vendredi 30 septembre 2011
Mort d'un géant.
Pierre Dansereau, le grand écologiste et humaniste s'est éteint tout juste avant d'avoir ses 100 ans. Lisez le bel hommage rendu par Le Devoir.
mardi 27 septembre 2011
Israël-Palestine: l'allégorie du fromage.
C'est l'histoire d'un gars qui dit vouloir partager un bout de fromage avec son voisin, mais qui tout en manifestant cette noble intention, mange le bout de fromage en question... L'autre lui dit : «arrête de bouffer le fromage pour qu'on puisse en négocier le partage!».
Et celui qui détient le fromage lui répond la bouche pleine : «tu es de mauvaise foi, tu poses des conditions aux négociations alors que moi je suis ouvert à des négociations immédiates !»
P.S. Le formage est un Emmenthal sans doute, et il est possible qu'il ne reste que des trous à celui qui réclame son bout...
Et celui qui détient le fromage lui répond la bouche pleine : «tu es de mauvaise foi, tu poses des conditions aux négociations alors que moi je suis ouvert à des négociations immédiates !»
P.S. Le formage est un Emmenthal sans doute, et il est possible qu'il ne reste que des trous à celui qui réclame son bout...
vendredi 23 septembre 2011
L'unilatéralisme des uns et des autres.
C'est aujourd'hui que le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, présentera sa demande de reconnaissance de l'État palestinien à l'ONU. La manœuvre sera sans doute bloquée par un veto américain au Conseil de sécurité, ce qui accentuera la déception du monde entier à l'égard des promesses d'une «ère Obama».
L'argumentation alambiquée de ceux qui s'opposent à cette reconnaissance tout en souhaitant l'avènement d'un État palestinien suggère que la demande palestinienne pose problème puisqu'il s'agit d'une stratégie diplomatique «unilatérale».
Le Président Obama a suggéré dans son discours à l'ONU cette semaine que seule la négociation pouvait mener à la paix. Le Consul général d'Israël pour le Québec dit aujourd'hui qu'«il est essentiel de relancer des négociations directes et sans conditions préalables avec nos partenaires palestiniens, et d'éviter toute déclaration unilatérale qui viendrait en contradiction flagrante avec les accords d'Oslo, ce qui risquerait même de les annuler. (...) Il ajoute : que l'«unilatéralisme, comme nous l'avons tous appris de nos propres erreurs, ne fonctionne pas et la paix en l'absence de dialogue ne fera qu'aboutir à un avenir de séparation, de méfiance et de violence continues». Ce qu'il ne dit pas, comme tous ces «alliés» d'Israël qui sont plutôt aveuglés, c'est que la colonisation des territoires palestiniens par Israël contrevient aux accords d'Oslo et aux exigences internationales posées pour relancer les négociations. Or, Israël refuse de mettre fin à la colonisation et accroît de jour en jour son emprise sur le «futur État» de Palestine...
L'unilatéralisme israélien pose donc problème et le gouvernement de B. Netanyahou refuse de négocier en misant sur le fait accompli : plus le temps avance, plus les concessions territoriales palestiniennes devront être importantes. Ce silence complice des officiels israéliens, des USA et du Canada, discrédite le discours qui condamne la démarche unilatérale des Palestiniens. Celle-ci cherche seulement à forcer un jeu bloqué et à délégitimer la colonisation des territoires occupés.
Le refus des USA et le déni israélien risquent malheureusement de faire le jeu des extrémistes de tous les côtés. En Israël, certains préfèrent être confrontés aux radicaux plutôt qu'à un diplomate sensé comme M. Abbas. Aux USA et au Canada aussi, du moins dans plusieurs cercles de la droite dure. Mais ce n'est clairement pas dans notre intérêt que ces gens agissent. Ni dans l'intérêt d'Israël d'ailleurs, qui a grandement besoin de vivre en paix et de développer des relations normales avec ses voisins...
L'argumentation alambiquée de ceux qui s'opposent à cette reconnaissance tout en souhaitant l'avènement d'un État palestinien suggère que la demande palestinienne pose problème puisqu'il s'agit d'une stratégie diplomatique «unilatérale».
Le Président Obama a suggéré dans son discours à l'ONU cette semaine que seule la négociation pouvait mener à la paix. Le Consul général d'Israël pour le Québec dit aujourd'hui qu'«il est essentiel de relancer des négociations directes et sans conditions préalables avec nos partenaires palestiniens, et d'éviter toute déclaration unilatérale qui viendrait en contradiction flagrante avec les accords d'Oslo, ce qui risquerait même de les annuler. (...) Il ajoute : que l'«unilatéralisme, comme nous l'avons tous appris de nos propres erreurs, ne fonctionne pas et la paix en l'absence de dialogue ne fera qu'aboutir à un avenir de séparation, de méfiance et de violence continues». Ce qu'il ne dit pas, comme tous ces «alliés» d'Israël qui sont plutôt aveuglés, c'est que la colonisation des territoires palestiniens par Israël contrevient aux accords d'Oslo et aux exigences internationales posées pour relancer les négociations. Or, Israël refuse de mettre fin à la colonisation et accroît de jour en jour son emprise sur le «futur État» de Palestine...
