samedi 28 novembre 2009

Parcours de l'électeur...

J'ai voté pour la première fois en 1992 : Entente de Charlottetown. J'ai voté NON. Il me semblait que les "conditions minimales" évoquées dans Meech par notre Premier ministre Bourassa avaient été diluées dans l'Entente... Et "l'affaire Wilhelmy" m'avait convaincu que le Québec s'était "écrasé" à la table de négociation...

En 1993, j'ai voté pour le Bloc. Et en 1994, j'ai voté pour le PQ. La démarche de la classe politique nationaliste me semblait cohérente : depuis 1982, le Canada avait changé sa constitution (son contrat social et politique, ses règles fondamentales !) sans l'accord de l'Assemblée nationale du Québec. Un grand fédéraliste comme Claude Ryan qualifiait la réforme de '82 de "coup" fait contre le Québec et sa législature... Brian Mulroney avait été porté au pouvoir en promettant le retour du Québec dans le giron constitutionnel canadien "dans l'honneur et l'enthousiasme"... Il me semblait que l'échec de Meech et de Charlottetown illustraient bien l'incapacité du Canada à se réformer selon les aspirations et revendications dites "traditionnelles" du Québec...

En 1995, j'ai donc voté OUI avec enthousiasme. Mais ce référendum s'est heurté à la tricherie fédérale et au discours décevant au ton acrimonieux de M. Parizeau. Imaginez si au lieu de dire ce qu'il a dit, il avait refusé de reconnaître le résultat et demandé à la communauté internationale de venir enquêter sur la légitimité du processus démocratique ? Sans nécessairement changer le résultat, une telle démarche aurait renversé la dynamique politique... Le Fédéral aurait alors eu un moins grand rapport de force pour profiter de l'écrasement du Québec avec sa loi sur la clarté...

Mon adhésion au camp souverainiste s'est par la suite peu à peu estompé. Je demeure convaincu que la souveraineté est souhaitable et que le Canada risque peu d'évoluer dans le sens des intérêts du Québec, mais il me semble qu'il faut prendre acte de la défaite référendaire et surtout des conséquences néfastes de ces défaites (1980 et 1995) : elles ont affaibli le rapport de force du Québec face au reste du Canada.

Entre 1980 et 1995, il y a donc eu tout un "build up" qui légitimait la tenue du référendum de 1995. On ne peut pas en dire autant pour la tenue d'un 3e référendum. Il faudrait donc sortir de la stratégie de l'attentisme et mettre l'accent sur 2 choses :

1- Investir au maximum nos propres sphères de compétence (ce sont souvent nos propres institutions et ministères qui offrent des services en anglais aux immigrants ou qui formulent des programmes d'histoire où la Conquête est vue comme un passage civilisateur vers la démocratie...). L'État fédéré du Québec a tout de même une autonomie politique fort enviable et fort enviée. Nous devrions nous occuper convenablement des champs de compétence que nous avons avant d'envisager nous lancer dans une autre démarche "casse-gueule" vers la souveraineté.

2- Tenter de signer des ententes administratives avec le Fédéral dans certains domaines. Le Bloc québécois devrait donc davantage "jouer le jeu du fédéralisme" et devenir un interlocuteur à la recherche de points de convergence avec les autres provinces autonomistes... Les souverainistes inconditionnels devraient revenir sur la scène provinciale, c'est là que se fera la souveraineté. Gilles Duceppe est un interlocuteur crédible au Canada anglais, il serait en mesure d'opérer ce virage vers un dialogue avec le ROC. Et qu'avons-nous à perdre ? Si cela échoue, les souverainistes pourront dire que le Canada est fermé aux revendications du Québec...

C'est dans cette optique que j'ai voté pour le Parti conservateur de Joe Clark en 2000. C'est le seul parti fédéraliste qui s'est opposé à cette loi dangereuse et anti-fédéraliste qu'est la Loi sur la clarté (C-20). Depuis, je suis "revenu" vers le Bloc, puisqu'aucun parti fédéraliste ne semblait correspondre à mes idéaux. Mais lors des dernières élections partielles fédérales dans Hochelaga, j'ai voté pour le NPD de Jack Layton. J'ai trouvé que le NPD avait très bien réagis à la décision de la Cour Suprême invalidant la loi 104 (il faudra revenir sur ce jugement qui permet maintenant aux individus de s'acheter des droits... Bizarre que des juges puissent avoir si peu de jugement !). Le NPD méritait donc mon vote pcq'ils ont initié une motion qui reconnaissait au Québec le droit d'imposer le français comme langue d'éducation et parce que Thomas Mulcair fut le seul à rappeler que l'origine du problème réside dans le rapatriement unilatéral de la constitution opéré sans l'accord du Québec en 1982. Ajoutez à cela que la personnalité de Daniel Paillé ne me convainquait pas (je me rappelais sa tentative de bloquer la venue d'un CPE devant chez lui...)

Voilà donc le petit parcours de l'électeur que je suis... Je reviendrai plus tard pour parler de la politique municipale...

Le voisin.

1 commentaire:

  1. J'ai un peu le même cheminement:
    je pense que nous ne nous aimons pas assez pour devenir un Etat souverain:
    1. Le tirage de Devoir: 25,000 en semaine, après 100 ans de publication.
    Le Journal de Montréal: tirage de plus de 300,000
    2. Le programme de TV : Occupation Double va chercher plus de 2MM d'auditeurs... on se croirait au pays de Madame Palin
    3. Les héros sont fatigués:
    Levesque, PM Johnson, Parizeau, Bouchard, Landry, tous avaient l'étoffe de grands chefs d'état.
    4.
    Faire de l'ADQ un parti social-démocrate, de la gauche efficace avec -comme priorité_ réaliser les 20taines de clauses défendues dans le Rapport Allaire..
    5. Si les résultats sont nuls ou minimes, les Québecois seraient alors prêts pour UN PAYS

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