dimanche 17 avril 2011

L'«affaire» Wajdi-Cantat.

Mon opinion sur l'affaire Wajdi-Cantat : Wajdi Mouawad aurait pu être plus sensible à la réalité québécoise : Polytechnique, ça lui dit rien ? (voir un film d'un certain Denis Villeneuve...)

Je ne mets pas Cantat sur le même pied que le tueur de Poly (que je refuse de nommer) : Je considère seulement qu'il fallait s'attendre à ce que ce choix - Cantat dans une pièce qui aborde la violence envers les femmes - suscite de la colère ! Ne pas s'y attendre ou se réfugier dans le silence, c'est inconséquent !

12 commentaires:

  1. Il ne devrait susciter pourtant de la colère que chez les proches de Marie Trintignant.Pour tout autre que lui tout le monde pencherait pour la réinsertion.Il a été puni maintenant c'est fini.Sa peine est à perpétuité,ne rajoutons pas de la "morale" de cul-bénit,svp!Laissez-le faire son job mais ne le mettez pas dans le même festival que trintignangnan,c'est tout!On est pas obligé d'aller le voir après tout,non?
    Pascal!

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  2. Je ne cherche en rien à censurer l'art ou à interdire le droit à la réhabilitation de Cantat. En fait je m'en prends à Wajdi Mouwawad d'avoir mal évalué et mal géré la réaction de ce choix artistique pour le moins désincarné par rapport à la réalité québécoise, que je crois plus sensible aux crimes commis envers les femmes...

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  3. Ce qu'en a dit le père Benoit Lacroix : Le pardon, c'est quoi ? (Le Devoir, vendredi 15 avril)
    «Pardonner, ce n'est pas oublier. On ne peut pas tout oublier. Le pardon est toujours en devenir, jamais absolu. Nous ne sommes pas dans l'idéalisme de Kant, mais dans la réalité. ...En imposant un homme qui a tué sa femme à un auditoire, on trahit ce dernier, on le confronte à des émotions très vives. Chaque mot, chaque intonation deviendrait un petit procès. Car ce spectacle n'est pas destiné à faire sa propre promotion; il se destine au public.

    «Ce conflit n'est pas une opposition entre la gauche bien pensante et la droite rigoriste. Et la mémoire humaine n'est pas au service du siècle de la vitesse et de la technologie. On veut tout résoudre trop vite.

    «On idéalise le pardon comme si cela était définitif. Ça ne peut pas l'être. Et la religion ne pardonne pas toujours. Elle a prévu l'enfer! (rire) C'est bien pour cela qu'on envoie quelqu'un chez le diable. Ça libère! Pourvu qu'on n'y aille pas avec... »

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  4. Et bien moi je remercie Wajdi Mouwawad d'avoir soulevé cette polémique, je pense qu'il est pertinent de se questionner... Par contre, je suis outrée par la réaction de denoncourt ! Et je pense que la situation ne se justifie pas en faisant un simple parallèle entre les évènements atroces de polytechnique et L'affaire Cantat, le contexte est très différent. Et comme dit pascal, personne n'impose rien à personne, nous ne sommes pas obligés d'aller le voir ! Nadine

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  5. Cher Jean-Félix, je t'invite à écouter l'entrevue de Mouawad avec Anne-Marie Dussault. Mouawad parle de réconciliation, pas de pardon, pas de réhabilitation. Le mutisme de Mouawad pendant le déferlement d'opinions (pas toujours réflexives) ...qui a éclaté suite à l'annonce de la présence de Cantat au sein de la tragédie de Sophocle n'était peut-être pas un simple refuge mais aussi l'expression sensible d'un individu qui a choisi de prendre le temps de réfléchir. Prendre le temps de réfléchir avant de sauter dans l'arène médiatique. Est-ce en regard à la temporalité médiatique (qui nous invite à réagir dans l'immédiateté, dans les braises fumantes de l'événementiel) que Mouawad aurait dû intervenir ? Dans toute cette histoire, je trouve particulièrement étonnant que nous passions sous silence toute la charge symbolique, le sens qui découle de la démarche artistique, éthique, philosophique de Mouawad. Évidemment, il est possible de ne pas être d'accord avec le choix de Mouawad (le choix de faire intervenir Cantat) mais peut-on parler du sens de la tragédie de Sophocle et de sa résonance contemporaine (à travers un destin tragique-au sens grec- d'un homme qui a tué une femme-sa femme-, qui devra "vivre" avec cela, qui a aussi chaviré complétement la vie des amis, de la famille de Marie, un homme probablement brisé qui a brisé des vies, doit-il se crever les yeux dans un éclat oedipien ? )