L'unilatéralisme israélien pose donc problème et le gouvernement de B. Netanyahou refuse de négocier en misant sur le fait accompli : plus le temps avance, plus les concessions territoriales palestiniennes devront être importantes. Ce silence complice des officiels israéliens, des USA et du Canada, discrédite le discours qui condamne la démarche unilatérale des Palestiniens. Celle-ci cherche seulement à forcer un jeu bloqué et à délégitimer la colonisation des territoires occupés.
Le refus des USA et le déni israélien risquent malheureusement de faire le jeu des extrémistes de tous les côtés. En Israël, certains préfèrent être confrontés aux radicaux plutôt qu'à un diplomate sensé comme M. Abbas. Aux USA et au Canada aussi, du moins dans plusieurs cercles de la droite dure. Mais ce n'est clairement pas dans notre intérêt que ces gens agissent. Ni dans l'intérêt d'Israël d'ailleurs, qui a grandement besoin de vivre en paix et de développer des relations normales avec ses voisins...
mardi 20 septembre 2011
22 sept: le show de l'année !
À la place des festivals, dans le cadre du POP Mtl, à partir de 20h : Arcade Fire et Karkwa. Les deux groupes de l'heure au Québec. C'est le show de l'année !
Pour nous évader du climat politique malsain et nous réconforter un peu à propos de notre humanité commune.
Pour nous évader du climat politique malsain et nous réconforter un peu à propos de notre humanité commune.
Charest «le grand démolisseur».
Jean Charest s'est fait nommé «Grand Bâtisseur» du Québec lors d'un congrès de son parti en 2008... Il cherchait alors sans doute à s'inscrire dans la filiation de Jean Lesage et Robert Bourassa, deux personnages considérés comme de grands 1ers ministres pour le Québec. Mais l'emploi de l'étiquette suffit-elle à magnifier l'homme? La grossièreté de la manoeuvre n'a-t-elle pas au contraire contribué à rendre M. Charest encore plus suspect aux yeux de la population et de l'histoire?
Chose certaine, depuis, de nombreuses affiches brandies lors de manifestations soulignaient ce décalage : on y voyait Jean Lesage avec un écriteau «J'ai bâti» puis Jean Charest sous lequel il était écrit «Je détruis». L'image est forte.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, Jean Charest s'est en effet employé à affaiblir le rôle de l'État du Québec dans plusieurs domaines. Sa «réingénierie» de l'État avait entre autres pour but d'introduire le secteur privé dans plusieurs domaines auparavant occupés par une expertise publique. Les partenariats publics-privés sont devenus le modèle à suivre pour les grands projets - malgré l'extrême-rigidité de ces contrats; et progressivement, l'expertise publique détenue par plusieurs ministères a glissé vers le secteur privé. C'est sous la gouverne de M. Charest que l'on a décidé de confier aux entreprises privées le soin de préparer les appels d'offre gouvernementaux. Cette pratique s'est particulièrement installée au sein du ministère des Transports où le nombre d'ingénieurs du ministère a littéralement fondu. On comprend maintenant mieux comment la collusion s'est installée en pratique systématique au sein des ministères et de l'appareil gouvernemental.
M. Charest, grand bâtisseur? L'expression est tellement grotesque qu'elle appelle une autre grossièreté : Jean Charest, grand démolisseur !
Dans les domaines de la langue, de la fiscalité, de l'exploitation des ressources naturelles, de la défense des intérêts du Québec face aux interventions fédérales, on ne peut en aucun cas relier les «compétences» de M. Charest à ses prédécesseurs. Au contraire, il apparaît dans chacun de ces dossiers comme un faiblard qui plie devant les grandes corporations (qui contribuent au PLQ) et devant le «grand frère fédéral» dont il aurait rêvé occuper les fonctions...
Mais c'est dans le domaine vital et moins mesurable de la confiance à l'égard du système politique et des élus que M. Charest aura commis le plus de dommages. Il a démoli ce qu'il restait de bonne foi chez un électorat blasé. Il a accéléré le cynisme ambiant en répandant les odeurs de corruption chez ses adversaires (sans que cela soit justifié ou démontré). Et en plus, il a tué le langage politique en ne communiquant que par slogans : «première priorité = santé»; «tempête économique = deux mains sur le volant», etc. Ce type de discours infantilise les citoyens et a en plus le défaut d'être vide ou mensonger. Lorsque M. Charest parle d'environnement ou de culture, je suis souvent en accord avec ce qu'il dit. Mais rarement avec ce qu'il fait! Cet écart entre le discours et l'action et les répétitions débilitantes de ses slogans ont littéralement affaibli l'importance et la signification des mots en politique.
Est-il nécessaire de vous rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, la politique était une passion au Québec, presqu'un sport national?
Samedi le 24 septembre vers 14h30, une manifestation citoyenne se tient devant les bureaux du premier ministre, coin McGill College et Sherbrooke (770 Sherbrooke ouest). C'est peut-être le début de la fin pour M. Charest et le commencement d'une saine indignation pour les citoyens!
