversaires (le parti libéral de Stéphane Dion et son candidat Jocelyn Coulon). Or, M. Mulcair est vite devenu un député apprécié et un lieutenant politique efficace et influent pour le NPD. La grande marée orange du 2 mai dernier lui est en grande partie attribuable, car au-delà de la figure sympathique du «bon Jack», il y a eu un réel effort de développer une plateforme qui répondait à certaines préoccupations québécoises.

M. Mulcair ne part pas en avance dans cette course, car les règles pour l'élection du prochain chef sont celles du «un membre, un vote». Or, le Québec compte à peine 2800 membres sur les quelques 80 000 membres du parti. Et dans les autres provinces, lorsqu'on est membre du NPD provincial, on est automatiquement membre du NPD fédéral. Or, il n'y a pas de NPD sur la scène québécoise...

Que l'on soit souverainiste ou non, il me semble que le Québec n'a rien à perdre à voir un parti politique sur la scène fédérale défendre la spécificité québécoise. L'effondrement du Bloc s'explique en partie parce que le NPD sous Jack Layton, avec son lieutenant Mulcair, a réussit à faire émerger un «espace politique» pour les nationalistes québécois. Il y a un réel risque que cet espace s'estompe si Mulcair ne devient pas chef...

Mais quels sont les éléments de cette «ouverture»?
- D'abord, l'idée d'un fédéralisme asymétrique. Les programmes fédéraux ne seront plus obligés de s'appliquer d'un océan à l'autre. La spécificité québécoise pourra être prise en compte. C'est une revendication traditionnelle du Québec, qui date de plus de 50 ans !
- La composition de la Cour Suprême doit refléter la double culture juridique et linguistique du pays : 3 des 9 juges doivent être des civilistes (notre Droit civil est distinct de la Common law appliquée ailleurs au Canada) et les juges doivent être bilingues !
- Le poids politique du Québec à la Chambre des Communes doit être protégé, sans égards à son déclin démographique dans l'ensemble canadien. Cette position réaffirme une conception bi-nationale du Canada. L'égalité n'implique pas nécessairement un traitement symétrique des individus et des provinces... C'est André Laurendeau qui apprécierait.
- Le français doit être la langue prédominante au Québec, malgré la loi sur le bilinguisme officiel.

Ces positions méritent d'être saluées et soutenues. Je pense sérieusement à devenir membre du NPD fédéral pour contribuer à élire Thomas Mulcair à la tête de ce parti. Et vous?

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