Chroniques de Jérusalem vient de sortir en librairie.
Je vous renvoies à ce lien et au journal Le Devoir d'aujourd'hui pour que vous plongiez comme je le fais ces temps-ci dans l’œuvre de Guy Delisle, ce bédéïste d'origine québécoise qui s'est promené un peu partout pour rendre compte de son quotidien pas si ordinaire. Le personnage central est un genre de «Paul» qui dessine des carnets sur ses observations. Léger et profond à la fois.
mercredi 30 novembre 2011
L'électoralisme dangereux de Legault.
Le «chef» de la CAQ, François Legault s'est déclaré contre les péages sur les ponts dans la région de Montréal. Il affirme ne pas vouloir alourdir le fardeau fiscal des Montréalais... Mensonge et mauvaise foi ! Et en plus, mauvais sens des priorités !
Les péages sur les ponts toucheraient en priorités les banlieusards, ceux que François Legault courtise et pense gagner lors des prochaines élections... Les péages seraient pourtant une solution moderne et juste : ils induisent un coût à un comportement qui est nuisible à l'environnement, aux finances publiques et qui aggrave les inégalités...
J'ai écris dans un «papier» précédent: «L'étalement urbain coûte cher à notre société sur tous les plans :
- il gruge nos dernières terres agricoles,
- favorise l'augmentation des gaz à effets de serre,
- affaiblit le lien social et éloigne l'individu des différents réseaux et services (pas fort dans un contexte de vieillissement!)
- multiplie la nécessité de construire des infrastructures lourdes et dispendieuses que nous «léguons» aux autres générations et que nous faisons financer par ceux qui n'en profitent pas directement.
Qui en effet défraie les coûts des aqueducs, de l'électricité et des routes que l'on construit pour les nouvelles banlieues? Certainement pas les acheteurs de ces nouvelles maisons ! Il y a là un enjeu qui touche autant l'intra que l'intergénérationnel... »
L'étalement urbain est dangereux pour le développement du Québec (et de la planète!), mais François Legault n'en parle pas. Il préfère augmenter les frais de scolarité ET établir des projets-pilote pour introduire davantage le privé en santé... Beau sens des priorités.
Électoralisme bête et dangereux.
Les péages sur les ponts toucheraient en priorités les banlieusards, ceux que François Legault courtise et pense gagner lors des prochaines élections... Les péages seraient pourtant une solution moderne et juste : ils induisent un coût à un comportement qui est nuisible à l'environnement, aux finances publiques et qui aggrave les inégalités...
J'ai écris dans un «papier» précédent: «L'étalement urbain coûte cher à notre société sur tous les plans :
- il gruge nos dernières terres agricoles,
- favorise l'augmentation des gaz à effets de serre,
- affaiblit le lien social et éloigne l'individu des différents réseaux et services (pas fort dans un contexte de vieillissement!)
- multiplie la nécessité de construire des infrastructures lourdes et dispendieuses que nous «léguons» aux autres générations et que nous faisons financer par ceux qui n'en profitent pas directement.
Qui en effet défraie les coûts des aqueducs, de l'électricité et des routes que l'on construit pour les nouvelles banlieues? Certainement pas les acheteurs de ces nouvelles maisons ! Il y a là un enjeu qui touche autant l'intra que l'intergénérationnel... »
L'étalement urbain est dangereux pour le développement du Québec (et de la planète!), mais François Legault n'en parle pas. Il préfère augmenter les frais de scolarité ET établir des projets-pilote pour introduire davantage le privé en santé... Beau sens des priorités.
Électoralisme bête et dangereux.
lundi 28 novembre 2011
Benkirane: 1er ministre du Maroc
Abdellilah Benkirane, Secrétaire-général du Parti Justice et développement (PJD), parti islamiste «modéré» du Maroc, sera sans doute appelé par le Roi Mohammed VI à diriger le prochain gouvernement du pays. En effet, l'une des modifications constitutionnelles adoptées par référendum le 1er juillet dernier dans la foulée de la pression de la «rue arabe» consiste à ce que le 1er ministre du pays sera dorénavant le chef du parti arrivé premier aux élections législatives...
Or, le PJD a obtenu le plus de suffrages vendredi dernier lors des élections anticipées, mais aussi le plus de sièges (ce qui n'avait pas été le cas en 2007). Le Roi offrira donc au chef du PJD, Benkirane, de former un gouvernement. Mais celui-ci devra chercher alliance avec d'autres partis pour former une majorité parlementaire puisque le PJD ne détient que 107 des 395 sièges... Benkirane a déjà mentionné son ouverture à l'égard des nationalistes du parti de l'Istiqlal - un parti historique lié à l'Indépendance du pays en 1956 - qui composaient déjà une bonne partie du gouvernement précédent.
