Une foule évaluée à 215 000 personnes a convergé vers Washington DC ce samedi pour «rétablir la santé mentale» dans l'espace public : The Rally to restore sanity - où on pouvait entre autres lire sur les pancartes «I don't agree with you, but at least I don't think you're Hitler !» Il y a donc eu beaucoup plus de monde que lors de la manif organisée le mois dernier par Glenn Beck et associée au Tea Party, qui oscillait au max à 100 000 personnes...
Chez nous aussi, une telle manifestation qui condamne les discours creux ou les attaques basses et déphasées (Jean Charest attaque encore Mme Marois à propos de la prime de départ de son mari Claude Blanchet à la SGF il y a de cela 10 ans...) serait bienvenue...
Mais qui pourrait lancer une telle démarche citoyenne et réussir ?
dimanche 31 octobre 2010
mercredi 27 octobre 2010
Toronto a un Maire populiste...
Ironie politique : les électeurs de Calgary ont porté au pouvoir un musulman qui semble progressiste alors que les électeurs de Toronto viennent d'élire un maire de droite populiste - Rob Ford - hostile à l'environnement et aux taxes et tarifs divers...
La capitale de la province la plus conservatrice (Alberta) bascule à gauche et la capitale de la province qui se présente comme la conscience libérale du pays (Ontario) bascule à droite...
Qu'est-ce que tout ça laisse présager ? Les analystes ne s'entendent pas sur les impacts de cette percée, certains disent que cela annonce une percée du Parti conservateur de Harper dans la couronne de Toronto; d'autres annoncent la défaite prochaine des libéraux provinciaux de Dalton McGuinty...
Il me semble pour le moment qu'on puisse dire qu'il s'agit en fait essentiellement de la victoire de la banlieue sur la ville-centre... Les gens des banlieues de Toronto qui se rendent en voiture en ville sont sortis voter pour s'insurger contre l'idée de développer la ville autrement, en laissant plus de place aux transports en commun et alternatifs (vélo). Écoutez-le «basher» les cyclistes ici !
Vive la voiture ! Vive le XXe siècle !
P.S. Si vous pensez que ce populisme bête et le mal développement qui l'accompagne ne nous touche pas ici, pensez aux projets de l'échangeur Turcot, au prolongement de l'autoroute 25, au projet de l'autoroute Notre-Dame... Vous voyez ! Ici aussi la banlieue prend le dessus sur la ville-centre...
La capitale de la province la plus conservatrice (Alberta) bascule à gauche et la capitale de la province qui se présente comme la conscience libérale du pays (Ontario) bascule à droite...
Qu'est-ce que tout ça laisse présager ? Les analystes ne s'entendent pas sur les impacts de cette percée, certains disent que cela annonce une percée du Parti conservateur de Harper dans la couronne de Toronto; d'autres annoncent la défaite prochaine des libéraux provinciaux de Dalton McGuinty...
Il me semble pour le moment qu'on puisse dire qu'il s'agit en fait essentiellement de la victoire de la banlieue sur la ville-centre... Les gens des banlieues de Toronto qui se rendent en voiture en ville sont sortis voter pour s'insurger contre l'idée de développer la ville autrement, en laissant plus de place aux transports en commun et alternatifs (vélo). Écoutez-le «basher» les cyclistes ici !
Vive la voiture ! Vive le XXe siècle !
P.S. Si vous pensez que ce populisme bête et le mal développement qui l'accompagne ne nous touche pas ici, pensez aux projets de l'échangeur Turcot, au prolongement de l'autoroute 25, au projet de l'autoroute Notre-Dame... Vous voyez ! Ici aussi la banlieue prend le dessus sur la ville-centre...
Palestine - Histoire d'une terre...
J'ai trouvé sur You Tube le documentaire suivant (en plusieurs parties) portant sur les origines du conflit israélo-palestinien (1880-1950). Les images sont saisissantes, souvent uniques, et la narration est factuelle. Et elle évite de tomber dans le récit biaisé, ce qui est trop souvent le cas dans ce conflit...
Partie 2:
Partie 3:
Partie 4:
Partie 5:
Partie 6:
Partie 2:
Partie 3:
Partie 4:
Partie 5:
Partie 6:
mardi 26 octobre 2010
Jérusalem-est : le pourrissement.
Depuis la reprise de la colonisation des territoires palestiniens par Israël fin septembre, reprise qui a mis fin aux négociations de paix dans la région, de nouvelles voix s'élèvent pour souligner combien le futur État palestinien que la Communauté internationale appelle de ses voeux depuis 1947 (!) et plus clairement encore depuis 20 ans, est «une illusion»... Ce sont les mots du rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme dans les Territoires occupés, Robert Falk.
En effet, un État palestinien viable devrait au moins bénéficier d'un territoire continu et d'un accès à Jérusalem-est, lieu saint pour les musulmans. Mais la municipalité de Jérusalem unifiée (sous contrôle israélien depuis 1967) continue d'accroître son contrôle sur la partie orientale de la ville, entre autres en détruisant des maisons palestiniennes et en déplaçant de force les familles...
L'ex-président des USA Jimmy Carter était en mission d'observation cette semaine dans les territoires occupés pour condamner cette politique de destruction des maisons palestiniennes. Dans un récent livre, Jimmy Carter évoquait l'apparation d'un «apartheid» en Palestine. En effet, les Palestiniens sont de plus en plus confinés à des «bantoustans» - bandes de terres surpeuplées sans liens les unes avec les autres - et les Israéliens se gardent les meilleures terres, l'accès à l'eau, les principales routes, etc.
