mercredi 30 juin 2010

L'immense legs de soeur Roquet (ajout).

Voici un lien pour consulter une conférence prononcée par Ghislaine Roquet, une religieuse qui a fortement contribué aux réformes en éducation lors de la Révolution tranquille. Son parcours est fascinant et son propos est large et pénétrant.

Quelques passages de sa conférence témoignent de l'actualité de sa pensée. Elle demeure persuadée que pour transmettre quoi que ce soit, il nous faut «connaître nos sources». Et cela implique, devant une immigration nouvelle «qui a d'autres sources» qu'il faut savoir se définir et s'affirmer. Sa réflexion sur les rapports entre immigration et société d'accueil est empreinte de respect de soi et des autres, de générosité.

Pour (re)définir et affirmer «nos sources», Ghislaine Roquet suggère entre autres :
  • d'accorder une plus grande place dans nos cours d'histoire à la forte dimension aventurière et courageuse de nos ancêtres : la majorité d'entre eux sont des marins ou des agriculteurs issus de territoires de bord de mer. Tous étaient aventuriers pour accepter de traverser l'océan et d'affronter l'hiver pour se bâtir un nouvel avenir... 
  • Elle propose aussi pour «la petite école» de revaloriser l'apprentissage de la langue par la chanson en puisant dans notre riche culture orale, elle remet par le fait même en question le discours misérabiliste de notre passé et évoque la richesse culturelle des habitants du «Canada» (le Québec d'aujourd'hui). 
  • Mme Roquet insiste enfin sur l'importance des Maîtres pour former des étudiants passionnés de connaissance.
Je ne peux qu'être en accord avec ces trois suggestions. Nos ancêtres sont de véritables héros qu'ils nous faut redécouvrir. La majorité de ceux qui ont découvert le Nord du continent sont des Canadiens-français. Mêmes les expéditions Lewis and Clark au début du XIXe, lancées par Thomas Jefferson, étaient guidés par Toussaint Charbonneau. Nos cours d'histoire échouent à rendre hommage aux héros de notre nation. Enfin, sur la question de la formation des Maîtres, je suis souvent désespéré du «pédagogisme» de notre Ministère de l'éducation qui se borne à privilégier la manière d'enseigner au détriment du contenu.

Mais ça, on en rediscutera...

mardi 29 juin 2010

Les soubresauts militaires de l'OTAN en Afghanistan...

Lire ce blogue du Monde diplo qui aborde la question du congédiement par Barack Obama du Général américain Stanley McChrystal et de la suite des choses dans cette partie du monde mouvementée...

Histoires d'espions.

Jean-Claude Leclerc, dans Le Devoir, rend compte d'une histoire rocambolesque qui est passée inaperçue au Québec : le Directeur du SCRS (les services de renseignements et de sécurité du Canada - notre CIA) Richard Fadden a accordé une entrevue à la CBC dans laquelle il divulgue des renseignements qu'aucun autre dirigeant de services secrets ne devrait divulguer en aucun cas ! Une sorte d'entrevue-gaffe inconsciente a frappé notre Directeur du SCRS. Mais qu'a-t-il dit ? Que des espions chinois et moyen-orientaux avaient infiltré nos différentes administrations publiques - provinciales comme municipales... Il a divulgué quelles sont les craintes de notre pays (ex: sabotage informatique), qui nous ciblons (les citoyens canadiens de telles et telles origines, ceux ayant séjournés en Af-Pak - Afghanistan-Pakistan, en Somalie, au Yémen...), les parts de budget du SCRS allouées au contre-terrorisme, etc. etc. Incroyable !

Notre vulnérabilité est exposée à tous nos adversaires et-ou concurrents ! Bravo M. Fadden, vous venez peut-être de faire la plus grosse erreur dans le domaine des renseignements de sécurité de l'histoire du Canada.

Pendant ce temps, aux USA, on vient d'arrêter une dizaine de résidents du pays accusés d'espionnage pour le compte de la Russie. Certains d'entre eux s'étaient mariés et avaient fondés famille pour se fondre dans la masse américaine...

Le port d'arme ? Infrangible !

La Cour Suprême des USA vient de confirmer que le 2e amendement à la constitution est infrangible. Cinq juges sur neuf ont confirmé l'interdiction d'interdire le port d'arme sur la base de cette formulation datant de 1791 et faisant partie du Bill of rights américain : «Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de posséder une arme ne sera pas transgressé».

On comprend assez vite combien le processus de nomination des juges aux USA est politisé et marquant pour la suite des choses puisque les juges qui ont fait basculer la décision ont tous été nommés par des Présidents républicains (Bush père et fils). Certaines interdictions au port d'arme pourront être maintenues en fonction des «problèmes sociaux» ou des «besoins et des valeurs locales», mais il reste qu'il sera dorénavant difficile (voire impossible pour le palier fédéral), d'établir des lois cherchant à limiter ou encadrer le port d'arme aux USA.

Si vous suivez quelque peu ce débat depuis l'ère Clinton (et les massacres dans les écoles qui sont survenus durant cette période), vous remarquerez que la tendance du législateur allait dans le sens d'un encadrement de ce «droit». Le pouvoir judiciaire vient de mettre un frein durable à cette tendance... Il semble que la culture politique américaine conçoive encore que le port d'arme est une garantie à l'indépendance individuelle ainsi qu'une façon de se prémunir contre la tyrannie du pouvoir politique...

