samedi 19 juin 2010

De retour du bois (bis).

Le Mont Colden vu de Marcy dam.
Je reviens tout juste d'une semaine dans les Adirondacks (ADK), en solitaire. Ça fait du bien.

(Je suis parti ce matin parce qu'après 6 jours de silence et d'absence de toute civilisation à l'horizon, je devenais impatient avec l'arrivée des randonneurs de la fin de semaine... le simple bruit d'un chaudron se faisant laver dans le lac me dérangeait...)

Pour ceux qui ne sont jamais allés dans ce parc de l'État de New-York, à environ deux heures et quelques de Montréal, il faut vous dire qu'il n'y a malheureusement pas d'équivalent au Québec : les ADK offrent le plus beau massif montagneux dans la région et surtout la meilleure «gestion - style old school» que l'on puisse envisager pour un parc destiné à la randonnée en montagnes. Les sentiers sont bien entretenus, mais restent étroits et «naturels», c-à-d que contrairement à ce que fait la Sépaq (la Société des établissements de plein air) chez nous, on n'infantilise pas les randonneurs en leur offrant un parcours en poussière de roche... On n'encombre pas le campeur avec des méthodes de réservation complexes et on ne lui charge qu'un maigre 10$ par jour (tarif de 40$ pour la semaine) pour le stationnement, montant que plusieurs ne paient pas, à tort selon moi, ne serait-ce que pour préserver cette «mentalité» qui donne aux ADK une ambiance différente du Mont Washington par exemple, où on peut terminer une rando au sommet en côtoyant un gros amerloc qui vient d'acheter son auto-collant «This Car climbed the Mount Washington» ! La présence de Rangers dans les ADK fait aussi en sorte que les abrutis du camping en forêt sont policés et qu'une auto-discipline émerge chez l'habitué des lieux. Le réseau de sentier est vaste et exceptionnel, les paysages sont purs... C'est un petit paradis.

J'y ai fait trois randonnées, deux bonnes grosses. Quatre sommets : Phelps, Colden, Marcy et Skylight. Des moments de grâce, de profonde solitude... Personne à Marcy dam pendant trois jours, à part moi et la crainte de l'ours... La brume sur les montagnes se lève avec le soleil. La forêt expire. La rivière coule telle un torrent - je pense à Anne Hébert - et son bruit assourdissant s'évanouira à mesure que l'on en s'éloigne. Les points de vue du haut de ces montagnes sont grandioses : aucune trace de civilisation à l'horizon, aucun ouvrage, aucun fil électrique, rien qui puisse évoquer l'humanité. Ce pourrait être la fin du monde que je ne le saurais pas. Le temps passe. Lentement. Pendant les randos, je traverse plusieurs fois des ruisseaux et des rivières et je me baigne dans une eau pure et claire.

Ce matin, je reprends contact avec le monde en lisant mes journaux accumulés sur la table de la cuisine...

5 commentaires:

  1. il est revenu le temps des lilas:
    quel beau repos pour ta dulcinée .
    Content de te lire.
    yg

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  2. serais-tu, par hasard, le fils de Marc Chenier?

    comme disent nos voisins :
    chip off the old block...
    yg

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  3. Tu n'as donc pas entendu parler de l'équipe de France!Chanceux!
    Pascal

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  4. Bravo le voisin,c'est délicieusement écrit.
    La nostalgie n'est plus ce qu'elle était...
    PB

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