Je vous parlais hier de l'idée d'une constitution pour le Québec actuel (statut d'État fédéré). La plupart des États américains ont leur propre constitution. Les Cantons suisses et les Lander allemands aussi...
Or, ce qui fait la force et l'unité de la nation états-unienne réside entre autres dans un fort consensus suscité par les valeurs et règles inhérantes à leur constitution, qui date de 1787 (il faut lire The audacity of hope de Barack Obama pour comprendre toute la force, le magnétisme et le mythe autour des «Founding fathers of America»...).
Ce qui fait la faiblesse du Canada, c'est justement cette faillite démocratique sur laquelle repose toute l'architecture constitutionnelle du pays, particulièrement depuis 1982.
Mais qu'est-ce qu'une constitution ? C'est l'ensemble des règles fondamentales d'un pays.
Rappelons deux choses en ce qui concerne notre pays, le Canada :
1- La réforme constitutionnelle de 1982 au Canada s'est faite sans l'Accord de l'Assemblée nationale du Québec, tous partis confondus. Aucun parti présent à l'Assemblée nationale en 2009, ni aucun gouvernement du Québec n'a encore accepté les changements majeurs opérés au Canada sans le consentement du peuple québécois et de ses représentants à Québec. C'est une «infraction démocratique» majeure, qui entache la légitimité du pays canadien au Québec.
2- Ces changements majeurs, sans le consentement unanime de l'Assemblée nationale du Québec, sont :
- i- la constitutionnalisation de la politique du multiculturalisme qui fait en sorte que la culture québécoise est considérée comme une culture parmi d'autres au Canada, comme si elle était l'équivalent de ce que l'on retrouve dans le Chinatown de Toronto par exemple... Le Québec n'est donc pas considéré comme une culture d'accueil capable d'intégrer ses immigrants en français, mais comme une des diverses composantes de la mosaïque culturelle canadienne...
- ii- Une nouvelle formule d'amendement qui confirme que le Québec est une province parmi d'autres (et non une des 2 sociétés d'accueil pour intégrer les immigrants au Canada) puisqu'il est possible de changer les règles fondamentales (la constitution) du Canada sans l'accord du Québec. Même Claude Ryan considérait qu'un tel changement sans l'accord du Québec constituait «un coup» qui compromettait la logique même du fédéralisme !
- iii- L'enchâssement dans la constitution canadienne d'une Charte des droits individuels, ce qui contraint tous les parlements du Canada à se conformer à ces droits proclamés, dont l'interprétation relève de juges nommés par le Premier ministre canadien... C'est à cause de cette charte que les lois 101 - et plus récemment 104 - ont été partiellement démentelées, ce qui contribue à affaiblir le fait français au Québec.
Il nous faut changer l'ordre politique actuel dans la mesure de ce que nous offre la conjoncture :
c-à-d peu de marge de manoeuvre dans un contexte où le pouvoir au Canada se déplace vers l'ouest et où le poids politique du Québec va sans cesse décroissant...
À suivre !
Très intéressant votre article.
RépondreSupprimerLe Québec se trouve en effet entre 2 chaises...qui s'éloignent l'une de l'autre. L'appuie à la souveraineté est à son plus faible, et le Québec voit son poids dans le Canada s'étioler plus à plus.
Notre classe politique ne devrait-elle pas être plus inquiète qu'elle ne l'est actuellement? On dirait qu'il n'y a que Gilles Duceppe qui semble soulever le fait que les maigres 75 députés québécois verront leur poids frôler les 20% de la Chambre très bientôt... Comment certains Québécois peuvent-ils affirmer, tout comme la plupart des autres politiciens canadiens, que "le fruit n'est pas mûr"?
Olivier
Le vieux soussigné croit- mon cher Olivier-que le fruit de la passion est mûr et prêt à être savouré.
RépondreSupprimerLe Québecois, lui, hésite, n'est pas prêt.
Le départ de Levesque et celui de Bouchard lui ont coupé l'appétit.
Il nous faut un Obama et l'appétit va revenir.
pepedamour
Je m'inquiète aussi de cette absence d'inquiétude qui endort notre peuple... Notre position - entre 2 chaises - devrait nous inciter à bouger, mais il semble que l'inconfort et le danger de celle-ci ne soit pas perçu clairement par la population...
RépondreSupprimerFatigue, quand tu nous tiens...
Mon député me demandait l'autre jour où était passé toute cette hardeur, cette fierté et cet instinct combatif des patriotes? Avons-nous tous été adoptés? Ne nous reste t-il pas un peu de ce sang? Bien sûr, nous n'avons pas tous un nom de famille comme Chénier... Je ne parle ici que d'un goût du changement, que d'un soulèvement massif, que ce soit pour la souveraineté ou pour moderniser et réformer le fédéralisme pour mettre le Québec a sa place...
RépondreSupprimerVous avez raison cher voisin, les Québécois sont fatigués et pas seulement à ce sujet. On remarque cette même insouciance devant les problèmes soulevés par les Lucides...
Olivier
Les lucides ont au moins le mérite de s'inquiéter de l'avenir de notre nation...
RépondreSupprimerEffectivement,
RépondreSupprimerOn peut ne pas être d'accord avec leur constat, mais ils ont néanmoins le mérite de se préoccuper du sort du Québec et ont amené un certain débat qui est encore ouvert, quoi que moins fort (il y a quand même 4 ou 5 ans).
Néanmoins, le poids de la dette, le déclin démographique demeurent des enjeux qui persisteront, malgré la souveraineté, un renouvellement du fédéralisme ou l'immobilisme dont traite votre article.
Olivier
maudit que j'aime ça ! Installons une table près des 2 chaises , sortons quelques bières d'une micro-brasserie du coin, ...j'appelle François Legault et on brasse la baraque.
RépondreSupprimerpepedamour
ai invité François Legault.
RépondreSupprimerIl fait sa sieste qui doit se terminer à l'automne.
Ilfait le plein: a terminé le dernier de Laferrière et se gave de Romain Gary- Lady L..
Les héros sont fatigués. Qu'ils reposent en paix.
pepedamour
Grand politicien et grand homme d'affaire que ce François Legault. J'ai eu la chance de le côtoyer quelques heures l'an dernier; je l'avais invité à titre de conférencier à Brébeuf... Aurait-il quitté pour mieux revenir ou a-t-il vraiment le goût de retourner en affaire? Il est évident qu'un homme de sa pointure a une soif du pouvoir, un désir de prendre des décisions...et pour cela, mieux vaut être ministre...
RépondreSupprimerOlivier
Olivier,
RépondreSupprimerje PENSE que ton questionnement :
Aurait-il quitté...
demeure encore son questionnement pour lequel il n'a pas de réponse claire.
pepedamour