Vu d'ici, on peut trouver complètement débile une telle conception, mais il y a une interprétation historique qui peut nuancer en quelque sorte cette folie du culte des armes aux USA... Le 2e amendement remonte aux origines mêmes du pays, avant la conquête vers l'Ouest. Or, à l'époque, on dit aux colons : «Go West», mais on est conscient que - comme dans Lucky Luke - la cavalerie arrive toujours en retard et n'est donc pas en mesure de garantir la sécurité et la propriété aux colons qui viennent acquérir des «terres nouvelles». On ne peut les protéger efficacement contre Jesse James, Billy the Kid ou contre les Sioux et les Mandanes... On leur permet donc de s'organiser en milices et de protéger leurs proches et leurs biens par le port d'arme, moyen par lequel la liberté individuelle et les rêves du Nouveau Monde deviennent possibles...

Bien sûr, maintenant en 2010, cette réalité m'apparaît farfelue et inquiétante, mais elle trouve une part de son explication dans les mythes qui ont construit ce pays...

USA : décès du Sénateur Byrd.

Le doyen du Sénat américain, Robert Byrd, est décédé. Il avait 92 ans et siégeait au Sénat des USA depuis plus de 57 ans ! Ce Sénateur de Virginie-occidentale est un symbole significatif de l'évolution du pays. Élu démocrate, il était raciste et ségrégationniste dans les années 1950, mais il a pris position pour Barack Obama lors des primaires démocrates de 2008 ! On voit tout le chemin parcouru par ce pays à travers cet homme.

Personnellement, c'est son opposition à la guerre d'Irak de 2003 qui m'a marqué : il fût alors l'un des élus américains les plus lucides et les plus fidèles aux principes fondateurs du régime présidentiel en s'insurgeant contre ce qu'il qualifiait alors de dérive de la «présidence impériale» sous W. Bush. Il jugeait que les élus du Congrès avaient renoncé à jouer leur rôle de contrepoids à l'égard du Gouvernement en «pré-autorisant» le recours à la force contre Saddam Hussein. Il s'inquiétait aussi des mensonges de l'administration Bush et de la désinvolture de la classe politique américaine à son endroit. Dans les heures sombres de l'ère post-11 septembre, Robert Byrd aura été un allumeur de conscience.

lundi 28 juin 2010

Tipping point - Téhéran 1979.

Depuis Persepolis, de Marjane Satrapi, on dirait que nous assistons à une «nouvelle vague» de la bande-dessinée iranienne... Tipping point - Téhéran 1979, de Hamed Eshrat est en tous cas une bd qui a une esthétique comparable à celle de Persepolis, mais les dessins sont un peu plus travaillés et le récit porte sur les 1ères heures de la Révolution islamique de 1979 du point de vue d'une famille dont le père travaillait pour la police secrète du Shah qui sera renversé...

Un excellent complément (ou prélude) à la lecture ou au visionnement de Persepolis...

dimanche 27 juin 2010

American Tabloïd.

J'ai lu «d'une traite» American Tabloïd de James Ellroy. 700 pages sur les USA de 1958 jusqu'au 22 novembre 1963 à Dallas... L'auteur de la trilogie américaine (American Tabloïd en est le 1er tome) y imagine des personnages fictifs côtoyant les géants de l'époque : Howard Hughes, producteur héroïnomane et mégalomane de Hollywood, J. Edgar Hoover, Directeur du F.B.I.; Jimmy Hoffa leader syndical corrompu en lien avec la mafia, et bien sûr, le clan Kennedy avec Jack (John F.), Bobby et Joe, le père Kennedy...

L'intrigue est enlevante, en concordance avec l'évolution de la vie politique et culturelle de l'époque, la traduction française fait trop souvent chier avec ses tics langagiers fatigants : «couinements... il couina»... mais l'histoire est assez captivante pour tenir le coup... Ce qui reste : des images fortes de JFK avec Barb, une grande rousse qui couche avec lui mais qui fait partie d'un vaste complot cherchant à faire chanter le Président, un Bobby Kennedy intègre parmi les loups, des personnages forts issus de l'imaginaire de Ellroy, dont ce Pete Bondurant, collosse d'origine québécoise...

Le reste de la trilogie se prolonge jusqu'à 1972, année précédent le scandale du Watergate... C'est à une plongée dans une Amérique corrompue se nourrissant à tous les rateliers que James Ellroy nous convie. Les mythes états-uniens y sont remaniés, voires accentués par défaut. À lire, si vous êtes capables de supporter la traduction française avec ses «couinements»...

jeudi 24 juin 2010

Bonne St-Jean !

Bonne St-Jean ! C'est notre fête nationale - «Gens du pays, c'est votre tour, de vous laisser parler d'amour». XXX

mercredi 23 juin 2010

Diego Maradona, el padrino...

Je demeure fasciné par le personnage - mythique en Argentine - de Diego Maradona. L'homme, véritable légende du foot, est aujourd'hui le coach de l'équipe nationale d'Argentine à la Coupe du Monde. Son équipe a de très bonnes chances de se rendre en finale... Chose certaine, le style du bonhomme est cinématographique. Il a l'air d'un petit caïd de luxe et son casting serait excellent pour tout film de Coppola ou de Scorsese...