Chose certaine, depuis, de nombreuses affiches brandies lors de manifestations soulignaient ce décalage : on y voyait Jean Lesage avec un écriteau «J'ai bâti» puis Jean Charest sous lequel il était écrit «Je détruis». L'image est forte.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, Jean Charest s'est en effet employé à affaiblir le rôle de l'État du Québec dans plusieurs domaines. Sa «réingénierie» de l'État avait entre autres pour but d'introduire le secteur privé dans plusieurs domaines auparavant occupés par une expertise publique. Les partenariats publics-privés sont devenus le modèle à suivre pour les grands projets - malgré l'extrême-rigidité de ces contrats; et progressivement, l'expertise publique détenue par plusieurs ministères a glissé vers le secteur privé. C'est sous la gouverne de M. Charest que l'on a décidé de confier aux entreprises privées le soin de préparer les appels d'offre gouvernementaux. Cette pratique s'est particulièrement installée au sein du ministère des Transports où le nombre d'ingénieurs du ministère a littéralement fondu. On comprend maintenant mieux comment la collusion s'est installée en pratique systématique au sein des ministères et de l'appareil gouvernemental.
M. Charest, grand bâtisseur? L'expression est tellement grotesque qu'elle appelle une autre grossièreté : Jean Charest, grand démolisseur !
Dans les domaines de la langue, de la fiscalité, de l'exploitation des ressources naturelles, de la défense des intérêts du Québec face aux interventions fédérales, on ne peut en aucun cas relier les «compétences» de M. Charest à ses prédécesseurs. Au contraire, il apparaît dans chacun de ces dossiers comme un faiblard qui plie devant les grandes corporations (qui contribuent au PLQ) et devant le «grand frère fédéral» dont il aurait rêvé occuper les fonctions...
Mais c'est dans le domaine vital et moins mesurable de la confiance à l'égard du système politique et des élus que M. Charest aura commis le plus de dommages. Il a démoli ce qu'il restait de bonne foi chez un électorat blasé. Il a accéléré le cynisme ambiant en répandant les odeurs de corruption chez ses adversaires (sans que cela soit justifié ou démontré). Et en plus, il a tué le langage politique en ne communiquant que par slogans : «première priorité = santé»; «tempête économique = deux mains sur le volant», etc. Ce type de discours infantilise les citoyens et a en plus le défaut d'être vide ou mensonger. Lorsque M. Charest parle d'environnement ou de culture, je suis souvent en accord avec ce qu'il dit. Mais rarement avec ce qu'il fait! Cet écart entre le discours et l'action et les répétitions débilitantes de ses slogans ont littéralement affaibli l'importance et la signification des mots en politique.
Est-il nécessaire de vous rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, la politique était une passion au Québec, presqu'un sport national?
Samedi le 24 septembre vers 14h30, une manifestation citoyenne se tient devant les bureaux du premier ministre, coin McGill College et Sherbrooke (770 Sherbrooke ouest). C'est peut-être le début de la fin pour M. Charest et le commencement d'une saine indignation pour les citoyens!
vendredi 16 septembre 2011
Jean Charest le corrompu.
Il devient difficile de se garder une petite gêne avant d'accuser le 1er ministre d'être corrompu après la «fuite» qui a rendu public le rapport de Jacques Duchesneau sur la collusion et la corruption qui se sont infiltrées partout au sein du ministère des Transports du Québec (et que dire de celui des Ressources naturelles?)
D'abord, cette fuite a sans doute été orchestrée par quelqu'un qui s'inquiétait que ce rapport soit tabletté... Pourquoi le gouvernement n'était pas intéressé à rendre public ce rapport? Pourquoi même est-il intéressé à mettre des bâtons dans les roues à l'unité anti-corruption en exigeant que les policiers et enquêteurs à la retraite qui la composent soient contraints de passer l'examen de la fonction publique du Québec? Pourquoi le gouvernement libéral persiste-t-il à refuser une enquête publique sur l'octroi de contrats dans le domaine de la construction et ses liens avec le financement illicite des partis politiques?
Toutes ces questions pointent vers une seule réponse : la peur! Jean Charest et les troupes libérales ont peur que ces enquêtes mettent à jour un stratagème dont ils ont été les grands complices et les premiers bénéficiaires. Rappelons deux faits troublants :
1- le PLQ est un parti riche, particulièrement lorsqu'il est au pouvoir (contrairement au PQ qui semble recueillir plus de fonds lorsqu'il est dans l'opposition);
2- de 2003 à 2010, le 1er ministre Charest obtenait 75 000$ annuellement en salaire supplémentaire de la part de son parti. On sait maintenant d'où provenait cet argent: des entrepreneurs en construction (trop souvent liés au crime organisé) et des firmes de génie conseil qui pratiquent la collusion et tendent à remplacer l'expertise gouvernementale du ministère des Transports.
Mais au-delà de ce refus obstiné, cynique et méprisable du gouvernement de mettre fin à ces pratiques qui coûtent cher aux contribuables (depuis le lancement de l'unité anti-corruption, les entreprises, sentant la soupe chaude, ont diminué drastiquement le coût de leurs soumissions et le gouvernement aurait déjà, en quelques mois, économisé 347 Millions $ !!!) il y a deux constats dramatiques que l'on peut faire :
1- il devient illégitime pour le gouvernement d'exiger plus aux citoyens (taxe-santé et augmentation des droits de scolarité) s'il se refuse dans un 1er temps à faire le ménage au sein de ses propres pratiques qui favorisent les dépassements de coûts et le développement de pratiques frauduleuses et immorales.
