vendredi 4 décembre 2009

La citoyenneté au Maroc... et la démocratie au Québec !

Je pars au Maroc durant le mois de janvier prochain et je fais travailler mes étudiants sur le thème de la citoyenneté au Maroc. Or, lorsqu'on consulte la constitution marocaine, on y lit que les libertés d'expression et d'association sont garanties, que l'homme et la femme sont égaux, etc. Bref, le Maroc semble (officiellement) se comparer à toutes les démocraties occidentales sur le plan des droits proclamés pour chacun... Mais on ajoute à plusieurs reprises dans la constitution marocaine que ces droits peuvent être limités par les lois du pays...

C'est ici que nous pouvons faire une première constatation : chez nous, les lois doivent respecter les droits proclamés dans la constitution (sans quoi elles peuvent être jugées anti-constitutionnelles) alors qu'au Maroc, ce sont les lois qui peuvent limiter l'exercice des droits constitutionnels... C'est un inversement des normes juridiques inquiétant puisque les lois sont placées devant la constitution alors que c'est la constitution qui devrait être au-dessus des lois en démocratie libérale...

Mais si vous croyez que cet inversement des normes est propre à une "démocratie fragile" comme celle du Maroc, détrompez-vous ! Le gouvernement Charest est sur le point d'adopter le projet de loi 78 qui enlève à la Commission de la représentation électorale (CRE) le pouvoir de déterminer elle-même le tracé des circonscriptions électorales en le donnant aux élus... C'est un retour en arrière à l'ère duplessiste et un arrimage dangereux sur les pires vices de la démocratie américaine... La CRE est un organisme indépendant dirigé par le Directeur général des élections, une institution indépendante du gouvernement fortement respectée (avec raison).

Si le projet de loi 78 est adopté, ce ne sera plus les électeurs qui choisiront leurs députés au Québec, mais bien les députés qui choisiront leurs électeurs !

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