Je sors de mon mutisme des fêtes pour vous envoyer vers ma plateforme de blogueurs citoyens où je publie également. J'ai appris que lors de l'enregistrement de Tout le monde en parle qui sera diffusé le 31 décembre prochain (disons que des connaissances à moi ont assisté à l'enregistrement), André Boisclair a «pété sa coche» hors d'ondes... Mais en onde, il a démontré qu'on peut très bien fourrer le Québec sans amour en défendant l'exploitation des gaz de schiste au mépris du Québec et de la vérité.
Suivre CE LIEN.
dimanche 25 décembre 2011
mardi 20 décembre 2011
pause de turbulence.
Le voisin prend une pause du web pour le temps des fêtes. C'est Noël ! Il faut parfois se le rappeler parce que le multiculturalisme niveleur du Canada tend à évacuer ce qui fait partie de notre patrimoine pour «contenter» des communautés culturelles qui n'en demandaient pas tant...
Je vous colle les paroles que ma fille chante à l'école (mais vous ne bénéficierez pas de sa belle petite voix rauque et douce):
«Enfants de Palestine ou enfants d'Israël,
D'Amérique ou de Chine en ce jour de Noël,
Que ton regard se pose
Sur la terre ou le ciel
Ne retiens qu'une chose
Il faut croire à Noël
Matin couleur de cendre ou matin d'arc en ciel
Qu'importe il faut attendre en ce soir de Noël
Que les fusils se taisent et répondent à l'appel
De cette parenthèse
Qui s'appelle Noël
Un jour viendra peut-être
Un jour au goût de miel
Où l'on verra paraître un oiseau dans le ciel
Aux plumes de lumiere
Un oiseau éternel
Colombe pour la terre
Un oiseau de Noël».
Joyeux Noël !
P.S. Je renonce à commenter plus que cela la nomination d'un coach unilingue anglais chez le Canadien de Montréal... Mais quand notre gouvernement, ses agences et ses ministères, bafouent notre propre langue; quand nos propres députés fédéraux élus au Lac St-Jean ou ailleurs, posent leurs questions en anglais à la Chambre des Communes; quand nous switchons à l'anglais dès que nous croisons un «Québécois pas de souche», pourquoi demander à la famille Molson de nous respecter?
Se respecter soi-même, puis exiger des autres, dans cet ordre.
Je vous colle les paroles que ma fille chante à l'école (mais vous ne bénéficierez pas de sa belle petite voix rauque et douce):
«Enfants de Palestine ou enfants d'Israël,
D'Amérique ou de Chine en ce jour de Noël,
Que ton regard se pose
Sur la terre ou le ciel
Ne retiens qu'une chose
Il faut croire à Noël
Matin couleur de cendre ou matin d'arc en ciel
Qu'importe il faut attendre en ce soir de Noël
Que les fusils se taisent et répondent à l'appel
De cette parenthèse
Qui s'appelle Noël
Un jour viendra peut-être
Un jour au goût de miel
Où l'on verra paraître un oiseau dans le ciel
Aux plumes de lumiere
Un oiseau éternel
Colombe pour la terre
Un oiseau de Noël».
Joyeux Noël !
P.S. Je renonce à commenter plus que cela la nomination d'un coach unilingue anglais chez le Canadien de Montréal... Mais quand notre gouvernement, ses agences et ses ministères, bafouent notre propre langue; quand nos propres députés fédéraux élus au Lac St-Jean ou ailleurs, posent leurs questions en anglais à la Chambre des Communes; quand nous switchons à l'anglais dès que nous croisons un «Québécois pas de souche», pourquoi demander à la famille Molson de nous respecter?
Se respecter soi-même, puis exiger des autres, dans cet ordre.
vendredi 16 décembre 2011
Godin, le poète politique.
Visionnez Godin dispo sur TéléQuébec.tv et on s'en r'parle...
On en parle déjà ici sur la plateforme de mes «voisins»...
On en parle déjà ici sur la plateforme de mes «voisins»...
jeudi 15 décembre 2011
Mode de scrutin: l'hypocrisie du PQ.
Le prochain conseil national du Parti québécois débattra d'une série de mesures pour «changer la politique» au Québec. L'une d'entre elles concerne l'adoption d'un mode de scrutin majoritaire uninominal à deux tours, comme on le fait pour élire les députés et le Président en France.
Le fonctionnement d'un tel mode de scrutin est simple. Les électeurs votent parmi tous les candidats en lice. Si aucun des candidats ne recueille 50%+1 des votes au 1er tour, on retient les 2 meilleurs candidats qui s'affronteront lors d'un 2e tour. Le 2e tour est donc là pour nous assurer que l'élu du peuple aura recueilli une réelle majorité des voix.
À première vue, un tel mode de scrutin peut paraître meilleur que le nôtre, dans lequel la majorité des députés sont élus en obtenant une simple pluralité des voix (rarement plus que 40% et des poussières), puisqu'ils profitent de la division des votes de leurs opposants. Mais un système à 2 tours dans le contexte québécois ne changerait pas grand chose à la réalité (sclérosée) actuelle... Le bipartisme imparfait perdurerait et les tiers partis seraient en grande partie éliminés au 2e tour.
Une réelle réforme du mode de scrutin impliquerait un changement du paysage politique. Elle favoriserait une représentation des différents partis qui serait fonction de l'appui populaire réel de chacun des partis. Par exemple, si Québec solidaire obtient 10% des voix, il obtiendrait alors environ 10% des sièges au parlement. Un système à 2 tours ne favorise en aucun cas une telle proportionnalité des résultats.
C'est ici que l'on comprend l'hypocrisie du PQ. Le mode de scrutin à deux tours n'a jamais fait partie de son programme, tandis que l'adoption d'un mode de scrutin proportionnel a fait partie à plusieurs reprises des plateformes péquistes... Le PQ cherche à détourner l'attention et à se présenter (encore!) comme le seul gardien de la souveraineté. Un système à 2 tours forcerait le ralliement des autres tiers partis vers le PQ au 2e tour... Le PQ cherche donc uniquement à «sauver sa peau» dans un contexte où sa disparition du paysage politique est envisageable.
Et ce qu'il y a de plus triste là-dedans, c'est que la cause souverainiste (supposément le projet au cœur de l'engagement politique des péquistes!) avancerait beaucoup plus si le Québec se dotait d'un véritable mode de scrutin proportionnel. En effet, un référendum gagnant implique que plus de 50% des gens appuient la souveraineté. Or, selon notre actuel mode de scrutin, les partis qui forment le gouvernement atteignent rarement ce seuil. Un mode à deux tours ne ferait que porter au pouvoir le parti qui déplaît le moins... Alors qu'avec un mode de scrutin de type proportionnel, on pourrait très bien envisager une grande coalition de partis nationalistes proposer à la population un projet rassembleur. Et l'avantage est que cette coalition représenterait déjà plus de 50% des votants!
Une vraie proportionnalité dans le mode de scrutin favorise ultérieurement l'obtention d'un référendum gagnant. Mais les péquistes se refusent à favoriser une telle réforme car ils se croient toujours propriétaires de la souveraineté. Il me semblait pourtant qu'en démocratie, la souveraineté appartenait au peuple?
À trop vouloir s'accrocher au pouvoir, on corrompt nos idées et on méprise le peuple. Parlez-en aux libéraux de Jean Charest!
Le fonctionnement d'un tel mode de scrutin est simple. Les électeurs votent parmi tous les candidats en lice. Si aucun des candidats ne recueille 50%+1 des votes au 1er tour, on retient les 2 meilleurs candidats qui s'affronteront lors d'un 2e tour. Le 2e tour est donc là pour nous assurer que l'élu du peuple aura recueilli une réelle majorité des voix.
À première vue, un tel mode de scrutin peut paraître meilleur que le nôtre, dans lequel la majorité des députés sont élus en obtenant une simple pluralité des voix (rarement plus que 40% et des poussières), puisqu'ils profitent de la division des votes de leurs opposants. Mais un système à 2 tours dans le contexte québécois ne changerait pas grand chose à la réalité (sclérosée) actuelle... Le bipartisme imparfait perdurerait et les tiers partis seraient en grande partie éliminés au 2e tour.
Une réelle réforme du mode de scrutin impliquerait un changement du paysage politique. Elle favoriserait une représentation des différents partis qui serait fonction de l'appui populaire réel de chacun des partis. Par exemple, si Québec solidaire obtient 10% des voix, il obtiendrait alors environ 10% des sièges au parlement. Un système à 2 tours ne favorise en aucun cas une telle proportionnalité des résultats.
C'est ici que l'on comprend l'hypocrisie du PQ. Le mode de scrutin à deux tours n'a jamais fait partie de son programme, tandis que l'adoption d'un mode de scrutin proportionnel a fait partie à plusieurs reprises des plateformes péquistes... Le PQ cherche à détourner l'attention et à se présenter (encore!) comme le seul gardien de la souveraineté. Un système à 2 tours forcerait le ralliement des autres tiers partis vers le PQ au 2e tour... Le PQ cherche donc uniquement à «sauver sa peau» dans un contexte où sa disparition du paysage politique est envisageable.
Et ce qu'il y a de plus triste là-dedans, c'est que la cause souverainiste (supposément le projet au cœur de l'engagement politique des péquistes!) avancerait beaucoup plus si le Québec se dotait d'un véritable mode de scrutin proportionnel. En effet, un référendum gagnant implique que plus de 50% des gens appuient la souveraineté. Or, selon notre actuel mode de scrutin, les partis qui forment le gouvernement atteignent rarement ce seuil. Un mode à deux tours ne ferait que porter au pouvoir le parti qui déplaît le moins... Alors qu'avec un mode de scrutin de type proportionnel, on pourrait très bien envisager une grande coalition de partis nationalistes proposer à la population un projet rassembleur. Et l'avantage est que cette coalition représenterait déjà plus de 50% des votants!
Une vraie proportionnalité dans le mode de scrutin favorise ultérieurement l'obtention d'un référendum gagnant. Mais les péquistes se refusent à favoriser une telle réforme car ils se croient toujours propriétaires de la souveraineté. Il me semblait pourtant qu'en démocratie, la souveraineté appartenait au peuple?
À trop vouloir s'accrocher au pouvoir, on corrompt nos idées et on méprise le peuple. Parlez-en aux libéraux de Jean Charest!
mercredi 14 décembre 2011
Voisiner le web citoyen.
En plus de continuer à publier sur ce blogue, le voisin est maintenant hébergé sur un site collectif où se voisinent plusieurs blogueurs. Il s'agit du site LeGlobe.ca, qui propose un «regard citoyen» sur l'actualité, la culture et la politique.
Faites-y un tour régulièrement, ça vous permettra de découvrir d'autres plumes sans nécessairement abandonner la mienne... Bonne lecture.
Faites-y un tour régulièrement, ça vous permettra de découvrir d'autres plumes sans nécessairement abandonner la mienne... Bonne lecture.
Investiture républicaine: qui est le meilleur ami d'Israël?
La course à l’investiture du Parti républicain aux USA qui débouchera au terme des élections primaires à la sélection du candidat officiel à la présidence pour ce parti, est en train de virer à une sorte de concours absurde du genre: «qui est le meilleur ami d’Israël»…
«C’est moi, c’est moi», crient tous les candidats lors de leurs passages quasi-obligés devant les différents lobbys et médias juifs américains. Seul Ron Paul s’est pour le moment abstenu de cette surenchère en promettant de couper «toutes» les aides américaines à l’étranger !
Le dernier en lice est l’étoile montante Newt Gingrich (photo). Il a déclaré que le peuple palestinien est un «peuple inventé» pour ensuite promettre le déménagement de l’ambassade des USA en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
Ces deux déclarations ont bien sûr pour objectif de contenter un électorat mobilisé qui contribue financièrement aux campagnes de presque toute la classe politique à Washington. Ces intransigeants nient l’existence même de la réalité nationale palestinienne et cherchent à concrétiser l’annexion de Jérusalem-est par Israël. Ces puissants gravitant autour de l’AIPAC (American-israeli public affairs comitee) sont effectivement capables de faire et de défaire des carrières politiques (on comprend donc la surenchère des candidats républicains), mais leur action politique et leurs positions sont loin de favoriser une vie meilleure pour ce petit pays assiégé qu’est Israël… et surtout pour la grande majorité de ses citoyens!
Car il ne faut pas oublier qu’une forte proportion d’Israéliens sont modérés et favorables à la solution négociée de deux États : un juif et un palestinien, avec Jérusalem-ouest comme capitale pour Israël et Jérusalem-est pour la Palestine… Et quand je dis une «forte proportion», plusieurs enquêtes faites sur de longues périodes tendent à démontrer que c’est une majorité des deux côtés qui est prête à la coexistence pacifique.
On comprend donc que le conflit israélo-palestinien est en fait «capturé» par des minorités de blocage : le Hamas du côté des Palestiniens et la droite religieuse et ultra-nationaliste du côté des Israéliens…
À cela, il faut ajouter un blocage externe : celui de l’appui souvent indéfectible des États-Unis à Israël par l’entremise de la droite religieuse et du lobby juif américains, fortement mobilisés en faveur de l’expan-sionisme (jeu de mot) israélien…
Le ballet du «meilleur ami d’Israël» qui se joue présentement au sein des candidats à l’investiture républicaine est néfaste pour la sécurité même d’Israël et des USA. Il est irresponsable et dangereux.
Cela se fait au détriment de la stabilité et de la paix pour toute une région, et plus directement encore pour ceux que l’on prétend défendre: les citoyens d’Israël qui, en grande majorité, recherchent la paix.
«C’est moi, c’est moi», crient tous les candidats lors de leurs passages quasi-obligés devant les différents lobbys et médias juifs américains. Seul Ron Paul s’est pour le moment abstenu de cette surenchère en promettant de couper «toutes» les aides américaines à l’étranger !
Le dernier en lice est l’étoile montante Newt Gingrich (photo). Il a déclaré que le peuple palestinien est un «peuple inventé» pour ensuite promettre le déménagement de l’ambassade des USA en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
Ces deux déclarations ont bien sûr pour objectif de contenter un électorat mobilisé qui contribue financièrement aux campagnes de presque toute la classe politique à Washington. Ces intransigeants nient l’existence même de la réalité nationale palestinienne et cherchent à concrétiser l’annexion de Jérusalem-est par Israël. Ces puissants gravitant autour de l’AIPAC (American-israeli public affairs comitee) sont effectivement capables de faire et de défaire des carrières politiques (on comprend donc la surenchère des candidats républicains), mais leur action politique et leurs positions sont loin de favoriser une vie meilleure pour ce petit pays assiégé qu’est Israël… et surtout pour la grande majorité de ses citoyens!
Car il ne faut pas oublier qu’une forte proportion d’Israéliens sont modérés et favorables à la solution négociée de deux États : un juif et un palestinien, avec Jérusalem-ouest comme capitale pour Israël et Jérusalem-est pour la Palestine… Et quand je dis une «forte proportion», plusieurs enquêtes faites sur de longues périodes tendent à démontrer que c’est une majorité des deux côtés qui est prête à la coexistence pacifique.
On comprend donc que le conflit israélo-palestinien est en fait «capturé» par des minorités de blocage : le Hamas du côté des Palestiniens et la droite religieuse et ultra-nationaliste du côté des Israéliens…
À cela, il faut ajouter un blocage externe : celui de l’appui souvent indéfectible des États-Unis à Israël par l’entremise de la droite religieuse et du lobby juif américains, fortement mobilisés en faveur de l’expan-sionisme (jeu de mot) israélien…
Le ballet du «meilleur ami d’Israël» qui se joue présentement au sein des candidats à l’investiture républicaine est néfaste pour la sécurité même d’Israël et des USA. Il est irresponsable et dangereux.
Cela se fait au détriment de la stabilité et de la paix pour toute une région, et plus directement encore pour ceux que l’on prétend défendre: les citoyens d’Israël qui, en grande majorité, recherchent la paix.
jeudi 8 décembre 2011
Quand Jean Lesage engueule Jean Charest.
En 1962, le premier ministre du Québec Jean Lesage, convaincu par son ministre René Lévesque, décide de nationaliser les compagnies d'électricité. Dans son discours «Maîtres chez nous», (voir le livre extraordinaire dirigé par Charles-Philippe Courtois et Danic Parenteau, Les 50 discours qui ont marqué le Québec, CEC, 2011), le 1er ministre Lesage affirme qu'il est temps de mettre fin à une situation «intenable».
Extrait 1:
«Cette situation, c'est celle d'une société qui a été privée des moyens qui lui auraient permis de s'épanouir pleinement.C'est celle où les clefs d'une économie moderne appartiennent à des intérêts étrangers à nos préoccupations nationales et indifférents à nos aspirations légitimes».
N'entendez-vous pas une sorte de distorsion historique? ... Comme si Jean Lesage critiquait la façon dont le Québec est «gouverné» sous Jean Charest. Et critiquait jusqu'à ses nominations à la Caisse de Dépôts...
Extrait 2:
«Comme peuple adulte, nous ne pouvons plus supporter de croupir dans l'immobilisme forcé, immobilisme imposé par une clique politique à qui il plaît que notre province demeure une source de matière première, un réservoir de main d'oeuvre à bon marché ou un pays vieillot que l'on visite en touriste. (...)