2- de plus, si on ne lève pas le voile sur ce système carrément mafieux, il devient pratiquement impossible d'opérer un virage vert dans notre développement économique et énergétique. En effet, ce sont les entrepreneurs en construction et les firmes de génie-conseil qui «contrôlent» plus ou moins directement le processus décisionnel actuellement. Or, ces deux acteurs ne savent que construire des ponts, des autoroutes et des barrages (non-rentables d'ailleurs). Dans ce contexte, comment rêver qu'un système efficace de transport en commun s'implante dans la grande région de Montréal? Et comment envisager que l'on puisse opérer un virage vers les énergies vertes?
Mettre le gouvernement libéral de Jean Charest dehors devient de plus en plus une nécessité démocratique. Le problème est que l'éclatement actuel du paysage politique (avec le maintien de notre mode de scrutin «démocratiquement infect») risque de reconduire au pouvoir ces professionnels de la corruption et du mépris à l'égard du peuple.
Qui a dit que le Québec s'était extirpé de la Grande noirceur? Aux yeux de l'histoire, Jean Charest devrait être jugé beaucoup plus sévèrement que Maurice Duplessis, puisqu'il aura fait reculer le Québec dans presque tous les domaines à une époque où les «standards démocratiques» devraient être plus exigeants que dans les années 1950...
P.S. Ce qu'on reproche à Duplessis : dilapidation à bas prix de nos richesses naturelles et dévotion extrême envers ceux qui favorisent la réélection de l'Union nationale... De son côté, Charest a institutionnalisé le bon vieux patronage ! Quant à la dilapidation de nos richesses naturelles, il n'y a plus Nathalie Normandeau pour le faire, mais le Plan Nord le fera bien...
mercredi 14 septembre 2011
L'écrivain et le politique.
Il vous faut lire cette fabuleuse entrevue avec David Grossman, cet écrivain israélien lucide et poète à la fois. Il y offre l'une des visions les plus pénétrantes et réalistes de la solution à ce conflit «éternel» qu'est le conflit israélo-palestinien.
Tout est là. Du drame humain à la dérive sécuritaire. De l'insécurité profonde du droit à l'existence du peuple juif à la fuite en avant dans l'embonpoint militaire.
Quand je vous dis qu'il nous faut plus d'artistes au pouvoir, c'est entre autres grâce à des écrivains comme David Grossman. Son dernier livre, «Une femme fuyant l'annonce», est extrêmement bien présenté par Pierre Assouline.
Tout est là. Du drame humain à la dérive sécuritaire. De l'insécurité profonde du droit à l'existence du peuple juif à la fuite en avant dans l'embonpoint militaire.
Quand je vous dis qu'il nous faut plus d'artistes au pouvoir, c'est entre autres grâce à des écrivains comme David Grossman. Son dernier livre, «Une femme fuyant l'annonce», est extrêmement bien présenté par Pierre Assouline.
mardi 13 septembre 2011
Le français au Québec.
Plusieurs études tendent à démontrer la situation pour le moins précaire du français à Montréal. La dernière en date insiste sur le fait que d'ici 2031, la majorité de la population de Montréal ne parlera plus le français à la maison.
On ne se comptera pas d'histoires : le statut du français au Québec se joue à Montréal. C'est la métropole économique et culturelle. C'est la ville qui accueille la grande majorité de nos immigrants et c'est elle qui donne un caractère international à notre culture... Si Montréal s'anglicise, le reste du Québec français devient du folklore...
Cette érosion du fait français repose sur plusieurs facteurs, parmi lesquels :
1- l'exode des francophones vers les banlieues;
2- la difficulté d'intégrer les immigrants en français en Amérique du Nord dans un contexte où la culture québécoise est perçue comme une composante du multiculturalisme canadian et où le marché du travail à Montréal semble exiger la connaissance de l'anglais;
3- l'absence de mobilisation individuelle et collective pour faire du français la langue d'usage dominante à Montréal;
4- les initiatives gouvernementales contre-productives qui font du français la langue des pauvres au Québec (pensez aux fameuses écoles passerelles).
Sur ces différents dossiers, il nous faut agir!
1- Lutter contre l'étalement urbain et promouvoir le retour des familles en ville. Cela serait possible si on développait réellement les projets de quartiers verts et les transports collectifs; si on faisait payer aux banlieusards le coût réel du développement des banlieues : péages aux ponts et charges complètes des infrastructures d'aqueducs et d'électricité aux acheteurs de maisons dans les nouveaux développements...
2- Il nous faut établir une citoyenneté québécoise qui rompt plus clairement avec le multiculturalisme canadien et qui fait de la maîtrise du français comme langue commune une condition d'éligibilité. Ceci implique le déploiement de ressources supplémentaires pour franciser nos citoyens non-francophones. Tous ceux qui croient que des mesures législatives «contraignantes» sont superflues ou inutiles pensent hors de la politique réelle. Nous sommes en Amérique du Nord : le français n'a pas un pouvoir d'attraction suffisant pour s'imposer comme la langue normale du travail et de l'intégration. Des mesures législatives sont donc nécessaires.
