mardi 29 juin 2010

Le port d'arme ? Infrangible !

La Cour Suprême des USA vient de confirmer que le 2e amendement à la constitution est infrangible. Cinq juges sur neuf ont confirmé l'interdiction d'interdire le port d'arme sur la base de cette formulation datant de 1791 et faisant partie du Bill of rights américain : «Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de posséder une arme ne sera pas transgressé».

On comprend assez vite combien le processus de nomination des juges aux USA est politisé et marquant pour la suite des choses puisque les juges qui ont fait basculer la décision ont tous été nommés par des Présidents républicains (Bush père et fils). Certaines interdictions au port d'arme pourront être maintenues en fonction des «problèmes sociaux» ou des «besoins et des valeurs locales», mais il reste qu'il sera dorénavant difficile (voire impossible pour le palier fédéral), d'établir des lois cherchant à limiter ou encadrer le port d'arme aux USA.

Si vous suivez quelque peu ce débat depuis l'ère Clinton (et les massacres dans les écoles qui sont survenus durant cette période), vous remarquerez que la tendance du législateur allait dans le sens d'un encadrement de ce «droit». Le pouvoir judiciaire vient de mettre un frein durable à cette tendance... Il semble que la culture politique américaine conçoive encore que le port d'arme est une garantie à l'indépendance individuelle ainsi qu'une façon de se prémunir contre la tyrannie du pouvoir politique...

Vu d'ici, on peut trouver complètement débile une telle conception, mais il y a une interprétation historique qui peut nuancer en quelque sorte cette folie du culte des armes aux USA... Le 2e amendement remonte aux origines mêmes du pays, avant la conquête vers l'Ouest. Or, à l'époque, on dit aux colons : «Go West», mais on est conscient que - comme dans Lucky Luke - la cavalerie arrive toujours en retard et n'est donc pas en mesure de garantir la sécurité et la propriété aux colons qui viennent acquérir des «terres nouvelles». On ne peut les protéger efficacement contre Jesse James, Billy the Kid ou contre les Sioux et les Mandanes... On leur permet donc de s'organiser en milices et de protéger leurs proches et leurs biens par le port d'arme, moyen par lequel la liberté individuelle et les rêves du Nouveau Monde deviennent possibles...

Bien sûr, maintenant en 2010, cette réalité m'apparaît farfelue et inquiétante, mais elle trouve une part de son explication dans les mythes qui ont construit ce pays...

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