Il y a quelque chose de pathétique à voir cette femme de valeur qu'est Pauline Marois descendre dans les bas-fonds de la politique et présider au déclin, voire à la désintégration du PQ.
Bien sûr, le déclin du PQ et de la cause souverainiste s'expliquent par d'autres facteurs que le simple leadership du chef. Lire à ce sujet l'excellent texte d'un collègue politologue à Sherbrooke, qui insiste sur le fait que les «raisins de la colère» en ce qui concerne la question nationale et l'insécurité culturelle des francophones se sont estompés au cours des dernières décennies. Ajoutez à cela le fait que les fédéralistes ont évacué toutes perspectives de changements constitutionnels au Canada depuis les traumatismes des échecs répétés qui, engendrant des crises, alimentaient la cause indépendantiste et vous avez quelques facteurs structurels expliquant le déclin du nationalisme québécois.
Un autre facteur repose sur le fait qu'avec la politique du multiculturalisme, la culture québécoise est perçue au Canada comme une composante parmi d'autres de la grande mosaïque canadienne. Nous ne sommes pas considérés comme une culture d'accueil mais comme une «communauté culturelle», vouée par définition à l'assimilation dans le grand Tout canadian. Le nouveau directeur des communications de Stephen Harper le confirme en critiquant le bilinguisme officiel...
Mais revenons à «Pauline». Je suis de ceux qui croyait que son leadership pouvait aider le PQ à reprendre l'initiative et à rassembler les partisans du nationalisme de diverses tendances... Mais il faut se rendre à l'évidence, Mme Marois a failli et il est sans doute trop tard pour corriger le tir.
Soulignons quelques erreurs faites par Pauline Marois et son entourage. Sa première erreur fût sans doute de chercher à ressembler à son adversaire principal M. Charest. Mme Marois s'est en effet entourée de conseillers en communication qui sont devenus les gardiens de son image et qui ont cherché à la rapprocher du peuple parce qu'elle projetait une image de snob... Cela a commencé avec des images de son «chalet» modeste dans Charlevoix, puis avec le choix de se faire «prénommer» Pauline lors de la campagne de 2008 de façon à apparaître plus accessible sans doute. Ces deux manœuvres ont mal paru parce qu'elles étaient étrangères à la personnalité même de Pauline Marois. Celle-ci aurait dû assumer sa véritable personnalité et mettre en relief son parcours :
- Pauline Marois est riche, mais elle a une forte sensibilité sociale; elle est donc favorable pour payer davantage d'impôts;
- Mme Marois est généreuse, elle prend soin de sa vieille belle-mère à la maison et elle est mère de famille (elle allaitait à l'Assemblée nationale dans les années 1980!);
- Mme Marois est à l'origine de plusieurs politiques sociales, dont les fameuses garderies à bas prix gérées en partie par le secteur de l'économie sociale...
Au lieu de cela, elle s'est faite embrigader par des conseillers en image qui lui ont suggéré d'adopter le style de Régis Labeaume (elle a dit : «ça suffit le niaisage» dans le dossier de l'amphithéâtre, dossier à l'origine de la démission fracassante de 3 députés-vedettes en juin dernier); elle a organisé une série de mises en scène artificielles (entraînement au Mont Royal, joute de pétanque burlesque...) pour démontrer son côté hip, mais ça ne passe pas !
En plus, au lieu de prendre en considération les facteurs structurels du déclin de la cause souverainiste, elle a cru que la simple alternance au pouvoir allait lui permettre de devenir 1ère ministre. Elle s'est donc abstenu de proposer une réelle alternative progressiste tout en écartant du revers de la main toutes réformes démocratiques substancielle (jusqu'à ce qu'elle se retrouve dans les câbles et accepte à contre-coeur des réformettes comme le vote libre des députés...) et tout pacte électoral avec des alliés potentiels (QS au 1er chef).
Le mal est fait. L'image d'une politicienne opportuniste et à côté de ses pompes s'est cristallisée. En voulant être «Pauline», Mme Marois est devenue étrangère à elle-même. En adoptant les stratagèmes de son adversaire, elle est devenue une alternative morne.
Maintenant, les gens regardent ailleurs et ne l'écoutent plus.
" Pauline est devenue étrangère à elle-même..."
RépondreSupprimercette courte phrase résume tout.
yg
Pauline n'est plus à la "page"?
RépondreSupprimerPascal.
excellent !
RépondreSupprimerJ'aimerais voir certains politicologues dans les bottines des politiciens. Penser la politique c'est ce qu'il y a de plus plaisant, mais poser le geste politique, et je ne parle pas de celui qui nous conforte dans notre utopie, c'est une autre paire de manches.
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