3- En ce qui concerne notre mobilisation individuelle et collective à faire du français la langue d'usage à Montréal, il faut dire que nous avons du chemin à faire! Par exemple, je suis de ceux qui se réjouissaient de voir l'arrivée importante d'anglophones sur le plateau Mt-Royal depuis quelques années. Je me disais que cela «décloisonnerait» la ville et favoriserait l'adoption par nos anglos de comportements francophiles... Or, il semble que ce ne soit pas le cas. Plusieurs relèvent au contraire que les commerces du plateau se sont «ajustés» à leur clientèle anglophone (accueil en anglais, journaux anglos dans les présentoirs) au détriment du français. Si cette tendance se confirme, il faudra tirer une sombre conclusion : le français est menacé et cette menace se concrétise avec la complicité désintéressée des francophones!
4- Il faut abolir les écoles passerelles et réinstaurer le principe de la loi 101 qui exige que les francophones et les immigrants fréquentent l'école française au primaire et au secondaire.
À partir de là, on peut envisager stabiliser la situation et faire de Montréal, donc faire du Québec, une société distincte en Amérique du Nord.
On ne se comptera pas d'histoires : le statut du français au Québec se joue à Montréal. C'est la métropole économique et culturelle. C'est la ville qui accueille la grande majorité de nos immigrants et c'est elle qui donne un caractère international à notre culture... Si Montréal s'anglicise, le reste du Québec français devient du folklore...
Cette érosion du fait français repose sur plusieurs facteurs, parmi lesquels :
1- l'exode des francophones vers les banlieues;
2- la difficulté d'intégrer les immigrants en français en Amérique du Nord dans un contexte où la culture québécoise est perçue comme une composante du multiculturalisme canadian et où le marché du travail à Montréal semble exiger la connaissance de l'anglais;
3- l'absence de mobilisation individuelle et collective pour faire du français la langue d'usage dominante à Montréal;
4- les initiatives gouvernementales contre-productives qui font du français la langue des pauvres au Québec (pensez aux fameuses écoles passerelles).
Sur ces différents dossiers, il nous faut agir!
1- Lutter contre l'étalement urbain et promouvoir le retour des familles en ville. Cela serait possible si on développait réellement les projets de quartiers verts et les transports collectifs; si on faisait payer aux banlieusards le coût réel du développement des banlieues : péages aux ponts et charges complètes des infrastructures d'aqueducs et d'électricité aux acheteurs de maisons dans les nouveaux développements...
2- Il nous faut établir une citoyenneté québécoise qui rompt plus clairement avec le multiculturalisme canadien et qui fait de la maîtrise du français comme langue commune une condition d'éligibilité. Ceci implique le déploiement de ressources supplémentaires pour franciser nos citoyens non-francophones. Tous ceux qui croient que des mesures législatives «contraignantes» sont superflues ou inutiles pensent hors de la politique réelle. Nous sommes en Amérique du Nord : le français n'a pas un pouvoir d'attraction suffisant pour s'imposer comme la langue normale du travail et de l'intégration. Des mesures législatives sont donc nécessaires.
3- En ce qui concerne notre mobilisation individuelle et collective à faire du français la langue d'usage à Montréal, il faut dire que nous avons du chemin à faire! Par exemple, je suis de ceux qui se réjouissaient de voir l'arrivée importante d'anglophones sur le plateau Mt-Royal depuis quelques années. Je me disais que cela «décloisonnerait» la ville et favoriserait l'adoption par nos anglos de comportements francophiles... Or, il semble que ce ne soit pas le cas. Plusieurs relèvent au contraire que les commerces du plateau se sont «ajustés» à leur clientèle anglophone (accueil en anglais, journaux anglos dans les présentoirs) au détriment du français. Si cette tendance se confirme, il faudra tirer une sombre conclusion : le français est menacé et cette menace se concrétise avec la complicité désintéressée des francophones!
4- Il faut abolir les écoles passerelles et réinstaurer le principe de la loi 101 qui exige que les francophones et les immigrants fréquentent l'école française au primaire et au secondaire.
À partir de là, on peut envisager stabiliser la situation et faire de Montréal, donc faire du Québec, une société distincte en Amérique du Nord.
dimanche 11 septembre 2011
Écoutez Akli Aït Abdallah.
La radio n'est pas esclave de l'image comme la télé. Elle doit donc être pertinente. Akli Aït Abadallah, de Radio-Canada est un des meilleurs journalistes-radio au monde. Écoutez ses reportages documentés et littéralement «habités» à cette adresse.
mardi 6 septembre 2011
Nathalie «Palin» Normandeau.
Nathalie Normandeau : La vice-1ère ministre du Québec démissionne ! Son parcours ressemble dangereusement à celui de Sarah Palin : cette candidate à la vice-présidence pour les Républicains en 2008.
Palin, ancienne mairesse d'une lointaine contrée (comme Normandeau !) a eu une ascension politique toute aussi extraordinaire et fascinante que la faiblesse de sa gestion et la méconnaissance de ses dossiers (comme Normandeau !). Les deux ont développé une rhétorique politique favorable à l'exploitation des ressources naturelles sans limite ni contraintes tangibles... C'est la politique du «Drill baby drill» définie par Palin lors de l'une de ses célèbres boutades. Pour défendre les gaz de schiste, Normandeau a déjà évoqué que les vaches commettaient plus de dommages environnementaux que l'industrie...