Alors donc, que s'est-il passé? Le Maroc glisse-t-il vers l'islamisme? (*) D'abord, le PJD a mieux réussi à mobiliser son électorat, particulièrement les nouveaux arrivés des villes et une certaine élite intellectuelle en proie à une inquiétude lancinante, celle de l'occidentalisation menaçant l'identité même du pays... Il y a aussi le discrédit général envers la classe politique, considérée soit comme corrompue soit comme trop conciliante envers le Roi... Et puis, le mouvement du 20 février porté par la jeunesse marocaine a décidé de boycotter les élections, ce qui n'a pu que favoriser ceux qui y ont participé...
J'ai rencontré l'année dernière avec un groupe d'étudiants ce Benkirane. Il a un certain charisme, un peu pince sans rire. Son discours populiste facile en fait un personnage médiatique intéressant. Il a souvent condamné le Makhzen (le pouvoir de l'ombre ou l'élite du Palais...) et il se présente comme «islamiste modéré». Sa modération s'explique par le fait qu'il accepte de vivre sous l'autorité du Roi. C'est aussi pourquoi son parti a dû accepter (à contre-coeur) la réforme du code de la famille en 2004. S'opposer à cette réforme, c'était s'opposer au Roi... On voit donc que la marge de manœuvre d'un futur gouvernement du PJD demeure celle que lui permettra le Roi.
Chose certaine, Abdellilah Benkirane ne m'est pas apparu comme un homme d'une grande profondeur intellectuelle. J'ai pourtant côtoyé là-bas des intellectuels islamistes associés au PJD qui avaient une véritable pensée sur les rapports entre religion et politique... Ces intellectuels ressemblaient à plusieurs intellectuels conservateurs d'occident pour qui la culture des droits de l'homme, grande conquête de la modernité, ne doit pas pour autant se délester de la profondeur de l'expérience religieuse (**).
Issu de cette mouvance politique, Benkirane m'est au contraire apparu comme un politicien intuitif, superficiel et arrogant. À une question portant sur l'importance de l'éducation au Maroc, il a répondu par des anecdotes sur les riches berbères self-made-men du pays... Ses réponses à nos questions pourtant concrètes relevaient soit d'anecdotes, soit de slogans... Je suis sorti de cet entretien déçu de cette figure montante de la politique marocaine. (Et en plus, il a interrompu notre entretient à plusieurs reprises pour répondre à son foutu cellulaire!)
Alors M. Benkirane? Quels rapports croyez-vous qu'il faudrait favoriser entre le respect des droits individuels et le maintien de la tradition islamique pour le Maroc? Avez-vous des exemples concrets de ce dialogue qu'il faut établir entre «droit-de-l'hommisme» et islam?
Un personnage comme Benkirane peut-il réellement favoriser un rééquilibrage de la politique marocaine? Sur la question religieuse, son espace me semble très limité: le Roi demeure l'Autorité suprême. Le pouvoir du PJD repose plutôt sur le fait que c'est un parti qui n'est pas proche de l'élite économique et militaire, ni de celle du Palais. C'est déjà un changement significatif pour le Roi qui n'avait jamais vraiment concédé le pouvoir sans d'abord avoir récupéré ses anciens opposants...
Mais le chapitre sur les rapports de pouvoir entre un Parlement aujourd'hui dominé par les islamistes modérés et un «Roi moderniste» demeure à écrire ! Tout n'est pas joué...
p.s. un bogue m'empêche de vous fournir ce lien autrement :
** http://leblogueduvoisin.blogspot.com/2010/12/bientot-le-maroc.html
mercredi 23 novembre 2011
Quelques mythes confrontés.
Suivez ces capsules préparées par l'IRIS (Institut de recherche et d'information socio-économique).
En voici quelques exemples:
Celle-là est pas pire pantoute:
En voici quelques exemples:
Celle-là est pas pire pantoute:
dimanche 20 novembre 2011
Mononc Serge, le punk.
Mononc Serge est sans doute un punk, sans l'allure du punk. Le mouvement punk est né en Angleterre, dans un pays qui aime les conventions, le respect des coutumes et des traditions. Un pays qui se dit fidèle aux bonnes moeurs et au respect de la hiérarchie... Or, les punks ont toujours brisé ces «règles» et refusé la hiérarchie: par leur tenue vestimentaire, leur coiffure, leur musique, leur propos, leur vulgarité supposée mais nécessairement assumée.