Tout le monde chez nous comprend maintenant qu'on ne pourra jamais rien réussir de durable au Québec si, une fois pour toutes, on ne s'attaque pas à la racine du mal. Et la racine du mal, c'est que notre économie ne nous appartient pas. C'est aussi simple que cela, mais c'est aussi grave que cela».
Le Plan Nord de Jean Charest semble directement évoqué... Et la «clique politique», elle comprend Lucien Bouchard, les libéraux au grand complet, et sans doute François Legault, qui a très peu discouru sur ce sujet capital depuis son «retour en politique».
Lisez maintenant l'extrait 3, et vous entendrez Lesage décrier ce qu'en 2011, Daniel Breton de Maîtres chez nous 21e siècle, qualifie de «vol du siècle»... Remplacez seulement «union nationale» par Parti libéral du Québec et Parti québécois sous Lucien Bouchard, ce dernier étant aujourd'hui porte-parole de l'industrie pétrolière et gazière...:
«Il n'est pas surprenant alors que de telles gens - et l'Union nationale puisqu'il faut bien la nommer - se soient rendus coupables, il y a quelques années à peine d'un crime odieux que notre population ne pourra jamais leur pardonner. En effet, ces gens qui ont dénationalisé à leur profit personnel un secteur public - celui du gaz naturel - voudraient aujourd'hui nous faire croire qu'ils recherchent le Bien des Québécois ! Quelle farce !»
Fin de l'extrait. !!! Wow ! J'entends Lesage vilipender presque toute la classe politique, mais surtout ses «descendants» libéraux (on dirait des bâtards! excuses toutes plates aux vrais bâtards). Hydro sous Jean Charest a vendu ses réserves sur l'île d'Anticosti qu'elle savait importantes et consenti tout le gaz de schiste et naturel à des compagnies privées, pour la plupart albertaines et étrangères...
Jean Lesage ! Où es-tu?
Extrait 4:
«Ce sont des gens qui, pour obtenir un profit égoïste, n'ont pas hésiter à priver notre province d'un bien qui appartient à toute notre collectivité. Ce sont des gens qui ont trompé le peuple, qui l'ont volé, oui volé ! Et aujourd'hui ces serviteurs de trusts veulent donner un coup de poignard dans le dos de notre peuple en faisant mine de l'aider, alors qu'en réalité ils proposent la plus nocive des solutions possibles».
Et ça continue comme ça... On jurerait entendre Lesage engueuler Jean Charest. C'est beau et triste à la fois. Nous sommes de retour dans la Grande noirceur, mais on entend de loin un propos qui peut nous aider à en sortir.
Extrait 1:
«Cette situation, c'est celle d'une société qui a été privée des moyens qui lui auraient permis de s'épanouir pleinement.C'est celle où les clefs d'une économie moderne appartiennent à des intérêts étrangers à nos préoccupations nationales et indifférents à nos aspirations légitimes».
N'entendez-vous pas une sorte de distorsion historique? ... Comme si Jean Lesage critiquait la façon dont le Québec est «gouverné» sous Jean Charest. Et critiquait jusqu'à ses nominations à la Caisse de Dépôts...
Extrait 2:
«Comme peuple adulte, nous ne pouvons plus supporter de croupir dans l'immobilisme forcé, immobilisme imposé par une clique politique à qui il plaît que notre province demeure une source de matière première, un réservoir de main d'oeuvre à bon marché ou un pays vieillot que l'on visite en touriste. (...)
Tout le monde chez nous comprend maintenant qu'on ne pourra jamais rien réussir de durable au Québec si, une fois pour toutes, on ne s'attaque pas à la racine du mal. Et la racine du mal, c'est que notre économie ne nous appartient pas. C'est aussi simple que cela, mais c'est aussi grave que cela».
Le Plan Nord de Jean Charest semble directement évoqué... Et la «clique politique», elle comprend Lucien Bouchard, les libéraux au grand complet, et sans doute François Legault, qui a très peu discouru sur ce sujet capital depuis son «retour en politique».
Lisez maintenant l'extrait 3, et vous entendrez Lesage décrier ce qu'en 2011, Daniel Breton de Maîtres chez nous 21e siècle, qualifie de «vol du siècle»... Remplacez seulement «union nationale» par Parti libéral du Québec et Parti québécois sous Lucien Bouchard, ce dernier étant aujourd'hui porte-parole de l'industrie pétrolière et gazière...:
«Il n'est pas surprenant alors que de telles gens - et l'Union nationale puisqu'il faut bien la nommer - se soient rendus coupables, il y a quelques années à peine d'un crime odieux que notre population ne pourra jamais leur pardonner. En effet, ces gens qui ont dénationalisé à leur profit personnel un secteur public - celui du gaz naturel - voudraient aujourd'hui nous faire croire qu'ils recherchent le Bien des Québécois ! Quelle farce !»
Fin de l'extrait. !!! Wow ! J'entends Lesage vilipender presque toute la classe politique, mais surtout ses «descendants» libéraux (on dirait des bâtards! excuses toutes plates aux vrais bâtards). Hydro sous Jean Charest a vendu ses réserves sur l'île d'Anticosti qu'elle savait importantes et consenti tout le gaz de schiste et naturel à des compagnies privées, pour la plupart albertaines et étrangères...
Jean Lesage ! Où es-tu?
Extrait 4:
«Ce sont des gens qui, pour obtenir un profit égoïste, n'ont pas hésiter à priver notre province d'un bien qui appartient à toute notre collectivité. Ce sont des gens qui ont trompé le peuple, qui l'ont volé, oui volé ! Et aujourd'hui ces serviteurs de trusts veulent donner un coup de poignard dans le dos de notre peuple en faisant mine de l'aider, alors qu'en réalité ils proposent la plus nocive des solutions possibles».
Et ça continue comme ça... On jurerait entendre Lesage engueuler Jean Charest. C'est beau et triste à la fois. Nous sommes de retour dans la Grande noirceur, mais on entend de loin un propos qui peut nous aider à en sortir.
mardi 6 décembre 2011
Un 6 décembre.
dimanche 4 décembre 2011
Le Québec est-il beau?
Je pose la question sérieusement. On pense quelquefois que ça va de soi, que «de l'espace y'en a en masse», que la nature est belle chez nous, etc.
Je ne veux pas «péter vot' balloune», mais le Québec n'est pas si beau, il est même plus souvent qu'autrement simplement laid !
Promenez-vous au Québec. Qu'y voyez-vous? Des autoroutes (en mauvais état), des infrastructures routières (laides et en décrépitude), des concessionnaires automobiles et des restos pas bons aux bannières désuètes dans toutes les entrées des villes, des maisons placardées d'aluminium ou de pvc, des pylônes électriques, des centres d'achat et des parkings, des banlieues mornes et tristes, des villages désertés, souvent déprimés, sinon déprimants... Plein de paysages gâchés par toutes sortes de merdes qui témoignent de notre absence de culture et de notre mépris pour la beauté.
Bon ok, il y a du beau : Plusieurs églises et quelques villages qui résistent à la laideur envahissante, le ciel abitibien, la vallée de la Jacques-Cartier, celle de la rivière Malbaie, le parc Forillon, certaines vues sur le fleuve, d'autres sur le fjord, les plages de sable blanc de la basse côte-nord, les monts Groulx et les Chics-chocs, plusieurs lacs et rivières cachés encore préservés de la stupidité de ceux qui «bâtissent» le pays (et détruisent nos paysages et milieux de vie!). En fait, nos décideurs ne bâtissent pas le pays, ils salopent une province!
À défaut de faire du Québec un pays, pourrait-on le rêver mieux et planifier son développement futur pour qu'il redevienne simplement beau? Nos artistes, architectes, urbanistes et décideurs qui ont un minimum d'ambition devraient se lever et tasser les mononcs épais et corrompus qui écrivent nos plans d'aménagement et gouvernent notre «province»...
Quelques références :
1- Une série sur les expatriés de l'échangeur Turcot, autre exemple de notre bêtise perpétuée.
2- Un article sur la destruction de notre espace par des banlieues désâmées.
3- Un article sur les ruelles vertes à Montréal.
4- Et ces deux «papiers» touchant à la façon que l'on a de penser (ou d'impenser!) notre espace... ICI et ICI.
5- Le projet «Territoires» de Tristan Fortin-Le Breton.
Je ne veux pas «péter vot' balloune», mais le Québec n'est pas si beau, il est même plus souvent qu'autrement simplement laid !
Promenez-vous au Québec. Qu'y voyez-vous? Des autoroutes (en mauvais état), des infrastructures routières (laides et en décrépitude), des concessionnaires automobiles et des restos pas bons aux bannières désuètes dans toutes les entrées des villes, des maisons placardées d'aluminium ou de pvc, des pylônes électriques, des centres d'achat et des parkings, des banlieues mornes et tristes, des villages désertés, souvent déprimés, sinon déprimants... Plein de paysages gâchés par toutes sortes de merdes qui témoignent de notre absence de culture et de notre mépris pour la beauté.
Bon ok, il y a du beau : Plusieurs églises et quelques villages qui résistent à la laideur envahissante, le ciel abitibien, la vallée de la Jacques-Cartier, celle de la rivière Malbaie, le parc Forillon, certaines vues sur le fleuve, d'autres sur le fjord, les plages de sable blanc de la basse côte-nord, les monts Groulx et les Chics-chocs, plusieurs lacs et rivières cachés encore préservés de la stupidité de ceux qui «bâtissent» le pays (et détruisent nos paysages et milieux de vie!). En fait, nos décideurs ne bâtissent pas le pays, ils salopent une province!
À défaut de faire du Québec un pays, pourrait-on le rêver mieux et planifier son développement futur pour qu'il redevienne simplement beau? Nos artistes, architectes, urbanistes et décideurs qui ont un minimum d'ambition devraient se lever et tasser les mononcs épais et corrompus qui écrivent nos plans d'aménagement et gouvernent notre «province»...
Quelques références :
1- Une série sur les expatriés de l'échangeur Turcot, autre exemple de notre bêtise perpétuée.
2- Un article sur la destruction de notre espace par des banlieues désâmées.
3- Un article sur les ruelles vertes à Montréal.
4- Et ces deux «papiers» touchant à la façon que l'on a de penser (ou d'impenser!) notre espace... ICI et ICI.
5- Le projet «Territoires» de Tristan Fortin-Le Breton.
samedi 3 décembre 2011
Lire J-F Nadeau.
Il faut lire le papier de Jean-François Nadeau dans Le Devoir de ce samedi. Sur ce qui nous guette avec les conservateurs ignares au pouvoir, ce que notre système économique «produit» sans que nous nous en rendions compte... C'est beau, fort et triste à la fois.
Extraits:
«Au Kansas, l'initiative radicale du gouverneur a été saluée par des groupes néolibéraux, dont celui du milliardaire David Koch, qui affirment, selon une perspective bien arrêtée, qu'aucun citoyen ne devrait voir une partie de ses taxes utilisée «pour financer les goûts de ceux qui siègent dans des commissions culturelles». Dans la béance de ce raisonnement, soustraire de l'argent afin d'enrichir l'ignorance ne semble pas choquer.
(...)
Et pendant ce temps, au royal Canada, les sbires de Stephen Harper sourient en montrant les dents. Ils le font en idéologues convaincus, souvent à la manière fine d'une Nathalie Elgraby de l'Institut économique de Montréal qui, du haut de sa chaire de chroniqueuse des quotidiens de Quebecor, soutient que les artistes sont confits en tabous qu'il importe de briser au plus vite, quitte à fracasser pour ce faire les arts autant que les créateurs.
La richesse des riches et le maintien de ceux qui le sont à demi pour les servir — la classe moyenne — exigent que tout ce qui est public soit privatisé afin de mieux contribuer au bonheur des puissants, y compris au chapitre de la culture.»
Autre passage, critiquant l'obscénité de la guignolée des médias:
«La situation économique tragique que décrit Alain Deneault permet à des gens de bonne volonté, du genre de René Homier-Roy, de vendre tout sourire des soirées au champagne ou une balade en Rolls-Royce pour aider les pauvres, étant entendu, comme l'animateur le déclarait le 25 novembre à la radio de nos impôts, que «les riches, on ne les attire pas avec des affaires qui ne les intéressent pas». Pour s'occuper de la pauvreté, il faut donc désormais gaver davantage encore les riches, tout en les remerciant ensuite de leurs excès si profitables à l'ensemble de la société... »
Extraits:
«Au Kansas, l'initiative radicale du gouverneur a été saluée par des groupes néolibéraux, dont celui du milliardaire David Koch, qui affirment, selon une perspective bien arrêtée, qu'aucun citoyen ne devrait voir une partie de ses taxes utilisée «pour financer les goûts de ceux qui siègent dans des commissions culturelles». Dans la béance de ce raisonnement, soustraire de l'argent afin d'enrichir l'ignorance ne semble pas choquer.
(...)
Et pendant ce temps, au royal Canada, les sbires de Stephen Harper sourient en montrant les dents. Ils le font en idéologues convaincus, souvent à la manière fine d'une Nathalie Elgraby de l'Institut économique de Montréal qui, du haut de sa chaire de chroniqueuse des quotidiens de Quebecor, soutient que les artistes sont confits en tabous qu'il importe de briser au plus vite, quitte à fracasser pour ce faire les arts autant que les créateurs.
La richesse des riches et le maintien de ceux qui le sont à demi pour les servir — la classe moyenne — exigent que tout ce qui est public soit privatisé afin de mieux contribuer au bonheur des puissants, y compris au chapitre de la culture.»
Autre passage, critiquant l'obscénité de la guignolée des médias:
«La situation économique tragique que décrit Alain Deneault permet à des gens de bonne volonté, du genre de René Homier-Roy, de vendre tout sourire des soirées au champagne ou une balade en Rolls-Royce pour aider les pauvres, étant entendu, comme l'animateur le déclarait le 25 novembre à la radio de nos impôts, que «les riches, on ne les attire pas avec des affaires qui ne les intéressent pas». Pour s'occuper de la pauvreté, il faut donc désormais gaver davantage encore les riches, tout en les remerciant ensuite de leurs excès si profitables à l'ensemble de la société... »
mercredi 30 novembre 2011
Guy Delisle à Jérusalem
Chroniques de Jérusalem vient de sortir en librairie.
Je vous renvoies à ce lien et au journal Le Devoir d'aujourd'hui pour que vous plongiez comme je le fais ces temps-ci dans l’œuvre de Guy Delisle, ce bédéïste d'origine québécoise qui s'est promené un peu partout pour rendre compte de son quotidien pas si ordinaire. Le personnage central est un genre de «Paul» qui dessine des carnets sur ses observations. Léger et profond à la fois.
Je vous renvoies à ce lien et au journal Le Devoir d'aujourd'hui pour que vous plongiez comme je le fais ces temps-ci dans l’œuvre de Guy Delisle, ce bédéïste d'origine québécoise qui s'est promené un peu partout pour rendre compte de son quotidien pas si ordinaire. Le personnage central est un genre de «Paul» qui dessine des carnets sur ses observations. Léger et profond à la fois.
L'électoralisme dangereux de Legault.
Le «chef» de la CAQ, François Legault s'est déclaré contre les péages sur les ponts dans la région de Montréal. Il affirme ne pas vouloir alourdir le fardeau fiscal des Montréalais... Mensonge et mauvaise foi ! Et en plus, mauvais sens des priorités !
Les péages sur les ponts toucheraient en priorités les banlieusards, ceux que François Legault courtise et pense gagner lors des prochaines élections... Les péages seraient pourtant une solution moderne et juste : ils induisent un coût à un comportement qui est nuisible à l'environnement, aux finances publiques et qui aggrave les inégalités...
J'ai écris dans un «papier» précédent: «L'étalement urbain coûte cher à notre société sur tous les plans :
- il gruge nos dernières terres agricoles,
- favorise l'augmentation des gaz à effets de serre,
- affaiblit le lien social et éloigne l'individu des différents réseaux et services (pas fort dans un contexte de vieillissement!)
- multiplie la nécessité de construire des infrastructures lourdes et dispendieuses que nous «léguons» aux autres générations et que nous faisons financer par ceux qui n'en profitent pas directement.
Qui en effet défraie les coûts des aqueducs, de l'électricité et des routes que l'on construit pour les nouvelles banlieues? Certainement pas les acheteurs de ces nouvelles maisons ! Il y a là un enjeu qui touche autant l'intra que l'intergénérationnel... »
L'étalement urbain est dangereux pour le développement du Québec (et de la planète!), mais François Legault n'en parle pas. Il préfère augmenter les frais de scolarité ET établir des projets-pilote pour introduire davantage le privé en santé... Beau sens des priorités.
Électoralisme bête et dangereux.
Les péages sur les ponts toucheraient en priorités les banlieusards, ceux que François Legault courtise et pense gagner lors des prochaines élections... Les péages seraient pourtant une solution moderne et juste : ils induisent un coût à un comportement qui est nuisible à l'environnement, aux finances publiques et qui aggrave les inégalités...