Totem.

J'ai vu Totem, du Cirque du Soleil hier. C'est une réussite sur toute la ligne. On m'a dit qu'il s'agit d'un spectacle monté à partir d'une série de numéros déjà existants du Cirque et qu'on a confié à Robert Lepage la tâche de construire un liant entre ces numéros. Totem porte en quelque sorte sur le parcours de la vie. Le point de départ est le Cosmos, où par la chimie des éléments, la vie a été rendue possible. Puis, nous passons des sociétés primitives jusqu'aux sociétés modernes, le tout dans une mise en scène très belle et réussie.

Les numéros d'acrobaties sont toujours aussi superbes, mais cette fois-ci, les numéros de clowns m'ont particulièrement enchanté (ce ne fût pas toujours le cas dans les spectacles précédents du Cirque...). Encore une fois, Robert Lepage accomplit un travail d'orfèvre de la beauté et de l'inventivité.

mardi 22 juin 2010

Meech : 20 ans après.

Nous commémorons les 20 ans de l'échec de l'Accord du lac Meech cette semaine. Ce 23 juin 1990, plus de 500 000 personnes paradaient dans les rues montréalaises avec un sentiment de fierté blessée puisque le Canada anglais (les Assemblées législatives de Terre-Neuve et du Manitoba) refusait de reconnaître le caractère distinct du Québec au sein de l'ensemble canadien.
Rappel : Après l'échec référendaire de 1980, le 1er ministre Lévesque se lance dans la stratégie du «Beau risque» qui consiste à mettre l'option souverainiste en veilleuse et à formuler les demandes minimales du Québec pour accepter la réforme constitutionnelle de 1982 qui s'est opérée sans l'accord UNANIME du Québec. La loi constitutionnelle de 1982 a en effet diminué les pouvoirs de l'Assemblée nationale du Québec, particulièrement en matière d'éducation et de langue. C'est à partir de la Charte canadienne des droits et libertés enchâssée dans cette constitution par Trudeau que les juges de la Cour Suprême du Canada ont invalidé plusieurs dispositions de la loi 101 (et plus récemment de la loi 104) visant à faire du français la langue de travail, de l'affichage commercial, de l'éducation et de l'intégration des immigrants au Québec.

Puisque les Québécois ont dit NON en 1980, mais que la constitution de 1982 a été adoptée sans le consentement du peuple québécois et contre l'avis de tous les partis politiques québécois, Lévesque a proposé à l'époque de formuler quelques demandes au reste du pays pour réintégrer la constitution du Canada. Il y a risque que cela réussise et que l'option souverainiste décline par le fait-même se disait-il, mais c'est une beau risque puisque le Québec verrait alors certaines de ses revendications comblées... L'arrivée de Brian Mulroney comme 1er ministre canadien en 1984 et l'élection de Robert Bourassa en 1985 à Québec allait confirmer ce qui deviendrait le «Quebec round» : c-à-d une ronde de négocation constitutionnelle consacrée aux revendications du Québec. Pusique celui-ci avait été écarté des négos en 1981 lors de «la nuit des longs couteaux», il devenait légitime de se tourner vers le Québec, d'autant plus que l'élection de Mulroney était fondée sur cet objectif de «réconciliation nationale» en réintégrant le Québec dans le giron constitutionnel canadien «dans l'honneur et l'enthousiasme».

La revendication principale de l'Accord du lac Meech introduisait une clause interprétative à la constitution qui disait que «le Québec forme au sein du Canada une société distincte» et qu'il fallait reconnaître que «l'Assemblée nationale du Québec avait le devoir de protéger et promouvoir le fait français au Québec». Si l'Accord avait été adopté, on peut penser que les Juges de la Cour Suprême du Canada auraient pris une décision plus nuancée récemment en ce qui concerne la loi 104 (dossier fort important de la langue d'enseignement pour les francophones et les immigrants). Mais comme l'Accord est mort de sa belle mort, les juges canadians interprètent la constitution à partir du prisme trudeauiste des droits individuels...

Tout le paysage politique canadien et québécois actuel est tributaire de cette époque :
  • Le Bloc québécois a été fondé par un groupe de députés fédéraux déçus de l'échec de Meech;
  • Le Reform party puis l'Alliance canadienne (la frange droitiste dominante du Parti conservateur unifié de M. Harper aujourd'hui) sont nés d'un sentiment de frustration dans l'Ouest associé aux demandes du Québec qui monopolisaient trop l'espace politique du pays à leurs yeux;
  • Sur la scène québécoise, l'Action démocratique est née de l'insatisfaction de certains libéraux de la réponse offerte par Robert Bourassa à l'échec de Meech...
On peut même dire que notre «fatigue politique» actuelle est le reflet de notre double impasse héritière de cette époque. Les fédéralistes québécois ont échoué à renouveler le fédéralisme canadien dans le sens de ses revendications traditionnelles (plus de pouvoirs et d'autonomie pour la province dans l'ordre canadien); et les souverainistes ont échoué à convaincre une majorité de Québécois à choisir le pays. Ce qui a changé depuis, c'est que le poids du Québec au sein du Canada est en déclin et que l'ouverture des Canadiens-anglais à l'égard d'un nouveau «Quebec round» est (presque) nulle...

