En 1962, le premier ministre du Québec Jean Lesage, convaincu par son ministre René Lévesque, décide de nationaliser les compagnies d'électricité. Dans son discours «Maîtres chez nous», (voir le livre extraordinaire dirigé par Charles-Philippe Courtois et Danic Parenteau, Les 50 discours qui ont marqué le Québec, CEC, 2011), le 1er ministre Lesage affirme qu'il est temps de mettre fin à une situation «intenable».
Extrait 1:
«Cette situation, c'est celle d'une société qui a été privée des moyens qui lui auraient permis de s'épanouir pleinement.C'est celle où les clefs d'une économie moderne appartiennent à des intérêts étrangers à nos préoccupations nationales et indifférents à nos aspirations légitimes».
N'entendez-vous pas une sorte de distorsion historique? ... Comme si Jean Lesage critiquait la façon dont le Québec est «gouverné» sous Jean Charest. Et critiquait jusqu'à ses nominations à la Caisse de Dépôts...
Extrait 2:
«Comme peuple adulte, nous ne pouvons plus supporter de croupir dans l'immobilisme forcé, immobilisme imposé par une clique politique à qui il plaît que notre province demeure une source de matière première, un réservoir de main d'oeuvre à bon marché ou un pays vieillot que l'on visite en touriste. (...)
Tout le monde chez nous comprend maintenant qu'on ne pourra jamais rien réussir de durable au Québec si, une fois pour toutes, on ne s'attaque pas à la racine du mal. Et la racine du mal, c'est que notre économie ne nous appartient pas. C'est aussi simple que cela, mais c'est aussi grave que cela».
Le Plan Nord de Jean Charest semble directement évoqué... Et la «clique politique», elle comprend Lucien Bouchard, les libéraux au grand complet, et sans doute François Legault, qui a très peu discouru sur ce sujet capital depuis son «retour en politique».
Lisez maintenant l'extrait 3, et vous entendrez Lesage décrier ce qu'en 2011, Daniel Breton de Maîtres chez nous 21e siècle, qualifie de «vol du siècle»... Remplacez seulement «union nationale» par Parti libéral du Québec et Parti québécois sous Lucien Bouchard, ce dernier étant aujourd'hui porte-parole de l'industrie pétrolière et gazière...:
«Il n'est pas surprenant alors que de telles gens - et l'Union nationale puisqu'il faut bien la nommer - se soient rendus coupables, il y a quelques années à peine d'un crime odieux que notre population ne pourra jamais leur pardonner. En effet, ces gens qui ont dénationalisé à leur profit personnel un secteur public - celui du gaz naturel - voudraient aujourd'hui nous faire croire qu'ils recherchent le Bien des Québécois ! Quelle farce !»
Fin de l'extrait. !!! Wow ! J'entends Lesage vilipender presque toute la classe politique, mais surtout ses «descendants» libéraux (on dirait des bâtards! excuses toutes plates aux vrais bâtards). Hydro sous Jean Charest a vendu ses réserves sur l'île d'Anticosti qu'elle savait importantes et consenti tout le gaz de schiste et naturel à des compagnies privées, pour la plupart albertaines et étrangères...
Jean Lesage ! Où es-tu?
Extrait 4:
«Ce sont des gens qui, pour obtenir un profit égoïste, n'ont pas hésiter à priver notre province d'un bien qui appartient à toute notre collectivité. Ce sont des gens qui ont trompé le peuple, qui l'ont volé, oui volé ! Et aujourd'hui ces serviteurs de trusts veulent donner un coup de poignard dans le dos de notre peuple en faisant mine de l'aider, alors qu'en réalité ils proposent la plus nocive des solutions possibles».
Et ça continue comme ça... On jurerait entendre Lesage engueuler Jean Charest. C'est beau et triste à la fois. Nous sommes de retour dans la Grande noirceur, mais on entend de loin un propos qui peut nous aider à en sortir.
magnfique parallèle!!!
RépondreSupprimeryg
Je viens de commander l'ouvrage de Parenteau et Courtois....très hâte de le recevoir et le parcourir.
RépondreSupprimerEn effet, Charest, c'est l'Union nationale!