L'État palestinien en devenir est donc de plus en plus une illusion... Mais il me semble que ce pourrissement de la situation ne peut mener à l'apaisement. La colère et l'humiliation risquent tôt ou tard de dégénérer.
En effet, un État palestinien viable devrait au moins bénéficier d'un territoire continu et d'un accès à Jérusalem-est, lieu saint pour les musulmans. Mais la municipalité de Jérusalem unifiée (sous contrôle israélien depuis 1967) continue d'accroître son contrôle sur la partie orientale de la ville, entre autres en détruisant des maisons palestiniennes et en déplaçant de force les familles...
L'ex-président des USA Jimmy Carter était en mission d'observation cette semaine dans les territoires occupés pour condamner cette politique de destruction des maisons palestiniennes. Dans un récent livre, Jimmy Carter évoquait l'apparation d'un «apartheid» en Palestine. En effet, les Palestiniens sont de plus en plus confinés à des «bantoustans» - bandes de terres surpeuplées sans liens les unes avec les autres - et les Israéliens se gardent les meilleures terres, l'accès à l'eau, les principales routes, etc.
L'État palestinien en devenir est donc de plus en plus une illusion... Mais il me semble que ce pourrissement de la situation ne peut mener à l'apaisement. La colère et l'humiliation risquent tôt ou tard de dégénérer.
dimanche 24 octobre 2010
Calgary a un Maire musulman.
Pour contrebalancer l'humeur d'islamophobie qui provient du sud, voici la bonne nouvelle de la semaine: Les électeurs de la ville de Calgary, eh oui, dans cette Alberta perçue comme cowboy et arrogante, ont élu Naheed Nanshi à la Mairie.
L'homme semble avoir un très beau CV ! Et les bonnes priorités : transport, réduction de la pauvreté... En plus, le nouvel élu a réussi à activer une mobilisation en sa faveur par le biais de Twitter, Facebook et autres réseaux sociaux du web...
Vous voyez, tout ne va pas si mal en ce monde...
L'homme semble avoir un très beau CV ! Et les bonnes priorités : transport, réduction de la pauvreté... En plus, le nouvel élu a réussi à activer une mobilisation en sa faveur par le biais de Twitter, Facebook et autres réseaux sociaux du web...
Vous voyez, tout ne va pas si mal en ce monde...
samedi 23 octobre 2010
Juan Williams, la suite.
Voir le blogue de Richard Hétu pour suivre cette véritable saga qui touche autant :
- au «choc des civilisations» que j'ai déjà évoqué sur ce blogue;
- à la montée du Tea party, un véritable mouvement populaire ayant des relents de racisme en son sein;
- à l'émergence de médias propagandistes de type Fox News qui se présentent comme FAIR and Balanced alors qu'ils propagent un discours militant souvent de mauvaise foi, voire mensonger...
Richard Hétu conclut en nous proposant le lien suivant (ICI), qui présente des musulmans portant des choses...
- au «choc des civilisations» que j'ai déjà évoqué sur ce blogue;
- à la montée du Tea party, un véritable mouvement populaire ayant des relents de racisme en son sein;
- à l'émergence de médias propagandistes de type Fox News qui se présentent comme FAIR and Balanced alors qu'ils propagent un discours militant souvent de mauvaise foi, voire mensonger...
Richard Hétu conclut en nous proposant le lien suivant (ICI), qui présente des musulmans portant des choses...
vendredi 22 octobre 2010
Liberté d'expression et rectitude politique...
Aux USA, Rick Sanchez, de CNN, se fait congédier parce qu'il évoque le «pouvoir juif» gravitant autour des médias...
De son côté, le commentateur politique Juan Williams a été congédié d'un autre réseau, NPR (perçu comme de gauche aux USA) parce qu'il a dit sur Fox News des propos jugés inappropriés : «lorsque je prends l'avion et que je vois des passagers habillés en musulman, lorsque leur identité est «first and foremost» musulmane, je suis inquiet !»
Qu'est-ce qui est acceptable et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Chose intéressante, Rick Sanchez a eu peu de défenseurs après sa diatribe contre le «pouvoir juif», sinon la personne même qu'il attaquait lorsqu'il a commis sa bourde : nul autre que Jon Stewart, l'humoriste (juif) à l'origine du Rally to Restore Sanity qui aura lieu le 30 octobre à Washington DC.
De son côté, c'est toute la droite populiste et un très grand nombre de commentateurs politiques de divers courants qui se portent à la défense de Juan Williams pour ses propos islamophobes...
Y a-t-il un deux poids deux mesures dans ces deux dossiers ?
De son côté, le commentateur politique Juan Williams a été congédié d'un autre réseau, NPR (perçu comme de gauche aux USA) parce qu'il a dit sur Fox News des propos jugés inappropriés : «lorsque je prends l'avion et que je vois des passagers habillés en musulman, lorsque leur identité est «first and foremost» musulmane, je suis inquiet !»
Qu'est-ce qui est acceptable et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Chose intéressante, Rick Sanchez a eu peu de défenseurs après sa diatribe contre le «pouvoir juif», sinon la personne même qu'il attaquait lorsqu'il a commis sa bourde : nul autre que Jon Stewart, l'humoriste (juif) à l'origine du Rally to Restore Sanity qui aura lieu le 30 octobre à Washington DC.
De son côté, c'est toute la droite populiste et un très grand nombre de commentateurs politiques de divers courants qui se portent à la défense de Juan Williams pour ses propos islamophobes...