Pendant ce temps, les générations montantes qualifient souvent ce Grand Débat de ringard et dépassé, et la culture politique héritée de la Charte canadienne des droits et libertés de 1982 fait son oeuvre et rend de plus en plus difficile et impraticable notre simple volonté de faire du français la langue publique commune au Québec. La simple prédominance du français est compromise par le bilinguisme individuel et «coast to coast» de Trudeau. Posez-vous la question : «Qui porte le bilinguisme au Canada ?» La réponse, invariable depuis 1969 dans les rapports du Commissaire aux langues officielles du Canada : c'est dans les portions francophones du pays que le bilinguisme se porte bien... Et le multiculturalisme inhérent à la Charte fait de la culture québécoise une simple composante de la grande mosaïque canadienne...

Le Québec n'est plus une culture d'accueil francophone dans l'espace canadien - c'était en gros l'objectif de Meech -  et la réponse de Jean Charest au jugement invalidant la loi 104 envoie maintenant le message que la langue du succès et des riches au Québec, c'est l'anglais !

Comment réactiver un espace politique prometteur pour le Québec dans ce contexte ? À suivre...

lundi 21 juin 2010

samedi 19 juin 2010

De retour du bois (bis).

Le Mont Colden vu de Marcy dam.
Je reviens tout juste d'une semaine dans les Adirondacks (ADK), en solitaire. Ça fait du bien.

(Je suis parti ce matin parce qu'après 6 jours de silence et d'absence de toute civilisation à l'horizon, je devenais impatient avec l'arrivée des randonneurs de la fin de semaine... le simple bruit d'un chaudron se faisant laver dans le lac me dérangeait...)

Pour ceux qui ne sont jamais allés dans ce parc de l'État de New-York, à environ deux heures et quelques de Montréal, il faut vous dire qu'il n'y a malheureusement pas d'équivalent au Québec : les ADK offrent le plus beau massif montagneux dans la région et surtout la meilleure «gestion - style old school» que l'on puisse envisager pour un parc destiné à la randonnée en montagnes. Les sentiers sont bien entretenus, mais restent étroits et «naturels», c-à-d que contrairement à ce que fait la Sépaq (la Société des établissements de plein air) chez nous, on n'infantilise pas les randonneurs en leur offrant un parcours en poussière de roche... On n'encombre pas le campeur avec des méthodes de réservation complexes et on ne lui charge qu'un maigre 10$ par jour (tarif de 40$ pour la semaine) pour le stationnement, montant que plusieurs ne paient pas, à tort selon moi, ne serait-ce que pour préserver cette «mentalité» qui donne aux ADK une ambiance différente du Mont Washington par exemple, où on peut terminer une rando au sommet en côtoyant un gros amerloc qui vient d'acheter son auto-collant «This Car climbed the Mount Washington» ! La présence de Rangers dans les ADK fait aussi en sorte que les abrutis du camping en forêt sont policés et qu'une auto-discipline émerge chez l'habitué des lieux. Le réseau de sentier est vaste et exceptionnel, les paysages sont purs... C'est un petit paradis.

J'y ai fait trois randonnées, deux bonnes grosses. Quatre sommets : Phelps, Colden, Marcy et Skylight. Des moments de grâce, de profonde solitude... Personne à Marcy dam pendant trois jours, à part moi et la crainte de l'ours... La brume sur les montagnes se lève avec le soleil. La forêt expire. La rivière coule telle un torrent - je pense à Anne Hébert - et son bruit assourdissant s'évanouira à mesure que l'on en s'éloigne. Les points de vue du haut de ces montagnes sont grandioses : aucune trace de civilisation à l'horizon, aucun ouvrage, aucun fil électrique, rien qui puisse évoquer l'humanité. Ce pourrait être la fin du monde que je ne le saurais pas. Le temps passe. Lentement. Pendant les randos, je traverse plusieurs fois des ruisseaux et des rivières et je me baigne dans une eau pure et claire.

Ce matin, je reprends contact avec le monde en lisant mes journaux accumulés sur la table de la cuisine...

jeudi 10 juin 2010

Un vieux couple en déclin ?

La relation USA-Israël se détériore à la vitesse grand V. Lire cette rubrique de Richard Hétu pour vous en convaincre.

La carotte et le bâton...

Barack Obama vient d'octroyer une aide de 400 millions $ aux Palestiniens. Et il continue à réclamer que l'on fasse toute la lumière dans le dossier de l'attaque israélienne contre la flottille pour Gaza. Il a de plus affirmé que la situation humanitaire à Gaza était «insoutenable»... Il envoit un message intéressant dans le contexte actuel :
  • la carotte aux modérés et Mahmoud Abbas, leader du Fatah et Président de l'Autorité palestinienne (qui n'a d'autorité que le nom...) en est un. 
  • et le bâton à Israël, dans la foulée de son refus à mettre fin à la colonisation des territoires palestiniens ET dans le sillage de l'attaque disproportionnée contre la «flottille humanitaire» vers Gaza. Il semble d'ailleurs qu'il y ait actuellement de fortes pressions états-uniennes sur Israël pour qu'elle respecte la Résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU qui exige «une enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux».
Mahmoud Abbas
Il devra ensuite sortir un bâton plus ferme contre les dirigeants du Hamas qui refuseront de reconnaître le droit à l'existence d'Israël et qui persiteront dans la voie de la violence. Et ensuite, il devra avoir le courage de faire réellement pression sur les radicaux israéliens. Cela implique que la stratégie américaine doit finir par briser le mouvement des colons... On peut donc prédire que le gouvernement Netanyahou risque de tomber au terme de l'usage du bâton (les cyniques diront la baguette) américain.