J'ai l'impression qu'il y a quelque chose comme une fuite en avant dans cette démission... Faut-il rappeler que Mme Normandeau est la conjointe d'Yvan Delorme, lui-même mis en cause pour sa démission fracassante et hâtive du SPVM ...
Ça sent le roman-feuilleton à l'américaine à plein nez ! Sarah Palin aimerait ça et en ferait une web-série ! Nous autres aussi on est capab' Let's go Nathalie !
Palin, ancienne mairesse d'une lointaine contrée (comme Normandeau !) a eu une ascension politique toute aussi extraordinaire et fascinante que la faiblesse de sa gestion et la méconnaissance de ses dossiers (comme Normandeau !). Les deux ont développé une rhétorique politique favorable à l'exploitation des ressources naturelles sans limite ni contraintes tangibles... C'est la politique du «Drill baby drill» définie par Palin lors de l'une de ses célèbres boutades. Pour défendre les gaz de schiste, Normandeau a déjà évoqué que les vaches commettaient plus de dommages environnementaux que l'industrie...
J'ai l'impression qu'il y a quelque chose comme une fuite en avant dans cette démission... Faut-il rappeler que Mme Normandeau est la conjointe d'Yvan Delorme, lui-même mis en cause pour sa démission fracassante et hâtive du SPVM ...
Ça sent le roman-feuilleton à l'américaine à plein nez ! Sarah Palin aimerait ça et en ferait une web-série ! Nous autres aussi on est capab' Let's go Nathalie !
La Turquie : leader du monde arabe ?
La crise diplomatique qui sévit entre la Turquie et Israël depuis l'incident de la flottille humanitaire écrasée dans le sang par l'armée israélienne prend de l'ampleur. Le 1er ministre turc, Recep Tayyip Erdogan vient d'annoncer la rupture de toute collaboration politique, économique et militaire avec l'État hébreux.
Rappelons que la Turquie n'est pas un pays arabe. Ajoutons que jusqu'à récemment, c'était un des rares pays musulmans qui entretenait une relation cordiale avec Israël en plus de collaborer militairement avec lui.
Mais depuis que les révoltes de la rue arabe ont débouché sur le renversement de Moubarak en Égypte, on sent monter une pression venant de l'opinion publique arabe pour se montrer plus solidaire du peuple palestinien. C'est dans cette optique que le blocus israélien de Gaza est de plus en plus critiqué.
Dans cette atmosphère de nouveau cycle politique ouvert par les révoltes arabes, il semble que la Turquie cherche à s'aménager un espace de pouvoir qui menace ses bonnes relations avec Israël, voire avec ses alliés occidentaux (la Turquie est membre de l'OTAN).
Deux choses à souligner à propos de l'influence grandissante du «modèle turc» :
1- Les mouvements islamistes du monde arabe sont sortis affaiblis des révolutions populaires des derniers mois. En effet, la plupart des jeunes qui ont lancé la contestation des dictatures tunisienne, égyptienne, libyenne et syrienne sont loins de cette mouvance imprégnée de religiosité; ce qu'ils réclamaient, c'était plus de liberté et de transparence politiques. Les mouvements islamistes du monde arabe ont donc dû se réaligner vers un discours plus réformiste-démocratique que réactionnaire... C'est là que le modèle turc prend tout son sens. Le parti AKP du 1er ministre Erdogan est un parti «islamiste modéré» qui ne remet pas en question de façon frontale la laïcité ni la démocratie turques.
C'est le modèle turc, qui cherche à concilier «authenticité et modernité», qui semble devenir le courant dominant des mouvances islamistes du monde arabe, confinant à la marge les mouvances radicales et violentes qui cherchaient à établir un califat commun à l'Oumma, la communauté des croyants, par-delà les frontières tracées par les colonisateurs...
2- Et ce modèle dit modéré qui inspire le devenir interne des sociétés arabes est en train de transformer sa politique internationale en se proposant comme le nouveau défenseur de la cause palestinienne. Rappelons que la cause palestinienne a presque toujours servi de tremplin dans le monde musulman pour affirmer sa puissance sur le plan régional. Ce fut le cas pour l'Égypte de Nasser, la Syrie d'El Assad, l'Irak de Saddam Hussein, l'Iran d'Ahmadinejad, etc. Voilà maintenant que la Turquie affiche ses ambitions régionales en s'éloignant d'Israël.
Les plaques tectoniques de la politique bougent ! C'est comme si la Turquie effectuait un pas de recul face à l'Europe pour renforcer son emprise et son influence dans un monde musulman en plein point de bascule...
Rappelons que la Turquie n'est pas un pays arabe. Ajoutons que jusqu'à récemment, c'était un des rares pays musulmans qui entretenait une relation cordiale avec Israël en plus de collaborer militairement avec lui.
Mais depuis que les révoltes de la rue arabe ont débouché sur le renversement de Moubarak en Égypte, on sent monter une pression venant de l'opinion publique arabe pour se montrer plus solidaire du peuple palestinien. C'est dans cette optique que le blocus israélien de Gaza est de plus en plus critiqué.