J'ai écris dans un «papier» précédent: «L'étalement urbain coûte cher à notre société sur tous les plans :
- il gruge nos dernières terres agricoles,
- favorise l'augmentation des gaz à effets de serre,
- affaiblit le lien social et éloigne l'individu des différents réseaux et services (pas fort dans un contexte de vieillissement!)
- multiplie la nécessité de construire des infrastructures lourdes et dispendieuses que nous «léguons» aux autres générations et que nous faisons financer par ceux qui n'en profitent pas directement.
Qui en effet défraie les coûts des aqueducs, de l'électricité et des routes que l'on construit pour les nouvelles banlieues? Certainement pas les acheteurs de ces nouvelles maisons ! Il y a là un enjeu qui touche autant l'intra que l'intergénérationnel... »
L'étalement urbain est dangereux pour le développement du Québec (et de la planète!), mais François Legault n'en parle pas. Il préfère augmenter les frais de scolarité ET établir des projets-pilote pour introduire davantage le privé en santé... Beau sens des priorités.
Électoralisme bête et dangereux.
lundi 28 novembre 2011
Benkirane: 1er ministre du Maroc
Abdellilah Benkirane, Secrétaire-général du Parti Justice et développement (PJD), parti islamiste «modéré» du Maroc, sera sans doute appelé par le Roi Mohammed VI à diriger le prochain gouvernement du pays. En effet, l'une des modifications constitutionnelles adoptées par référendum le 1er juillet dernier dans la foulée de la pression de la «rue arabe» consiste à ce que le 1er ministre du pays sera dorénavant le chef du parti arrivé premier aux élections législatives...
Or, le PJD a obtenu le plus de suffrages vendredi dernier lors des élections anticipées, mais aussi le plus de sièges (ce qui n'avait pas été le cas en 2007). Le Roi offrira donc au chef du PJD, Benkirane, de former un gouvernement. Mais celui-ci devra chercher alliance avec d'autres partis pour former une majorité parlementaire puisque le PJD ne détient que 107 des 395 sièges... Benkirane a déjà mentionné son ouverture à l'égard des nationalistes du parti de l'Istiqlal - un parti historique lié à l'Indépendance du pays en 1956 - qui composaient déjà une bonne partie du gouvernement précédent.
Alors donc, que s'est-il passé? Le Maroc glisse-t-il vers l'islamisme? (*) D'abord, le PJD a mieux réussi à mobiliser son électorat, particulièrement les nouveaux arrivés des villes et une certaine élite intellectuelle en proie à une inquiétude lancinante, celle de l'occidentalisation menaçant l'identité même du pays... Il y a aussi le discrédit général envers la classe politique, considérée soit comme corrompue soit comme trop conciliante envers le Roi... Et puis, le mouvement du 20 février porté par la jeunesse marocaine a décidé de boycotter les élections, ce qui n'a pu que favoriser ceux qui y ont participé...
J'ai rencontré l'année dernière avec un groupe d'étudiants ce Benkirane. Il a un certain charisme, un peu pince sans rire. Son discours populiste facile en fait un personnage médiatique intéressant. Il a souvent condamné le Makhzen (le pouvoir de l'ombre ou l'élite du Palais...) et il se présente comme «islamiste modéré». Sa modération s'explique par le fait qu'il accepte de vivre sous l'autorité du Roi. C'est aussi pourquoi son parti a dû accepter (à contre-coeur) la réforme du code de la famille en 2004. S'opposer à cette réforme, c'était s'opposer au Roi... On voit donc que la marge de manœuvre d'un futur gouvernement du PJD demeure celle que lui permettra le Roi.
Chose certaine, Abdellilah Benkirane ne m'est pas apparu comme un homme d'une grande profondeur intellectuelle. J'ai pourtant côtoyé là-bas des intellectuels islamistes associés au PJD qui avaient une véritable pensée sur les rapports entre religion et politique... Ces intellectuels ressemblaient à plusieurs intellectuels conservateurs d'occident pour qui la culture des droits de l'homme, grande conquête de la modernité, ne doit pas pour autant se délester de la profondeur de l'expérience religieuse (**).
Issu de cette mouvance politique, Benkirane m'est au contraire apparu comme un politicien intuitif, superficiel et arrogant. À une question portant sur l'importance de l'éducation au Maroc, il a répondu par des anecdotes sur les riches berbères self-made-men du pays... Ses réponses à nos questions pourtant concrètes relevaient soit d'anecdotes, soit de slogans... Je suis sorti de cet entretien déçu de cette figure montante de la politique marocaine. (Et en plus, il a interrompu notre entretient à plusieurs reprises pour répondre à son foutu cellulaire!)
Alors M. Benkirane? Quels rapports croyez-vous qu'il faudrait favoriser entre le respect des droits individuels et le maintien de la tradition islamique pour le Maroc? Avez-vous des exemples concrets de ce dialogue qu'il faut établir entre «droit-de-l'hommisme» et islam?
Un personnage comme Benkirane peut-il réellement favoriser un rééquilibrage de la politique marocaine? Sur la question religieuse, son espace me semble très limité: le Roi demeure l'Autorité suprême. Le pouvoir du PJD repose plutôt sur le fait que c'est un parti qui n'est pas proche de l'élite économique et militaire, ni de celle du Palais. C'est déjà un changement significatif pour le Roi qui n'avait jamais vraiment concédé le pouvoir sans d'abord avoir récupéré ses anciens opposants...
Mais le chapitre sur les rapports de pouvoir entre un Parlement aujourd'hui dominé par les islamistes modérés et un «Roi moderniste» demeure à écrire ! Tout n'est pas joué...
p.s. un bogue m'empêche de vous fournir ce lien autrement :
** http://leblogueduvoisin.blogspot.com/2010/12/bientot-le-maroc.html
mercredi 23 novembre 2011
Quelques mythes confrontés.
Suivez ces capsules préparées par l'IRIS (Institut de recherche et d'information socio-économique).
En voici quelques exemples:
Celle-là est pas pire pantoute:
En voici quelques exemples:
Celle-là est pas pire pantoute:
dimanche 20 novembre 2011
Mononc Serge, le punk.
Mononc Serge est sans doute un punk, sans l'allure du punk. Le mouvement punk est né en Angleterre, dans un pays qui aime les conventions, le respect des coutumes et des traditions. Un pays qui se dit fidèle aux bonnes moeurs et au respect de la hiérarchie... Or, les punks ont toujours brisé ces «règles» et refusé la hiérarchie: par leur tenue vestimentaire, leur coiffure, leur musique, leur propos, leur vulgarité supposée mais nécessairement assumée.
En 1ère partie de Bernard Adamus vendredi dernier, Mononc Serge a fait une prestation solo punk dans l'attitude et chansonnière acoustico-trash musicalement... L'attitude punk s'exprime dans ses textes : Requiem pour la marde, Hitler Robert, Fourrer, sont des titres de chanson qui ont nécessairement pour but de briser des tabous... Et ce qu'il y a de plus fascinant là-dedans est que Mononc a réussi à faire en sorte que la salle scande haut et fort «Fourrer!» le poing levé. Et ce n'était pas gagné d'avance, car il était en 1ère partie...
Malgré le look «normal» du gars, on peut donc dire que c'est un punk. Il harrangue la foule, profère des insanités, brise les tabous, tout ça dans une bonne humeur contagieuse qui ne se prend pas au sérieux. Mais l'attitude punk de Mononc Serge va plus loin. Le gars s'auto-produit, il est son propre gérant et réussit à bâtir sa carrière en diminuant au maximum le nombre d'intermédiaires. Il pratique donc l'autogestion, valeur centrale du mouvement punk tel qu'il s'est surtout développé en Europe.
L'anarchie et l'autogestion seraient donc au coeur du mouvement punk. Et comme je l'expliquais il y a quelques semaines dans ce blogue, c'est aussi au coeur de l'esprit de la mouvance Occupy Wall street.
Mais comme Mononc Serge m'apparaît comme un véritable punk, je me dis que le gars n'hésiterait pas à ridiculiser dans une de ses chansons les militants de la place du peuple campés au Square Victoria... En fait, l'attitude punk de Mononc Serge laisse parfois penser qu'il ne respecte rien. Faux, il y a Mononc et il y a Serge. C'est le Mononc qui est grossier et souvent déplacé. Le Serge est courtois et a même de la classe... (Je le sais, c'est l'oncle de mes enfants, qui ne comprennent pas encore l'ironie lorsqu'ils l'appellent Mononc Serge!)
En fait, une des choses qui semble être respectée autant par le Mononc punk que par le Serge posé et discret, c'est la langue française. Avant de mépriser le personnage quelque peu trash de Mononc Serge, attardez-vous à ses textes. Vous verrez qu'on peut dire plein de grossièretés apparemment épouvantables dans un français recherché et bien envoyé. Et l'ironie du propos : dans plusieurs de ses tounes, il y a une dénonciation forte des dérives de notre société. Par exemple, dans «Bacaisse», Mononc Serge dénonce le culte de la maigreur qui envahit le monde de la pub et de la mode en culpabilisant celles qui ne se conforment pas à ce standard ridicule. Dans une de ses tounes de Noël, il dénonce le sentimentalisme humanitaire de l'occident qui nous montre quelques images catastrophes d'une Afrique qui se meurt pour ensuite s'empiffrer dans la surconsommation de cossins inutiles...
Les punks servent à cela : questionner les normes, briser les tabous, foutre les conventions en l'air. Déranger. Dans cet esprit, Mononc Serge est clairement l'un des punks les plus articulés qui soit.
mercredi 16 novembre 2011
La CAQ est lancée...
Bon, la Coalition pour l'Avenir du Québec (CAQ) est officiellement devenue un parti politique cette semaine. Je fais partie de ceux qui ont un certain temps espéré que ce parti puisse incarner quelque chose de positif dans le paysage politique morose du Québec actuel. Suis-je naïf?
Chose certaine, je suis déçu. Une des raisons pour lesquelles j'entretenais quelques espoirs s'explique par le positionnement de départ de François Legault qui disait grosso modo : «la querelle entre souverainistes et fédéralistes n'a débouché sur rien, il faut rebâtir un consensus sur le fait que la majorité des Québécois est nationaliste». Je crois en effet qu'avant de nous relancer dans l'aventure souverainiste, il nous faut rebâtir la confiance dans nos institutions et réaffirmer la prédominance du français.
Or, rien sur les nécessaires réformes démocratiques dans le programme ou le discours de la CAQ! Et malgré la volonté d'invoquer la clause dérogatoire pour mettre fin aux écoles passerelles (qui permettent aux riches de s'acheter le droit d'aller à l'école anglaise), je doute que la manoeuvre puisse être couronnée de succès, tant sur le plan constitutionnel (la clause dérogatoire ou nonobstant peut suspendre les articles 2 et 7 à 15 de la charte, mais la Cour Suprême a invoqué un autre article, le 24, pour invalider la loi 104) que sur le plan politique puisque M. Legault a glissé vers une politique du renoncement en matière politique : illusoire mise de côté de la question nationale, sans doute pour attirer les électeurs libéraux allergiques à tout affrontement avec Ottawa... L'attrait du pouvoir et la nécessaire caution de Paul Desmarais auraient-ils édulcorés le «nationalisme» de M. Legault?
Enfin, la principale raison pour laquelle je suis déçu de la CAQ est qu'elle promeut une vision essentiellement comptable de la société. Rien sur l'environnement, sur l'exploitation des ressources naturelles (pourtant au coeur de la crise de confiance que l'on a envers notre actuel gouvernement), sur la nécessité d'envisager un développement économique respectueux de ce que nous léguerons aux prochaines générations...
Le seul mérite de l'arrivée de la CAQ est qu'elle forcera les autres formations politiques à se positionner et à se démarquer. Cela stimulera sans doute le débat public...
Chose certaine, je suis déçu. Une des raisons pour lesquelles j'entretenais quelques espoirs s'explique par le positionnement de départ de François Legault qui disait grosso modo : «la querelle entre souverainistes et fédéralistes n'a débouché sur rien, il faut rebâtir un consensus sur le fait que la majorité des Québécois est nationaliste». Je crois en effet qu'avant de nous relancer dans l'aventure souverainiste, il nous faut rebâtir la confiance dans nos institutions et réaffirmer la prédominance du français.
Or, rien sur les nécessaires réformes démocratiques dans le programme ou le discours de la CAQ! Et malgré la volonté d'invoquer la clause dérogatoire pour mettre fin aux écoles passerelles (qui permettent aux riches de s'acheter le droit d'aller à l'école anglaise), je doute que la manoeuvre puisse être couronnée de succès, tant sur le plan constitutionnel (la clause dérogatoire ou nonobstant peut suspendre les articles 2 et 7 à 15 de la charte, mais la Cour Suprême a invoqué un autre article, le 24, pour invalider la loi 104) que sur le plan politique puisque M. Legault a glissé vers une politique du renoncement en matière politique : illusoire mise de côté de la question nationale, sans doute pour attirer les électeurs libéraux allergiques à tout affrontement avec Ottawa... L'attrait du pouvoir et la nécessaire caution de Paul Desmarais auraient-ils édulcorés le «nationalisme» de M. Legault?
Enfin, la principale raison pour laquelle je suis déçu de la CAQ est qu'elle promeut une vision essentiellement comptable de la société. Rien sur l'environnement, sur l'exploitation des ressources naturelles (pourtant au coeur de la crise de confiance que l'on a envers notre actuel gouvernement), sur la nécessité d'envisager un développement économique respectueux de ce que nous léguerons aux prochaines générations...
Le seul mérite de l'arrivée de la CAQ est qu'elle forcera les autres formations politiques à se positionner et à se démarquer. Cela stimulera sans doute le débat public...
dimanche 13 novembre 2011
Youssef: un inédit de Courtemanche.
Lisez ce texte inédit de Gil Courtemanche, décédé cette année.
Le ton est toujours polémique (et la nuance en prend un coup!), mais sur la question de notre commune humanité, y a-t-il des compromis à faire ?
Le ton est toujours polémique (et la nuance en prend un coup!), mais sur la question de notre commune humanité, y a-t-il des compromis à faire ?
vendredi 11 novembre 2011
L'Affiche à l'affiche.
photo: Philippe Ducros
Courrez à l'Espace libre pour voir L'Affiche de Philippe Ducros, dont je parlais ICI il y a plusieurs mois...
Courrez à l'Espace libre pour voir L'Affiche de Philippe Ducros, dont je parlais ICI il y a plusieurs mois...
jeudi 10 novembre 2011
USA: le conservatisme en crise?
Le candidat à l'investiture républicaine Rick Perry, actuel gouverneur du Texas et poulain de la droite économique, sociale et morale, s'est littéralement effondré hier dans un débat portant sur l'économie. Il a oublié pendant de longues secondes une des trois agences gouvernementales qu'il voulait abolir...
Pendant ce temps, le candidat de la droite fiscale, la comète Herman Cain, demeure légèrement en avance sur Mitt Romney (celui qui affrontera Obama en 2012 selon mes prédictions antérieures ... et actuelles.), malgré de multiples accusations d’agression sexuelle pesant contre lui. Les autres candidats? Michelle Bachmann, la porte-parole du Tea Party est hors jeu selon moi. On se tourne actuellement vers Newt Gingrich (the Grinch?), ex-président de la Chambre des Représentants sous Clinton. Je ne crois pas à cette candidature... Trop radicale, antipathique et controversée (plusieurs «affaires extra-conjugales»...).
Les électeurs républicains doivent se rendre à l'évidence, celui qui a le plus de chance de battre Obama en 2012 ne plaît pas à la base militante et bruyante du parti. Il faut dire que Romney est vulnérable: on pourrait lui faire le coup que W. Bush a fait à John Kerry en 2004, c-à-d le traiter de «flip-flopper», celui qui change d'idées comme il change de chemise. Romney a en effet fait adopter lorsqu'il était Gouverneur du Massachussetts, une réforme de l'assurance-santé qui a inspiré le Obamacare tant décrié par la droite aux USA... Il conteste aujourd'hui sa constitutionnalité sous prétexte qu'elle ne respecte pas le partage des responsabilités entre les États fédérés et l'État fédéral.
On peut donc constater qu'il y a une rupture de plus en plus évidente entre le choix que les Républicains devraient faire pour gagner - c-à-d pour convaincre les électeurs centristes qui déterminent d'élections en élections le vainqueur à la présidence - et le choix qu'ils sont enclins à faire s'ils suivent leurs convictions profondes. Comme si le conservatisme militant se détachait de plus en plus de la majorité de façon évidente...
Trois autres illustrations de cet hiatus entre les priorités du conservatisme aux USA et celles de la majorité de la population : les référendums perdus cette semaine au Mississippi et en Ohio. Le 1er portait sur le fait de donner le statut de «personne» à l'embryon humain. Ceci avait pour objectif de bloquer le droit à l'avortement et de restreindre la fécondation et la recherche en fertilité... 55% des gens ont rejeté la proposition. En Ohio, c'est la volonté du Gouverneur républicain de mettre fin à la capacité des travailleurs du secteur public de négocier leur convention collective qui a été rejetée à 62%. Enfin, en Arizona, le Président du Sénat de l'État, Russell Pearce, vient d'être destitué par un «Recall» (une procédure de destitution orchestrée par l'électorat). Pearce est l'homme à l'origine de la loi la plus dure jamais adoptée contre les immigrants illégaux...