L'image de la carotte et du bâton (les incitatifs et les sanctions) demeure pertinente sur le plan théorique pour entrevoir les principaux instruments de la diplomatie avant le recours à la force... Et il faut savoir moduler - par une combinaison et une gradation des moyens -  sa démarche pour réussir...

mercredi 9 juin 2010

Liban : les ennemis d'Israël accusés de tuer la culture.

L'éditorial du journal L'Orient - Le jour réagit fortement et intelligemment à une controverse entourant le spectacle du groupe Placebo au Liban. Le groupe est accusé d'être «pro-israélien» puisqu'il a effectué une tournée en Israël précédemment. Gad Elmaleh a subi un sort similaire en 2009 et a finit par annuler son concert au pays du cèdre.

Extraits :
«Il semble que la liberté d'interdire soit devenue le seul moyen pour quelques complexés de prouver qu'ils existent. Soit. C'est à se demander parfois s'il sert encore à quelque chose de rationaliser, d'échafauder des argumentations logiques, avec plusieurs exemples à l'appui, pour prouver l'insondable stupidité de ces "boycotteurs d'Israël" qui n'ont rien trouvé de mieux qu'un groupe de rock, Placebo, comme bouc émissaire. Si Israël commet ses crimes en toute impunité internationale, il faut bien que quelqu'un paie la facture à l'arrivée, non ? (...)

Pour sublimer son impuissance face à la criminalité d'Israël... "Je hais, donc j'existe" est depuis longtemps devenu l'alpha et l'oméga d'un simulacre de pensée, voire d'une non-pensée, qui tente de se travestir derrière un florilège d'accusations stupides, de slogans imbéciles, de diabolisations mesquines - et ce pour donner l'illusion qu'elle est une pensée. (...)

Dans ce sens, il convient de féliciter les auteurs de la campagne contre Placebo et, avant cela, contre Gad Elmaleh : ils ont bien réussi leur coup. Non seulement leur haine leur confère une existence médiatique et politique, mais, de plus, leur pire ennemi, Israël, leur doit une fière chandelle. Pourquoi ? Parce qu'ils contribuent à faire du Liban exactement ce que la politique israélienne souhaite qu'il soit : un pays replié sur lui-même, cloîtré, en marge de la scène politique, économique et culturelle internationale, un pays boudé et déserté par les touristes, un pays en état d'urgence et d'instabilité permanente, où la moindre manifestation culturelle revêt immanquablement un caractère polémique politique, un no man's land culturel, un pays sans âme. En bref, une sorte de Gaza II.
»

Pour poursuivre le débat sur le sujet, cliquer ici.

Le Mali en photos.

Une ex-étudiante, Myriam Arsenault-Jacques, de retour d'un séjour au Mali, partage ses photos sur le lien suivant. À voir !

Nationaliser nos églises !

Une lettre signée par plusieurs intellectuels de divers horizons demande au 1er ministre Charest d'établir un moratoire d'un an sur toutes ventes d'églises au Québec et de constituer un comité d'experts qui établirait une liste d'églises à nationaliser de façon à éviter la dilapidation de notre patrimoine religieux.

Dans le contexte actuel, où l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus (TSNJ) dans mon quartier est sur le point d'être vendue, alors qu'elle constitue un objet patrimonial d'envergure en plus de contenir en son sein un orgue Casavan jugé exceptionnel, le processus menant à la nationalisation de certaines églises du Québec devrait être mis en oeuvre immédiatement !

Mais le gouvernement Charest a-t-il du respect pour notre culture ? Ah, j'oubliais qu'il considère que le français au Québec, c'est la langue des pauvres ! Et l'attachée politique de notre Sinistre de la culture, Christine St-Pierre, qui a dit qu'«on ne pouvait pas sauver tous les chats de ruelle» en parlant de la Cathédrale de l'Est qu'est l'église TSNJ !

L'opposition pourrait présenter une motion qui reprend littéralement le programme de la coalition pour la sauvegarde de notre patrimoine religieux.

Écrivez à votre député !

mardi 8 juin 2010

Women without men.

Shirin Neshat est une artiste, cinéaste et photographe d'origine iranienne. Elle vit aujourd'hui à New-York. Son film intitulé Women without men est présentement à l'affiche. Il relate le parcours de 4 femmes iraniennes à l'époque du régime de Mossadegh. Ce régime fut un des premiers dans le monde musulman, voire même dans le Tiers-monde, à nationaliser les compagnies pétrolières, à l'époque sous contrôle britannique. Ce nationalisme de décolonisation a inspiré le nationalisme arabe, incarné par la figure mythique de Gamal Abdel Nasser, qui dominera le paysage politique de la région jusqu'à la fin des années 1970. La montée de l'islamisme, cette idéologie politique qui interprète radicalement la religion musulmane, est reliée au déclin du nationalisme dans cette partie du monde...