Dans cette atmosphère de nouveau cycle politique ouvert par les révoltes arabes, il semble que la Turquie cherche à s'aménager un espace de pouvoir qui menace ses bonnes relations avec Israël, voire avec ses alliés occidentaux (la Turquie est membre de l'OTAN).
Deux choses à souligner à propos de l'influence grandissante du «modèle turc» :
1- Les mouvements islamistes du monde arabe sont sortis affaiblis des révolutions populaires des derniers mois. En effet, la plupart des jeunes qui ont lancé la contestation des dictatures tunisienne, égyptienne, libyenne et syrienne sont loins de cette mouvance imprégnée de religiosité; ce qu'ils réclamaient, c'était plus de liberté et de transparence politiques. Les mouvements islamistes du monde arabe ont donc dû se réaligner vers un discours plus réformiste-démocratique que réactionnaire... C'est là que le modèle turc prend tout son sens. Le parti AKP du 1er ministre Erdogan est un parti «islamiste modéré» qui ne remet pas en question de façon frontale la laïcité ni la démocratie turques.
C'est le modèle turc, qui cherche à concilier «authenticité et modernité», qui semble devenir le courant dominant des mouvances islamistes du monde arabe, confinant à la marge les mouvances radicales et violentes qui cherchaient à établir un califat commun à l'Oumma, la communauté des croyants, par-delà les frontières tracées par les colonisateurs...
2- Et ce modèle dit modéré qui inspire le devenir interne des sociétés arabes est en train de transformer sa politique internationale en se proposant comme le nouveau défenseur de la cause palestinienne. Rappelons que la cause palestinienne a presque toujours servi de tremplin dans le monde musulman pour affirmer sa puissance sur le plan régional. Ce fut le cas pour l'Égypte de Nasser, la Syrie d'El Assad, l'Irak de Saddam Hussein, l'Iran d'Ahmadinejad, etc. Voilà maintenant que la Turquie affiche ses ambitions régionales en s'éloignant d'Israël.
Les plaques tectoniques de la politique bougent ! C'est comme si la Turquie effectuait un pas de recul face à l'Europe pour renforcer son emprise et son influence dans un monde musulman en plein point de bascule...
vendredi 2 septembre 2011
La chute de «Pauline»...
Il y a quelque chose de pathétique à voir cette femme de valeur qu'est Pauline Marois descendre dans les bas-fonds de la politique et présider au déclin, voire à la désintégration du PQ.
Bien sûr, le déclin du PQ et de la cause souverainiste s'expliquent par d'autres facteurs que le simple leadership du chef. Lire à ce sujet l'excellent texte d'un collègue politologue à Sherbrooke, qui insiste sur le fait que les «raisins de la colère» en ce qui concerne la question nationale et l'insécurité culturelle des francophones se sont estompés au cours des dernières décennies. Ajoutez à cela le fait que les fédéralistes ont évacué toutes perspectives de changements constitutionnels au Canada depuis les traumatismes des échecs répétés qui, engendrant des crises, alimentaient la cause indépendantiste et vous avez quelques facteurs structurels expliquant le déclin du nationalisme québécois.
Un autre facteur repose sur le fait qu'avec la politique du multiculturalisme, la culture québécoise est perçue au Canada comme une composante parmi d'autres de la grande mosaïque canadienne. Nous ne sommes pas considérés comme une culture d'accueil mais comme une «communauté culturelle», vouée par définition à l'assimilation dans le grand Tout canadian. Le nouveau directeur des communications de Stephen Harper le confirme en critiquant le bilinguisme officiel...
Mais revenons à «Pauline». Je suis de ceux qui croyait que son leadership pouvait aider le PQ à reprendre l'initiative et à rassembler les partisans du nationalisme de diverses tendances... Mais il faut se rendre à l'évidence, Mme Marois a failli et il est sans doute trop tard pour corriger le tir.
Soulignons quelques erreurs faites par Pauline Marois et son entourage. Sa première erreur fût sans doute de chercher à ressembler à son adversaire principal M. Charest. Mme Marois s'est en effet entourée de conseillers en communication qui sont devenus les gardiens de son image et qui ont cherché à la rapprocher du peuple parce qu'elle projetait une image de snob... Cela a commencé avec des images de son «chalet» modeste dans Charlevoix, puis avec le choix de se faire «prénommer» Pauline lors de la campagne de 2008 de façon à apparaître plus accessible sans doute. Ces deux manœuvres ont mal paru parce qu'elles étaient étrangères à la personnalité même de Pauline Marois. Celle-ci aurait dû assumer sa véritable personnalité et mettre en relief son parcours :
- Pauline Marois est riche, mais elle a une forte sensibilité sociale; elle est donc favorable pour payer davantage d'impôts;
- Mme Marois est généreuse, elle prend soin de sa vieille belle-mère à la maison et elle est mère de famille (elle allaitait à l'Assemblée nationale dans les années 1980!);
- Mme Marois est à l'origine de plusieurs politiques sociales, dont les fameuses garderies à bas prix gérées en partie par le secteur de l'économie sociale...
