mardi 2 février 2010

Une constitution pour le Québec (1)

Cette session, j'ai ouvert mon cours de Grands leaders politiques en disant que la période actuelle pour le Québec (et le Canada) est quelque peu désespérante... Nous avons des politiciens professionnels et peu inspirants me semble-t-il. Notre confiance à leur égard s'est mutée en mépris...

Une des raisons - en plus de la corruption, de la langue de bois, des attaques partisanes qui dénigrent sans rien proposer de constructif, (etc.) - me semble être le fait que le Québec est peut-être au bout d'un cycle politique (sans pourtant avoir abouti...). Notre Grand Débat sur la question nationale n'est pas réglé, et cette impasse est en partie responsable de notre «fatigue politique». Aucun leader n'émerge pour nous proposer la voie à prendre qui rassemblerait notre nation en besoin d'inspiration.

À défaut d'avoir un ou une leader pour nous guider, peut-être pourrions-nous nous prendre en main collectivement pour réfléchir au type de société que nous voulons pour le Québec ?

L'INM pourrait mettre à profit son expertise en matière de délibération et de proposition pour que nous puissions faire émerger quelques pistes de solution ou des «consensus par recoupement» sur lesquels les diverses couches de la société pourraient converger.

Une des façons de lancer ce grand chantier serait de nous pencher sur l'adoption d'une nouvelle constitution pour le Québec. Mais qu'est-ce qu'une constitution ?  C'est l'ensemble des règles jugées fondamentales pour assurer la conduite des affaires de l'État. Une constitution est la loi suprême d'un pays ou d'une communauté politique : toutes les lois doivent respecter la constitution. C'est le contrat social et politique d'une nation.

Or, le Québec nage en pelin vide constitutionnel : sa population a rejeté la souveraineté, mais le Canada s'est transformé sans l'accord des représentants élus du Québec et les conditions minimales pour que le Québec pose sa signature au bas de la réforme constitutionnelle de 1982 (Meech) on été rejetées par le reste du Canada (ROC).

Plusieurs intellectuels réclament l'adoption par les Québécois d'une constitution: Marc Chevrier, Claude Béland, Marc Brière, Michel Venne, etc. En politique active, l'ex-ministre libéral Benoit Pelletier et l'ex-député péquiste Daniel Turp faisaient de même. L'ADQ proposait l'adoption d'une constitution pour le Québec en 2007. Les 4 partis présents à l'Assemblée nationale semblent favorables à l'idée, sans la promouvoir réellement.

En fait, le PQ apparaît comme un des plus froids à l'idée, croyant que seule la souveraineté peut renforcer l'État du Québec. Les péquistes peuvent bien rêver du pays du Québec, ils se refusent pour le moment à le construire dans la réalité  ! De leur côté, les libéraux ont toujours peur que toute démarche d'affirmation du Québec menace l'unité canadienne - principal point de convergence des libéraux sous Jean Charest !

Pris entre le rêve qui n'advient pas et la capitulation tranquille, voilà où se situe le Québec de 2010 !

4 commentaires:

  1. Ne trouvez vous pas paradoxal que le PQ soit aussi réticent à agir dans ce dossier? On veut une souveraineté par étape, en allant chercher des pouvoirs dans certains champs comme en culture et en immigration, mais on ne veut pas affirmer les valeurs et le fonctionnement de l'État québécois dans une constitution. N'est-ce pas une étape qui mènerait à la souveraineté en quelque sorte? D'ailleurs, lorsque Daniel Turp présenta son projet de constitution devant l'Assemblée nationale il y a quelques années, il le fit contre la volonté de son chef, André Boisclair...

    Olivier

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  2. Très intéressante analyse Olivier.
    Il me semble aussi que réfléchir à sa constitution (le mot le dit !) porte à revenir à l'essentiel : ce qui nous «constitue» !
    Le voisin.

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  3. Voisin,
    J'aime bien les commentaires d'Olivier- qui est certainement un de tes anciens élèves- pcq il est sur la même longueur d'ondes que son maitre.
    Olivier me rappelle un jeune homme qui s'occupe des départs le matin dans un club de golf de la rive-sud.

    pepedamour

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  4. Et je présume que pepedamour est un sympathique membre de ce club de golf de la rive-sud...ne joue-t-il pas avec des bâtons gauchers?
    Salutations,

    Olivier

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