En Iran, Mossadegh a été renversé par un coup d'État orchestré par la CIA en 1953. Les USA ont alors installé le Chah (Pahlavi) au pouvoir, issu d'une grande famille iranienne.  Vingt-six ans plus tard, la Révolution islamique iranienne mettait les religieux (Ayatollah) au pouvoir.

lundi 7 juin 2010

Jcall et Jstreet : la société civile pour la paix.

Je vous ai entretenu souvent dans ce blogue de la forte proportion d'Israéliens modérés favorables à la solution négociée de deux États : un juif et un palestinien. Grosso modo, j'affirmais que le conflit israélo-arabe était en fait «capturé» par des minorités de blocage : le Hamas du côté des Palestiniens et la droite religieuse et ultra-nationaliste du côté des Israéliens... Il fallait ajouter à cela un blocage externe : celui de l'appui souvent indéfectible des États-Unis à Israël par l'entremise de la droite religieuse et du lobby juif, fortement mobilisés en faveur de l'expansionisme (jeu de mot) israélien...

Or, les choses sont en train de bouger en Europe comme aux États-Unis par le truchement de deux collectifs qualifiés de «pro-israéliens en faveur de la paix» : Jcall en Europe et Jstreet aux États-Unis.

Jcall réunis plusieurs intellectuels juifs européens comme Bernard-Henry Lévy, Alain Finkielkraut et Daniel Cohn-Bendit qui affirment tous qu'être pro-israélien implique une critique saine et lucide de la politique radicale actuellement menée par le gouvernement de Benyamin Netanyahou.

Jstreet a été formé récemment aux États-Unis (certains disent que l'organisation est issue des milieux pro-Obama) dans la même optique, mais son impact pourrait à terme être plus important puisqu'il fait émerger dans ce pays un mouvement composé de Juifs de plus en plus critiques à l'égard de l'unilatéralisme israélien. Jstreet cherche aussi à contrebalancer le poids souvent jugé démesuré du principal lobby juif américain, l'AIPAC, et ils investissent aujourd'hui le Congrès des USA pour influencer les décideurs en faveur d'une politique américaine plus modérée au Proche-Orient, politique qui déboucherait vers la solution négociée des deux États.

Un des arguments les plus intéressants véhiculés par Jcall et Jstreet relève du danger qui guette la démocratie israélienne si celle-ci continue à coloniser les territoires palestiniens, au mépris du Droit international et des droits humains les plus élémentaires... Ce discours est porteur puisqu'il se revendique d'un sionisme humaniste et démocratique, courant qui était présent et peut-être même dominant lors de la création de l'État hébreux. Les porte-parole de Jcall et Jstreet insistent aussi sur les risques de voir émerger en Israël un pouvoir militaire usurpateur de la démocratie.

Cette éventualité est selon moi déjà enclenchée : la démocratie israélienne est depuis ses débuts fragilisée par le poids important de l'armée - Tsahal - au sein de la société... Ce poids historique s'explique : Israël a été créé dans la guerre et Tsahal est vite devenue garante de son droit à l'existence dans la région. De plus, l'armée israélienne a été conçue comme le «creuset de la nation», c-à-d que c'est au sein de l'armée que les Israéliens et les Israéliennes s'intègrent à la culture nationale. Tsahal est aussi le principal vecteur d'ascension sociale au pays...

Mais la militarisation du pouvoir à laquelle on assiste depuis quelques années est pire puisqu'elle est associée à un projet d'expansion territoriale en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ce qui fait que les Israéliens qui s'établissent dans ces territoires le font au prix d'une occupation militaire toujours plus sanglante et inhumaine...

Pour simplifier, on pourrait dire que Tsahal a été garante du droit à l'existence d'Israël de sa création en 1948 jusqu'aux conquêtes territoriales de 1967. Mais de 1967 à nos jours, l'armée de défense d'Israël s'est mise au service d'un projet de conquête et d'expansion territoriale qui risque à terme de kidnapper la démocratie et de faire émerger un apartheid épouvantable dans les territoires occupés.

Cet appel pour la paix lancé par Jcall et Jstreet résonne déjà au sein de l'électorat juif américain et même pour certains membres du Congrès. Et la population israélienne modérée pourrait à nouveau se mobiliser pour la paix en utilisant les mêmes arguments fondamentaux : la démocratie israélienne est mise en danger par une minorité de radicaux.

À quand un mouvement similaire du côté des intellectuels du monde arabe ?

vendredi 4 juin 2010

jeudi 3 juin 2010

Un Québec à nouveau folklorisé.

Lire Josée Legault, de l'hebdo Voir. La question linguistique au Québec est sa spécialité. (Elle fût mon prof à l'UQÀM).

Extrait :
«La chose est très sérieuse: ce régime, par conséquent, crééra deux catégories d'immigrants, d'allophones et de francophones: d'un côté, ceux qui voudront et pourront se «payer» ce droit & auront des «circonstances familiales» aptes à répondre à la «grille d'analyse» des fonctionnaires. Et de l'autre côté, ceux qui en seront incapables.

Surtout, en créant deux catégories d'immigrants, le gouvernement accordera de facto à la minorité anglo-québécoise un statut de «société d'accueil» pour une partie des nouveaux arrivants au Québec». (fin de l'extrait)

Tout ce que le Québec cherchait à construire avec la loi 101, c-à-d une société d'accueil capable d'intégrer ses immigrants en français, est à nouveau ébréché. Charest le Grand Fossoyeur poursuit l'entreprise de folklorisation du Québec inachevée par Trudeau  !

mercredi 2 juin 2010

Le français, c'est pour les pauvres !