Y a-t-il un deux poids deux mesures dans ces deux dossiers ?
mardi 19 octobre 2010
Les Jon Stewart du reste du monde...
Foreign Policy publie un article (cliquez ici) sur divers satiristes politiques de par le monde.
L'article identifie Jon Stewart, celui que je présentais comme l'humoriste utile récemment, comme la référence... (Rappel: il organise le 30 octobre prochain à Washington DC son Rally to Restore Sanity...). Mais les autres valent aussi la peine d'être découverts !
L'article identifie Jon Stewart, celui que je présentais comme l'humoriste utile récemment, comme la référence... (Rappel: il organise le 30 octobre prochain à Washington DC son Rally to Restore Sanity...). Mais les autres valent aussi la peine d'être découverts !
Le niqab dans nos cours de justice...
La Cour d'appel de l'Ontario vient d'autoriser un témoin dans un procès de témoigner avec son niqab, c-à-d son voile qui lui cache tout le visage, sauf les yeux...
Quand le jugement fout le camp... disait Jacques Grand'Maison...
IL FAUT LIRE la réaction intelligente et documentée de Yves Boisvert ICI.
Reste que ce jugement est une illustration supplémentaire que notre impasse politique Québec-Canada a des implications concrètes : c'est le chartisme de Trudeau qui est à l'origine de cette dérive relativiste et imbécile. Cette Charte, adoptée sans l'accord du Québec et interprétée par le filtre du multiculturalisme - valeur fondamentale à promouvoir (pour niveler la différence québécoise...) - fait en sorte que les principes fondamentaux de notre démocratie sont mis dans la balance lorsque la croyance de l'individu est «jugée sincère»...
Petit rappel à ceux qui pensent pouvoir «mettre de côté la question nationale» : après la loi 115 qui favorise le contournement de la loi 101, cette décision constitue un autre exemple confirmant que la réalité vous rattrapera sans cesse... La canadianisation du Québec se poursuit... elle fait son oeuvre.
Quand le jugement fout le camp... disait Jacques Grand'Maison...
IL FAUT LIRE la réaction intelligente et documentée de Yves Boisvert ICI.
Reste que ce jugement est une illustration supplémentaire que notre impasse politique Québec-Canada a des implications concrètes : c'est le chartisme de Trudeau qui est à l'origine de cette dérive relativiste et imbécile. Cette Charte, adoptée sans l'accord du Québec et interprétée par le filtre du multiculturalisme - valeur fondamentale à promouvoir (pour niveler la différence québécoise...) - fait en sorte que les principes fondamentaux de notre démocratie sont mis dans la balance lorsque la croyance de l'individu est «jugée sincère»...
Petit rappel à ceux qui pensent pouvoir «mettre de côté la question nationale» : après la loi 115 qui favorise le contournement de la loi 101, cette décision constitue un autre exemple confirmant que la réalité vous rattrapera sans cesse... La canadianisation du Québec se poursuit... elle fait son oeuvre.
«Bâillonner» le fait français.
Le gouvernement Charest vient d'adopter sa loi 115 qui permet à ceux qui veulent étudier en anglais au Québec de s'acheter un droit. De cette façon, il s'attaque de façon radicale au principe fondateur de la loi 101 qui voulait faire du français la langue publique commune de notre petite nation. Il envoie plutôt le message aux immigrants que pour réussir ici : il faut être riche et pouvoir contourner ainsi la langue des pauvres, celle du petit et méprisable peuple québécois...
C'est un triste épisode (épilogue ?) dans l'histoire de notre culture pourtant remarquable...
Lire la réaction de l'ex-ministre libéral Thomas Mulcair, aujourd'hui député fédéral d'Outremont pour le NPD ici.
Thomas Mulcair est décidément un de ceux qui a le mieux répondu, tous paliers et affiliations politiques confondus, face à ces attaques aux principes fondamentaux de la démocratie orchestrées par le gouvernement Charest : permettre aux riches d'avoir plus de droits que les autres; et adopter des lois sans que le débat nécessaire à l'adoption puisse se faire sereinement... (TaB...)
C'est un triste épisode (épilogue ?) dans l'histoire de notre culture pourtant remarquable...
Lire la réaction de l'ex-ministre libéral Thomas Mulcair, aujourd'hui député fédéral d'Outremont pour le NPD ici.
Thomas Mulcair est décidément un de ceux qui a le mieux répondu, tous paliers et affiliations politiques confondus, face à ces attaques aux principes fondamentaux de la démocratie orchestrées par le gouvernement Charest : permettre aux riches d'avoir plus de droits que les autres; et adopter des lois sans que le débat nécessaire à l'adoption puisse se faire sereinement... (TaB...)
jeudi 14 octobre 2010
Le réalignement politique au Québec (2)
On jase énormément de la «nouvelle option politique à naître» ces temps-ci, nouvelle option rassemblée autour des personnalités des ex-ministres péquistes François Legault et Joseph Facal qui chercheraient (désespérément) à avoir aussi parmi eux des figures fédéralistes connues et respectées (Philippe Couillard ? Michael Fortier ? Denis Coderre ?)...
Deux rubriques précédentes de ma part discutaient effectivement de l'espace politique qu'il y a pour une troisième voie depuis l'échec référendaire de 1995. Mais il faut maintenant que ce groupe réfléchisse sérieusement à deux enjeux majeurs :
1- la crise du modèle québécois dans la perspective du vieillissement de la population;
2- et l'impasse réelle de la question nationale qui fait que le Québec se marginalise de plus en plus dans l'espace canadien. Ce n'est pas une mise entre parenthèse de la question nationale qui ralentira ce déclin et cette folklorisation du Québec... Que faire donc avec la question du multiculturalisme et l'affaiblissement constant de la loi 101 comme gage du français comme langue publique commune au Québec ?
