vendredi 15 avril 2011

Des examens nationaux ?

François Legault me dit que son document sur l'éducation précise que les modalités d'évaluation des professeurs (que je critiquais dans le billet précédent) impliquent des examens nationaux indépendants... Cela viendrait corriger en partie la pente glissante vers la facilité que je craignais mercredi. Mais le fond demeure, la logique de rentabilité est introduite dans le système d'éducation (né l'était-elle pas déjà ?).

Il faudra maintenant réfléchir à l'impact de telles évaluations dites «nationales» : cela impliquerait une certaine uniformisation des savoirs à transmettre... Or, dans une discipline comme la mienne - la science politique - le savoir est fortement éclaté et multiforme. Il serait assez difficile (mais tout de même possible) de déterminer ce minimum sans compromettre la liberté académique des professeurs. Pourtant, le projet de la Coalition de M. Legault prétend vouloir renforcer cette liberté pour les profs... en échange d'une plus grande imputabilité. Le résultat ne risque-t-il pas plutôt de «précariser» la profession et de figer une matière - et des savoirs - en s'immissant dans la liberté académique des professeurs ?

Je reconnais en tout cas à la Coalition pour l'avenir du Québec de sortir de la zone de confort et de secouer un système qui en a bien besoin. Je n'en suis pas à condamner en bloc les solutions proposées, mais je me dis qu'il faut réfléchir sérieusement avant de renforcer «le rapport marchand» déjà introduit dans notre système d'éducation. Il me semble que la priorité aurait dû aller à développer la culture et les sports dans les écoles pour lutter contre le décrochage et renforcer le sentiment d'appartenance envers le milieu scolaire...

Dans ce dernier champ d'action, pourquoi ne pas littéralement intégrer la Ligue de Hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) au système scolaire ? Les écoles secondaires et les Cégeps du Québec pourraient alors améliorer leur empreinte dans leur milieu et réussir à impliquer toute leur communauté pour lutter contre le décrochage. (Par exemple, les entreprises devraient favoriser des «contrats d'embauche» pour les étudiants qui persistent au niveau scolaire en leur offrant des horaires compatibles avec les études et en les mettant à pied s'ils décrochent...) Les autres sports devraient aussi être intégrés au système scolaire, comme c'est le cas aux USA, avec tout un réseau de clubs et de championnats qui mobilisent toutes les communautés et renforce le sentiment d'appartenance aux écoles.

Pourquoi ne pas développer le même réflexe à propos des arts ? L'école nationale de théâtre, le Conservatoire de musique et les autres grandes écoles devraient créer des «antennes» partout dans le réseau scolaire québécois et s'intégrer au parasclolaire en favorisant la persévérance et la diplômation tout en développant un véritable réseau de la culture... Ceci démultiplierait la vigueur de notre culture : de nouveaux artistes et de nouveaux adeptes de notre culture partout sur le territoire !

Voilà il me semble un chantier plus mobilisateur, plus rassembleur (moins conflictuel en tout cas) et moins axé sur la satanée «performance», pente glissante vers le clientélisme que je condamnais hier... Les objectifs sont les mêmes : renforcer la culture de la persévérence en éducation, favoriser une plus grande diplômation, etc.

Mais les moyens prioritaires pour y arriver ne sont définitivement pas les mêmes...

2 commentaires:

  1. est-ce un début d'échanges entre le Voisin et M. Legault..
    J.C.

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  2. LES ORIENTATIONS DE FRANCOIS LEGAULT EN EDUCATION

    Les divergences d’opinions ne me froissent pas, même dans le domaine de la politique.

    À titre d’exemple , le choix d’un parti.

    Pour diverses raisons, certains sont fédéralistes, d’autres séparatistes.

    Des arguments différents mais valables tant pour l’un que pour l’autre motivent les choix ..Et partout, il y a des modérés , des fanatiques , etc.

    Bref , des situations diamétralement opposées ne me heurtent pas.

    Ce qui me froisse c’est l’absence de logique dans les propos pour soutenir nos convictions.

    Ce qui m’incommode c’est l’absence de lien de causalité entre le fait et le résultat.

    Le décrochage scolaire est un fait.

    Affirmer que la non motivation des profs ainsi que leur faible compétence en sont les causes constitue une erreur car le lien n’est pas établi.

    Nos préjugés, des expériences malheureuses et anecdotiques peuvent expliquer cette prétention dépourvue de rigueur intellectuelle .

    Le décrochage scolaire est attribuable à des facteurs multiples.

    Demeurer silencieux sur le ‘ décrochage ‘ parental, les inégalités sociales , les problèmes comportementaux , l’intégration des ethnies , etc démontre la non compréhension de ce complexe problème .

    Il y a rarement des solutions simplistes qui règlent un problème à connotation multifactorielle.

    Le problème étant vicié ou plutôt, mal qualifié , les moyens pour y remédier demeurent inadéquats et non pertinents .

    L’évaluation bi-mensuelle, l’augmentation salariale basée sur la performance, la permanence de 3 ou 5 ans dénotent :

    - une incompréhension de la tâche de transmission des connaissances

    - une méconnaissance des processus d’évaluation

    - - une ignorance de la notion des droits acquis

    - une limite quant à la capacité de référer à des critères autres que ceux valables dans le domaine des affaires .

    Bref , les coûts de cette mesure , la responsabilité des évaluateurs ,le droit d’appel des enseignants , les divers milieux sociaux des élèves , etc n’ont pas été analysés .

    En d’autres termes , l’obligation de démontrer les solutions réalistes est le corollaire de toute dénonciation .

    C’est pourquoi il m’apparaît que les orientations de François Legault mettent en évidence des failles importantes et ce , peu importe la réaction des syndicats et autres gauchistes .

    Quant au mépris concernant les études universitaires non contingentées en ce domaine , mieux vaut se taire .

    Quant à la recherche sur la Finlande , certaines informations manquent pour en valider les résultats .

    Dommage que les journalistes n’aient pas mis en évidence ces failles.

    La complaisance est importante.

    Quant aux conseillers de François Legault , je doute de leurs qualités intellectuelles et de leur sens de l’humanitude .

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