En 1ère partie de Bernard Adamus vendredi dernier, Mononc Serge a fait une prestation solo punk dans l'attitude et chansonnière acoustico-trash musicalement... L'attitude punk s'exprime dans ses textes : Requiem pour la marde, Hitler Robert, Fourrer, sont des titres de chanson qui ont nécessairement pour but de briser des tabous... Et ce qu'il y a de plus fascinant là-dedans est que Mononc a réussi à faire en sorte que la salle scande haut et fort «Fourrer!» le poing levé. Et ce n'était pas gagné d'avance, car il était en 1ère partie...
Malgré le look «normal» du gars, on peut donc dire que c'est un punk. Il harrangue la foule, profère des insanités, brise les tabous, tout ça dans une bonne humeur contagieuse qui ne se prend pas au sérieux. Mais l'attitude punk de Mononc Serge va plus loin. Le gars s'auto-produit, il est son propre gérant et réussit à bâtir sa carrière en diminuant au maximum le nombre d'intermédiaires. Il pratique donc l'autogestion, valeur centrale du mouvement punk tel qu'il s'est surtout développé en Europe.
L'anarchie et l'autogestion seraient donc au coeur du mouvement punk. Et comme je l'expliquais il y a quelques semaines dans ce blogue, c'est aussi au coeur de l'esprit de la mouvance Occupy Wall street.
Mais comme Mononc Serge m'apparaît comme un véritable punk, je me dis que le gars n'hésiterait pas à ridiculiser dans une de ses chansons les militants de la place du peuple campés au Square Victoria... En fait, l'attitude punk de Mononc Serge laisse parfois penser qu'il ne respecte rien. Faux, il y a Mononc et il y a Serge. C'est le Mononc qui est grossier et souvent déplacé. Le Serge est courtois et a même de la classe... (Je le sais, c'est l'oncle de mes enfants, qui ne comprennent pas encore l'ironie lorsqu'ils l'appellent Mononc Serge!)
En fait, une des choses qui semble être respectée autant par le Mononc punk que par le Serge posé et discret, c'est la langue française. Avant de mépriser le personnage quelque peu trash de Mononc Serge, attardez-vous à ses textes. Vous verrez qu'on peut dire plein de grossièretés apparemment épouvantables dans un français recherché et bien envoyé. Et l'ironie du propos : dans plusieurs de ses tounes, il y a une dénonciation forte des dérives de notre société. Par exemple, dans «Bacaisse», Mononc Serge dénonce le culte de la maigreur qui envahit le monde de la pub et de la mode en culpabilisant celles qui ne se conforment pas à ce standard ridicule. Dans une de ses tounes de Noël, il dénonce le sentimentalisme humanitaire de l'occident qui nous montre quelques images catastrophes d'une Afrique qui se meurt pour ensuite s'empiffrer dans la surconsommation de cossins inutiles...
Les punks servent à cela : questionner les normes, briser les tabous, foutre les conventions en l'air. Déranger. Dans cet esprit, Mononc Serge est clairement l'un des punks les plus articulés qui soit.
mercredi 16 novembre 2011
La CAQ est lancée...
Bon, la Coalition pour l'Avenir du Québec (CAQ) est officiellement devenue un parti politique cette semaine. Je fais partie de ceux qui ont un certain temps espéré que ce parti puisse incarner quelque chose de positif dans le paysage politique morose du Québec actuel. Suis-je naïf?
Chose certaine, je suis déçu. Une des raisons pour lesquelles j'entretenais quelques espoirs s'explique par le positionnement de départ de François Legault qui disait grosso modo : «la querelle entre souverainistes et fédéralistes n'a débouché sur rien, il faut rebâtir un consensus sur le fait que la majorité des Québécois est nationaliste». Je crois en effet qu'avant de nous relancer dans l'aventure souverainiste, il nous faut rebâtir la confiance dans nos institutions et réaffirmer la prédominance du français.
Or, rien sur les nécessaires réformes démocratiques dans le programme ou le discours de la CAQ! Et malgré la volonté d'invoquer la clause dérogatoire pour mettre fin aux écoles passerelles (qui permettent aux riches de s'acheter le droit d'aller à l'école anglaise), je doute que la manoeuvre puisse être couronnée de succès, tant sur le plan constitutionnel (la clause dérogatoire ou nonobstant peut suspendre les articles 2 et 7 à 15 de la charte, mais la Cour Suprême a invoqué un autre article, le 24, pour invalider la loi 104) que sur le plan politique puisque M. Legault a glissé vers une politique du renoncement en matière politique : illusoire mise de côté de la question nationale, sans doute pour attirer les électeurs libéraux allergiques à tout affrontement avec Ottawa... L'attrait du pouvoir et la nécessaire caution de Paul Desmarais auraient-ils édulcorés le «nationalisme» de M. Legault?