Le conservatisme américain semble en crise! Et Obama n' pas encore osé prendre le taureau par les cornes et affronter le Congrès sur la question des impôts des plus riches... Pourtant, les mouvances du type Occupy Wall street qui n'ont pas de priorités clairement établies mais qui recueillent la sympathie du public, devraient normalement converger vers cette priorité d'action. Comme disait Obama en 2008 à Joe the plumber : «Well Joe, we've got to spread the wealth !»
P.S. Pendant ce temps, chez nous, le conservatisme fortement américanisé de Stephen Harper creuse son sillon... Nous y reviendrons...
Pendant ce temps, le candidat de la droite fiscale, la comète Herman Cain, demeure légèrement en avance sur Mitt Romney (celui qui affrontera Obama en 2012 selon mes prédictions antérieures ... et actuelles.), malgré de multiples accusations d’agression sexuelle pesant contre lui. Les autres candidats? Michelle Bachmann, la porte-parole du Tea Party est hors jeu selon moi. On se tourne actuellement vers Newt Gingrich (the Grinch?), ex-président de la Chambre des Représentants sous Clinton. Je ne crois pas à cette candidature... Trop radicale, antipathique et controversée (plusieurs «affaires extra-conjugales»...).
Les électeurs républicains doivent se rendre à l'évidence, celui qui a le plus de chance de battre Obama en 2012 ne plaît pas à la base militante et bruyante du parti. Il faut dire que Romney est vulnérable: on pourrait lui faire le coup que W. Bush a fait à John Kerry en 2004, c-à-d le traiter de «flip-flopper», celui qui change d'idées comme il change de chemise. Romney a en effet fait adopter lorsqu'il était Gouverneur du Massachussetts, une réforme de l'assurance-santé qui a inspiré le Obamacare tant décrié par la droite aux USA... Il conteste aujourd'hui sa constitutionnalité sous prétexte qu'elle ne respecte pas le partage des responsabilités entre les États fédérés et l'État fédéral.
On peut donc constater qu'il y a une rupture de plus en plus évidente entre le choix que les Républicains devraient faire pour gagner - c-à-d pour convaincre les électeurs centristes qui déterminent d'élections en élections le vainqueur à la présidence - et le choix qu'ils sont enclins à faire s'ils suivent leurs convictions profondes. Comme si le conservatisme militant se détachait de plus en plus de la majorité de façon évidente...
Trois autres illustrations de cet hiatus entre les priorités du conservatisme aux USA et celles de la majorité de la population : les référendums perdus cette semaine au Mississippi et en Ohio. Le 1er portait sur le fait de donner le statut de «personne» à l'embryon humain. Ceci avait pour objectif de bloquer le droit à l'avortement et de restreindre la fécondation et la recherche en fertilité... 55% des gens ont rejeté la proposition. En Ohio, c'est la volonté du Gouverneur républicain de mettre fin à la capacité des travailleurs du secteur public de négocier leur convention collective qui a été rejetée à 62%. Enfin, en Arizona, le Président du Sénat de l'État, Russell Pearce, vient d'être destitué par un «Recall» (une procédure de destitution orchestrée par l'électorat). Pearce est l'homme à l'origine de la loi la plus dure jamais adoptée contre les immigrants illégaux...
Le conservatisme américain semble en crise! Et Obama n' pas encore osé prendre le taureau par les cornes et affronter le Congrès sur la question des impôts des plus riches... Pourtant, les mouvances du type Occupy Wall street qui n'ont pas de priorités clairement établies mais qui recueillent la sympathie du public, devraient normalement converger vers cette priorité d'action. Comme disait Obama en 2008 à Joe the plumber : «Well Joe, we've got to spread the wealth !»
P.S. Pendant ce temps, chez nous, le conservatisme fortement américanisé de Stephen Harper creuse son sillon... Nous y reviendrons...
mardi 8 novembre 2011
VLB: figure d'une nation.
Victor-Lévy Beaulieu vient de remporter le prix Gilles-Corbeil, plus haute distinction de la littérature québécoise, pour l'ensemble de son oeuvre.
Je ne suis pas un grand lecteur de VLB, je me souviens plus de L'Héritage, télé-roman fascinant sur une histoire de famille tordue, avec une parlure riche, imagée, hors du réel et pourtant fortement ancrée dans un petit bout de terre nommé Québec.
Lisez l'hommage rendu par la Présidente du Jury, Lise Bissonnette, dans Le Devoir d'aujourd'hui. À sa lecture, on comprend l'importance d'un homme comme VLB pour toute nation qui se respecte et qui a encore comme projet d'exister...
VLB n'est pas qu'un écrivain gigantesque, c'est aussi un éditeur important, qui contribue à faire naître de nouveaux talents chez nous en enrichissant notre langue et notre imaginaire, en renouvelant notre culture : notre principale richesse naturelle inépuisable !
Et en plus, VLB est un lecteur important. Je comprends de nouveau l'importance de la lecture ces temps-ci... J'ai plusieurs étudiants qui «lisent» les mots mais ne comprennent pas le texte. Plusieurs autres «photographient» de façon diagonale le texte à lire, ce qui débouche sur plusieurs incompréhensions ou pire, sur rien du tout. La lecture enrichit le vocabulaire, développe l'imaginaire, déconstruit et reconstruit le récit comme aucun autre medium peut le faire... Avoir des difficultés en lecture au XXIe siècle compromettra votre capacité à devenir libre.
Devant l'érosion du sentiment national et la pauvreté culturelle qui nous assaillent, VLB est un phare qui nous rappelle que la culture est une denrée essentielle pour tous et que pour être universel, il faut d'abord être de chez soi!
dimanche 6 novembre 2011
Bilan musical 2011.
Comme à chaque année depuis que ce blogue existe, l'automne est le moment de faire le bilan de la moisson musicale de l'année.
Dans le désordre :
1- John Mellencamp, No better than this. Un album folk-blues, enregistré dans 3 endroits mythiques de l'Amérique, avec Marc Ribot (le guitariste de Tom Waits et de John Zorn... un artiste de grand calibre) et T-Bone Burnett (LE réalisateur de l'heure de la musique Americana);
2- The Beastie Boys, Hot Sauce committee part II. Comme un retour aux sources pour les mauvais garçons : un son un peu brut, de l'écho dans le micro, mais avec des textures reggae parfois, funk d'autres fois. Un bon son brut pour les truands ! Un album réussi, qui fait parfois penser au 1er Bran Van 3000 par son esprit éclaté.
3- Malajube, La caverne.
Une autre réussite pour Malajube ! Je n'aimais pas le premier. J'ai aimé quelques tounes du 2e. J'ai adoré Labyrinthe... Le dernier album de ce groupe bruyant est plus pop, semi-disco dans son ambiance. Excellentes tounes de bar.
4- Phlippe B., Variations fantômes.
C'est le 3e album (ils sont tous très bons !) de Philippe B., l'ex-chanteur de Gwenwed, aussi guitariste pour Pierre Lapointe. Le gars est trop discret pour être une star, mais son talent est indéniable : une voix à la JP Ferland, des paroles simples mais évocatrices, des mélodies accrocheuses et des arrangements originaux, qui puisent en partie leur inspiration (en faisant des repiquages numériques) chez de nombreux compositeurs classiques (Bach, de Bussy, Vivaldi, etc.) Et si le procédé est casse-gueule - on aurait pu «crémer épais» - il est au contraire subtil et dénote un véritable talent de mélodiste, une belle oreille musicale.
5- Joseph Arthur, The graduation ceremony. (Au Corona le 2 décembre). Vous savez combien j'aime Joe, ce multi-artiste, créateur boulimique, qui ne cesse jamais de se réinventer en show. Son dernier enregistrement est un folk-rock simple, beau, tranquille, un peu nostalgique. C'est comme un phare quand on ne sait plus quoi écouter.
6- Ben Harper, Give till it's gone. Parlant de valeurs sûres, Ben Harper est pour moi un idéal masculin... Beau, intelligent, talentueux, généreux, capable de rocker dur comme de nous bercer avec des hymnes d'une beauté quasi-religieuse... Cet album au son rock ressemble à celui enregistré avec les Relentless 7... C'est pas son meilleur, mais un bon Ben Harper, c'est déjà au-dessus de la moyenne !
7- Gillian Welch, The Harrow and the Harvest. Du pur country, au sens d'une musique qui viendrait d'un «contrée lointaine et encore pure», non-contaminée par l'industrie musicale. Cette industrie qui finirait par formater le son unique mais pourtant éternel et presque déjà entendu de Gillian Welch.
8- Sam Roberts band, Collider. À des milles et des milles de Gillian Welch, Sam Roberts nous offre l'une des meilleures pop-rock disponible dans «l'industrie». Un très bon album, qui s'écoute sans anicroches. Des belles mélodies et des beats accrocheurs.
9- Tire le coyote, Le fleuve en huile. Un très bon groupe country un peu sale. Un chanteur de talent, au jeu musical (guitare électrique et voix) un peu décalé. À voir en show autour d'une bière ou d'un scotch !
10- Galaxie, Tigre et Diésel. Le Guitar hero du rock québécois, Olivier Langevin, nous offre ici des riffs qui groovent forts, avec une batterie qui buche solide, sans que ce soit insupportable comme Gros Mené (autre projet sur lequel Fred Fortin s'impliquait aussi, une sorte de post-doctorat en bruit et distorsion). Du gros rock accessible.
J'ai pas encore plongé dans le dernier Feist, ni dans le dernier PJ Harvey dont on dit beaucoup de bien. Je viens de me procurer le dernier Tom Waits, intitulé Bad as me. Excellent ! Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sera un peu rébarbatif, mais si on compare avec ses albums précédents, il est plus accessible. On reviendra un jour sur cet artiste incomparable qu'est Tom Waits. Bluesman des villes, l'un des plus grands créateurs de chanson des USA. Tom a traversé tous les styles : du blues, du folk, du blues plus sale, du jazz, de la musique de cirque, du rock, de la musique expérimentale, de l'orchestration de bruits de tous genres...
Et vous? Vos découvertes musicales de l'année?
Dans le désordre :
1- John Mellencamp, No better than this. Un album folk-blues, enregistré dans 3 endroits mythiques de l'Amérique, avec Marc Ribot (le guitariste de Tom Waits et de John Zorn... un artiste de grand calibre) et T-Bone Burnett (LE réalisateur de l'heure de la musique Americana);
2- The Beastie Boys, Hot Sauce committee part II. Comme un retour aux sources pour les mauvais garçons : un son un peu brut, de l'écho dans le micro, mais avec des textures reggae parfois, funk d'autres fois. Un bon son brut pour les truands ! Un album réussi, qui fait parfois penser au 1er Bran Van 3000 par son esprit éclaté.
3- Malajube, La caverne.
Une autre réussite pour Malajube ! Je n'aimais pas le premier. J'ai aimé quelques tounes du 2e. J'ai adoré Labyrinthe... Le dernier album de ce groupe bruyant est plus pop, semi-disco dans son ambiance. Excellentes tounes de bar.
4- Phlippe B., Variations fantômes.
C'est le 3e album (ils sont tous très bons !) de Philippe B., l'ex-chanteur de Gwenwed, aussi guitariste pour Pierre Lapointe. Le gars est trop discret pour être une star, mais son talent est indéniable : une voix à la JP Ferland, des paroles simples mais évocatrices, des mélodies accrocheuses et des arrangements originaux, qui puisent en partie leur inspiration (en faisant des repiquages numériques) chez de nombreux compositeurs classiques (Bach, de Bussy, Vivaldi, etc.) Et si le procédé est casse-gueule - on aurait pu «crémer épais» - il est au contraire subtil et dénote un véritable talent de mélodiste, une belle oreille musicale.
5- Joseph Arthur, The graduation ceremony. (Au Corona le 2 décembre). Vous savez combien j'aime Joe, ce multi-artiste, créateur boulimique, qui ne cesse jamais de se réinventer en show. Son dernier enregistrement est un folk-rock simple, beau, tranquille, un peu nostalgique. C'est comme un phare quand on ne sait plus quoi écouter.
6- Ben Harper, Give till it's gone. Parlant de valeurs sûres, Ben Harper est pour moi un idéal masculin... Beau, intelligent, talentueux, généreux, capable de rocker dur comme de nous bercer avec des hymnes d'une beauté quasi-religieuse... Cet album au son rock ressemble à celui enregistré avec les Relentless 7... C'est pas son meilleur, mais un bon Ben Harper, c'est déjà au-dessus de la moyenne !
7- Gillian Welch, The Harrow and the Harvest. Du pur country, au sens d'une musique qui viendrait d'un «contrée lointaine et encore pure», non-contaminée par l'industrie musicale. Cette industrie qui finirait par formater le son unique mais pourtant éternel et presque déjà entendu de Gillian Welch.
8- Sam Roberts band, Collider. À des milles et des milles de Gillian Welch, Sam Roberts nous offre l'une des meilleures pop-rock disponible dans «l'industrie». Un très bon album, qui s'écoute sans anicroches. Des belles mélodies et des beats accrocheurs.
9- Tire le coyote, Le fleuve en huile. Un très bon groupe country un peu sale. Un chanteur de talent, au jeu musical (guitare électrique et voix) un peu décalé. À voir en show autour d'une bière ou d'un scotch !
10- Galaxie, Tigre et Diésel. Le Guitar hero du rock québécois, Olivier Langevin, nous offre ici des riffs qui groovent forts, avec une batterie qui buche solide, sans que ce soit insupportable comme Gros Mené (autre projet sur lequel Fred Fortin s'impliquait aussi, une sorte de post-doctorat en bruit et distorsion). Du gros rock accessible.
J'ai pas encore plongé dans le dernier Feist, ni dans le dernier PJ Harvey dont on dit beaucoup de bien. Je viens de me procurer le dernier Tom Waits, intitulé Bad as me. Excellent ! Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sera un peu rébarbatif, mais si on compare avec ses albums précédents, il est plus accessible. On reviendra un jour sur cet artiste incomparable qu'est Tom Waits. Bluesman des villes, l'un des plus grands créateurs de chanson des USA. Tom a traversé tous les styles : du blues, du folk, du blues plus sale, du jazz, de la musique de cirque, du rock, de la musique expérimentale, de l'orchestration de bruits de tous genres...
Et vous? Vos découvertes musicales de l'année?
mercredi 2 novembre 2011
L'inculture.
Don Cherry serait sur le point de recevoir un Doctorat Honoris causa du Collège militaire (Royal) de Kingston !
J'ai toujours cru que le Canada anglais avait une réelle culture : George Grant, Faulkner, Atwood... Il me semblait qu'il était exagéré ou de mauvaise foi de dire que le Roc, c'était les USA en moins hot ! Mais là ! Don Cherry !
Ce gars-là est un MINABLE : il n'a rien accompli de vraiment significatif. Joué au Hockey mineur et coaché les Bruins à une époque où le CH (notre sainte flanelle) les plantaient solide !
Sinon, c'est un xénophobe mal habillé!
Espérons que plusieurs voix se lèvent pour décrier une telle insulte à l'éducation, au savoir, à la culture, à tout ce que vous pensez qui a de la valeur !
mardi 1 novembre 2011
Chaplin: le despote éclairé.
En ces temps de déprime politique et de désenchantement du monde, il est toujours pertinent de se rabattre sur des valeurs sûres... Charlie Chaplin, parodiant Adolf Hitler dans The Great Dictator, nous offre un discours idéaliste et humaniste d'une grande beauté et d'une grande actualité !
Il faut se rappeler la force de ce film, réalisé en 1940, sur les délires du nazisme et des fascismes en Europe. Chaplin termine son film sur une note d'espoir, comme si un éclair de lucidité et d'humanité traversait soudainement le tyran Hynkel qu'il incarne simultanément au personnage du barbier juif ostracisé et réprimé dans ce chef d'oeuvre du cinéma.
Il faut se rappeler la force de ce film, réalisé en 1940, sur les délires du nazisme et des fascismes en Europe. Chaplin termine son film sur une note d'espoir, comme si un éclair de lucidité et d'humanité traversait soudainement le tyran Hynkel qu'il incarne simultanément au personnage du barbier juif ostracisé et réprimé dans ce chef d'oeuvre du cinéma.
dimanche 30 octobre 2011
Michael Jerome Brown: Montréal delta blues.
J'ai assisté hier au spectacle de Michael Jerome Brown à l'Astral. Le gars est un anglo de Montréal qui côtoie la scène blues depuis plusieurs années (il a joué avec Stephen Barry). Le son est parfait dans cette salle. Les «picking» de Jerome Brown étaient clairs, le son des instruments (banjo rudimentaire, guitares de toutes sortes, harmonica, bottle-neck pour jouer de la slide, planche à laver et drum) impeccables.
Son blues est celui du delta du Mississippi. Simple, racontant les déboires de la vie et la mort.