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  6. Marie Trintignant s'exprime :
    http://www.985fm.ca/audioplayer.php?mp3=96964

    Je ne suis toutefois pas d'accord avec elle (sans doute trop impliquée, c'est normal) : je ne voudrais pas que le ministre de la culture interviennne en ces choses qui relèvent de l'art... Je m'inquiéterais que l'État légifère et interdise¸ des oeuvres sous de tels prétextes. Mais je demeureassez critique de la décision de Mouawad, que j'ai perçu comme une provocation qui n'a pas su gérer la réaction tout à-fait prévisible qu'elle allait suscité !

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  7. Outre la peine d'emprisonnement, les stigmates sont directement liés aux crimes de meurtre ou d'homicide. Même si, en théorie, Cantat a partiellement purgé sa peine, il n'en est pas ainsi en pratique, le crime laisse des traces sociales avec lesquelles le criminel doit composer.

    Wajdi Mouwawad devait nécessairement prévoir la controverse, d'autant plus qu'il s'agit d'une pièce abordant la violence envers les femmes. C'est de la provocation, de l'ignorance volontaire... Le choix d'aller voir la pièce ou non est illusoire et n'y change rien, une telle apparition n'est ni socialement acceptée ni moralement acceptable. Et que dire de l'effet ainsi créé sur les autres artistes participant au spectacle ?
    - GPS

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  8. Crime?Je ne veux vraiment pas prendre sa défense mais il n'y a pas de préméditation dans cette affaire.Tragique accident consécutif à une saoulerie bien profonde et à une violence masculine inacceptable.
    Mais ce sujet est par trop sensible et subjectif!
    "Le problème avec la morale,c'est que c'est toujours celle des autres..."
    Pascal!

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  9. Dans mon commentaire du 19 avril, je voulais dire Nadine Trintignant (la mère de la victime)...

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  10. Mais une telle réaction dans notre société n'est-elle pas plus que bienvenue? Le Québec est aujourd'hui plongé dans une époque où ses citoyens préfèrent se taire pour à tout prix éviter la chicane. Les vrais débats de société se font assez ...rare depuis l'échec référendaire de 1995. Ce que Mouawad a fait (et non pas ce qu'il voulait faire) ce n'est pas tant provoquer que de poser une question. Un homme ayant commis un crime doit-il payer plus d'une fois pour ce crime? Sur la question, Mouawad a pris sa position; non. On peut être en désaccord avec sa position et c'est d'ailleurs tout à fait raisonnable de l'être. Néanmoins, aurait-on pu en discuter vraiment sans le choix de Wajdi Mouawad? Un geste de la sorte nous permet aujourd'hui à nous tous en tant que société d'avoir un débat sain sur une question essentielle, à savoir ce qui est juste ou non. À cet égard, les conséquences de la décision de Mouawad sont plus que bénéfiques, à mon avis. Bref, je crois que tu mêles les choses, Jean-Félix. La position de Mouawad sur cette question morale est discutable. Le fait qu'il l'a pose ne l'est pas.

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  11. Quel commentaire pertinent Laurent que je ne connais point. Par sa proposition artistique Mouawad pose des questions morales, éthiques, philosophiques extrêmement pertinentes (et difficiles). Les questions soulevées par Mouawad ont fait naître le débat, débat traversé par la pluralité des opinions, des positions morales qui s'affrontent et évoquent des rapports au monde différents.

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  12. J'avoue que rarement un tel sujet a animé autant de discussions et de points de vue en opposition. C'est donc une contribution méritoire de la part de Wajdi... Mais je demeure critique quant à sa «gestion» de cette décision : 1- conséquences mal évaluées et mal assumées; 2- trip intellectuel désincarné; 3- Sa réponse sous forme de lettre à sa fille m'a paru jouer sur la sensiblerie (voir ce qu'en dit Robert Morin : http://www.ledevoir.com/culture/theatre/321498/lettres-de-l-opportunisme)...

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