mercredi 10 février 2010

Le Canada en marge du Droit international.

Le Canada a longtemps été perçu comme un pays contribuant fortement à la construction d'un Droit international crédible. Le Droit international est en construction : il n'y a pas de monopole de la sanction légitime sur la scène internationale... et l'ONU n'est que le reflet des rapports de force existants entre les puissances de la planète.

Reste que depuis le passage de Lester B. Pearson comme 1er ministre du Canada, il y a eu toutes sortes de traités et conventions adoptées et ratifiées par le pays pour soutenir l'établissement de règles communes à respecter entre États... Mais depuis que Stephen Harper est 1er ministre, le Canada semble vouloir agir en marge du Droit international. Citons quelques exemples :
  • Le cas du diplomate Richard Colvin, discrédité par le gouvernement pour avoir mis à jour la torture des prisonniers afghans. Cette opération de camoufflage et d'intimidation d'un diplomate contrevient non seulement aux bonnes pratiques de gouvernance, mais également aux principes des Conventions internationales signées par le Canada.
  • Le protocole de Kyoto, pourtant ratifié par le Canada, est renié par le gouvernement Harper et celui-ci a tout fait pour éviter que la conférence de Copenhague soit un succès (donc qu'elle favorise des engagements contraignants pour les pays signataires);
  • Le cas d'Omar Khadr, cet enfant-soldat citoyen canadien capturé en Afghanistan et détenu à Guantanamo, démontre également que le Canada renie les Conventions internationales sur les enfants-soldats, mais également sa propre Charte des droits et libertés...
  • Dernier exemple (mais pas le dernier cas !) : dans le conflit israélo-arabe, la politique étrangère du gouvernement Harper a basculé vers une position pro-israélienne irresponsable (ce n'est pas le fait d'être pro-Israël qui est irresponsable, c'est le fait de l'être au détriment de principes humanitaires régis par des Conventions signées par le Canada). Le leitmotiv du gouvernement du Canada est qu'«Israël a le droit de se défendre», sans égards à certains principes fondamentaux qui relèvent des Conventions de Genève dont le Canada est signataire : éviter les cibles civiles; refuser l'implantation de civils dans des territoires conquis par la force, etc.
Le gouvernement Harper inaugure donc un virage significatif dans la politique étrangère du pays. Et ce virage érode l'image équilibrée et respectée qu'avait le pays sur la scène internationale.

P.S. Les politologues appellent ce type de pouvoir le soft power et il semble trop souvent sous-évalué pour comprendre l'importance des rapports de force sur la planète (W. Bush comme Harper, seraient obnubilés par le hard power, la puissance du feu !).

Est-il besoin de rappeler que ce gouvernement est minoritaire ? Imaginez s'il réussit à gagner une majorité !
Bientôt : Le gouvernement Harper et la transparence...

2 commentaires:

  1. mon commentaire est un peu cucu et ne change en rien ton magnifique exposé:
    Le parti au pouvoir n'est pas le Parti Conservateur mais bien Le Reform Party.
    pepedamour

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  2. C'est un bon résumé de l'ère Harper en matière d'affaires étrangères... La seule bonne nouvelle est que Maxime Bernier n'en est plus le ministre.

    La réputation du Canada fond à vue d'oeil. Il ne suffit que de se promener un peu partout dans le monde (et dans mon cas, d'avoir des discussions d'auberge de jeunesse!) pour le constater. Dommage pour nos valeureux diplomates canadiens, bourrés de diplomes, d'intelligence et de bonnes intentions qui se retrouvent à défendre des positions du genre...

    Olivier (qui rêve au jour où ce gouvernement sera défait)

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