Le gouvernement Charest vient de décider qu'il se conformera à la décision de la Cour Suprême du Canada invalidant la loi 104. Il renonce donc à utiliser la clause dérogatoire qui aurait permis au gouvernement de réaffirmer la supprématie du parlement sur les tribunaux pour une période de 5 ans renouvelable et d'imposer la loi 101 à tous.
Rappel. En 2002, l'Assemblée nationale du Québec adopte à l'unanimité la loi 104 qui cherche à colmater une brèche dans la loi 101. En effet, plusieurs parents inscrivaient leurs enfants à l'école anglaise privée non-subventionnée ($$$) pendant un an et obtenaient ensuite pour ces enfants, leurs frères et soeurs et leur descendence le droit à l'enseignement en anglais au Québec. L'adoption de la loi 104 voulait corriger cet échappatoire.

La loi 101, adoptée en 1977, oblige l'enseignement en français au Québec pour les enfants des francophones et les enfants des immigrants. Les anglophones du Québec et les immigrants issus du Canada qui ont reçu une éducation en anglais sont exemptés de cette obligation.

La Cour Suprême du Canada a jugé que la loi 104, qui cherchait simplement à éviter que certaines familles plus fortunées puissent contourner la loi 101, était trop contraignante. Elle a poussé l'audace de ce jugement en suggérant au gouvernement d'évaluer ce que serait un parcours authentique permettant d'octroyer le droit d'étudier en anglais au Québec...

Je n'entrerai pas ici dans une analyse profonde de ce jugement que je considère plus politique que judiciaire, mais il convient sans doute de rappeler qu'avec ce jugement, les riches ont plus de droits au Québec que les moins riches ! Dorénavant, il y aura les immigrants et les francophones riches, capables de contourner la loi 101 parce qu'ils en ont les moyens et les autres, les loosers, qui devront étudier dans cette langue bâtarde, cette langue de pauvres : le français.  L'égalité juridique n'est-elle pas fondée sur le fait que les lois sont les mêmes pour tous, sans égards à notre condition ?

Le Conseil supérieur de la langue française avait bien saisi l'odieux de cet arrêt judiciaire et essentiellement pour cette raison, il recommandait au gouvernement d'appliquer la loi 101 à toutes les écoles, subventionnées ou non. Le gouvernement Charest n'a pas eu ce courage. Il est sur le point de déposer un projet de loi qui permettra aux familles ayant inscrit leur enfant à l'école anglaise non-subventionnée pendant 3 ans d'obtenir le droit à l'école anglaise... Avec Charest, plus vous êtes riches, plus vous avez la liberté de vous soustraire aux règles collectives.

Cette réponse à un jugement odieux dénote aucune considération pour la justice sociale, ni aucun respect pour la Charte de la langue française ! Mais pouvait-on s'attendre à autre chose ? Charest, l'envoyé d'Ottawa, avait-il les mains liées ?

mardi 1 juin 2010

politique 101 - le régime présidentiel des USA

Nous poursuivons notre série politique 101 en abordant le régime présidentiel des USA. Ce régime est né de la révolution de 1776, mais la constitution actuelle des États-Unis date en fait de 1787 (de 1776 à 1787 les USA sont une Confédération, donc une union d'États indépendants). La constitution a été modifiée 27 fois, incluant les 10 premiers amendements, adoptés ensemble de 1789 à 1791.

Le régime américain repose donc sur une constitution écrite, contrairement aux régimes de type britannique qui eux, fonctionnent sur la base de règles non-écrites que l'on a identifiées comme des conventions constitutionnelles... La constitution des USA précise les rôles et pouvoirs du Président (pouvoir exécutif); du Congrès (pouvoir législatif composé de 2 chambres); et des tribunaux (pouvoir judiciaire).

On peut synthétiser la constitution des USA sous 4 axes directeurs:
  1. Le pays est fondé sur la protection des droits individuels. Le bill of rights (les 10 premiers amendements) proclame entre autres la liberté de conscience, le droit au port d'arme, la liberté d'expression et d'association, le droit à un procès juste et équitable, etc.
  2. Le pays se veut démocratique : l'idéal républicain exige que toute autorité politique au pays soit issue du peuple.
  3. Le pays est de forme fédérale : ceci implique le principe de l'autonomie des États fédérés (c'est ce principe qui fait que la peine de mort existe dans une majorité d'États, mais pas partout, qu'on peut rouler sans casque à moto au New Hampshire - Live free or die - mais pas au Maine, etc.)
  4. Mais un des principaux objectifs du régime états-unien repose sur l'idéal de Montesquieu (1689-1755) que l'on désigne comme le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire : aucun pouvoir ne doit dominer. Chacun doit pouvoir faire contrepoids à l'autre. Les Américains appellent ça Checks and balance. C'est entre autres pour cette raison que les élections aux États-Unis ont lieu séparément entre l'exécutif et le législatif: 
  • Le Président est élu pour des mandats de 4 ans, à date fixe; renouvelable une seule fois;
  • Les 435 membres de la Chambre des Représentants sont élus aux 2 ans (!): le jour de l'élection présidentielle et à mi-mandat ils se présentent devant l'électorat;
  • Les 100 Sénateurs (2 par États) sont élus aux 6 ans; le tiers du Sénat se renouvelle aux 2 ans.
Autres exemples qui illustrent ce principe:
  • Le Président choisit ses ministres (Secrétaires) parmi toute la société et non seulement parmi les élus du Congrès. Une fois nommé Secrétaire, on ne peut siéger au Congrès amércain (Ch. des Représentants ou Sénat);
  • Toutes les nominations présidentielles (ambassadeurs, secrétaires, juges, haut-dirigeant d'une agence de l'État, etc.) doivent êtres approuvées par une majorité de Sénateurs (une des 2 chambres du Congrès - pouvoir législatif)
  • Il n'y a pas de lignes de parti strictes au Congrès des USA. Le vote est libre. Il arrive régulièrement qu'un Représentant ou un Sénateur démocrate s'oppose à un projet de loi supporté par un Président démocrate ou qu'un congressman républicain approuve ce même projet...
C'est ici qu'apparaît la beauté du régime états-unien : les législateurs ont (théoriquement, le $ vient assombrir cet idéal) toute la marge de manoeuvre pour légiférer, c-à-d adopter, modifier, bonifier ou refuser les grandes orientations du dirigeant politique. Ils ont aussi une plus grande capacité à exercer le pouvoir de contrôle, de vérification et de contrepoids à l'activité gouvernementale, si essentiels en démocratie...

