Après avoir discuté de certaines déficiences de notre régime parlementaire (voir ici), il convient de réfléchir à un autre aspect qui menace le devenir de notre démocratie : La crise des finances publiques, accélérée par le vieillissement de la population.
Celle-ci aura des conséquences graves sur notre cohésion sociale et sur la pérennité de nos programmes sociaux en plus de générer des iniquités intergénérationnelles graves si nous ne prenons pas des mesures significatives pour endiguer ses conséquences appréhendées...
Le ministre des finances du Québec, M. Raymond Bachand (un type sans envergure mais bien intentionné qui a toujours su se positionner "à la bonne place") a réclamé de la part de quatre économistes de renom - dont deux "lucides" connus : Claude Montmarquette et Pierre Fortin - un rapport qui sera déposé prochainement et qui devrait proposer différentes mesures pour "remettre de l'ordre dans les finances publiques" du Québec. Bien sûr, je suis déçu que seuls des économistes soient appelés à réfléchir et proposer des solutions à un problème qui est beaucoup plus politique dans ses ramifications que simplement comptable... Mais bon, espérons que ce rapport soit audacieux et qu'il suggère une refonte complète de notre système de taxation et de tarifs...
Voici quelques pistes à envisager : (ce sont plus des principes directeurs que des mesures chiffrées - après tout, je n'ai pas la compétence ni les ressources pour déterminer quel devrait-être le montant associé à chaque mesure...)
i- Envisager la création d'un revenu de citoyenneté qui assurerait à tous un revenu minimum garanti et qui metttrait donc fin à plusieurs mesures associées à l'aide sociale et à toutes sortes de prestations qui viennent en aide aux moins nantis. Ce revenu minimum devrait être assez élevé pour pallier à l'abolition des différentes allocations qu'il remplace, tout en étant plus simple à administrer parce qu'universel, c-à-d offert à tous les citoyens québécois de 18 ans et plus.
ii- Un déplacement de la taxation du travail vers les dépenses qui occasionnent un coût environnemental (voir "Repenser la croissance"). Ceci implique que le taux d'imposition de la classe moyenne pourrait être légèrement diminué au profit d'une augmentation des taxes et tarifs concernant l'essence, l'électricité, la consommation d'eau, l'achat de biens de consommation énergivores, l'accès aux autoroutes et aux ponts, etc. Une telle mesure devrait toujours prendre en compte les impacts négatifs sur les moins nantis. Ex: puisque notre pays, "c'est l'hiver", il faut que les tarifs d'électricité - et de l'eau - soient modulés en fonction de la consommation : au-delà d'une certaine consommation jugée normale, les tarifs doublent - on peut aussi faire comme en France et moduler les tarifs en fonction des périodes de pointe... Chose certaine, nos bas tarifs incitent au gaspillage et une telle mesure, en ce qui concerne l'électricité, créerait un surplus énergétique fort rentable puisque dédié à l'exportation sans même construire une seule centrale !
iii- Des frais de scolarité bas, pour permettre à tous d'accéder aux études supérieures. En plus, il faudrait instaurer un système de remboursement des dettes d'études proportionnel aux revenus du diplômé. Et pourquoi pas des contrats de performance permettant aux étudiants diplômant dans les temps requis de voir leurs dettes d'études partiellement remboursées s'ils s'engagent à rester au Québec pour faire profiter la société de leurs connaissances acquises ?
iv- La création d'un fonds (dans lequel le gouvernement ne peut piger) qui servira à financer l'augmentation prévisible des coûts de notre système de santé dans le contexte du vieillissement de la population.
v- Mettre fin progressivement au financement public (actuellement 60%) des écoles privées et rediriger ces nouveaux fonds vers le système public et l'éducation permanente. L'éducation est le principal facteur de création de la richesse et le principal vecteur d'ascension sociale au Québec. Il est urgent d'en faire LA priorité nationale (notre "1ère priorité" dirait Jean Charest s'il avait d'autre chose à nous offrir que des formules creuses...).
vi- Enfin (ce n'est pas tout, mais c'est assez pour aujourd'hui), il faudrait créer des mesures incitatives - taxer les retraites hâtives et favoriser les retraites progressives - pour retarder l'âge de la retraite et développer le partage du temps de travail... Les générations sur le point de prendre leur retraite vieilliront en santé, il faut éviter deux choses :
1- Voir émerger une "génération de rentiers" qui se sauve avec la caisse et laisse les jeunes générations financer leur retraites et leurs soins;
2- Nous priver de leur expertise et voir apparaître un immense trou dans la transmission des savoirs dans les divers milieux de travail...
Si nous ne prenons pas ces suggestions au sérieux, on risque de voir émerger au Québec dans les prochaines années un conflit intergénérationnel basé sur un sentiment d'iniquité (pensez à la chanson Dégénérations de Mes Aieux) : les jeunes ayant l'impression pas si fausse qu'ils paieront tout au long de leur vie pour des mesures sociales - un environnement, une qualité de vie - dont ils ne pourront pas ultimement profiter lorsqu'ils seront eux-mêmes rendus à l'âge de la retraite...
Or, la démocratie est aussi menacée si la cohésion sociale s'effrite et si les divers programmes sociaux qui assurent une égalité des chances sont compromis par une crise des finances publiques que l'on se serait refusé à affronter...
Vaste programme... à peaufiner.
Je suis globalement d'accord mais je me dis que ce sont les classes moyennes qui vont essentiellement payer plus.Au bout d'un moment il devient pénible de payer plus(frais de scolarité,taxe carbone...) sans jamais rien en retour.Les plus nantis ,le marché,doivent contribuer proportionnellement.Leur aisance est provocante!Spécialement en temps de crise..
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RépondreSupprimerai fait parvenir le texte du voisin à François Legault, qui me répond que notre voisin doit se préparer à recevoir des tomates de la gauche et de la droite...mais qu'il est sain que des jeunes comme notre voisin s'impliquent et s'expriment .PS... je suis fier de mon jeune voisin.
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