J'ai déjà fait le long trajet du blues en train, de Chicago à New-Orleans. On y voit la fracture géographique et culturelle entre le nord et le sud des USA, tout en comprenant le lien qui cimente ce pays des extrêmes... Le blues, bien qu'ayant des origines ouest-africaines (Mali et Sénégal), est une musique proprement nord-américaine. Elle est au fondement du folk, du country (le blues des blancs), du jazz et du rock.
En écoutant Michael Jerome Brown hier, je me suis rappelé mes après-midis en Louisiane à errer dans le french quarter, à écouter les bluesman des bancs de parc et des squares... Le gars nous amène à Montréal, en plein automne frisquet, une draft de chaleur un peu humide, mais ô combien réconfortante.
Son blues est celui du delta du Mississippi. Simple, racontant les déboires de la vie et la mort.
J'ai déjà fait le long trajet du blues en train, de Chicago à New-Orleans. On y voit la fracture géographique et culturelle entre le nord et le sud des USA, tout en comprenant le lien qui cimente ce pays des extrêmes... Le blues, bien qu'ayant des origines ouest-africaines (Mali et Sénégal), est une musique proprement nord-américaine. Elle est au fondement du folk, du country (le blues des blancs), du jazz et du rock.
En écoutant Michael Jerome Brown hier, je me suis rappelé mes après-midis en Louisiane à errer dans le french quarter, à écouter les bluesman des bancs de parc et des squares... Le gars nous amène à Montréal, en plein automne frisquet, une draft de chaleur un peu humide, mais ô combien réconfortante.
vendredi 28 octobre 2011
John Mellencamp et l'Amérique profonde.
J'ai assisté au concert de John Mellencamp (il n'est plus «Cougar» depuis la fin des années 1980 !) hier à la Place des arts. 2h30 de musique continue, avec un vieux folkman de l'Indiana, membre du Rock n' Roll Hall of Fame.
La soirée a commencé avec un film sur le dernier album de John, intitulé No better than this et enregistré dans trois endroits mythiques de l'Amérique : une église Baptiste où le mouvement des droits civiques a commencé; le studio d'enregistrement d'Elvis à Memphis et la chambre d'Hôtel où les classiques du blues de Robert Johnson ont été enregistrées, à San Antonio, Texas.
John Mellencamp est considéré comme un rocker, mais c'est un «folker» qui sait rocker : l'accordéon, le violon, la mandoline, le banjo et les guitares acoustiques sont au cœur de ses mélodies, même dans les années 1980, qui étaient pourtant très «synthétisées»... JM vient d'une «small town» et il entretient cet idéal d'une Amérique proche de la terre, de sa famille et des plaisirs simples (et immatériels) partagés.
Réentendre ses chansons hier soir me confirme combien c'est un bon parolier, toujours pertinent et actuel: il dénonce l'effritement de l'American dream pour la classe moyenne, le mépris à l'égard des autres, le développement de banlieues dépersonnalisées et destructeur des «communautés» de l'Amérique profonde. Son discours est à gauche sur le plan social tout en ayant un fort penchant traditionaliste : respect pour la famille, la terre, la simplicité, la générosité, l'amour du prochain. Et malgré cette apparente nostalgie d'une Amérique perdue, on comprend aussi que John porte toujours un rêve : celui de travailler à un monde meilleur : Save some time to dream... Cause the dream could save us all !
Ci-dessous, le vidéo original de Cherry Bomb (1987 !), la dernière toune de la soirée hier... Notez le couple mixte, en pleine ère Reagan... The Lonesome Jubilee est sans doute le meilleur album anti-Reagan - on y dénonce l'impérialisme culturel des USA, les inégalités sociales qui s'accroissent, le racisme, la pollution, l'individualisme à outrance de ces années... (années 1980 vous avez dit ?) C'est plus réussi que Born in the USA de Springsteen... et ça vieillit mieux !
La soirée a commencé avec un film sur le dernier album de John, intitulé No better than this et enregistré dans trois endroits mythiques de l'Amérique : une église Baptiste où le mouvement des droits civiques a commencé; le studio d'enregistrement d'Elvis à Memphis et la chambre d'Hôtel où les classiques du blues de Robert Johnson ont été enregistrées, à San Antonio, Texas.
John Mellencamp est considéré comme un rocker, mais c'est un «folker» qui sait rocker : l'accordéon, le violon, la mandoline, le banjo et les guitares acoustiques sont au cœur de ses mélodies, même dans les années 1980, qui étaient pourtant très «synthétisées»... JM vient d'une «small town» et il entretient cet idéal d'une Amérique proche de la terre, de sa famille et des plaisirs simples (et immatériels) partagés.
Réentendre ses chansons hier soir me confirme combien c'est un bon parolier, toujours pertinent et actuel: il dénonce l'effritement de l'American dream pour la classe moyenne, le mépris à l'égard des autres, le développement de banlieues dépersonnalisées et destructeur des «communautés» de l'Amérique profonde. Son discours est à gauche sur le plan social tout en ayant un fort penchant traditionaliste : respect pour la famille, la terre, la simplicité, la générosité, l'amour du prochain. Et malgré cette apparente nostalgie d'une Amérique perdue, on comprend aussi que John porte toujours un rêve : celui de travailler à un monde meilleur : Save some time to dream... Cause the dream could save us all !
Ci-dessous, le vidéo original de Cherry Bomb (1987 !), la dernière toune de la soirée hier... Notez le couple mixte, en pleine ère Reagan... The Lonesome Jubilee est sans doute le meilleur album anti-Reagan - on y dénonce l'impérialisme culturel des USA, les inégalités sociales qui s'accroissent, le racisme, la pollution, l'individualisme à outrance de ces années... (années 1980 vous avez dit ?) C'est plus réussi que Born in the USA de Springsteen... et ça vieillit mieux !
dimanche 23 octobre 2011
Le Québec est-il égalitaire?
J'attire votre attention sur un ouvrage dirigé par Miriam Fahmy et publié par L'INM: L'état du Québec 2011.
À sa lecture, on y comprend que malgré le projet inégalitaire que j'ai condamné à plusieurs reprises dans ce blogue, le Québec constitue une sorte de «village gaulois» de l'égalité en Amérique et même en Occident parce que plusieurs de ses politiques (progressivité relative des impôts et politiques sociales redistributives) diminuent de façon assez efficace (lorsque l'on se compare...) la grande pauvreté.
Ceci n'empêche pas de condamner le fait que la classe moyenne s'érode et que les plus riches d'entre les riches s'enrichissent... Ceci ne nous empêche pas de relever le fait que depuis les années 1980, le nombre de paliers d'imposition a chuté de 13 (!) au Québec, passant de 16 à 3. Pendant ce temps, les taxes et tarifs, qui affectent davantage les ménages à faibles revenus, ont augmenté. Et cette tendance s'accélère sous les libéraux de Jean Charest (frais de scolarité, taxe-santé uniforme, taxes de vente, etc.).
Le dossier monté par l'état du Québec 2011 ne fait que démontrer que nous réussissons mieux qu'ailleurs à freiner la croissance des inégalités...
Mais un type d'inégalité est peu abordé dans ce dossier par ailleurs fort intéressant. Il s'agit des inégalités intergénérationnelles. Pour plusieurs raisons, les prochaines générations vont clairement subir une dégradation de leurs conditions de vie par rapport aux générations précédentes. On dit même que le XXIe siècle serait le premier siècle de l'ère moderne où les conditions de vie des générations montantes seront moins bonnes que celles des générations qui les ont précédé. Comme si on assistait à une panne de l'ascenseur social...
La 1ère de ces raisons s'explique par la crise écologique. Les autres touchent aux changements démographiques et à certaines pratiques qui tardent à répondre aux défis posés par le vieillissement.
1- La crise écologique :
Lorsque l'on parle d'égalité intergénérationnelle, il me semble que la question environnementale surgit normalement. En effet, la notion (galvaudée par le «greenwashing» des conseillers en communication du gouvernement Charest) de développement durable implique «un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs...»
Or, notre actuel mode de développement économique engendre des crises à répétition, augmente les écarts de richesse et détruit notre planète. La gauche doit réarticuler sa vision du monde et tenir compte du fait que la croissance ne peut être sans fin. Il nous faut briser ce mythe de la croissance économique continue. Le monde dans lequel nous vivons est un monde fini. Notre planète n'a pas de capacités infinies. Longtemps, les sociaux-démocrates (et les keynésiens) ont privilégié un mode de développement qui suscitait (en stimulant la demande) la croissance économique pour ensuite mieux répartir la richesse ainsi créée... Nous ne pouvons plus agir dans ce paradigme qui est une fuite en avant.
Que faire ? Il nous faut repenser la croissance : détaxer le travail (diminuer les charges fiscales associées aux heures travaillées) et taxer les ressources naturelles épuisables. Bien sûr, pour limiter l'impact régressif de telles mesures sur les moins nantis, il faudra penser à des exemptions de base : en deçà d'une certaine consommation d'eau et d'électricité, le coût est abordable... Au-dessus de ce niveau de consommation, le tarif double !
Repenser la croissance implique aussi une «définanciarisation» de notre économie. Celle-ci doit se mettre au service de la création d'emploi et non au service d'une spéculation financière qui ne profite qu'à quelques-uns... Par exemple, Pourquoi ne pas proposer une exemption de taxe pour tous les produits «faits au Québec»? Ceci favoriserait directement la création d'emplois chez nous, ce qui diminuerait sans doute la nécessité de programmes de soutien et de subventions complexes aux divers secteurs de notre économie.
Le défi pour la gauche d'aujourd'hui est de penser à des solutions qui luttent pour une plus grande égalité intragénérationnelle (c'est le programme classique de la gauche, qui est toujours pertinent) tout en développant un programme pour l'égalité intergénérationnelle (que lèguerons-nous à nos enfants? Une dette publique astronomique, des fonds de pension insolvables et une planète où l'espace habitable est sans cesse comprimé par une raréfaction de l'eau, de l'air et de la nourriture???) Trop souvent, le discours de la gauche accuse ceux qui sont préoccupés par l'intergénérationnel d'être de droite...
2- Le vieillissement comme opportunité pour corriger les inégalités intergénérationnelles :
Pourtant, si un boomer prend sa retraite à 60 ans aujourd'hui, un problème d'iniquité intergénérationnelle se pose. Cette génération n'a pas suffisamment cotisé à son fonds de retraite par rapport à ce qu'elle en retirera... L'espérance de vie augmente, les coûts du système de santé aussi. Si quelqu'un se retire du marché du travail avant son temps, il me semble que l'on devrait exiger qu'il paye une taxe-santé annuelle pour pallier à l'augmentation des coûts du système et corriger cette inégalité intergénérationnelle... C'est dans cette optique qu'il nous faut repousser l'âge de la retraite. Il nous faut ajuster nos politiques du monde du travail à la réalité du vieillissement. L'espérance de vie s'est allongée, l'âge de la retraite doit bouger en conséquence. Tout cela peut se faire harmonieusement dans une logique de partage et de réduction du temps de travail avec les plus jeunes générations (ça tombe bien, celles-ci veulent davantage s'occuper de leurs jeunes enfants et bénéficier du transfert de connaissance des plus vieux...).
On voit donc que la situation précaire de notre planète, combinée aux impacts du vieillissement, exigent de repenser le combat pour l'égalité en mettant en exergue la question de l'égalité intergénérationnelle. Ceci m'amène à rectifier certaines positions tenues dans ce blogue précédemment.
En replongeant dans mes classiques de la philo politique (J.S. Mill, J. Rawls, R. Dworkin), je me suis dit que mes positions antérieures en ce qui a trait au financement de l'éducation méritaient d'être révisées. Puisque je m'inquiétais de la disparition de la rigueur, de l'assiduité et de l'effort à l'école, j'ai basculé quelques temps en faveur d'une augmentation significative des frais de scolarité, dans la mesure où l'accès à l'éducation supérieure demeurait universel (donc accompagné d'une aide financière aux études dirigée vers les moins nantis)...
Je change aujourd'hui d'idée et fait la promotion d'un panier de service universel et gratuit pour le citoyen, en santé et en éducation. Ceci n'empêcherait pas d'introduire une taxe à l'échec pour ceux qui passent 6 ans au Cégep par exemple ou d'imposer une taxe-santé pour ceux qui prennent leur retraite avant le terme, mais ceci assurerait un accès plus simple et plus direct aux biens de première nécessité ou à ce que l'on appelle quelques fois l'accès aux droits économiques et sociaux.
On voit donc qu'il nous faut dorénavant penser la recherche de l'égalité autant dans l'intra que dans l'intergénérationnel. Le défi consiste aussi à ne pas opposer ces deux nécessités et à trouver la complémentarité de ces objectifs.
Il m'apparaît que pour ce faire, il nous faut davantage soutenir le développement économique de notre province (notre nation!), donc «démondialiser» en quelque sorte, surtout dans le domaine de l'agriculture: une crise alimentaire mondiale est à nos portes, il nous faudra moins dépendre des autres pour nous nourrir !
Un autre exemple de cette convergence entre égalité intragénérationelle et intergénérationnelle touche à nos politiques d'urbanisme. L'étalement urbain coûte cher à notre société sur tous les plans :
- il gruge nos dernières terres agricoles,
- favorise l'augmentation des gaz à effets de serre,
- affaiblit le lien social et éloigne l'individu des différents réseaux et services (pas fort dans un contexte de vieillissement!)
- multiplie la nécessité de construire des infrastructures lourdes et dispendieuses que nous «léguons» aux autres générations et que nous faisons financer par ceux qui n'en profitent pas directement.
Qui en effet défraie les coûts des aqueducs, de l'électricité et des routes que l'on construit pour les nouvelles banlieues? Certainement pas les acheteurs de ces nouvelles maisons ! Il y a là un enjeu qui touche autant l'intra que l'intergénérationnel...
À ce titre, le Québec est loin d'être une société égalitaire et l'équilibre entre l'intra et l'intergénérationnel n'est pas atteint.
À sa lecture, on y comprend que malgré le projet inégalitaire que j'ai condamné à plusieurs reprises dans ce blogue, le Québec constitue une sorte de «village gaulois» de l'égalité en Amérique et même en Occident parce que plusieurs de ses politiques (progressivité relative des impôts et politiques sociales redistributives) diminuent de façon assez efficace (lorsque l'on se compare...) la grande pauvreté.
Ceci n'empêche pas de condamner le fait que la classe moyenne s'érode et que les plus riches d'entre les riches s'enrichissent... Ceci ne nous empêche pas de relever le fait que depuis les années 1980, le nombre de paliers d'imposition a chuté de 13 (!) au Québec, passant de 16 à 3. Pendant ce temps, les taxes et tarifs, qui affectent davantage les ménages à faibles revenus, ont augmenté. Et cette tendance s'accélère sous les libéraux de Jean Charest (frais de scolarité, taxe-santé uniforme, taxes de vente, etc.).
Le dossier monté par l'état du Québec 2011 ne fait que démontrer que nous réussissons mieux qu'ailleurs à freiner la croissance des inégalités...
Mais un type d'inégalité est peu abordé dans ce dossier par ailleurs fort intéressant. Il s'agit des inégalités intergénérationnelles. Pour plusieurs raisons, les prochaines générations vont clairement subir une dégradation de leurs conditions de vie par rapport aux générations précédentes. On dit même que le XXIe siècle serait le premier siècle de l'ère moderne où les conditions de vie des générations montantes seront moins bonnes que celles des générations qui les ont précédé. Comme si on assistait à une panne de l'ascenseur social...
La 1ère de ces raisons s'explique par la crise écologique. Les autres touchent aux changements démographiques et à certaines pratiques qui tardent à répondre aux défis posés par le vieillissement.
1- La crise écologique :
Lorsque l'on parle d'égalité intergénérationnelle, il me semble que la question environnementale surgit normalement. En effet, la notion (galvaudée par le «greenwashing» des conseillers en communication du gouvernement Charest) de développement durable implique «un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs...»
Or, notre actuel mode de développement économique engendre des crises à répétition, augmente les écarts de richesse et détruit notre planète. La gauche doit réarticuler sa vision du monde et tenir compte du fait que la croissance ne peut être sans fin. Il nous faut briser ce mythe de la croissance économique continue. Le monde dans lequel nous vivons est un monde fini. Notre planète n'a pas de capacités infinies. Longtemps, les sociaux-démocrates (et les keynésiens) ont privilégié un mode de développement qui suscitait (en stimulant la demande) la croissance économique pour ensuite mieux répartir la richesse ainsi créée... Nous ne pouvons plus agir dans ce paradigme qui est une fuite en avant.
Que faire ? Il nous faut repenser la croissance : détaxer le travail (diminuer les charges fiscales associées aux heures travaillées) et taxer les ressources naturelles épuisables. Bien sûr, pour limiter l'impact régressif de telles mesures sur les moins nantis, il faudra penser à des exemptions de base : en deçà d'une certaine consommation d'eau et d'électricité, le coût est abordable... Au-dessus de ce niveau de consommation, le tarif double !
Repenser la croissance implique aussi une «définanciarisation» de notre économie. Celle-ci doit se mettre au service de la création d'emploi et non au service d'une spéculation financière qui ne profite qu'à quelques-uns... Par exemple, Pourquoi ne pas proposer une exemption de taxe pour tous les produits «faits au Québec»? Ceci favoriserait directement la création d'emplois chez nous, ce qui diminuerait sans doute la nécessité de programmes de soutien et de subventions complexes aux divers secteurs de notre économie.
