Plusieurs glissements observés ici comme aux USA dernièrement me portent à penser que le «modèle chinois» sur le plan politique est en train d'influencer le fonctionnement de nos propres démocraties...
Pourtant, quand j'étudiais durant la décennie 1990, le discours dominant disait qu'en commerçant avec la Chine, on favoriserait l'émergence de la démocratie dans ce pays... Comme si le libéralisme économique entraînait «naturellement» le libéralisme politique, donc la démocratie.
Mais penchez-vous quelques instants sur le fonctionnement et l'évolution de notre démocratie au Québec, au Canada ou aux USA, et vous constaterez que c'est l'inverse qui se produit : en commerçant avec la Chine, c'est le «modèle chinois» qui commence à déteindre sur nos démocraties en crise...
- Depuis le 11 septembre 2001, l'État policier a pris plus de place et cela s'est fait au détriment des droits jugés les plus fondamentaux (il est dorénavant possible de détenir un individu sans lui divulguer ce qui est retenu contre lui, sans lui donner le droit à un avocat, etc.)
- La protection à la vie privée est fragilisée tant par l'État tentaculaire que par les pratiques et l'insouciance des nouvelles générations qui se dévoilent sur les différents réseaux sociaux du web.
- Le gouvernement Harper est en train d'élaborer une politique de contrôle de l'information maladive; il s'acharne à affaiblir les contrepoids existants; il réprime les dissidents; il lutte contre la transparence et inaugure des stratégies de propagande où la vérité devient vraie parce qu'elle est martelée...
- Le gouvernement Charest de son côté met en place des Commissions et des consultations-bidon (Bastarache, BAPE sur les gaz de schiste) qui démontrent un vernis démocratique et un soucis de transparence artificiel en cachant l'essentiel : les conclusions de ces commissions-consultations sont déterminées à l'avance...
- Les médias (surtout aux USA, car j'avoue que chez nous, le journalisme d'enquête se porte bien ces temps-ci...) basculent de plus en plus dans la futilité ou pire encore dans le discours militant et mensonger : Fox News est à ce sujet le Roi de la mauvaise foi.
Or, sur quoi repose le «modèle chinois» ? Sur ces ingrédients précis que sont la propagande, la répression de la dissidence, la non-transparence, l'intérêt général sacrifié sous un couvert démocratique (république populaire...)
Bien sûr, il n'y a pas de monopole du Parti communiste chinois ici, mais il y a une emprise inquiétante des grands bailleurs de fonds sur le processus décisonnel. En Chine, hors du Parti communiste, point de salut. Ici, hors du cercle des magnats qui financent les partis, point de salut ?
Mais surtout, le succès de ce modèle repose sur une croissance économique spectaculaire qui réussit à faire taire la dissidence et les revendications démocratiques par un accès plus grand aux produits de consommation...
Ne pensez-vous pas que nous nous approchons dangereusement de cet état de fait ? Un régime autoritaire qui réussit à se maintenir parce qu'il permet à sa population de jouir des «petits et vulgaires plaisirs» de la consommation ?
Pour te paraphraser....
RépondreSupprimerquand j'étudiais dans la décennie 1940, on disait qu'en commerçant avec la Chine- par nos prières et nos sous noirs- on s'achetait des petits chinois.
Comment se fait-il que les Québecois de l'époque ne soient pas devenus les chefs de famille les plus dominants de la Chine moderne..
pepedamour
Je reconnais que notre société et ses institutions s'approchent de ce qui se passe en Chine, mais je me demande à quel point c'est dû à l'influence de la République populaire. Je ne remets pas en doute leur influence dans le monde, mais je trouve que de dire que cette influence est assez profonde pour changer la façon de faire de Jean Charest, c'est aller plus loin.
RépondreSupprimerPhilippe
Le pouvoir est gourmand... Il s'inspire des expériences qui réussissent ailleurs. Mais vous avez raison : la Chine n'inspire pas tant notre gouverne. Notre gouvernement est plutôt inspiré par des stratèges en communication qui semblent avoir lu George Orwell : martelez un message, embellissez la réalité (le projet de l'échangeur Turcot est bucolique) et organisez de fausses consultations et vous réussirez à triompher, du moins tant que les gens ne seront pas affectés dans leur confort immédiat...
RépondreSupprimerMais lorsque ce confort sera compromis par un régime autoritaire et malveillant, aurons-nous gardé notre capacité à nous mobiliser ?
Sans doute pas.il est là le casse-tête...chinois.
RépondreSupprimerMais la France est là pour rappeler à la Chine ses devoirs démocratiques!La semaine dernière de gentils manifestants pro-Tibet se sont faits lyncher pas des crs ;en effet ils agitaient dangereusement des fanions!et menaçaient des milliards de contrats(de transfert de technologie en plus,ce qui s'appelle se tirer une balle dans le pied,mais bon...le désespoir guette!)
Pascal