Si vous écoutez la chronique politique de Mathieu Bock-Côté au 98,5 FM (cliquez ici et avancez à environ 11 min.), vous remarquerez qu'il identifie bien la teneur de ces deux enjeux impossibles à évacuer...
Mais il me semble aussi qu'il ne peut y avoir de véritable alternative politique qui émerge sérieusement au Québec actuellement sans discours et politiques claires sur les enjeux environnementaux :
- Quelle filière énergétique prioriser ? (que faire avec les Gaz de schiste par exemple ?)
- Quellle politique de transport ? (principal contributeur des gaz à effet de serre pour le Québec)
- Quelle politique agricole ? (les mégaporcheries et l'agriculture industrielle doivent-elles encore être le coeur de notre développement agricole ? Que faire avec les recommandations du rapport Pronovost ?)
- Et l'eau, principale ressource stratégique du futur ?
Si le nouveau parti en émergence reste muet ou convenu (c-à-d timide comme le sont les principaux partis actuellement) il ne représentera pas une alternative valable pour le Québec. Le virage vert est nécessaire et aura une incidence directe sur le développement économique du Québec. C'est là que nous verrons si le Québec devient une économie moderne, à haute valeur ajoutée, ou s'il maintient une économie du siècle passé comme le fait le gouvernement Charest avec «ses deux mains sur le volant», malgré son discours de façade.
Deux rubriques précédentes de ma part discutaient effectivement de l'espace politique qu'il y a pour une troisième voie depuis l'échec référendaire de 1995. Mais il faut maintenant que ce groupe réfléchisse sérieusement à deux enjeux majeurs :
1- la crise du modèle québécois dans la perspective du vieillissement de la population;
2- et l'impasse réelle de la question nationale qui fait que le Québec se marginalise de plus en plus dans l'espace canadien. Ce n'est pas une mise entre parenthèse de la question nationale qui ralentira ce déclin et cette folklorisation du Québec... Que faire donc avec la question du multiculturalisme et l'affaiblissement constant de la loi 101 comme gage du français comme langue publique commune au Québec ?
Si vous écoutez la chronique politique de Mathieu Bock-Côté au 98,5 FM (cliquez ici et avancez à environ 11 min.), vous remarquerez qu'il identifie bien la teneur de ces deux enjeux impossibles à évacuer...
Mais il me semble aussi qu'il ne peut y avoir de véritable alternative politique qui émerge sérieusement au Québec actuellement sans discours et politiques claires sur les enjeux environnementaux :
- Quelle filière énergétique prioriser ? (que faire avec les Gaz de schiste par exemple ?)
- Quellle politique de transport ? (principal contributeur des gaz à effet de serre pour le Québec)
- Quelle politique agricole ? (les mégaporcheries et l'agriculture industrielle doivent-elles encore être le coeur de notre développement agricole ? Que faire avec les recommandations du rapport Pronovost ?)
- Et l'eau, principale ressource stratégique du futur ?
Si le nouveau parti en émergence reste muet ou convenu (c-à-d timide comme le sont les principaux partis actuellement) il ne représentera pas une alternative valable pour le Québec. Le virage vert est nécessaire et aura une incidence directe sur le développement économique du Québec. C'est là que nous verrons si le Québec devient une économie moderne, à haute valeur ajoutée, ou s'il maintient une économie du siècle passé comme le fait le gouvernement Charest avec «ses deux mains sur le volant», malgré son discours de façade.
mardi 12 octobre 2010
Le facteur diplomatique en déclin.
Le Canada n'a pas obtenu un siège au sein du convoité Conseil de sécurité des Nations unies. C'est la 1ère fois qu'en postulant, le pays est écarté.
Cette «gifle politique» témoigne du recul du Canada sur la scène internationale. Longtemps considéré comme une puissance diplomatique, le Canada a été écarté hier au profit du Portugal, pourtant un pays du continent européen, déjà fortement représenté au Conseil...
Il faut croire qu'il y a un prix à payer pour le gouvernement Harper :
- lorsque la nuance canadienne historique dans les conflits au Proche Orient disparaît au profit d'une politique pro-israélienne militante.
- lorsque le pays devient un leader des «négationnistes» en matière de changements climatiques.
- lorsque le 1er ministre du Canada semble mépriser l'ONU en préférant visiter un Tim Hortons plutôt que de se présenter devant l'Assemblée générale de l'organisation (en 2009);
- lorsque le Canada renie la «Déclaration des droits des nations autochtones de l'ONU»;
La perception de la modération canadienne n'existe plus. Le Canada joue les durs (mission de combat en Afghanistan, achat d'«avions de guerre» F-35, occupation militaire du Grand Nord, etc.) mais perd en influence... Un petit cours sur le soft power dans le domaine des relations internationales à Stephen Harper ?
Cette «gifle politique» témoigne du recul du Canada sur la scène internationale. Longtemps considéré comme une puissance diplomatique, le Canada a été écarté hier au profit du Portugal, pourtant un pays du continent européen, déjà fortement représenté au Conseil...
Il faut croire qu'il y a un prix à payer pour le gouvernement Harper :
- lorsque la nuance canadienne historique dans les conflits au Proche Orient disparaît au profit d'une politique pro-israélienne militante.
- lorsque le pays devient un leader des «négationnistes» en matière de changements climatiques.