Le défi pour la gauche d'aujourd'hui est de penser à des solutions qui luttent pour une plus grande égalité intragénérationnelle (c'est le programme classique de la gauche, qui est toujours pertinent) tout en développant un programme pour l'égalité intergénérationnelle (que lèguerons-nous à nos enfants? Une dette publique astronomique, des fonds de pension insolvables et une planète où l'espace habitable est sans cesse comprimé par une raréfaction de l'eau, de l'air et de la nourriture???) Trop souvent, le discours de la gauche accuse ceux qui sont préoccupés par l'intergénérationnel d'être de droite...
2- Le vieillissement comme opportunité pour corriger les inégalités intergénérationnelles :
Pourtant, si un boomer prend sa retraite à 60 ans aujourd'hui, un problème d'iniquité intergénérationnelle se pose. Cette génération n'a pas suffisamment cotisé à son fonds de retraite par rapport à ce qu'elle en retirera... L'espérance de vie augmente, les coûts du système de santé aussi. Si quelqu'un se retire du marché du travail avant son temps, il me semble que l'on devrait exiger qu'il paye une taxe-santé annuelle pour pallier à l'augmentation des coûts du système et corriger cette inégalité intergénérationnelle... C'est dans cette optique qu'il nous faut repousser l'âge de la retraite. Il nous faut ajuster nos politiques du monde du travail à la réalité du vieillissement. L'espérance de vie s'est allongée, l'âge de la retraite doit bouger en conséquence. Tout cela peut se faire harmonieusement dans une logique de partage et de réduction du temps de travail avec les plus jeunes générations (ça tombe bien, celles-ci veulent davantage s'occuper de leurs jeunes enfants et bénéficier du transfert de connaissance des plus vieux...).
On voit donc que la situation précaire de notre planète, combinée aux impacts du vieillissement, exigent de repenser le combat pour l'égalité en mettant en exergue la question de l'égalité intergénérationnelle. Ceci m'amène à rectifier certaines positions tenues dans ce blogue précédemment.
En replongeant dans mes classiques de la philo politique (J.S. Mill, J. Rawls, R. Dworkin), je me suis dit que mes positions antérieures en ce qui a trait au financement de l'éducation méritaient d'être révisées. Puisque je m'inquiétais de la disparition de la rigueur, de l'assiduité et de l'effort à l'école, j'ai basculé quelques temps en faveur d'une augmentation significative des frais de scolarité, dans la mesure où l'accès à l'éducation supérieure demeurait universel (donc accompagné d'une aide financière aux études dirigée vers les moins nantis)...
Je change aujourd'hui d'idée et fait la promotion d'un panier de service universel et gratuit pour le citoyen, en santé et en éducation. Ceci n'empêcherait pas d'introduire une taxe à l'échec pour ceux qui passent 6 ans au Cégep par exemple ou d'imposer une taxe-santé pour ceux qui prennent leur retraite avant le terme, mais ceci assurerait un accès plus simple et plus direct aux biens de première nécessité ou à ce que l'on appelle quelques fois l'accès aux droits économiques et sociaux.
On voit donc qu'il nous faut dorénavant penser la recherche de l'égalité autant dans l'intra que dans l'intergénérationnel. Le défi consiste aussi à ne pas opposer ces deux nécessités et à trouver la complémentarité de ces objectifs.
Il m'apparaît que pour ce faire, il nous faut davantage soutenir le développement économique de notre province (notre nation!), donc «démondialiser» en quelque sorte, surtout dans le domaine de l'agriculture: une crise alimentaire mondiale est à nos portes, il nous faudra moins dépendre des autres pour nous nourrir !
Un autre exemple de cette convergence entre égalité intragénérationelle et intergénérationnelle touche à nos politiques d'urbanisme. L'étalement urbain coûte cher à notre société sur tous les plans :
- il gruge nos dernières terres agricoles,
- favorise l'augmentation des gaz à effets de serre,
- affaiblit le lien social et éloigne l'individu des différents réseaux et services (pas fort dans un contexte de vieillissement!)
- multiplie la nécessité de construire des infrastructures lourdes et dispendieuses que nous «léguons» aux autres générations et que nous faisons financer par ceux qui n'en profitent pas directement.
Qui en effet défraie les coûts des aqueducs, de l'électricité et des routes que l'on construit pour les nouvelles banlieues? Certainement pas les acheteurs de ces nouvelles maisons ! Il y a là un enjeu qui touche autant l'intra que l'intergénérationnel...
À ce titre, le Québec est loin d'être une société égalitaire et l'équilibre entre l'intra et l'intergénérationnel n'est pas atteint.
vendredi 21 octobre 2011
La citation du mois.
Citation de Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, auteur de «La grande désillusion», pavé fort documenté qui blâme sévèrement le FMI et la Banque mondiale pour leurs actions néfastes à l'égard des pays pauvres... Stiglitz s'adressait alors aux manifestants d'Occupy Wall street:
«The financial markets, which are supposed to allocate capital and manage risks, have instead misallocated capital and created risk. We are bearing the cost of their misdeeds. »
«The financial markets, which are supposed to allocate capital and manage risks, have instead misallocated capital and created risk. We are bearing the cost of their misdeeds. »
mercredi 19 octobre 2011
L'anarchie, modèle d'organisation !
Le printemps arabe et les divers mouvements de protestation issus de Occupy Wall street sont en train de démontrer que l'anarchie, cette idéologie hostile à toute structure de domination unifiée et à toute hiérarchie dans le commandement, est en train de devenir un modèle d'organisation des nouveaux mouvements sociaux et politiques...
En effet, lorsque le pouvoir a commencé à s'effondrer en Tunisie, en Égypte et en Libye, plusieurs «comités de citoyens» ont pris en charge les lieux délaissés par le pouvoir politique et militaire. En Tunisie et en Égypte, au coeur de la révolte, cela a donné naissance à un début d'organisation très peu hiérarchisé qui avait pour mandat d'assurer la sécurité et de faciliter l'accès aux services rompus par l'effondrement du régime...
En Espagne, le mouvement des «indignés» qui a émergé pour protester contre les coupures dans les programmes sociaux qui répondaient aux pressions des marchés financiers, a adopté une stratégie de délibération qui reprend certains principes d'une anarchie démocratique. Les priorités du mouvement et les stratégies à adopter étaient débattues directement dans la rue et adoptées.
En ce qui concerne Occupy Wall street, il semble que l'origine intellectuelle de ce mouvement revienne à David Graeber, un ethnologue et chargé de cours en anthropologie au Campus Goldsmith de l'University of London... M. Graeber aurait pris connaissance des méthodes de délibération et de décision collective de la communauté de Betafo à Madagascar (!) pour définir le mode de fonctionnement du mouvement de protestation dont il est un des premiers initiateurs.
Chose intéressante, M. Graeber a décidé d'exercer un pas de recul lorsque le mouvement a pris de l'ampleur, car il a eu peur de devenir une sorte de gourou ou de leader naturel du mouvement, ce qui est contraire à ses convictions anarchistes. L'idée est de favoriser un processus décisionnel qui recherche le consensus par une délibération collective menée directement sur les lieux de protestation. Son approche de «l'action directe» semble faire école au sein des nouveaux mouvements de protestation.
Voici ce que David Graeber dit à propos des fondements idéologiques d'Occupy Wall street : «One of the things that revolutionaries have learned over the course of the 20th century is that the idea of the ends justifying the means is deeply problematic. You can't create a just society through violence, or freedom through a tight revolutionary cadre. You can't establish a big state and hope it will go away. The means and ends have to be the same.»
La fin ne justifie pas les moyens... Les moyens et les objectifs doivent se rejoindre... Machiavel ne serait pas d'accord. Mais lorsque 2000 personnes se réunissent dans un parc pour protester et qu'il faut décider de la stratégie commune à adopter, il s'agit de le faire par la démocratie directe, selon Graeber. «This occupation is first about participation»...
Nous assisterions donc à l'émergence de nouveaux mouvements sociaux fondés intellectuellement (mais surtout spontanément) sur les principes de l'anarchisme...
Selon moi, ceci durera dans la mesure où le nombre de protestataires demeure modeste. Car tout groupe qui veut fonder son organisation et son fonctionnment sur des préceptes anarchistes risque tôt ou tard d'être récupéré par des groupes plus organisés détenant plus de ressources... Bref, l'anarchie peut fonctionner à petite échelle et dans une communauté tissée serrée, capable de s'affranchir de l'influence ou de l'ingérence extérieure...
Qu'arrivera-t-il des mouvements comme Occupy Wall street ? Réussiront-ils à maintenir leur structure de démocratie directe ? Chose certaine, on peut dire que les mouvements sociaux du XXIe siècle viennent de prendre forme, et qu'ils adoptent les formes de l'anarchie !
P.S. Le skateboarder en moi rigole... Le symbole de l'anarchie - un A entouré d'un O - est au coeur de la culture du skate !
En effet, lorsque le pouvoir a commencé à s'effondrer en Tunisie, en Égypte et en Libye, plusieurs «comités de citoyens» ont pris en charge les lieux délaissés par le pouvoir politique et militaire. En Tunisie et en Égypte, au coeur de la révolte, cela a donné naissance à un début d'organisation très peu hiérarchisé qui avait pour mandat d'assurer la sécurité et de faciliter l'accès aux services rompus par l'effondrement du régime...
En Espagne, le mouvement des «indignés» qui a émergé pour protester contre les coupures dans les programmes sociaux qui répondaient aux pressions des marchés financiers, a adopté une stratégie de délibération qui reprend certains principes d'une anarchie démocratique. Les priorités du mouvement et les stratégies à adopter étaient débattues directement dans la rue et adoptées.
En ce qui concerne Occupy Wall street, il semble que l'origine intellectuelle de ce mouvement revienne à David Graeber, un ethnologue et chargé de cours en anthropologie au Campus Goldsmith de l'University of London... M. Graeber aurait pris connaissance des méthodes de délibération et de décision collective de la communauté de Betafo à Madagascar (!) pour définir le mode de fonctionnement du mouvement de protestation dont il est un des premiers initiateurs.
Chose intéressante, M. Graeber a décidé d'exercer un pas de recul lorsque le mouvement a pris de l'ampleur, car il a eu peur de devenir une sorte de gourou ou de leader naturel du mouvement, ce qui est contraire à ses convictions anarchistes. L'idée est de favoriser un processus décisionnel qui recherche le consensus par une délibération collective menée directement sur les lieux de protestation. Son approche de «l'action directe» semble faire école au sein des nouveaux mouvements de protestation.
Voici ce que David Graeber dit à propos des fondements idéologiques d'Occupy Wall street : «One of the things that revolutionaries have learned over the course of the 20th century is that the idea of the ends justifying the means is deeply problematic. You can't create a just society through violence, or freedom through a tight revolutionary cadre. You can't establish a big state and hope it will go away. The means and ends have to be the same.»
La fin ne justifie pas les moyens... Les moyens et les objectifs doivent se rejoindre... Machiavel ne serait pas d'accord. Mais lorsque 2000 personnes se réunissent dans un parc pour protester et qu'il faut décider de la stratégie commune à adopter, il s'agit de le faire par la démocratie directe, selon Graeber. «This occupation is first about participation»...
Nous assisterions donc à l'émergence de nouveaux mouvements sociaux fondés intellectuellement (mais surtout spontanément) sur les principes de l'anarchisme...
Selon moi, ceci durera dans la mesure où le nombre de protestataires demeure modeste. Car tout groupe qui veut fonder son organisation et son fonctionnment sur des préceptes anarchistes risque tôt ou tard d'être récupéré par des groupes plus organisés détenant plus de ressources... Bref, l'anarchie peut fonctionner à petite échelle et dans une communauté tissée serrée, capable de s'affranchir de l'influence ou de l'ingérence extérieure...
Qu'arrivera-t-il des mouvements comme Occupy Wall street ? Réussiront-ils à maintenir leur structure de démocratie directe ? Chose certaine, on peut dire que les mouvements sociaux du XXIe siècle viennent de prendre forme, et qu'ils adoptent les formes de l'anarchie !
P.S. Le skateboarder en moi rigole... Le symbole de l'anarchie - un A entouré d'un O - est au coeur de la culture du skate !
lundi 17 octobre 2011
Bernie Sanders, the guy from Vermont.
Si vous lisez mon papier précédent, et que vous écoutez ensuite ce Sénateur du Vermont - Bernie Sanders, un des derniers libre-penseurs du pouvoir législatif américain, qui se définit comme socialiste mais qui est enregistré comme «indépendant» aux USA (le socialisme est un crime d'État...) - vous comprendrez ce que je cherchais à dire lorsque je parlais du projet inégalitaire que nous devons combattre. Bernie Sanders, avec sa condamnation de la «guerre contre la classe moyenne», fait penser au Sénateur Robert Byrd, qui était en 2003-04 un des seuls au sein de l'enceinte du Sénat, à condamner la guerre en Irak...
Les vrais héros ne sont pas toujours les plus visibles... Mais ceux qui passent à l'histoire triomphent dans l'adversité ! Sur la guerre d'Irak, l'histoire a donné raison à Robert Byrd... Espérons que Sanders aussi puisse faire triompher son point de vue minoritaire!
Bien sûr, la réalité des USA n'est pas la nôtre, mais lorsque les USA éternuent, nous attrapons le rhume...
Les vrais héros ne sont pas toujours les plus visibles... Mais ceux qui passent à l'histoire triomphent dans l'adversité ! Sur la guerre d'Irak, l'histoire a donné raison à Robert Byrd... Espérons que Sanders aussi puisse faire triompher son point de vue minoritaire!
Bien sûr, la réalité des USA n'est pas la nôtre, mais lorsque les USA éternuent, nous attrapons le rhume...
Nous sommes les 99%.
La caricature de Garnotte dans Le Devoir d'aujourd'hui rend bien compte du discrédit et de la crise de confiance qui affecte nos élites politiques, économiques et financières depuis quelques temps. Et c'est le mouvement «Occupy Wall street» qui semble avoir canalisé cette saine colère qui devrait tous nous habiter.
En effet, les grands spéculateurs du milieu financier ont pris d'énormes risques sous la bienveillance irresponsable de firmes de cotation de crédits et de banques qui créaient ou donnaient de la valeur à des produits financiers qui n'en avaient pas... Or, ce sont les fonds de pension des travailleurs qui ont fondu pendant que les bonzes de la finance se faisaient littéralement sauver par les États... Et ces mêmes États doivent aujourd'hui couper dans leurs programmes sociaux parce qu'ils sont attaqués par les marchés financiers qui doutent de la solvabilité de leurs finances publiques...
Le cercle vicieux et absurde de ce capitalisme du XXIe siècle qui socialise les pertes et privatise les profits est mis à jour par le slogan «Nous sommes le 99%» des indignés de Wall street... En effet, la grande majorité des ménages a vu sa situation matérielle se détériorer au cours des denières décennies (ceux qui ne l'ont pas vu se sont clairement endettés, souvent au-delà de leur capacité de rembourser...) pendant qu'une infime minorité s'enrichissait grassement, avec la complicité coupable de nos dirigeants politiques.
Bien sûr, la situation est moins dramatique au Québec qu'aux USA puisque nos écarts de richesse sont moins extravagants et nos politiques sociales plus généreuses, mais il reste que le nombre de paliers d'imposition a chuté de façon importante depuis les anéées 1980, passant de 16 à 3 au provincial... pendant que les taxes de vente augmentaient. On a donc vu se développer partout en occident, même chez nous, un projet inégalitaire qu'il nous faut aujourd'hui combattre!
Mais quand même le ministre fédéral des finances - Jim Falherty, un conservateur dur - affirme qu'il comprend l'insatisfaction des gens, disons que la légitimité de cette colère devient difficile à contester. Mais où tout cela mènera-t-il? Les revendications des «indignés» qui manifestent un peu partout vont dans toutes les directions! Qui peut saisir la balle au bond et faire émerger des pistes concrètes de solution pour résorber la cupidité et la fuite en avant de notre système économique?
Obama a perdu une occasion en or de réformer le monde de la finance après la crise de 2008. Sa réformette ne risque de déboucher que sur un peu plus de prudence de la part des acteurs du milieu financier puisque l'État ne se pose dorénavant plus en baîlleur de fonds automatique des entreprises... Mais il a renoncé à imposer des plafonds de rémunération ou encore à taxer les transactions financières ou même à accroître la transparence des produits financiers. Est-il trop tard? Sûrement pas, mais son capital politique est entaché et le timing est moins bon pour frapper un grand coup.
Chose certaine, le risque est grand que ces belles manifestations s'estompent avec la venue des temps froids. Et la frénésie de Noël, qui va avec la consommation excessive de notre mode de vie, vont finir par nous relancer dans cette fausse sécurité de la «reprise économique» assurée par les dépenses des ménages...