Enfin, la principale raison pour laquelle je suis déçu de la CAQ est qu'elle promeut une vision essentiellement comptable de la société. Rien sur l'environnement, sur l'exploitation des ressources naturelles (pourtant au coeur de la crise de confiance que l'on a envers notre actuel gouvernement), sur la nécessité d'envisager un développement économique respectueux de ce que nous léguerons aux prochaines générations...
Le seul mérite de l'arrivée de la CAQ est qu'elle forcera les autres formations politiques à se positionner et à se démarquer. Cela stimulera sans doute le débat public...
Chose certaine, je suis déçu. Une des raisons pour lesquelles j'entretenais quelques espoirs s'explique par le positionnement de départ de François Legault qui disait grosso modo : «la querelle entre souverainistes et fédéralistes n'a débouché sur rien, il faut rebâtir un consensus sur le fait que la majorité des Québécois est nationaliste». Je crois en effet qu'avant de nous relancer dans l'aventure souverainiste, il nous faut rebâtir la confiance dans nos institutions et réaffirmer la prédominance du français.
Or, rien sur les nécessaires réformes démocratiques dans le programme ou le discours de la CAQ! Et malgré la volonté d'invoquer la clause dérogatoire pour mettre fin aux écoles passerelles (qui permettent aux riches de s'acheter le droit d'aller à l'école anglaise), je doute que la manoeuvre puisse être couronnée de succès, tant sur le plan constitutionnel (la clause dérogatoire ou nonobstant peut suspendre les articles 2 et 7 à 15 de la charte, mais la Cour Suprême a invoqué un autre article, le 24, pour invalider la loi 104) que sur le plan politique puisque M. Legault a glissé vers une politique du renoncement en matière politique : illusoire mise de côté de la question nationale, sans doute pour attirer les électeurs libéraux allergiques à tout affrontement avec Ottawa... L'attrait du pouvoir et la nécessaire caution de Paul Desmarais auraient-ils édulcorés le «nationalisme» de M. Legault?
Enfin, la principale raison pour laquelle je suis déçu de la CAQ est qu'elle promeut une vision essentiellement comptable de la société. Rien sur l'environnement, sur l'exploitation des ressources naturelles (pourtant au coeur de la crise de confiance que l'on a envers notre actuel gouvernement), sur la nécessité d'envisager un développement économique respectueux de ce que nous léguerons aux prochaines générations...
Le seul mérite de l'arrivée de la CAQ est qu'elle forcera les autres formations politiques à se positionner et à se démarquer. Cela stimulera sans doute le débat public...
dimanche 13 novembre 2011
Youssef: un inédit de Courtemanche.
Lisez ce texte inédit de Gil Courtemanche, décédé cette année.
Le ton est toujours polémique (et la nuance en prend un coup!), mais sur la question de notre commune humanité, y a-t-il des compromis à faire ?
Le ton est toujours polémique (et la nuance en prend un coup!), mais sur la question de notre commune humanité, y a-t-il des compromis à faire ?
vendredi 11 novembre 2011
L'Affiche à l'affiche.
photo: Philippe Ducros
Courrez à l'Espace libre pour voir L'Affiche de Philippe Ducros, dont je parlais ICI il y a plusieurs mois...
Courrez à l'Espace libre pour voir L'Affiche de Philippe Ducros, dont je parlais ICI il y a plusieurs mois...
jeudi 10 novembre 2011
USA: le conservatisme en crise?
Le candidat à l'investiture républicaine Rick Perry, actuel gouverneur du Texas et poulain de la droite économique, sociale et morale, s'est littéralement effondré hier dans un débat portant sur l'économie. Il a oublié pendant de longues secondes une des trois agences gouvernementales qu'il voulait abolir...
Pendant ce temps, le candidat de la droite fiscale, la comète Herman Cain, demeure légèrement en avance sur Mitt Romney (celui qui affrontera Obama en 2012 selon mes prédictions antérieures ... et actuelles.), malgré de multiples accusations d’agression sexuelle pesant contre lui. Les autres candidats? Michelle Bachmann, la porte-parole du Tea Party est hors jeu selon moi. On se tourne actuellement vers Newt Gingrich (the Grinch?), ex-président de la Chambre des Représentants sous Clinton. Je ne crois pas à cette candidature... Trop radicale, antipathique et controversée (plusieurs «affaires extra-conjugales»...).
