Le combat de cette année oppose Françoise David qui défend L'énigme du retour de Dany Lafferrière; Christian Dufour pour Le Survenant de Germaine Guèvremont; Christopher Hall défend Le cantique des plaines de Nancy Huston; Thomas Hellman, L'Homme invisible/The invisible man de Patrice Desbiens et enfin Marie-Soleil Michon défend Comment devenir un ange de Jean Barbe.
J'ai lu Le Survenant bien sûr; j'ai vu monté à la salle Fred Baril L'homme invisible/The invisible man et ça m'avait chamboulé... J'ai préféré Comment devenir un monstre de Jean Barbe à Comment... ange, mais j'aime de toute façon son écriture. Je lirai ce printemps L'énigme du retour et un jour Le cantique des plaines que ma mère avait beaucoup aimé.
Je salue l'audace de Chrisitian Dufour. Choisir Le Survenant, c'est s'exposer au regard désapprobateur de plusieurs générations qui l'ont lu obligatoirement à l'école.
Mais ce choix se défend très bien : c'est le dernier roman de la terre dans notre littérature nationale. Le début d'une modernité québécoise. Les quatre vertus cardinales de la société canadienne-française et de son conservatisme agricole allaient sauter avec ce héros :
- Le survenant est appelé comme ça parce qu'on ne sait pas d'où il vient, il menace donc la première des vertus de notre «vieille société» (celle d'avant le Survenant) : la famille.
- Le survenant arrive de la ville et retourne à la ville, or la ville est un endroit de débauche morale : il menace le caractère agricole de notre société.
- Le survenant agrémente son langage d'expressions anglaises - nevermind étant la plus courante - il «châtie» notre langue nationale...
- Le survenant n'est pas pratiquant, il est peut-être même athée ? il menace le caractère religieux de notre nation.
Il faut nous défaire de cette vision exagérément sombre de notre histoire que l'on a nommé La Grande Noirceur. La réalité était plus nuancée et le personnage du Survenant est là pour nous le rappeler : il est une incarnation des changements qui s'opèrent au Canada-français, le Québec moderne émerge à travers sa personne : il aura confiance en ses moyens, il sera ouvert sur le monde, il assumera son côté américain, etc.
Le livre a donc toutes ces qualités disons historico-culturelles, mais il est aussi agréable à lire, j'en ai gardé un très bon souvenir. Dernier commentaire : Le Survenant a aussi offert à notre patrimoine culturel un héros masculin positif, chose rare...
Qu'en pensez-vous ?
Le Survenant a été publié l'année de mes 13 ans .C'était l'époque où nous lisions Le Grand Meaulnes de Fournier . Quand Jean Coutu ( pas le pharmacien mais l'autre)a personnifié le Survenant à la TV, ce personnage est devenu une légende de l'époque.
RépondreSupprimerVous rappelez- vous de Bedette?
pepedamour
Je n'ai lu que Le Survenant et L'énigme du retour, mais ce dernier me parait beaucoup plus intéressant si ce n'est que par sa forme: le mélange narration-poème qu'utilise Dany Laferrière. Je fais justement partie de ceux qui ont eu Le survenant comme lecture obligatoire... et qui n'ont pas tellement "trippé". Donc, mon choix est L'énigme du retour. En plus, j'aime bien Françoise David.
RépondreSupprimerPs: Je préfère les vertus du voyageur au vertus canadiennes-françaises.
Mathilde
Je lis Dérives de Biz, puis Ru de Kim Thuy et ce sera l'énigme du retour qui amorcera mon printemps pour de bon.
RépondreSupprimerLe voisin.
P.S. Je saluais surtout le courage de C. Dufour de défendre Le survenant... Et je reconnais que le livre a plus de qualités historiques que littéraires...
J'ai lu L'homme invisible/The Invisible Man et j'ai adoré ! J'ai vu la pièce de théâtre aussi, c'était la première fois que je découvrais le texte. Il y a aussi une chanson basée sur ce récit intitulée Invisible et interprétée par le groupe CANO.
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