Nous reviendrons un autre jour sur la nécessité de repenser la croissance... D'ici là, souhaitons que la sympathie à l'égard des manifestants débouche sur un renforcement des réseaux sociaux et militants et contribue à faire émerger des propositions concrètes pour humaniser notre société en dérive.
dimanche 16 octobre 2011
Guy Delisle à Jérusalem.
Suivez ce lien pour entrer en contact avec le bédéiste Guy Delisle, qui voyage de par le monde et témoigne avec intelligence de son passage parmi les hommes.
vendredi 14 octobre 2011
Let's go Tom !
Ça y est. Thomas Mulcair se lance dans la course à la succession de Jack Layton.
Le parcours de Mulcair est intéressant. On peut clairement dire que l'homme s'est bonifié avec le temps. Ex-avocat pour Alliance Québec, le défunt lobby des bulldogs hostiles à la prédominance du français au Québec - ces gens-là se considèrent comme une minorité assiégée alors qu'ils font partie d'une majorité en Amérique du Nord et qu'ils sont la minorité la mieux traitée dans le monde démocratique - Thomas Mulcair est aujourd'hui favorable à ce que les principes de la loi 101 s'appliquent dans les domaines régis par le gouvernement fédéral. Ancien ministre libéral sous Jean Charest, il a quitté avec fracas son poste à l'environnment parce qu'il s'opposait à la construction d'une centrale thermique (le Suroît) et à la privatisation d'un parc national (Orford).
Son passage sur la scène fédérale apparaissait au départ comme une sorte d'accident de parcours occasionné par la faiblesse de ses adversaires (le parti libéral de Stéphane Dion et son candidat Jocelyn Coulon). Or, M. Mulcair est vite devenu un député apprécié et un lieutenant politique efficace et influent pour le NPD. La grande marée orange du 2 mai dernier lui est en grande partie attribuable, car au-delà de la figure sympathique du «bon Jack», il y a eu un réel effort de développer une plateforme qui répondait à certaines préoccupations québécoises.
M. Mulcair ne part pas en avance dans cette course, car les règles pour l'élection du prochain chef sont celles du «un membre, un vote». Or, le Québec compte à peine 2800 membres sur les quelques 80 000 membres du parti. Et dans les autres provinces, lorsqu'on est membre du NPD provincial, on est automatiquement membre du NPD fédéral. Or, il n'y a pas de NPD sur la scène québécoise...
Que l'on soit souverainiste ou non, il me semble que le Québec n'a rien à perdre à voir un parti politique sur la scène fédérale défendre la spécificité québécoise. L'effondrement du Bloc s'explique en partie parce que le NPD sous Jack Layton, avec son lieutenant Mulcair, a réussit à faire émerger un «espace politique» pour les nationalistes québécois. Il y a un réel risque que cet espace s'estompe si Mulcair ne devient pas chef...
Mais quels sont les éléments de cette «ouverture»?
- D'abord, l'idée d'un fédéralisme asymétrique. Les programmes fédéraux ne seront plus obligés de s'appliquer d'un océan à l'autre. La spécificité québécoise pourra être prise en compte. C'est une revendication traditionnelle du Québec, qui date de plus de 50 ans !
- La composition de la Cour Suprême doit refléter la double culture juridique et linguistique du pays : 3 des 9 juges doivent être des civilistes (notre Droit civil est distinct de la Common law appliquée ailleurs au Canada) et les juges doivent être bilingues !
- Le poids politique du Québec à la Chambre des Communes doit être protégé, sans égards à son déclin démographique dans l'ensemble canadien. Cette position réaffirme une conception bi-nationale du Canada. L'égalité n'implique pas nécessairement un traitement symétrique des individus et des provinces... C'est André Laurendeau qui apprécierait.
- Le français doit être la langue prédominante au Québec, malgré la loi sur le bilinguisme officiel.
Ces positions méritent d'être saluées et soutenues. Je pense sérieusement à devenir membre du NPD fédéral pour contribuer à élire Thomas Mulcair à la tête de ce parti. Et vous?
jeudi 6 octobre 2011
François Legault, la drogue, le Cégep.
François Legault se serait prononcé pour l'abolition des Cégeps, avant de dire que cela ne fait pas partie de ses priorités...
Le sujet est apparu à l'ordre du jour lorsqu'un simple citoyen lui a posé la question de la pertinence des Cégeps. M. Legault a répondu que le Cégep était un excellent endroit pour prendre de la drogue et décrocher...
Ouf... Méconnaissance du Québec? Ou pire encore, ignorance de cette période de la vie où nous ne sommes pas prêts à choisir notre «carrière», mais ouverts pour explorer les divers champs de la connaissance?
Premiers commentaires :
- Un jeune en 2011 «découvre les drogues» avant le collégial.
- Et malheureusement aussi, il décroche beaucoup trop (50% des gars à Montréal) avant la fin du secondaire. Ce n'est pas en ajoutant un an au secondaire que l'on corrigera ce problème.
- Au contraire ! Le Cégep est en partie responsable du fait que le Québec se situe presque 10% au-dessus de la moyenne nord-américaine en ce qui concerne le taux de diplôme selon l'âge...
- Les Cégeps permettent à ceux qui veulent prioriser une formation technique de s'ouvrir l'esprit et de développer leur sens critique avant d'accéder au marché du travail. On a comme objectif d'y former des citoyens et non simplement des travailleurs!
- Et pour ceux qui choisissent le Cégep général, on leur ouvre les divers horizons de la connaissance - on leur fournit des options dotées de sens, des horizons de significations - avant qu'ils choisissent leur vocation. La liberté est la capacité de choisir.
N'est-ce pas l'essence même du parcours d'une vie que l'on favorise ainsi ? S'arrimer au modèle dominant, qui impose la nécessité de choisir son domaine d'étude à 17 ans, m'apparaît être une erreur qui se confond avec l'américanisation ou l'homogénéisation de la culture. Il me semble qu'il faut offrir autre chose qu'un savoir instrumental...
Nos Cégeps sont bons pour le développement régional, ils favorisent un plus haut taux de diplômation, ils sont plus respectueux du rythme de vie de nos jeunes, ils renforcent la formation des travailleurs en leur inculquant une culture générale minimale et diversifiée... Et nous voudrions les abolir ?
M. Legault, chassez quelques seconde votre vision comptable et froide de la société. Les «structures» ne sont pas toutes à abolir...
Retournez faire vos devoirs!
Le sujet est apparu à l'ordre du jour lorsqu'un simple citoyen lui a posé la question de la pertinence des Cégeps. M. Legault a répondu que le Cégep était un excellent endroit pour prendre de la drogue et décrocher...
Ouf... Méconnaissance du Québec? Ou pire encore, ignorance de cette période de la vie où nous ne sommes pas prêts à choisir notre «carrière», mais ouverts pour explorer les divers champs de la connaissance?
Premiers commentaires :
- Un jeune en 2011 «découvre les drogues» avant le collégial.
- Et malheureusement aussi, il décroche beaucoup trop (50% des gars à Montréal) avant la fin du secondaire. Ce n'est pas en ajoutant un an au secondaire que l'on corrigera ce problème.
- Au contraire ! Le Cégep est en partie responsable du fait que le Québec se situe presque 10% au-dessus de la moyenne nord-américaine en ce qui concerne le taux de diplôme selon l'âge...
- Les Cégeps permettent à ceux qui veulent prioriser une formation technique de s'ouvrir l'esprit et de développer leur sens critique avant d'accéder au marché du travail. On a comme objectif d'y former des citoyens et non simplement des travailleurs!
- Et pour ceux qui choisissent le Cégep général, on leur ouvre les divers horizons de la connaissance - on leur fournit des options dotées de sens, des horizons de significations - avant qu'ils choisissent leur vocation. La liberté est la capacité de choisir.
N'est-ce pas l'essence même du parcours d'une vie que l'on favorise ainsi ? S'arrimer au modèle dominant, qui impose la nécessité de choisir son domaine d'étude à 17 ans, m'apparaît être une erreur qui se confond avec l'américanisation ou l'homogénéisation de la culture. Il me semble qu'il faut offrir autre chose qu'un savoir instrumental...
Nos Cégeps sont bons pour le développement régional, ils favorisent un plus haut taux de diplômation, ils sont plus respectueux du rythme de vie de nos jeunes, ils renforcent la formation des travailleurs en leur inculquant une culture générale minimale et diversifiée... Et nous voudrions les abolir ?
M. Legault, chassez quelques seconde votre vision comptable et froide de la société. Les «structures» ne sont pas toutes à abolir...
Retournez faire vos devoirs!
Crieurs publics.
Visionnez ce vidéo qui rend compte de l'activité «Crieurs publics» qui a eu lieu lors du Festival de l'expression citoyenne. Ma proposition a été retenue !
Crieurs publics @ La Falla 2011 / TOHU from INM - Institut du Nouveau Monde on Vimeo.
Tout ça m'assassine!
Un propos à écouter. Un show à voir !
«Si c'est ça l'Québec moderne...»
TOUT ÇA M'ASSASSINE from Théâtre il va sans dire on Vimeo.
«Si c'est ça l'Québec moderne...»
mercredi 5 octobre 2011
Notre histoire prend le bord!
La coalition pour l'histoire rendait public la semaine dernière une étude qui confirme que l'histoire du Québec est de plus en plus délaissée dans les milieux académiques.
Cela se confirme au collégial, où les cours dédiés à la réalité québécoise et canadienne sont de moins en moins nombreux. Et cela se concrétise à l'université, où les recherches dans ce domaine obtiennent de moins en moins de fonds, où les spécialistes aptes à encadrer de telles recherches se font rares et où les étudiants ne semblent intéressés qu'à un ailleurs perçu comme plus intéressant que notre expérience historique qui serait «plate» ou pire encore méprisable...
Ces données sur le désintérêt marqué à l'égard de notre histoire sont tristes et inquiétantes à la fois. Elles s'expliquent toutefois par le fait que notre réforme scolaire ait décidé de refonder nos cours d'histoire en évacuant «la dimension conflictuelle» et en cherchant à arrimer notre Grand récit historique à des préoccupations contemporaines. Mais même avant la réforme scolaire qui a fait que nos profs d'histoire au secondaire passent le plus clair de leur temps à «apprendre à enseigner» sans maîtriser suffisamment le contenu de la matière qu'ils enseigneront, on peut dire que nos cours d'histoire ne réussissaient pas à faire ressortir ce qu'il y a d'universel et d'extraordinaire dans notre propre expérience historique.
Deux exemples à cet effet :
- Notre nation a largement contribué à découvrir le continent nord-américain. Ce sont nos coureurs des bois et nos marchands de fourrures qui ont développé le plus de liens avec les nations amérindiennes, devenant traducteurs et intermédiaires pour les grandes expéditions vers l'ouest de la fin du 18e siècle et du début du 19e siècle. À ce titre, des personnages plus grands que nature comme Toussaint Charbonneau mériteraient d'être abordés dans nos cours d'histoire. Nous sommes en Amérique du Nord et le mythe d'un continent «vierge» où tout reste à faire a largement été construit par les nôtres - des Canadiens-français «ouverts sur le monde» bien avant que l'expression devienne une sorte d'idéologie... De plus, ces mêmes coureurs des bois et explorateurs avaient une vie bien éloignée du portrait d'une société conservatrice et refermée sur elle-même que l'on aime bien brosser sans doute pour magnifier la grande période de la révolution tranquille.
- Autre exemple: le mouvement des Patriotes. Ces intellectuels qui n'ont pas eu peur de se lancer dans l'action politique ont porté des idéaux républicains et démocratiques à une époque où les nouvelles républiques d'Amérique latine naissaient. Ils ont adopté un discours rassembleur et respectueux des minorités alors que leur peuple était mis en minorité et méprisé par les dirigeants britanniques. Et malgré ce mépris affiché (les résolutions Russell, le rapport Durham), nos patriotes ont d'abord épuisé toutes les options non-violentes avant de recourir dans le désespoir désorganisé à la rébellion armée.
Ces moments forts de notre histoire sont souvent évacués ou abordés en périphérie de notre histoire nationale. Et après, on se demande pourquoi l'intérêt pour l'histoire du Québec s'est estompé au fil du temps. C'est peut-être qu'à force de présenter notre histoire comme une longue période de noirceur d'où la lumière jaillit en 1960, on a alimenté ce mépris pour nous-mêmes qui contribue sans doute à fragiliser notre volonté de perpétuer dans l'avenir notre identité distincte dans ce continent dont nous sommes pourtant les grands découvreurs...
Cela se confirme au collégial, où les cours dédiés à la réalité québécoise et canadienne sont de moins en moins nombreux. Et cela se concrétise à l'université, où les recherches dans ce domaine obtiennent de moins en moins de fonds, où les spécialistes aptes à encadrer de telles recherches se font rares et où les étudiants ne semblent intéressés qu'à un ailleurs perçu comme plus intéressant que notre expérience historique qui serait «plate» ou pire encore méprisable...
Ces données sur le désintérêt marqué à l'égard de notre histoire sont tristes et inquiétantes à la fois. Elles s'expliquent toutefois par le fait que notre réforme scolaire ait décidé de refonder nos cours d'histoire en évacuant «la dimension conflictuelle» et en cherchant à arrimer notre Grand récit historique à des préoccupations contemporaines. Mais même avant la réforme scolaire qui a fait que nos profs d'histoire au secondaire passent le plus clair de leur temps à «apprendre à enseigner» sans maîtriser suffisamment le contenu de la matière qu'ils enseigneront, on peut dire que nos cours d'histoire ne réussissaient pas à faire ressortir ce qu'il y a d'universel et d'extraordinaire dans notre propre expérience historique.
Deux exemples à cet effet :
- Notre nation a largement contribué à découvrir le continent nord-américain. Ce sont nos coureurs des bois et nos marchands de fourrures qui ont développé le plus de liens avec les nations amérindiennes, devenant traducteurs et intermédiaires pour les grandes expéditions vers l'ouest de la fin du 18e siècle et du début du 19e siècle. À ce titre, des personnages plus grands que nature comme Toussaint Charbonneau mériteraient d'être abordés dans nos cours d'histoire. Nous sommes en Amérique du Nord et le mythe d'un continent «vierge» où tout reste à faire a largement été construit par les nôtres - des Canadiens-français «ouverts sur le monde» bien avant que l'expression devienne une sorte d'idéologie... De plus, ces mêmes coureurs des bois et explorateurs avaient une vie bien éloignée du portrait d'une société conservatrice et refermée sur elle-même que l'on aime bien brosser sans doute pour magnifier la grande période de la révolution tranquille.
- Autre exemple: le mouvement des Patriotes. Ces intellectuels qui n'ont pas eu peur de se lancer dans l'action politique ont porté des idéaux républicains et démocratiques à une époque où les nouvelles républiques d'Amérique latine naissaient. Ils ont adopté un discours rassembleur et respectueux des minorités alors que leur peuple était mis en minorité et méprisé par les dirigeants britanniques. Et malgré ce mépris affiché (les résolutions Russell, le rapport Durham), nos patriotes ont d'abord épuisé toutes les options non-violentes avant de recourir dans le désespoir désorganisé à la rébellion armée.
Ces moments forts de notre histoire sont souvent évacués ou abordés en périphérie de notre histoire nationale. Et après, on se demande pourquoi l'intérêt pour l'histoire du Québec s'est estompé au fil du temps. C'est peut-être qu'à force de présenter notre histoire comme une longue période de noirceur d'où la lumière jaillit en 1960, on a alimenté ce mépris pour nous-mêmes qui contribue sans doute à fragiliser notre volonté de perpétuer dans l'avenir notre identité distincte dans ce continent dont nous sommes pourtant les grands découvreurs...
mardi 4 octobre 2011
Appel aux «indignés»: cliquez ici.
De plus en plus de citoyens dans plein de pays choisissent la démonstration collective de colère dans les lieux publics... On les appelle maintenant les «indignés», du nom de ceux qui, en Espagne, ont protesté contre des coupes importantes dans les programmes sociaux pour répondre aux impératifs de marchés financiers pourtant sauvés par les gouvernements lors de la crise financière de 2008...
Les indignés de Wall street font maintenant des p'tits : il y a des manifs de colère à Chicago, Boston, etc.
Et chez nous ? Notre gouvernement national (le Québec est notre nation, non?) est corrompu à l'os et ne veut pas faire le ménage, de peur de compromettre tout le monde, même les innocents! Et nous ne sortons pas encore (assez nombreux) pour que cela secoue quelque peu le confort et l'indifférence des «puissants»...
Nous en sommes encore à nous indigner de notre salon. Vous êtes en colère ? Cliquez ici.
La colère de salon suffira-t-elle pour que Jean Charest se décide à faire le ménage??? (...)
Les indignés de Wall street font maintenant des p'tits : il y a des manifs de colère à Chicago, Boston, etc.
Et chez nous ? Notre gouvernement national (le Québec est notre nation, non?) est corrompu à l'os et ne veut pas faire le ménage, de peur de compromettre tout le monde, même les innocents! Et nous ne sortons pas encore (assez nombreux) pour que cela secoue quelque peu le confort et l'indifférence des «puissants»...
Nous en sommes encore à nous indigner de notre salon. Vous êtes en colère ? Cliquez ici.
