Le prochain conseil national du Parti québécois débattra d'une série de mesures pour «changer la politique» au Québec. L'une d'entre elles concerne l'adoption d'un mode de scrutin majoritaire uninominal à deux tours, comme on le fait pour élire les députés et le Président en France.
Le fonctionnement d'un tel mode de scrutin est simple. Les électeurs votent parmi tous les candidats en lice. Si aucun des candidats ne recueille 50%+1 des votes au 1er tour, on retient les 2 meilleurs candidats qui s'affronteront lors d'un 2e tour. Le 2e tour est donc là pour nous assurer que l'élu du peuple aura recueilli une réelle majorité des voix.
À première vue, un tel mode de scrutin peut paraître meilleur que le nôtre, dans lequel la majorité des députés sont élus en obtenant une simple pluralité des voix (rarement plus que 40% et des poussières), puisqu'ils profitent de la division des votes de leurs opposants. Mais un système à 2 tours dans le contexte québécois ne changerait pas grand chose à la réalité (sclérosée) actuelle... Le bipartisme imparfait perdurerait et les tiers partis seraient en grande partie éliminés au 2e tour.
Une réelle réforme du mode de scrutin impliquerait un changement du paysage politique. Elle favoriserait une représentation des différents partis qui serait fonction de l'appui populaire réel de chacun des partis. Par exemple, si Québec solidaire obtient 10% des voix, il obtiendrait alors environ 10% des sièges au parlement. Un système à 2 tours ne favorise en aucun cas une telle proportionnalité des résultats.
C'est ici que l'on comprend l'hypocrisie du PQ. Le mode de scrutin à deux tours n'a jamais fait partie de son programme, tandis que l'adoption d'un mode de scrutin proportionnel a fait partie à plusieurs reprises des plateformes péquistes... Le PQ cherche à détourner l'attention et à se présenter (encore!) comme le seul gardien de la souveraineté. Un système à 2 tours forcerait le ralliement des autres tiers partis vers le PQ au 2e tour... Le PQ cherche donc uniquement à «sauver sa peau» dans un contexte où sa disparition du paysage politique est envisageable.
Et ce qu'il y a de plus triste là-dedans, c'est que la cause souverainiste (supposément le projet au cœur de l'engagement politique des péquistes!) avancerait beaucoup plus si le Québec se dotait d'un véritable mode de scrutin proportionnel. En effet, un référendum gagnant implique que plus de 50% des gens appuient la souveraineté. Or, selon notre actuel mode de scrutin, les partis qui forment le gouvernement atteignent rarement ce seuil. Un mode à deux tours ne ferait que porter au pouvoir le parti qui déplaît le moins... Alors qu'avec un mode de scrutin de type proportionnel, on pourrait très bien envisager une grande coalition de partis nationalistes proposer à la population un projet rassembleur. Et l'avantage est que cette coalition représenterait déjà plus de 50% des votants!
Une vraie proportionnalité dans le mode de scrutin favorise ultérieurement l'obtention d'un référendum gagnant. Mais les péquistes se refusent à favoriser une telle réforme car ils se croient toujours propriétaires de la souveraineté. Il me semblait pourtant qu'en démocratie, la souveraineté appartenait au peuple?
À trop vouloir s'accrocher au pouvoir, on corrompt nos idées et on méprise le peuple. Parlez-en aux libéraux de Jean Charest!
Merci!!! C'est ce que je me tue à expliquer à mon entourage qui ne comprend guère qu'un SUM2T ne vaut rien de mieux que le notre.
RépondreSupprimerD'ailleurs, ce n'est pas André Larocque dans son bouquin "Au pouvoir, citoyens" qui affirmait que le PQ gagnerait ses référendums s'il les avait fait dans un système électoral uni-"décideur" à un tour (mettons), plutôt qu'en proportionnel?
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