Les électeurs républicains doivent se rendre à l'évidence, celui qui a le plus de chance de battre Obama en 2012 ne plaît pas à la base militante et bruyante du parti. Il faut dire que Romney est vulnérable: on pourrait lui faire le coup que W. Bush a fait à John Kerry en 2004, c-à-d le traiter de «flip-flopper», celui qui change d'idées comme il change de chemise. Romney a en effet fait adopter lorsqu'il était Gouverneur du Massachussetts, une réforme de l'assurance-santé qui a inspiré le Obamacare tant décrié par la droite aux USA... Il conteste aujourd'hui sa constitutionnalité sous prétexte qu'elle ne respecte pas le partage des responsabilités entre les États fédérés et l'État fédéral.
On peut donc constater qu'il y a une rupture de plus en plus évidente entre le choix que les Républicains devraient faire pour gagner - c-à-d pour convaincre les électeurs centristes qui déterminent d'élections en élections le vainqueur à la présidence - et le choix qu'ils sont enclins à faire s'ils suivent leurs convictions profondes. Comme si le conservatisme militant se détachait de plus en plus de la majorité de façon évidente...
Trois autres illustrations de cet hiatus entre les priorités du conservatisme aux USA et celles de la majorité de la population : les référendums perdus cette semaine au Mississippi et en Ohio. Le 1er portait sur le fait de donner le statut de «personne» à l'embryon humain. Ceci avait pour objectif de bloquer le droit à l'avortement et de restreindre la fécondation et la recherche en fertilité... 55% des gens ont rejeté la proposition. En Ohio, c'est la volonté du Gouverneur républicain de mettre fin à la capacité des travailleurs du secteur public de négocier leur convention collective qui a été rejetée à 62%. Enfin, en Arizona, le Président du Sénat de l'État, Russell Pearce, vient d'être destitué par un «Recall» (une procédure de destitution orchestrée par l'électorat). Pearce est l'homme à l'origine de la loi la plus dure jamais adoptée contre les immigrants illégaux...
Le conservatisme américain semble en crise! Et Obama n' pas encore osé prendre le taureau par les cornes et affronter le Congrès sur la question des impôts des plus riches... Pourtant, les mouvances du type Occupy Wall street qui n'ont pas de priorités clairement établies mais qui recueillent la sympathie du public, devraient normalement converger vers cette priorité d'action. Comme disait Obama en 2008 à Joe the plumber : «Well Joe, we've got to spread the wealth !»
P.S. Pendant ce temps, chez nous, le conservatisme fortement américanisé de Stephen Harper creuse son sillon... Nous y reviendrons...
Pendant ce temps, le candidat de la droite fiscale, la comète Herman Cain, demeure légèrement en avance sur Mitt Romney (celui qui affrontera Obama en 2012 selon mes prédictions antérieures ... et actuelles.), malgré de multiples accusations d’agression sexuelle pesant contre lui. Les autres candidats? Michelle Bachmann, la porte-parole du Tea Party est hors jeu selon moi. On se tourne actuellement vers Newt Gingrich (the Grinch?), ex-président de la Chambre des Représentants sous Clinton. Je ne crois pas à cette candidature... Trop radicale, antipathique et controversée (plusieurs «affaires extra-conjugales»...).
Les électeurs républicains doivent se rendre à l'évidence, celui qui a le plus de chance de battre Obama en 2012 ne plaît pas à la base militante et bruyante du parti. Il faut dire que Romney est vulnérable: on pourrait lui faire le coup que W. Bush a fait à John Kerry en 2004, c-à-d le traiter de «flip-flopper», celui qui change d'idées comme il change de chemise. Romney a en effet fait adopter lorsqu'il était Gouverneur du Massachussetts, une réforme de l'assurance-santé qui a inspiré le Obamacare tant décrié par la droite aux USA... Il conteste aujourd'hui sa constitutionnalité sous prétexte qu'elle ne respecte pas le partage des responsabilités entre les États fédérés et l'État fédéral.
On peut donc constater qu'il y a une rupture de plus en plus évidente entre le choix que les Républicains devraient faire pour gagner - c-à-d pour convaincre les électeurs centristes qui déterminent d'élections en élections le vainqueur à la présidence - et le choix qu'ils sont enclins à faire s'ils suivent leurs convictions profondes. Comme si le conservatisme militant se détachait de plus en plus de la majorité de façon évidente...