La colère de salon suffira-t-elle pour que Jean Charest se décide à faire le ménage??? (...)
vendredi 30 septembre 2011
Mort d'un géant.
Pierre Dansereau, le grand écologiste et humaniste s'est éteint tout juste avant d'avoir ses 100 ans. Lisez le bel hommage rendu par Le Devoir.
mardi 27 septembre 2011
Israël-Palestine: l'allégorie du fromage.
C'est l'histoire d'un gars qui dit vouloir partager un bout de fromage avec son voisin, mais qui tout en manifestant cette noble intention, mange le bout de fromage en question... L'autre lui dit : «arrête de bouffer le fromage pour qu'on puisse en négocier le partage!».
Et celui qui détient le fromage lui répond la bouche pleine : «tu es de mauvaise foi, tu poses des conditions aux négociations alors que moi je suis ouvert à des négociations immédiates !»
P.S. Le formage est un Emmenthal sans doute, et il est possible qu'il ne reste que des trous à celui qui réclame son bout...
Et celui qui détient le fromage lui répond la bouche pleine : «tu es de mauvaise foi, tu poses des conditions aux négociations alors que moi je suis ouvert à des négociations immédiates !»
P.S. Le formage est un Emmenthal sans doute, et il est possible qu'il ne reste que des trous à celui qui réclame son bout...
vendredi 23 septembre 2011
L'unilatéralisme des uns et des autres.
C'est aujourd'hui que le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, présentera sa demande de reconnaissance de l'État palestinien à l'ONU. La manœuvre sera sans doute bloquée par un veto américain au Conseil de sécurité, ce qui accentuera la déception du monde entier à l'égard des promesses d'une «ère Obama».
L'argumentation alambiquée de ceux qui s'opposent à cette reconnaissance tout en souhaitant l'avènement d'un État palestinien suggère que la demande palestinienne pose problème puisqu'il s'agit d'une stratégie diplomatique «unilatérale».
Le Président Obama a suggéré dans son discours à l'ONU cette semaine que seule la négociation pouvait mener à la paix. Le Consul général d'Israël pour le Québec dit aujourd'hui qu'«il est essentiel de relancer des négociations directes et sans conditions préalables avec nos partenaires palestiniens, et d'éviter toute déclaration unilatérale qui viendrait en contradiction flagrante avec les accords d'Oslo, ce qui risquerait même de les annuler. (...) Il ajoute : que l'«unilatéralisme, comme nous l'avons tous appris de nos propres erreurs, ne fonctionne pas et la paix en l'absence de dialogue ne fera qu'aboutir à un avenir de séparation, de méfiance et de violence continues». Ce qu'il ne dit pas, comme tous ces «alliés» d'Israël qui sont plutôt aveuglés, c'est que la colonisation des territoires palestiniens par Israël contrevient aux accords d'Oslo et aux exigences internationales posées pour relancer les négociations. Or, Israël refuse de mettre fin à la colonisation et accroît de jour en jour son emprise sur le «futur État» de Palestine...
L'unilatéralisme israélien pose donc problème et le gouvernement de B. Netanyahou refuse de négocier en misant sur le fait accompli : plus le temps avance, plus les concessions territoriales palestiniennes devront être importantes. Ce silence complice des officiels israéliens, des USA et du Canada, discrédite le discours qui condamne la démarche unilatérale des Palestiniens. Celle-ci cherche seulement à forcer un jeu bloqué et à délégitimer la colonisation des territoires occupés.
Le refus des USA et le déni israélien risquent malheureusement de faire le jeu des extrémistes de tous les côtés. En Israël, certains préfèrent être confrontés aux radicaux plutôt qu'à un diplomate sensé comme M. Abbas. Aux USA et au Canada aussi, du moins dans plusieurs cercles de la droite dure. Mais ce n'est clairement pas dans notre intérêt que ces gens agissent. Ni dans l'intérêt d'Israël d'ailleurs, qui a grandement besoin de vivre en paix et de développer des relations normales avec ses voisins...
L'argumentation alambiquée de ceux qui s'opposent à cette reconnaissance tout en souhaitant l'avènement d'un État palestinien suggère que la demande palestinienne pose problème puisqu'il s'agit d'une stratégie diplomatique «unilatérale».
Le Président Obama a suggéré dans son discours à l'ONU cette semaine que seule la négociation pouvait mener à la paix. Le Consul général d'Israël pour le Québec dit aujourd'hui qu'«il est essentiel de relancer des négociations directes et sans conditions préalables avec nos partenaires palestiniens, et d'éviter toute déclaration unilatérale qui viendrait en contradiction flagrante avec les accords d'Oslo, ce qui risquerait même de les annuler. (...) Il ajoute : que l'«unilatéralisme, comme nous l'avons tous appris de nos propres erreurs, ne fonctionne pas et la paix en l'absence de dialogue ne fera qu'aboutir à un avenir de séparation, de méfiance et de violence continues». Ce qu'il ne dit pas, comme tous ces «alliés» d'Israël qui sont plutôt aveuglés, c'est que la colonisation des territoires palestiniens par Israël contrevient aux accords d'Oslo et aux exigences internationales posées pour relancer les négociations. Or, Israël refuse de mettre fin à la colonisation et accroît de jour en jour son emprise sur le «futur État» de Palestine...
L'unilatéralisme israélien pose donc problème et le gouvernement de B. Netanyahou refuse de négocier en misant sur le fait accompli : plus le temps avance, plus les concessions territoriales palestiniennes devront être importantes. Ce silence complice des officiels israéliens, des USA et du Canada, discrédite le discours qui condamne la démarche unilatérale des Palestiniens. Celle-ci cherche seulement à forcer un jeu bloqué et à délégitimer la colonisation des territoires occupés.
Le refus des USA et le déni israélien risquent malheureusement de faire le jeu des extrémistes de tous les côtés. En Israël, certains préfèrent être confrontés aux radicaux plutôt qu'à un diplomate sensé comme M. Abbas. Aux USA et au Canada aussi, du moins dans plusieurs cercles de la droite dure. Mais ce n'est clairement pas dans notre intérêt que ces gens agissent. Ni dans l'intérêt d'Israël d'ailleurs, qui a grandement besoin de vivre en paix et de développer des relations normales avec ses voisins...
mardi 20 septembre 2011
22 sept: le show de l'année !
À la place des festivals, dans le cadre du POP Mtl, à partir de 20h : Arcade Fire et Karkwa. Les deux groupes de l'heure au Québec. C'est le show de l'année !
Pour nous évader du climat politique malsain et nous réconforter un peu à propos de notre humanité commune.
Pour nous évader du climat politique malsain et nous réconforter un peu à propos de notre humanité commune.
Charest «le grand démolisseur».
Jean Charest s'est fait nommé «Grand Bâtisseur» du Québec lors d'un congrès de son parti en 2008... Il cherchait alors sans doute à s'inscrire dans la filiation de Jean Lesage et Robert Bourassa, deux personnages considérés comme de grands 1ers ministres pour le Québec. Mais l'emploi de l'étiquette suffit-elle à magnifier l'homme? La grossièreté de la manoeuvre n'a-t-elle pas au contraire contribué à rendre M. Charest encore plus suspect aux yeux de la population et de l'histoire?
Chose certaine, depuis, de nombreuses affiches brandies lors de manifestations soulignaient ce décalage : on y voyait Jean Lesage avec un écriteau «J'ai bâti» puis Jean Charest sous lequel il était écrit «Je détruis». L'image est forte.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, Jean Charest s'est en effet employé à affaiblir le rôle de l'État du Québec dans plusieurs domaines. Sa «réingénierie» de l'État avait entre autres pour but d'introduire le secteur privé dans plusieurs domaines auparavant occupés par une expertise publique. Les partenariats publics-privés sont devenus le modèle à suivre pour les grands projets - malgré l'extrême-rigidité de ces contrats; et progressivement, l'expertise publique détenue par plusieurs ministères a glissé vers le secteur privé. C'est sous la gouverne de M. Charest que l'on a décidé de confier aux entreprises privées le soin de préparer les appels d'offre gouvernementaux. Cette pratique s'est particulièrement installée au sein du ministère des Transports où le nombre d'ingénieurs du ministère a littéralement fondu. On comprend maintenant mieux comment la collusion s'est installée en pratique systématique au sein des ministères et de l'appareil gouvernemental.
M. Charest, grand bâtisseur? L'expression est tellement grotesque qu'elle appelle une autre grossièreté : Jean Charest, grand démolisseur !
Dans les domaines de la langue, de la fiscalité, de l'exploitation des ressources naturelles, de la défense des intérêts du Québec face aux interventions fédérales, on ne peut en aucun cas relier les «compétences» de M. Charest à ses prédécesseurs. Au contraire, il apparaît dans chacun de ces dossiers comme un faiblard qui plie devant les grandes corporations (qui contribuent au PLQ) et devant le «grand frère fédéral» dont il aurait rêvé occuper les fonctions...
Mais c'est dans le domaine vital et moins mesurable de la confiance à l'égard du système politique et des élus que M. Charest aura commis le plus de dommages. Il a démoli ce qu'il restait de bonne foi chez un électorat blasé. Il a accéléré le cynisme ambiant en répandant les odeurs de corruption chez ses adversaires (sans que cela soit justifié ou démontré). Et en plus, il a tué le langage politique en ne communiquant que par slogans : «première priorité = santé»; «tempête économique = deux mains sur le volant», etc. Ce type de discours infantilise les citoyens et a en plus le défaut d'être vide ou mensonger. Lorsque M. Charest parle d'environnement ou de culture, je suis souvent en accord avec ce qu'il dit. Mais rarement avec ce qu'il fait! Cet écart entre le discours et l'action et les répétitions débilitantes de ses slogans ont littéralement affaibli l'importance et la signification des mots en politique.
Est-il nécessaire de vous rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, la politique était une passion au Québec, presqu'un sport national?
Samedi le 24 septembre vers 14h30, une manifestation citoyenne se tient devant les bureaux du premier ministre, coin McGill College et Sherbrooke (770 Sherbrooke ouest). C'est peut-être le début de la fin pour M. Charest et le commencement d'une saine indignation pour les citoyens!
Chose certaine, depuis, de nombreuses affiches brandies lors de manifestations soulignaient ce décalage : on y voyait Jean Lesage avec un écriteau «J'ai bâti» puis Jean Charest sous lequel il était écrit «Je détruis». L'image est forte.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, Jean Charest s'est en effet employé à affaiblir le rôle de l'État du Québec dans plusieurs domaines. Sa «réingénierie» de l'État avait entre autres pour but d'introduire le secteur privé dans plusieurs domaines auparavant occupés par une expertise publique. Les partenariats publics-privés sont devenus le modèle à suivre pour les grands projets - malgré l'extrême-rigidité de ces contrats; et progressivement, l'expertise publique détenue par plusieurs ministères a glissé vers le secteur privé. C'est sous la gouverne de M. Charest que l'on a décidé de confier aux entreprises privées le soin de préparer les appels d'offre gouvernementaux. Cette pratique s'est particulièrement installée au sein du ministère des Transports où le nombre d'ingénieurs du ministère a littéralement fondu. On comprend maintenant mieux comment la collusion s'est installée en pratique systématique au sein des ministères et de l'appareil gouvernemental.
M. Charest, grand bâtisseur? L'expression est tellement grotesque qu'elle appelle une autre grossièreté : Jean Charest, grand démolisseur !
Dans les domaines de la langue, de la fiscalité, de l'exploitation des ressources naturelles, de la défense des intérêts du Québec face aux interventions fédérales, on ne peut en aucun cas relier les «compétences» de M. Charest à ses prédécesseurs. Au contraire, il apparaît dans chacun de ces dossiers comme un faiblard qui plie devant les grandes corporations (qui contribuent au PLQ) et devant le «grand frère fédéral» dont il aurait rêvé occuper les fonctions...
Mais c'est dans le domaine vital et moins mesurable de la confiance à l'égard du système politique et des élus que M. Charest aura commis le plus de dommages. Il a démoli ce qu'il restait de bonne foi chez un électorat blasé. Il a accéléré le cynisme ambiant en répandant les odeurs de corruption chez ses adversaires (sans que cela soit justifié ou démontré). Et en plus, il a tué le langage politique en ne communiquant que par slogans : «première priorité = santé»; «tempête économique = deux mains sur le volant», etc. Ce type de discours infantilise les citoyens et a en plus le défaut d'être vide ou mensonger. Lorsque M. Charest parle d'environnement ou de culture, je suis souvent en accord avec ce qu'il dit. Mais rarement avec ce qu'il fait! Cet écart entre le discours et l'action et les répétitions débilitantes de ses slogans ont littéralement affaibli l'importance et la signification des mots en politique.
Est-il nécessaire de vous rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, la politique était une passion au Québec, presqu'un sport national?
Samedi le 24 septembre vers 14h30, une manifestation citoyenne se tient devant les bureaux du premier ministre, coin McGill College et Sherbrooke (770 Sherbrooke ouest). C'est peut-être le début de la fin pour M. Charest et le commencement d'une saine indignation pour les citoyens!
vendredi 16 septembre 2011
Jean Charest le corrompu.
Il devient difficile de se garder une petite gêne avant d'accuser le 1er ministre d'être corrompu après la «fuite» qui a rendu public le rapport de Jacques Duchesneau sur la collusion et la corruption qui se sont infiltrées partout au sein du ministère des Transports du Québec (et que dire de celui des Ressources naturelles?)
D'abord, cette fuite a sans doute été orchestrée par quelqu'un qui s'inquiétait que ce rapport soit tabletté... Pourquoi le gouvernement n'était pas intéressé à rendre public ce rapport? Pourquoi même est-il intéressé à mettre des bâtons dans les roues à l'unité anti-corruption en exigeant que les policiers et enquêteurs à la retraite qui la composent soient contraints de passer l'examen de la fonction publique du Québec? Pourquoi le gouvernement libéral persiste-t-il à refuser une enquête publique sur l'octroi de contrats dans le domaine de la construction et ses liens avec le financement illicite des partis politiques?
Toutes ces questions pointent vers une seule réponse : la peur! Jean Charest et les troupes libérales ont peur que ces enquêtes mettent à jour un stratagème dont ils ont été les grands complices et les premiers bénéficiaires. Rappelons deux faits troublants :
1- le PLQ est un parti riche, particulièrement lorsqu'il est au pouvoir (contrairement au PQ qui semble recueillir plus de fonds lorsqu'il est dans l'opposition);
2- de 2003 à 2010, le 1er ministre Charest obtenait 75 000$ annuellement en salaire supplémentaire de la part de son parti. On sait maintenant d'où provenait cet argent: des entrepreneurs en construction (trop souvent liés au crime organisé) et des firmes de génie conseil qui pratiquent la collusion et tendent à remplacer l'expertise gouvernementale du ministère des Transports.
Mais au-delà de ce refus obstiné, cynique et méprisable du gouvernement de mettre fin à ces pratiques qui coûtent cher aux contribuables (depuis le lancement de l'unité anti-corruption, les entreprises, sentant la soupe chaude, ont diminué drastiquement le coût de leurs soumissions et le gouvernement aurait déjà, en quelques mois, économisé 347 Millions $ !!!) il y a deux constats dramatiques que l'on peut faire :
1- il devient illégitime pour le gouvernement d'exiger plus aux citoyens (taxe-santé et augmentation des droits de scolarité) s'il se refuse dans un 1er temps à faire le ménage au sein de ses propres pratiques qui favorisent les dépassements de coûts et le développement de pratiques frauduleuses et immorales.
2- de plus, si on ne lève pas le voile sur ce système carrément mafieux, il devient pratiquement impossible d'opérer un virage vert dans notre développement économique et énergétique. En effet, ce sont les entrepreneurs en construction et les firmes de génie-conseil qui «contrôlent» plus ou moins directement le processus décisionnel actuellement. Or, ces deux acteurs ne savent que construire des ponts, des autoroutes et des barrages (non-rentables d'ailleurs). Dans ce contexte, comment rêver qu'un système efficace de transport en commun s'implante dans la grande région de Montréal? Et comment envisager que l'on puisse opérer un virage vers les énergies vertes?
Mettre le gouvernement libéral de Jean Charest dehors devient de plus en plus une nécessité démocratique. Le problème est que l'éclatement actuel du paysage politique (avec le maintien de notre mode de scrutin «démocratiquement infect») risque de reconduire au pouvoir ces professionnels de la corruption et du mépris à l'égard du peuple.
Qui a dit que le Québec s'était extirpé de la Grande noirceur? Aux yeux de l'histoire, Jean Charest devrait être jugé beaucoup plus sévèrement que Maurice Duplessis, puisqu'il aura fait reculer le Québec dans presque tous les domaines à une époque où les «standards démocratiques» devraient être plus exigeants que dans les années 1950...
P.S. Ce qu'on reproche à Duplessis : dilapidation à bas prix de nos richesses naturelles et dévotion extrême envers ceux qui favorisent la réélection de l'Union nationale... De son côté, Charest a institutionnalisé le bon vieux patronage ! Quant à la dilapidation de nos richesses naturelles, il n'y a plus Nathalie Normandeau pour le faire, mais le Plan Nord le fera bien...
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