Yves Boisvert rend compte ce matin dans La Presse d'un sondage sur le bilinguisme au Canada. Plusieurs paradoxes ressortent de celui-ci :
- D'abord, les Québécois - les plus bilingues d'entre tous au pays - ressentent que le français est menacé au Québec et que le bilinguisme canadien se porte plutôt mal; mais ils reconnaissent qu'il est très important de maîtriser l'autre lange officielle.
- De leur côté, les Canadiens-anglais perçoivent leur pays comme réellement bilingue, mais ne considèrent pas important de maîtriser le français...
Il semble donc que les «deux solitudes» perdurent dans les esprits. L'article d'Yves Boisvert ajoute que les Québécois considèrent maintenant que ce n'est plus «les Anglais» mais bien le multiculturalisme qui menace le fait français au Québec. Et Boisvert de conclure que cette crainte à l'égard du multiculturalisme est reliée aux revendications religieuses des nouveaux arrivants : «L'identité québécoise canadienne-française a été construite autour de la langue et de la religion catholique. Voir s'affirmer d'autres religions avec autant de ferveur, c'est remettre en question l'identité. C'est donc menacer la langue...»
Je rajouterais qu'il y a quelque chose de plus profond qui se profile derrière cette crainte posée par la politique canadienne du multiculturalisme : en l'adoptent en 1971 et en la constitutionnalisant en 1982, Pierre Elliott Trudeau faisait du Québec une communauté culturelle parmi d'autres au pays... Il brisait le projet québécois moderne (celui d'André Laurendeau, de René Lévesque, de Robert Bourassa, etc.) de FAIRE DU QUÉBEC UNE SOCIÉTÉ D'ACCUEIL capable d'intégrer ses immigrants en français !
Avec le multiculturalisme, l'immigrant qui arrive au Québec arrive en fait dans UNE nation bilingue et multiculturelle. C'est toute l'ambition de la loi 101 qui est fragilisée par cette politique hypocrite et mesquine...
Mais la faute ne relève pas que du Fédéral. Les différents gouvernements du Québec ont fini par adopter cette posture du Canada bilingue et multiculturel au Québec en communiquant souvent en anglais avec les nouveaux arrivants et en se conformant au relativisme des valeurs inhérant au multiculturalisme dans ses programmes d'éducation et ses façons d'entrer en contact avec les immigrants...
Nous y reviendrons, car la politique du multiculturalisme est de plus en plus décriée - on vient de proclamer son échec en Europe !
Tout à fait d'accord!!!
RépondreSupprimerCharles-Olivier Parent
Si on considère le retard que le Québec a sur l'Europe dans plusieurs domaines (ex: environnement), il faudra bien attendre 20 ans avant de voir un début de pseudo réveil sur l'impasse du multiculturalisme.
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