Trois autres illustrations de cet hiatus entre les priorités du conservatisme aux USA et celles de la majorité de la population : les référendums perdus cette semaine au Mississippi et en Ohio. Le 1er portait sur le fait de donner le statut de «personne» à l'embryon humain. Ceci avait pour objectif de bloquer le droit à l'avortement et de restreindre la fécondation et la recherche en fertilité... 55% des gens ont rejeté la proposition. En Ohio, c'est la volonté du Gouverneur républicain de mettre fin à la capacité des travailleurs du secteur public de négocier leur convention collective qui a été rejetée à 62%. Enfin, en Arizona, le Président du Sénat de l'État, Russell Pearce, vient d'être destitué par un «Recall» (une procédure de destitution orchestrée par l'électorat). Pearce est l'homme à l'origine de la loi la plus dure jamais adoptée contre les immigrants illégaux...
Le conservatisme américain semble en crise! Et Obama n' pas encore osé prendre le taureau par les cornes et affronter le Congrès sur la question des impôts des plus riches... Pourtant, les mouvances du type Occupy Wall street qui n'ont pas de priorités clairement établies mais qui recueillent la sympathie du public, devraient normalement converger vers cette priorité d'action. Comme disait Obama en 2008 à Joe the plumber : «Well Joe, we've got to spread the wealth !»
P.S. Pendant ce temps, chez nous, le conservatisme fortement américanisé de Stephen Harper creuse son sillon... Nous y reviendrons...
mardi 8 novembre 2011
VLB: figure d'une nation.
Victor-Lévy Beaulieu vient de remporter le prix Gilles-Corbeil, plus haute distinction de la littérature québécoise, pour l'ensemble de son oeuvre.
Je ne suis pas un grand lecteur de VLB, je me souviens plus de L'Héritage, télé-roman fascinant sur une histoire de famille tordue, avec une parlure riche, imagée, hors du réel et pourtant fortement ancrée dans un petit bout de terre nommé Québec.
Lisez l'hommage rendu par la Présidente du Jury, Lise Bissonnette, dans Le Devoir d'aujourd'hui. À sa lecture, on comprend l'importance d'un homme comme VLB pour toute nation qui se respecte et qui a encore comme projet d'exister...
VLB n'est pas qu'un écrivain gigantesque, c'est aussi un éditeur important, qui contribue à faire naître de nouveaux talents chez nous en enrichissant notre langue et notre imaginaire, en renouvelant notre culture : notre principale richesse naturelle inépuisable !
Et en plus, VLB est un lecteur important. Je comprends de nouveau l'importance de la lecture ces temps-ci... J'ai plusieurs étudiants qui «lisent» les mots mais ne comprennent pas le texte. Plusieurs autres «photographient» de façon diagonale le texte à lire, ce qui débouche sur plusieurs incompréhensions ou pire, sur rien du tout. La lecture enrichit le vocabulaire, développe l'imaginaire, déconstruit et reconstruit le récit comme aucun autre medium peut le faire... Avoir des difficultés en lecture au XXIe siècle compromettra votre capacité à devenir libre.
Devant l'érosion du sentiment national et la pauvreté culturelle qui nous assaillent, VLB est un phare qui nous rappelle que la culture est une denrée essentielle pour tous et que pour être universel, il faut d'abord être de chez soi!
dimanche 6 novembre 2011
Bilan musical 2011.
Comme à chaque année depuis que ce blogue existe, l'automne est le moment de faire le bilan de la moisson musicale de l'année.
Dans le désordre :
1- John Mellencamp, No better than this. Un album folk-blues, enregistré dans 3 endroits mythiques de l'Amérique, avec Marc Ribot (le guitariste de Tom Waits et de John Zorn... un artiste de grand calibre) et T-Bone Burnett (LE réalisateur de l'heure de la musique Americana);
2- The Beastie Boys, Hot Sauce committee part II. Comme un retour aux sources pour les mauvais garçons : un son un peu brut, de l'écho dans le micro, mais avec des textures reggae parfois, funk d'autres fois. Un bon son brut pour les truands ! Un album réussi, qui fait parfois penser au 1er Bran Van 3000 par son esprit éclaté.
3- Malajube, La caverne.
Une autre réussite pour Malajube ! Je n'aimais pas le premier. J'ai aimé quelques tounes du 2e. J'ai adoré Labyrinthe... Le dernier album de ce groupe bruyant est plus pop, semi-disco dans son ambiance. Excellentes tounes de bar.
4- Phlippe B., Variations fantômes.
C'est le 3e album (ils sont tous très bons !) de Philippe B., l'ex-chanteur de Gwenwed, aussi guitariste pour Pierre Lapointe. Le gars est trop discret pour être une star, mais son talent est indéniable : une voix à la JP Ferland, des paroles simples mais évocatrices, des mélodies accrocheuses et des arrangements originaux, qui puisent en partie leur inspiration (en faisant des repiquages numériques) chez de nombreux compositeurs classiques (Bach, de Bussy, Vivaldi, etc.) Et si le procédé est casse-gueule - on aurait pu «crémer épais» - il est au contraire subtil et dénote un véritable talent de mélodiste, une belle oreille musicale.
