jeudi 10 novembre 2011

USA: le conservatisme en crise?

Le candidat à l'investiture républicaine Rick Perry, actuel gouverneur du Texas et poulain de la droite économique, sociale et morale, s'est littéralement effondré hier dans un débat portant sur l'économie. Il a oublié pendant de longues secondes une des trois agences gouvernementales qu'il voulait abolir...

Pendant ce temps, le candidat de la droite fiscale, la comète Herman Cain, demeure légèrement en avance sur Mitt Romney (celui qui affrontera Obama en 2012 selon mes prédictions antérieures ... et actuelles.), malgré de multiples accusations d’agression sexuelle pesant contre lui. Les autres candidats? Michelle Bachmann, la porte-parole du Tea Party est hors jeu selon moi. On se tourne actuellement vers Newt Gingrich (the Grinch?), ex-président de la Chambre des Représentants sous Clinton. Je ne crois pas à cette candidature... Trop radicale, antipathique et controversée (plusieurs «affaires extra-conjugales»...).

Les électeurs républicains doivent se rendre à l'évidence, celui qui a le plus de chance de battre Obama en 2012 ne plaît pas à la base militante et bruyante du parti. Il faut dire que Romney est vulnérable: on pourrait lui faire le coup que W. Bush a fait à John Kerry en 2004, c-à-d le traiter de «flip-flopper», celui qui change d'idées comme il change de chemise. Romney a en effet fait adopter lorsqu'il était Gouverneur du Massachussetts, une réforme de l'assurance-santé qui a inspiré le Obamacare tant décrié par la droite aux USA... Il conteste aujourd'hui sa constitutionnalité sous prétexte qu'elle ne respecte pas le partage des responsabilités entre les États fédérés et l'État fédéral.

On peut donc constater qu'il y a une rupture de plus en plus évidente entre le choix que les Républicains devraient faire pour gagner - c-à-d pour convaincre les électeurs centristes qui déterminent d'élections en élections le vainqueur à la présidence - et le choix qu'ils sont enclins à faire s'ils suivent leurs convictions profondes. Comme si le conservatisme militant se détachait de plus en plus de la majorité de façon évidente...

Trois autres illustrations de cet hiatus entre les priorités du conservatisme aux USA et celles de la majorité de la population : les référendums perdus cette semaine au Mississippi et en Ohio. Le 1er portait sur le fait de donner le statut de «personne» à l'embryon humain. Ceci avait pour objectif de bloquer le droit à l'avortement et de restreindre la fécondation et la recherche en fertilité... 55% des gens ont rejeté la proposition. En Ohio, c'est la volonté du Gouverneur républicain de mettre fin à la capacité des travailleurs du secteur public de négocier leur convention collective qui a été rejetée à 62%. Enfin, en Arizona, le Président du Sénat de l'État, Russell Pearce, vient d'être destitué par un «Recall» (une procédure de destitution orchestrée par l'électorat). Pearce est l'homme à l'origine de la loi la plus dure jamais adoptée contre les immigrants illégaux...

Le conservatisme américain semble en crise! Et Obama n' pas encore osé prendre le taureau par les cornes et affronter le Congrès sur la question des impôts des plus riches... Pourtant, les mouvances du type Occupy Wall street qui n'ont pas de priorités clairement établies mais qui recueillent la sympathie du public, devraient normalement converger vers cette priorité d'action. Comme disait Obama en 2008 à Joe the plumber : «Well Joe, we've got to spread the wealth !»

P.S. Pendant ce temps, chez nous, le conservatisme fortement américanisé de Stephen Harper creuse son sillon... Nous y reviendrons...

1 commentaire:

  1. tu m'aides à mieux comprendre les défis politiques et électoraux d'Obama.
    ps- il a une maudite job...
    yg

    RépondreSupprimer