Chez nous, on le sait, l'exigence de responsabilité ministérielle a engendré une pratique courante que l'on appelle la solidarité ministérielle et qui a fait émerger son corrolaire, la discipline de parti... Une telle discipline n'existe pas aux USA, bien que les affiliations partisanes indiquent fréquemment la couleur du vote qui sera pris. De plus, les élections primaires servent à «punir» les élus qui ne plaisent pas à leur base...
Le régime présidentiel des USA (source)
Résumé : le régime présidentiel des USA a le peuple comme principale source d'autorité :
  • le Président est élu aux 4ans selon une mécanique que l'on expliquera plus tard;
  • les Représentants dont le nombre est proportionnel à la population de chaque État, sont élus aux 2 ans;
  • les Sénateurs sont élus aux 6 ans, mais le tiers du Sénat se renouvelle aux 2 ans... 
    • Dans chaque État de la fédération, il y a un Gouverneur élu pour 4 ans, des Représentants (pour 2 ans) et des Sénateurs (6 ans) qui siègent à la capitale de l'État.
La beauté dans tout ça réside aussi dans le fait que l'électorat peut exercer un contrôle sur la dynamique du pouvoir de façon constante (nous reviendrons sur les élections primaires plus tard...) aux États-Unis puisque le jour de l'élection présidentielle ainsi qu'à mi-mandat, les 435 Représentants tombent en élection, ainsi que le tiers des Sénateurs. La même mécanique existe pour les Gouverneurs à travers les 50 États du pays. Vous n'êtes pas satisfaits de la gouverne de votre Président ou Gouveneur ? Vous pouvez lui envoyer un Congrès hostile qui aura les moyens de contrecarrer ses projets.

C'est en comparant la dynamique du régime états-unien que l'on comprend peut-être toute l'ampleur du pouvoir que détient le 1er ministre dans le régime parlementaire de type britannique, particulièrement lorsque son gouvernement détient une majorité de député en chambre ! Il est en effet beaucoup plus difficile pour le Président des USA de réaliser ses projets que pour un 1er ministre majoritaire dans le régime parlementaire !

Ce sera l'objet d'un prochain politique 101...

Les dinosaures de l'Alberta.

La crise diplomatique que vit l'État d'Israël actuellement à cause de son assaut militaire contre une flottille humanitaire a fait dire au 1er ministre israélien que le Canada était l'allié indéfectible de l'État hébreux. La réaction canadienne à cet événement demeure la plus «douce» à ce jour constatée... Le Canada de Harper a même modifié ses pratiques de financement à l'égard des diverses organisations non-gouvernementales en punissant celles qui ont été jugées critiques à l'égard d'Israël. Le gouvernement Harper est allé jusqu'à orchestrer un «coup d'état» à l'organisme Droits et démocratie en y installant un véritable militant de l'expansionisme israélien !

La crise écologique qui sévit dans le Golfe du Mexique démontre tout le danger de l'exploitation pétrolière en haute mer et toute l'inconscience et la folie de maintenir une proximité entre le législateur, celui qui octroie les permis d'exploitation, ceux qui veillent au respect des règles et les entreprises chargées d'exploiter la ressource. On découvre actuellement aux USA combien cette proximité était systématique sous l'administration de G.W. Bush ! En plus, on prend conscience du désastre laissé par cette administration obscurantiste qui a coupé dans la recherche scientifique ainsi que dans les agences de l'État chargées de gérer l'exploitation pétrolière en haute mer.

Ces deux événements de l'actualité illustrent très bien où se situe le Canada, ce pays dirigé par des dinosaures qui soutiennent aveuglement le radicalisme et l'unilatéralisme israélien en plus de reproduire EN RETARD les recettes inquiétantes et orwelliennes de l'ère Bush-Cheney qui nous ont légué un véritable désastre !

P.S. La monnaie royale canadienne vient de sortir un dollar à l'effigie d'un dinosaure... voyez le lien avec le titre ?