Après avoir défini
qu'est-ce que la rigidité en politique, et commencé à démontrer combien le gouvernement de Stephen Harper fait glisser le Canada sur la pente inquiétante de la rigidité (l'extrême-rigidité est le totalitarisme !), on peut en rajouter une couche cette semaine, à partir des 2 exemples suivants :
- Le positionnement idéologique du gouvernement Harper en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien fait en sorte que le bureau du 1er ministre est allé jusqu'à s'immiscer dans un organisme fédéral : Droits et Démocratie (créé sous Mulroney et qui se devait d'être indépendant de toute ingérence), sous prétexte que cet organisme critiquait trop Israël... Le gouvernement a donc :
- i) poussé l'ex-Président de l'organisme à la démission;
- ii) congédié trois V-P qui contestaient la dérive idéologique de Droits et Démocratie;
- iii) placé «ses pions» au sein du Conseil d'Administration de l'organisme, en nommant président du Conseil un véritable militant de la cause israélienne;
- iv) malgré le désaccord unanime des partis d'opposition, nommé Président Gérard Latulippe, un ancien candidat allianciste qui semble avoir, disons, certains préjugés à l'endroit de l'immigration musulmane (son mémoire déposé à la Commission Bouchard-Taylor évoquait les «dangers» de voir émerger ici des cellules terroristes étant donné le nombre élevé d'immigrants de confession musulmane...).
La gestion de toute cette crise illustre la crispation idéologique de M. Harper et de son équipe : tous ceux qui ne sont pas en accord avec la position (sans nuance) de ce gouvernement seront punis, ostracisés, écartés, congédiés, etc.
- Le retour en Chambre hier, a clairement démontré que la prorogation du parlement avait été inutile, puisque le Discours du Trône (nous sommes encore en Monarchie !) n'apportait rien de nouveau alors que M. Harper avait suspendu les travaux du Parlement pour justement préparer, disait-il, un nouveau menu législatif... Il semble au contraire que M. Harper ait une conception instrumentale de nos institutions démocratiques : le Parlement est une nuisance et non une nécessité pour lui. Lorsqu'il est menacé de tomber (décembre 2008) ou talonné par l'opposition sur la question de la torture des prisonniers afghans (décembre 2009), M. Harper proroge le Parlement (il met fin aux travaux parlementaires et empêche ainsi l'opposition de surveiller et contrôler l'activité gouvernementale...).
Ce sont les fondements mêmes de notre démocratie parlementaire qui sont affectés et compromis par ce style de gestion. Il faut se rappeler que notre système est bâti sur des conventions, des règles non-écrites, et que pour qu'il puisse fonctionner, les acteurs du système doivent agir en respectant ces conventions... M. Harper rompt avec ces règles et fragilise notre démocratie déjà passablement malmenée.
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