- lorsque le 1er ministre du Canada semble mépriser l'ONU en préférant visiter un Tim Hortons plutôt que de se présenter devant l'Assemblée générale de l'organisation (en 2009);
- lorsque le Canada renie la «Déclaration des droits des nations autochtones de l'ONU»;
La perception de la modération canadienne n'existe plus. Le Canada joue les durs (mission de combat en Afghanistan, achat d'«avions de guerre» F-35, occupation militaire du Grand Nord, etc.) mais perd en influence... Un petit cours sur le soft power dans le domaine des relations internationales à Stephen Harper ?
Le réalignement politique au Québec.
Un sondage publié par le Journal de Montréal prédit que la «nouvelle option pas encore formée autour de François Legault» recueille déjà la pluralité des voix ! Comme quoi, la fenêtre politique existait bel et bien pour cette 3e voie entre libéraux et péquistes...
Mais cela est le cas depuis l'échec référendaire de 1995. Rappelez-vous la poussée spectaculaire de l'ADQ de Mario Dumont entre 2002 (des sondages leur accordant plus de 40% des voix !), son effondrement rapide au profit de la victoire par défaut de Jean Charest en 2003; puis la deuxième et ultime ascension de «Super Mario» aux élections de 2007 à la faveur de la dérive relativiste mise en valeur par la crise des accomodements raisonnables et notre système d'éducation !
Mario Dumont était le seul leader à l'époque à affirmer la nécessité d'établir des règles claires en ce qui concerne la gestion de la diversité. Par exemple, il proclamait la nécessité d'affirmer la primauté de certaines valeurs sur la liberté de conscience dans une nouvelle constitution québécoise établissant une citoyenneté propre au Québec.
La figure de François Legault est crédible et je lui reconnaîs déjà une grande qualité : l'homme n'a pas peur de s'entourer de gens plus forts que lui. Il ne craint pas l'intelligence ni la contradiction. Les jeunes impliqués au sein du Parti québécois vous diront que François Legault connaît ses limites et sait donc s'entourer pour combler ses lacunes.
Maintenant, faudra voir si en peu de temps, ce parti peut faire une percée réelle, c-à-d hors des sondages d'opinions, là où les campagnes électorales se gagnent : dans l'urne !
Mais cela est le cas depuis l'échec référendaire de 1995. Rappelez-vous la poussée spectaculaire de l'ADQ de Mario Dumont entre 2002 (des sondages leur accordant plus de 40% des voix !), son effondrement rapide au profit de la victoire par défaut de Jean Charest en 2003; puis la deuxième et ultime ascension de «Super Mario» aux élections de 2007 à la faveur de la dérive relativiste mise en valeur par la crise des accomodements raisonnables et notre système d'éducation !
Mario Dumont était le seul leader à l'époque à affirmer la nécessité d'établir des règles claires en ce qui concerne la gestion de la diversité. Par exemple, il proclamait la nécessité d'affirmer la primauté de certaines valeurs sur la liberté de conscience dans une nouvelle constitution québécoise établissant une citoyenneté propre au Québec.
La figure de François Legault est crédible et je lui reconnaîs déjà une grande qualité : l'homme n'a pas peur de s'entourer de gens plus forts que lui. Il ne craint pas l'intelligence ni la contradiction. Les jeunes impliqués au sein du Parti québécois vous diront que François Legault connaît ses limites et sait donc s'entourer pour combler ses lacunes.
Maintenant, faudra voir si en peu de temps, ce parti peut faire une percée réelle, c-à-d hors des sondages d'opinions, là où les campagnes électorales se gagnent : dans l'urne !
vendredi 8 octobre 2010
Les «nouveaux» combats du féminisme 2 - (ajout).
Après un première pub assez réussie pour promouvoir la Marche mondiale des femmes, la Fédération des Femmes du Québec (FFQ) suscite la controverse et décide de retirer une pub dénonçant l'engagement militaire du Canada en Afghanistan... à la suite de plaintes de la part de mères de soldats. *Il parait que la version retirée comprenait une phrase du genre : «Avoir su qu'en donnant la vie j'allais fournir de la chair à canon, je n'aurais peut-être pas eu d'enfant»... C'est pas avec des «formules de même» que les féministes amélioreront leur image souvent caricaturale de dogmatiques finies et frustrées !
Cette pub vous choque-t-elle ? Moi qui fût un partisan de cette guerre (dans son déclenchement...), je trouve qu'elle ne sert pas son premier propos : elle aurait dû dénoncer le seul recrutement par l'armée dans les écoles...
Cette pub vous choque-t-elle ? Moi qui fût un partisan de cette guerre (dans son déclenchement...), je trouve qu'elle ne sert pas son premier propos : elle aurait dû dénoncer le seul recrutement par l'armée dans les écoles...
mercredi 6 octobre 2010
Ça y est ! (?) - AJOUT
La nouvelle est tombée : l'ex-ministre péquiste François Legault aurait réunis une vingtaine de personnalités chez lui récemment pour contribuer à la création d'un nouveau mouvement politique au Québec... Philippe Couillard et Joseph Facal feraient partie du groupe... Je vous parlais de cette éventualité il y a déjà quelques jours...
Reste que la «fenêtre» ouverte pour ce mouvement s'explique largement par la faiblesse de la classe politique actuelle, particulièrement le leadership de Pauline Marois. J'ai personnellement pas mal de respect pour Pauline Marois, je considère que les médias et la population en général ont été assez ingrats à son égard... Peu de société (en occident) rechigneraient à donner sa chance à une femme qui a autant d'expérience sur le plan politique. Mais il semble que sa personnalité et son image continuent à lui nuire. Certains épisodes récents où elle cherchait à cacher sa fortune personnelle pour apparaître comme «simple et issue du peuple» font qu'elle est en partie responsable de sa propre turpitude... Mais elle est aussi victime de la difficulté d'être de son parti !