5- Joseph Arthur, The graduation ceremony. (Au Corona le 2 décembre). Vous savez combien j'aime Joe, ce multi-artiste, créateur boulimique, qui ne cesse jamais de se réinventer en show. Son dernier enregistrement est un folk-rock simple, beau, tranquille, un peu nostalgique. C'est comme un phare quand on ne sait plus quoi écouter.
6- Ben Harper, Give till it's gone. Parlant de valeurs sûres, Ben Harper est pour moi un idéal masculin... Beau, intelligent, talentueux, généreux, capable de rocker dur comme de nous bercer avec des hymnes d'une beauté quasi-religieuse... Cet album au son rock ressemble à celui enregistré avec les Relentless 7... C'est pas son meilleur, mais un bon Ben Harper, c'est déjà au-dessus de la moyenne !
7- Gillian Welch, The Harrow and the Harvest. Du pur country, au sens d'une musique qui viendrait d'un «contrée lointaine et encore pure», non-contaminée par l'industrie musicale. Cette industrie qui finirait par formater le son unique mais pourtant éternel et presque déjà entendu de Gillian Welch.
8- Sam Roberts band, Collider. À des milles et des milles de Gillian Welch, Sam Roberts nous offre l'une des meilleures pop-rock disponible dans «l'industrie». Un très bon album, qui s'écoute sans anicroches. Des belles mélodies et des beats accrocheurs.
9- Tire le coyote, Le fleuve en huile. Un très bon groupe country un peu sale. Un chanteur de talent, au jeu musical (guitare électrique et voix) un peu décalé. À voir en show autour d'une bière ou d'un scotch !
10- Galaxie, Tigre et Diésel. Le Guitar hero du rock québécois, Olivier Langevin, nous offre ici des riffs qui groovent forts, avec une batterie qui buche solide, sans que ce soit insupportable comme Gros Mené (autre projet sur lequel Fred Fortin s'impliquait aussi, une sorte de post-doctorat en bruit et distorsion). Du gros rock accessible.
J'ai pas encore plongé dans le dernier Feist, ni dans le dernier PJ Harvey dont on dit beaucoup de bien. Je viens de me procurer le dernier Tom Waits, intitulé Bad as me. Excellent ! Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sera un peu rébarbatif, mais si on compare avec ses albums précédents, il est plus accessible. On reviendra un jour sur cet artiste incomparable qu'est Tom Waits. Bluesman des villes, l'un des plus grands créateurs de chanson des USA. Tom a traversé tous les styles : du blues, du folk, du blues plus sale, du jazz, de la musique de cirque, du rock, de la musique expérimentale, de l'orchestration de bruits de tous genres...
Et vous? Vos découvertes musicales de l'année?
Dans le désordre :
1- John Mellencamp, No better than this. Un album folk-blues, enregistré dans 3 endroits mythiques de l'Amérique, avec Marc Ribot (le guitariste de Tom Waits et de John Zorn... un artiste de grand calibre) et T-Bone Burnett (LE réalisateur de l'heure de la musique Americana);
2- The Beastie Boys, Hot Sauce committee part II. Comme un retour aux sources pour les mauvais garçons : un son un peu brut, de l'écho dans le micro, mais avec des textures reggae parfois, funk d'autres fois. Un bon son brut pour les truands ! Un album réussi, qui fait parfois penser au 1er Bran Van 3000 par son esprit éclaté.
3- Malajube, La caverne.
Une autre réussite pour Malajube ! Je n'aimais pas le premier. J'ai aimé quelques tounes du 2e. J'ai adoré Labyrinthe... Le dernier album de ce groupe bruyant est plus pop, semi-disco dans son ambiance. Excellentes tounes de bar.
4- Phlippe B., Variations fantômes.
C'est le 3e album (ils sont tous très bons !) de Philippe B., l'ex-chanteur de Gwenwed, aussi guitariste pour Pierre Lapointe. Le gars est trop discret pour être une star, mais son talent est indéniable : une voix à la JP Ferland, des paroles simples mais évocatrices, des mélodies accrocheuses et des arrangements originaux, qui puisent en partie leur inspiration (en faisant des repiquages numériques) chez de nombreux compositeurs classiques (Bach, de Bussy, Vivaldi, etc.) Et si le procédé est casse-gueule - on aurait pu «crémer épais» - il est au contraire subtil et dénote un véritable talent de mélodiste, une belle oreille musicale.
