mercredi 9 février 2011

Maxime Bernier (Lord Durham) et le français.


Ne voilà-t-il pas que notre Maxime Bernier national en remet et déclare que la loi 101 est inutile. Cette loi dit-il, est l'incarnation même d'une «coercition étatique» puisqu'elle oblige les enfants des francophones et les enfants des immigrants au Québec d'envoyer leurs enfants à l'école francophone, au moins jusqu'au secondaire... (quoique depuis que les libéraux de Charest ont morcelé cette loi, si on a du $$$, on peut s'en libérer...)

Il est vrai que le Canada anglais et les USA n'imposent pas cette contrainte outrancière ! Est-ce parce que ce sont des sociétés plus «libérales», plus «justes», plus «démocratiques» que le Québec, cette société «totalitaire» ou à tendance liberticide ?

Mais non Maxime, le fait que le Canada anglais ou les USA n'imposent pas de lois linguistiques (quoique la Californie, le Nouveau-Mexique et d'autres États des USA ont adopté dans les dernières années des lois de type 101 pour proclamer l'anglais langue officielle et l'imposer dans l'affichage commercial...) si contraignantes relève simplement de la logique mathématique : ils sont assez nombreux démographiquement pour que leur langue s'impose naturellement, sans pression législative. Maintenant, le Québec est-il assez démographiquement fort en Amérique pour laisser le libre-choix en matière de langue d'enseignement ? Poser la question, c'est y répondre.

Le libertarisme de Maxime Bernier est une idéologie désincarnée, qui se pose comme le «gros bon sens» de la liberté individuelle face à «l'État puissant et méchant», mais cette idéologie ne tient pas la route lorsqu'il s'agit de la mettre en oeuvre. Traiter tous les individus symétriquement dans une situation asymétrique comme celle du Québec en Amérique du Nord signifierait la mort lente mais certaine du fait français sur ce continent.

Mais Maxime Bernier n'a que faire de la réalité et des mathématiques, il préfère bâtir sa notoriété en jouant un rôle fort populaire au Canada : celui du «Canadien-français de service» qui mettra le Québec à sa place ! Après tout, Jean Chrétien (et dans une moindre mesure Pierre Elliott Trudeau avant lui) ont joué cette partition (mauvais jeu de mot) avec succès.

La personnalité de Maxime Bernier devient donc fort populaire dans le ROC (rest of Canada), et cette popularité se construit sur des préjugés persistants : le Québec est une société «illibérale», presqu'incapable d'adopter les grands principes de la liberté individuelle et de la démocratie, si ce n'est grâce à la Charte et au Canada anglais, qui deviennent alors les remparts contre notre dérive totalitaire.

(Il y a un vieux fond de la pensée de Lord Durham qui ressurgit derrière ce discours et les applaudissements qu'il génère dans le ROC : en abolissant nos lois linguistiques, le Québec respecterait davantage les grands principes du libéralisme... Durham qui en 1840 proposait l'assimilation des Canadiens-français ne pensait pas autrement, il considérait que l'anglicisation du Québec servait des ambitions «civilisatrices», donc que l'anglais nous sortirait d'une certaine barbarie pour nous faire entrer dans le libéralisme...)

170 ans plus tard, Maxime Bernier, avec toute l'épaisseur (autre jeu de mot) de sa pensée, en rajoute et devient un nouveau pion au service de l'Empire...

2 commentaires:

  1. 1. il y a eu le Cardinal de Westminster, Francis Alphonsus Bourne en 1910- à l'église Notre-Dame -qui s'était fait rabrouer par Henri Bourassa.
    2. à lire la chronique de Patrick Lagacé dans La Presse de ce matin.
    3.encore une autre fois, Voisin, Chapeau pour tes commentaires.
    yg
    yg

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  2. le jour où nous nous aimerons, le ROC va nous ouvrir les portes pour que nous sortions des limbes pour entrer dans l'Eden.
    Je ne connaitrai pas ce jour.
    yg

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