Je considère en effet que le Parti québécois est un des partis les plus difficiles à diriger dans le monde. En effet, c'est un des rares (un des derniers ?) partis militants en occident. Les militants du PQ ont longtemps été très durs envers leurs chefs - même envers leur fondateur René Lévesque ! Ce dernier menaçait d'ailleurs souvent de quitter le parti si on adoptait des mesures qui allaient contre ses intentions : on a appelé cette stratégie les «Renérendums»...
Donc les militants les plus bruyants et actifs du PQ espèrent l'indépendance et ne se satisfont pas du seul exercice du pouvoir s'il est provincial. Madame Marois, comme ses deux prédécesseurs - Bouchard et Landry (oups... j'oubliais André Boisclair...) - doit donc manoeuvrer difficilement entre la volonté populaire qui est loin de considérer qu'un nouvel épisode référendaire soit nécessaire, et sa base militante qui en fait sa «première priorité» pour parler comme Jean Charest...
C'est ce qui fait qu'actuellement, Mme Marois doit chercher à contenter sa base tout en se gardant une marge de manoeuvre qui n'effraiera pas l'électorat «modéré» qui ne considère pas la question nationale comme une priorité... Elle mécontente donc les deux côtés.
C'est là que le nouveau mouvement politique en processus de création peut s'immiscer : en mettant de côté la question nationale tout en demeurant plus nationaliste que les libéraux (ce n'est pas bien dur...).
Reste à savoir maintenant si cette «troisième voie» est réellement porteuse. Je persiste à croire que malheureusement, la question nationale n'est jamais bien loin des «vrais débats» dans ce pays qu'est le Canada... Qu'il s'agisse de santé, d'éducation, d'immigration, de péréquation, d'environnement, etc. il y aura toujours un «rebond» qui fera en sorte que la place du Québec au sein de l'ensemble canadien devra être précisée, sans quoi notre marginalisation actuelle contribuera à pourrir la dynamique politique (c'est déjà amorcé !).
Le différend politique Canada-Québec touche aux fondements mêmes de ce qu'est un pays. Il concerne la constitution, c-à-d les règles fondamentales de l'État (rappel: c'est la constitution qui est le ciment des USA!). On ne peut pas évacuer du débat indéfiniement une telle fracture. La présence du Bloc québécois à Ottawa depuis 1993 n'est que le symptôme de ce malaise politique qui perdure.
Le nouveau parti sur le point de se créer ne pourra pas vivre dans un «no man's land» constitutionnel, il faudra qu'il se positionne lui aussi...
Rien n'est simple au «pays du Québec».
Reste que la «fenêtre» ouverte pour ce mouvement s'explique largement par la faiblesse de la classe politique actuelle, particulièrement le leadership de Pauline Marois. J'ai personnellement pas mal de respect pour Pauline Marois, je considère que les médias et la population en général ont été assez ingrats à son égard... Peu de société (en occident) rechigneraient à donner sa chance à une femme qui a autant d'expérience sur le plan politique. Mais il semble que sa personnalité et son image continuent à lui nuire. Certains épisodes récents où elle cherchait à cacher sa fortune personnelle pour apparaître comme «simple et issue du peuple» font qu'elle est en partie responsable de sa propre turpitude... Mais elle est aussi victime de la difficulté d'être de son parti !
Je considère en effet que le Parti québécois est un des partis les plus difficiles à diriger dans le monde. En effet, c'est un des rares (un des derniers ?) partis militants en occident. Les militants du PQ ont longtemps été très durs envers leurs chefs - même envers leur fondateur René Lévesque ! Ce dernier menaçait d'ailleurs souvent de quitter le parti si on adoptait des mesures qui allaient contre ses intentions : on a appelé cette stratégie les «Renérendums»...
Donc les militants les plus bruyants et actifs du PQ espèrent l'indépendance et ne se satisfont pas du seul exercice du pouvoir s'il est provincial. Madame Marois, comme ses deux prédécesseurs - Bouchard et Landry (oups... j'oubliais André Boisclair...) - doit donc manoeuvrer difficilement entre la volonté populaire qui est loin de considérer qu'un nouvel épisode référendaire soit nécessaire, et sa base militante qui en fait sa «première priorité» pour parler comme Jean Charest...
C'est ce qui fait qu'actuellement, Mme Marois doit chercher à contenter sa base tout en se gardant une marge de manoeuvre qui n'effraiera pas l'électorat «modéré» qui ne considère pas la question nationale comme une priorité... Elle mécontente donc les deux côtés.
C'est là que le nouveau mouvement politique en processus de création peut s'immiscer : en mettant de côté la question nationale tout en demeurant plus nationaliste que les libéraux (ce n'est pas bien dur...).
Reste à savoir maintenant si cette «troisième voie» est réellement porteuse. Je persiste à croire que malheureusement, la question nationale n'est jamais bien loin des «vrais débats» dans ce pays qu'est le Canada... Qu'il s'agisse de santé, d'éducation, d'immigration, de péréquation, d'environnement, etc. il y aura toujours un «rebond» qui fera en sorte que la place du Québec au sein de l'ensemble canadien devra être précisée, sans quoi notre marginalisation actuelle contribuera à pourrir la dynamique politique (c'est déjà amorcé !).
