mercredi 19 octobre 2011

L'anarchie, modèle d'organisation !

Le printemps arabe et les divers mouvements de protestation issus de Occupy Wall street sont en train de démontrer que l'anarchie, cette idéologie hostile à toute structure de domination unifiée et à toute hiérarchie dans le commandement, est en train de devenir un modèle d'organisation des nouveaux mouvements sociaux et politiques...

En effet, lorsque le pouvoir a commencé à s'effondrer en Tunisie, en Égypte et en Libye, plusieurs «comités de citoyens» ont pris en charge les lieux délaissés par le pouvoir politique et militaire. En Tunisie et en Égypte, au coeur de la révolte, cela a donné naissance à un début d'organisation très peu hiérarchisé qui avait pour mandat d'assurer la sécurité et de faciliter l'accès aux services rompus par l'effondrement du régime...

En Espagne, le mouvement des «indignés» qui a émergé pour protester contre les coupures dans les programmes sociaux qui répondaient aux pressions des marchés financiers, a adopté une stratégie de délibération qui reprend certains principes d'une anarchie démocratique. Les priorités du mouvement et les stratégies à adopter étaient débattues directement dans la rue et adoptées.

En ce qui concerne Occupy Wall street, il semble que l'origine intellectuelle de ce mouvement revienne à David Graeber, un ethnologue et chargé de cours en anthropologie au Campus Goldsmith de l'University of London... M. Graeber aurait pris connaissance des méthodes de délibération et de décision collective de la communauté de Betafo à Madagascar (!) pour définir le mode de fonctionnement du mouvement de protestation dont il est un des premiers initiateurs.

Chose intéressante, M. Graeber a décidé d'exercer un pas de recul lorsque le mouvement a pris de l'ampleur, car il a eu peur de devenir une sorte de gourou ou de leader naturel du mouvement, ce qui est contraire à ses convictions anarchistes. L'idée est de favoriser un processus décisionnel qui recherche le consensus par une délibération collective menée directement sur les lieux de protestation. Son approche de «l'action directe» semble faire école au sein des nouveaux mouvements de protestation.

Voici ce que David Graeber dit à propos des fondements idéologiques d'Occupy Wall street : «One of the things that revolutionaries have learned over the course of the 20th century is that the idea of the ends justifying the means is deeply problematic. You can't create a just society through violence, or freedom through a tight revolutionary cadre. You can't establish a big state and hope it will go away. The means and ends have to be the same

La fin ne justifie pas les moyens... Les moyens et les objectifs doivent se rejoindre... Machiavel ne serait pas d'accord. Mais lorsque 2000 personnes se réunissent dans un parc pour protester et qu'il faut décider de la stratégie commune à adopter, il s'agit de le faire par la démocratie directe, selon Graeber. «This occupation is first about participation»...

Nous assisterions donc à l'émergence de nouveaux mouvements sociaux fondés intellectuellement (mais surtout spontanément) sur les principes de l'anarchisme...

Selon moi, ceci durera dans la mesure où le nombre de protestataires demeure modeste. Car tout groupe qui veut fonder son organisation et son fonctionnment sur des préceptes anarchistes risque tôt ou tard d'être récupéré par des groupes plus organisés détenant plus de ressources... Bref, l'anarchie peut fonctionner à petite échelle et dans une communauté tissée serrée, capable de s'affranchir de l'influence ou de l'ingérence extérieure...

Qu'arrivera-t-il des mouvements comme Occupy Wall street ? Réussiront-ils à maintenir leur structure de démocratie directe ? Chose certaine, on peut dire que les mouvements sociaux du XXIe siècle viennent de prendre forme, et qu'ils adoptent les formes de l'anarchie !

P.S. Le skateboarder en moi rigole... Le symbole de l'anarchie - un A entouré d'un O - est au coeur de la culture du skate !

4 commentaires:

  1. "L'anarchie ,c'est l'ordre moins le pouvoir".Proudhon.
    Pascal de Nîmes

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  2. J'aime bien ta dernière phrase :
    " l'anarchie peut fonctionner à petite échelle et dans une communauté tissée serrée, capable de s'affranchir de l'influence ou de l'ingérence extérieure..."

    Peux-tu nous donner un exemple d'un évenement typiquement québecois qui réflète cette définition...
    yves de Ste-Julie

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  3. est-ce que l'élection du PQ le 15 novembre 76 était un signe d'anarchie ?
    yg

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  4. Moubarak est parti, mais s'agit-il vraiment d'une fin de régime? L'armée égyptienne voit sa suprématie exposée plus que jamais...l'alliance avec les Freres musulmans est aussi une option...

    VF

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