Au lieu de cela, elle s'est faite embrigader par des conseillers en image qui lui ont suggéré d'adopter le style de Régis Labeaume (elle a dit : «ça suffit le niaisage» dans le dossier de l'amphithéâtre, dossier à l'origine de la démission fracassante de 3 députés-vedettes en juin dernier); elle a organisé une série de mises en scène artificielles (entraînement au Mont Royal, joute de pétanque burlesque...) pour démontrer son côté hip, mais ça ne passe pas !
En plus, au lieu de prendre en considération les facteurs structurels du déclin de la cause souverainiste, elle a cru que la simple alternance au pouvoir allait lui permettre de devenir 1ère ministre. Elle s'est donc abstenu de proposer une réelle alternative progressiste tout en écartant du revers de la main toutes réformes démocratiques substancielle (jusqu'à ce qu'elle se retrouve dans les câbles et accepte à contre-coeur des réformettes comme le vote libre des députés...) et tout pacte électoral avec des alliés potentiels (QS au 1er chef).
Le mal est fait. L'image d'une politicienne opportuniste et à côté de ses pompes s'est cristallisée. En voulant être «Pauline», Mme Marois est devenue étrangère à elle-même. En adoptant les stratagèmes de son adversaire, elle est devenue une alternative morne.
Maintenant, les gens regardent ailleurs et ne l'écoutent plus.
Bien sûr, le déclin du PQ et de la cause souverainiste s'expliquent par d'autres facteurs que le simple leadership du chef. Lire à ce sujet l'excellent texte d'un collègue politologue à Sherbrooke, qui insiste sur le fait que les «raisins de la colère» en ce qui concerne la question nationale et l'insécurité culturelle des francophones se sont estompés au cours des dernières décennies. Ajoutez à cela le fait que les fédéralistes ont évacué toutes perspectives de changements constitutionnels au Canada depuis les traumatismes des échecs répétés qui, engendrant des crises, alimentaient la cause indépendantiste et vous avez quelques facteurs structurels expliquant le déclin du nationalisme québécois.
Un autre facteur repose sur le fait qu'avec la politique du multiculturalisme, la culture québécoise est perçue au Canada comme une composante parmi d'autres de la grande mosaïque canadienne. Nous ne sommes pas considérés comme une culture d'accueil mais comme une «communauté culturelle», vouée par définition à l'assimilation dans le grand Tout canadian. Le nouveau directeur des communications de Stephen Harper le confirme en critiquant le bilinguisme officiel...
Mais revenons à «Pauline». Je suis de ceux qui croyait que son leadership pouvait aider le PQ à reprendre l'initiative et à rassembler les partisans du nationalisme de diverses tendances... Mais il faut se rendre à l'évidence, Mme Marois a failli et il est sans doute trop tard pour corriger le tir.
Soulignons quelques erreurs faites par Pauline Marois et son entourage. Sa première erreur fût sans doute de chercher à ressembler à son adversaire principal M. Charest. Mme Marois s'est en effet entourée de conseillers en communication qui sont devenus les gardiens de son image et qui ont cherché à la rapprocher du peuple parce qu'elle projetait une image de snob... Cela a commencé avec des images de son «chalet» modeste dans Charlevoix, puis avec le choix de se faire «prénommer» Pauline lors de la campagne de 2008 de façon à apparaître plus accessible sans doute. Ces deux manœuvres ont mal paru parce qu'elles étaient étrangères à la personnalité même de Pauline Marois. Celle-ci aurait dû assumer sa véritable personnalité et mettre en relief son parcours :
- Pauline Marois est riche, mais elle a une forte sensibilité sociale; elle est donc favorable pour payer davantage d'impôts;
- Mme Marois est généreuse, elle prend soin de sa vieille belle-mère à la maison et elle est mère de famille (elle allaitait à l'Assemblée nationale dans les années 1980!);
- Mme Marois est à l'origine de plusieurs politiques sociales, dont les fameuses garderies à bas prix gérées en partie par le secteur de l'économie sociale...
Au lieu de cela, elle s'est faite embrigader par des conseillers en image qui lui ont suggéré d'adopter le style de Régis Labeaume (elle a dit : «ça suffit le niaisage» dans le dossier de l'amphithéâtre, dossier à l'origine de la démission fracassante de 3 députés-vedettes en juin dernier); elle a organisé une série de mises en scène artificielles (entraînement au Mont Royal, joute de pétanque burlesque...) pour démontrer son côté hip, mais ça ne passe pas !
En plus, au lieu de prendre en considération les facteurs structurels du déclin de la cause souverainiste, elle a cru que la simple alternance au pouvoir allait lui permettre de devenir 1ère ministre. Elle s'est donc abstenu de proposer une réelle alternative progressiste tout en écartant du revers de la main toutes réformes démocratiques substancielle (jusqu'à ce qu'elle se retrouve dans les câbles et accepte à contre-coeur des réformettes comme le vote libre des députés...) et tout pacte électoral avec des alliés potentiels (QS au 1er chef).
Le mal est fait. L'image d'une politicienne opportuniste et à côté de ses pompes s'est cristallisée. En voulant être «Pauline», Mme Marois est devenue étrangère à elle-même. En adoptant les stratagèmes de son adversaire, elle est devenue une alternative morne.
Maintenant, les gens regardent ailleurs et ne l'écoutent plus.
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