Le différend politique Canada-Québec touche aux fondements mêmes de ce qu'est un pays. Il concerne la constitution, c-à-d les règles fondamentales de l'État (rappel: c'est la constitution qui est le ciment des USA!). On ne peut pas évacuer du débat indéfiniement une telle fracture. La présence du Bloc québécois à Ottawa depuis 1993 n'est que le symptôme de ce malaise politique qui perdure.
Le nouveau parti sur le point de se créer ne pourra pas vivre dans un «no man's land» constitutionnel, il faudra qu'il se positionne lui aussi...
Rien n'est simple au «pays du Québec».
Les «nouveaux» combats du féminisme.
Une pub trouvée par le biais du blogue de JF Lisée révèle que les combats féministes sont loins d'être périmés...
Il me semblait pourtant que la jeune génération considérait les «victoires» du mouvement féministe comme acquises, et entrevoyait la nécessité de poursuivre le «combat pour l'égalité» seulement dans le Tiers Monde, là où les femmes sont encore largement défavorisées...
Je trouve la pub assez réussie puisqu'elle soulève toute une série de questions qui témoignent que le combat pour l'égalité entre hommes et femmes demeure actuel, même chez nous.
Il me semblait pourtant que la jeune génération considérait les «victoires» du mouvement féministe comme acquises, et entrevoyait la nécessité de poursuivre le «combat pour l'égalité» seulement dans le Tiers Monde, là où les femmes sont encore largement défavorisées...
Je trouve la pub assez réussie puisqu'elle soulève toute une série de questions qui témoignent que le combat pour l'égalité entre hommes et femmes demeure actuel, même chez nous.
mardi 5 octobre 2010
Des vidéos au Guggenheim.
La fondation Guggenheim organise un concours de vidéos sur You Tube. Les vidéos sélectionnés seront diffusés sur le web bien sûr, mais feront également partie d'une installation en arts visuels dans les musées Guggenheim de Bilbao et New York.
Cool (et démocratique !)
Cool (et démocratique !)
vendredi 1 octobre 2010
Un référendum tous les 15 ans ?
L'ex-ministre conservateur Michael Fortier en a surpris plusieurs cette semaine en publiant une «proposition» d'encadrer le débat sur la question nationale au Québec en inscrivant dans la loi l'idée de tenir un référendum à tous les 15 ans...
Bizarre et saugrenue, en effet, la solution de M. Fortier. Qu'advient-il si les Québécois disent OUI ? Un autre match revanche dans 15 ans ? De plus, cette proposition évacue complètement une dimension fondamentale en politique : la nécessité de tenir compte de la conjoncture. C'est comme si l'homme confondait la nécessité d'élections régulières en démocratie (celles-ci pouvant d'ailleurs se tenir à date fixe) avec l'outil référendaire, qui est là pour poser une question précise à la population, en fonction de ses aspirations et conditions...
L'élection porte sur la sélection d'un gouvernement et c'est pourquoi elle doit être régulière, sans quoi nous basculons dans un régime autoritaire... Le référendum répond à d'autres exigences. Il «met en exergue» un enjeu précis et fondamental par rapport à la multitude de problèmes débattus dans l'espace public et permet à la population de se prononcer directement sur cet enjeu...
Or, non seulement M. Fortier ne comprend pas la nécessité d'analyser les phénomènes politiques en tenant compte de la conjoncture, mais il semble oublier que les référendums de 1980 et de 1995 ont justement été rendus possibles grâce à la conjoncture qui les légitimaient !
D'ailleurs, quelle serait la pertinence de tenir un 3e référendum sur la souveraineté aujourd'hui ? Non seulement le camp souverainiste serait irresponsable puisque chaque défaite a eu des conséquences négatives pour le Québec, mais il faudrait aussi que la question soit pressentie comme nécessaire par la population...
Alors, quelle était la motivation de M. Fortier ? Affaiblir les nationalistes au Québec puisque la conjoncture actuelle ne leur est pas nécessairement favorable à la tenue d'un 3e référendum ? Pas nécessairement.
Je pense plutôt que son intention part d'un constat intéressant : péquistes et libéraux ne sont pas si éloignés sur l'échiquier gauche-droite selon lui. Les meilleurs des 2 partis sont condamnés à s'affronter essentiellement à cause de la question nationale. Sa proposition favoriserait selon lui la formation d'équipes gouvernementales plus cohérentes - de gauche d'un côté, de droite de l'autre - rassemblant chacune des souverainistes et des fédéralistes...
Mais comme nous l'avons vu, cette solution est en pratique farfelue. Il serait plutôt préférable de nous pencher sur une réforme institutionnelle qui pourrait favoriser l'émergence d'une culture de coalition entre les partis... Ceci implique sans doute une réforme de notre mode de scrutin de façon à favoriser une représentation en sièges qui correspond réellement à l'appui populaire obtenu par les différents partis (on appelle ça une représentation de type proportionnel). Et tant qu'à nous lancer dans les réformes, pourquoi pas l'élection du 1er ministre au suffrage universel ?
En ce qui concerne le débat sur la question nationale - souveraineté ou fédéralisme renouvelé - il est pour le moment illusoire de chercher à refondre le paysage partisan en inscrivant les dates du prochain référendum à l'avance...
Repenser nos institutions dans le sens évoqué précédemment ne nie pas notre réalité politique, à savoir que la question nationale demeure la principale ligne de fracture des partis... Mais il me semble qu'un gouvernement de coalition réunissant plusieurs partis se rassemblant autour d'un programme commun aura plus de chances de réussir qu'un seul parti, d'ailleurs souvent élu avec moins de 50% des votes, pour gagner un référendum qui nécessite plus de 50%...