5- Joseph Arthur, The graduation ceremony. (Au Corona le 2 décembre). Vous savez combien j'aime Joe, ce multi-artiste, créateur boulimique, qui ne cesse jamais de se réinventer en show. Son dernier enregistrement est un folk-rock simple, beau, tranquille, un peu nostalgique. C'est comme un phare quand on ne sait plus quoi écouter.
6- Ben Harper, Give till it's gone. Parlant de valeurs sûres, Ben Harper est pour moi un idéal masculin... Beau, intelligent, talentueux, généreux, capable de rocker dur comme de nous bercer avec des hymnes d'une beauté quasi-religieuse... Cet album au son rock ressemble à celui enregistré avec les Relentless 7... C'est pas son meilleur, mais un bon Ben Harper, c'est déjà au-dessus de la moyenne !
7- Gillian Welch, The Harrow and the Harvest. Du pur country, au sens d'une musique qui viendrait d'un «contrée lointaine et encore pure», non-contaminée par l'industrie musicale. Cette industrie qui finirait par formater le son unique mais pourtant éternel et presque déjà entendu de Gillian Welch.
8- Sam Roberts band, Collider. À des milles et des milles de Gillian Welch, Sam Roberts nous offre l'une des meilleures pop-rock disponible dans «l'industrie». Un très bon album, qui s'écoute sans anicroches. Des belles mélodies et des beats accrocheurs.
9- Tire le coyote, Le fleuve en huile. Un très bon groupe country un peu sale. Un chanteur de talent, au jeu musical (guitare électrique et voix) un peu décalé. À voir en show autour d'une bière ou d'un scotch !
10- Galaxie, Tigre et Diésel. Le Guitar hero du rock québécois, Olivier Langevin, nous offre ici des riffs qui groovent forts, avec une batterie qui buche solide, sans que ce soit insupportable comme Gros Mené (autre projet sur lequel Fred Fortin s'impliquait aussi, une sorte de post-doctorat en bruit et distorsion). Du gros rock accessible.
J'ai pas encore plongé dans le dernier Feist, ni dans le dernier PJ Harvey dont on dit beaucoup de bien. Je viens de me procurer le dernier Tom Waits, intitulé Bad as me. Excellent ! Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sera un peu rébarbatif, mais si on compare avec ses albums précédents, il est plus accessible. On reviendra un jour sur cet artiste incomparable qu'est Tom Waits. Bluesman des villes, l'un des plus grands créateurs de chanson des USA. Tom a traversé tous les styles : du blues, du folk, du blues plus sale, du jazz, de la musique de cirque, du rock, de la musique expérimentale, de l'orchestration de bruits de tous genres...
Et vous? Vos découvertes musicales de l'année?
mercredi 2 novembre 2011
L'inculture.
Don Cherry serait sur le point de recevoir un Doctorat Honoris causa du Collège militaire (Royal) de Kingston !
J'ai toujours cru que le Canada anglais avait une réelle culture : George Grant, Faulkner, Atwood... Il me semblait qu'il était exagéré ou de mauvaise foi de dire que le Roc, c'était les USA en moins hot ! Mais là ! Don Cherry !
Ce gars-là est un MINABLE : il n'a rien accompli de vraiment significatif. Joué au Hockey mineur et coaché les Bruins à une époque où le CH (notre sainte flanelle) les plantaient solide !
Sinon, c'est un xénophobe mal habillé!
Espérons que plusieurs voix se lèvent pour décrier une telle insulte à l'éducation, au savoir, à la culture, à tout ce que vous pensez qui a de la valeur !
mardi 1 novembre 2011
Chaplin: le despote éclairé.
En ces temps de déprime politique et de désenchantement du monde, il est toujours pertinent de se rabattre sur des valeurs sûres... Charlie Chaplin, parodiant Adolf Hitler dans The Great Dictator, nous offre un discours idéaliste et humaniste d'une grande beauté et d'une grande actualité !
Il faut se rappeler la force de ce film, réalisé en 1940, sur les délires du nazisme et des fascismes en Europe. Chaplin termine son film sur une note d'espoir, comme si un éclair de lucidité et d'humanité traversait soudainement le tyran Hynkel qu'il incarne simultanément au personnage du barbier juif ostracisé et réprimé dans ce chef d'oeuvre du cinéma.
Il faut se rappeler la force de ce film, réalisé en 1940, sur les délires du nazisme et des fascismes en Europe. Chaplin termine son film sur une note d'espoir, comme si un éclair de lucidité et d'humanité traversait soudainement le tyran Hynkel qu'il incarne simultanément au personnage du barbier juif ostracisé et réprimé dans ce chef d'oeuvre du cinéma.
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