Bizarre et saugrenue, en effet, la solution de M. Fortier. Qu'advient-il si les Québécois disent OUI ? Un autre match revanche dans 15 ans ? De plus, cette proposition évacue complètement une dimension fondamentale en politique : la nécessité de tenir compte de la conjoncture. C'est comme si l'homme confondait la nécessité d'élections régulières en démocratie (celles-ci pouvant d'ailleurs se tenir à date fixe) avec l'outil référendaire, qui est là pour poser une question précise à la population, en fonction de ses aspirations et conditions...
L'élection porte sur la sélection d'un gouvernement et c'est pourquoi elle doit être régulière, sans quoi nous basculons dans un régime autoritaire... Le référendum répond à d'autres exigences. Il «met en exergue» un enjeu précis et fondamental par rapport à la multitude de problèmes débattus dans l'espace public et permet à la population de se prononcer directement sur cet enjeu...
Or, non seulement M. Fortier ne comprend pas la nécessité d'analyser les phénomènes politiques en tenant compte de la conjoncture, mais il semble oublier que les référendums de 1980 et de 1995 ont justement été rendus possibles grâce à la conjoncture qui les légitimaient !
- Le référendum de 1980 correspond à ce crescendo qui nous a permis de nous décoloniser de l'intérieur en reprenant le contrôle de notre État national et de notre économie au courant de la décennie 1960. Il a été proposé à la population dans une campagne électorale et lorsque le 1er gouvernement du Parti québécois a pris le pouvoir, il a tenu sa promesse...
- Le référendum de 1995 est aussi l'aboutissement de toute une démarche politique :
- 1- la «trahison» de M. Trudeau qui, en promettant de «renouveler le fédéralisme canadien» en 1980 a pourtant modifié ce système en 1982 dans un sens complètement opposé aux demandes de toute la classe politique québécoise de l'époque. La preuve en est que la grande réforme constitutionnelle de 1982 a été rejetée unanimement par l'Assemblée nationale et qu'aucun gouvernement du Québec depuis, ni aucun parti présent à notre Assemblée nationale, n'accepte encore officiellement cette réforme. (*je considère cependant qu'en se refusant à mettre fin aux écoles passerelles ou à invoquer la clause dérogatoire, le gouvernement Charest et sa ministre St-Pierre sont en train d'accepter ce «coup» fait à notre Assemblée et ses pouvoirs...).
- 2- Lélection de Brian Mulroney comme 1er ministre du Canada qui promet alors le retour du Québec dans la famille constitutionnelle canadienne «dans l'honneur et l'enthousiasme». Ceci mènera aux 5 demandes formulées par le Québec pour accepter la réforme de 1982. Ces 5 demandes, incluant la reconnaissance du caractère distinct du Québec dans l'ordre canadien, font partie de l'Accord du lac Meech. Accord rejeté par le Manitoba et Terre-Neuve (et par l'opinion publique canadienne anglaise...)
- 3- Un 2e échec constitutionnel avec Charlottetown en 1992;
- 4- La création puis le «raz de marée» du Bloc québécois en 1993 (il devient l'opposition officielle à Ottawa !),
- 5- Le retour au pouvoir du PQ en 1994 et 6- la tenue, tel que promis, d'un autre référendum sur la souveraineté en 1995.
D'ailleurs, quelle serait la pertinence de tenir un 3e référendum sur la souveraineté aujourd'hui ? Non seulement le camp souverainiste serait irresponsable puisque chaque défaite a eu des conséquences négatives pour le Québec, mais il faudrait aussi que la question soit pressentie comme nécessaire par la population...
Alors, quelle était la motivation de M. Fortier ? Affaiblir les nationalistes au Québec puisque la conjoncture actuelle ne leur est pas nécessairement favorable à la tenue d'un 3e référendum ? Pas nécessairement.
Je pense plutôt que son intention part d'un constat intéressant : péquistes et libéraux ne sont pas si éloignés sur l'échiquier gauche-droite selon lui. Les meilleurs des 2 partis sont condamnés à s'affronter essentiellement à cause de la question nationale. Sa proposition favoriserait selon lui la formation d'équipes gouvernementales plus cohérentes - de gauche d'un côté, de droite de l'autre - rassemblant chacune des souverainistes et des fédéralistes...
Mais comme nous l'avons vu, cette solution est en pratique farfelue. Il serait plutôt préférable de nous pencher sur une réforme institutionnelle qui pourrait favoriser l'émergence d'une culture de coalition entre les partis... Ceci implique sans doute une réforme de notre mode de scrutin de façon à favoriser une représentation en sièges qui correspond réellement à l'appui populaire obtenu par les différents partis (on appelle ça une représentation de type proportionnel). Et tant qu'à nous lancer dans les réformes, pourquoi pas l'élection du 1er ministre au suffrage universel ?
En ce qui concerne le débat sur la question nationale - souveraineté ou fédéralisme renouvelé - il est pour le moment illusoire de chercher à refondre le paysage partisan en inscrivant les dates du prochain référendum à l'avance...
Repenser nos institutions dans le sens évoqué précédemment ne nie pas notre réalité politique, à savoir que la question nationale demeure la principale ligne de fracture des partis... Mais il me semble qu'un gouvernement de coalition réunissant plusieurs partis se rassemblant autour d'un programme commun aura plus de chances de réussir qu'un seul parti, d'ailleurs souvent élu avec moins de 50% des votes, pour gagner un référendum qui nécessite plus de 50%...
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